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Elle avait traversé le portail des téléporteurs; aussitôt le froid mordant d’Adamantia la fit trembler, la neige tomba dans sa chevelure immaculée, et aussitôt elle resserre son petit coupe-vent de rien au-dessus du corps de son enfant qu'elle garde serré dans son écharpe de portage, contre son corps pour lui prodiguer le plus de chaleur possible. Moira parle; Fae n’écoute malheureusement que d’une oreille. Elle est reconnaissante, certes, de la générosité du peuple Adamantois et de leur dirigeante; mais le froid la fait claquer des dents, elle l’insulaire habituée à la chaleur de Kopadia, et son pyjama laisse passer le vent comme si c’était une passoire.  Alors quand le mouvement de foule commence et qu’on les guide vers la mairie, Fae pousse un soupir de soulagement et avance, un pas à la fois, sans bousculer personne, protégeant son enfant comme elle le pouvait pour que personne ne lea percute. Elle avance, avance – et puis, remarque ta petite tête blanche dans le tumulte. Tu es en train de faire un câlin à une autre personne¹, que Fae n’identifie pas comme étant de Calléis; sûrement que vous êtes sortis dans les rues en entendant leur arrivée, et que vous vous retrouviez ainsi, paniqués à voir vos expressions faciales.

Elle arrive juste assez vite pour entendre la fin de votre conversation, et elle dit : « Y’a eu comme une détonation chez nous » dit-elle d’abord; « Je crois… on croit que c’est les obscurs. Je sais pas trop, j’ai été dans les premiers à être évacués » elle fait un geste vague vers son bébé qui pleure et qui chigne à cause du froid, et elle dit : « J’ai rien pour Raiteva, on a pas d’habits de neige. J’ai pour pour iel, c’est loin, la mairie? Il nous fait du chaud, et vite… Milo, je- je suis désolée, tu avais proposé de nous héberger quand on s’est vus, mais je veux pas te mettre dans l’embarras, juste… t’es proche? » fait-elle avec espoir, se tournant vers Eagle pour lui dire rapidement : « Pardon de vous interrompre… je suis Fae. J’aurais aimé vous rencontrer en de meilleurs circonstances, je- oh Arcéus, il faudrait que j’appelle ma famille, et- » Elle tremble, mais pas que de froid; sa voix se brise, mais elle ne pleure pas : elle n’en a pas l’occasion, pas avec Raiteva qui se plains du froid et du réveil précipité. Elle laisse son regard glisser vers toi, Milo, attendant que tu lui dises ce qui serait mieux à faire; la mairie, chez toi… autre chose?

¹Elle aussi à tête blanche, bah dites donc, c’est le festival ici

« L’église? » fit-elle d’une voix brisée, éteinte, alors que Milo retire son manteau pour en recouvrir son bébé d’amour; ses pleurs se calmèrent quelque peu, mais ceux de sa mère, eux, ne firent que commencer sous la forme de gouttes humides qui s’accumulaient au coin de ses yeux bleus. Parce que le pire était passé; parce que vous étiez là tous les deux, même si elle ne vous connait pas, pas vraiment, et qu’elle pouvait relâcher la pression, un peu. Ah; si seulement elle avait su à quel point les obscurs vous avaient pris, elle ne se serait pas laissée aller à l’émotion comme ça; ce n’était pas juste. Pourtant, malgré sa peur, malgré le coup d’émotion qu’elle se prenait, elle n’arrivait pas à se laisser aller complètement, ni à la peur ni au soulagement; c’était comme ça, Fae avait beaucoup de mal à vivre ses émotions. « Merci, Milo- » esquisse-t-elle d’abord; puis l’inconnue imite le jeune homme et les joues de Fae se rosissent d’embarras, mais elle ne fait pas signe de refuser leur aide; s’aurait été déplacé de sa part. « Merci » elle répète le mot comme s’il avait une quelconque valeur; elle n’ose te demander ton nom, parce que ce n'est pas le temps à quelque part, parce que ça se bouscule derrière elle et devant vous.

« Eylian? Oui je- Je sais c’est qui » fit-elle, l’exercice mental la forçant à occuper son esprit à d’autre chose que l’horreur de la situation. Peu importe ce qu’elle devenait depuis son retour de Kalos, Fae avait toujours été du type cérébral; s’occuper les méninges à des choses, même d’apparence triviales, avait de quoi calmer les tremblements de ses membres qui se réchauffaient déjà. « Et non, je ne l’ai pas croisé aux téléporteurs, mais » une autre aurait compris l’urgence de la situation; aurait vu la détermination dans les yeux de Milo, aurait décidé de choisir ses mots avec soin. Mais ce n’était pas facile, pour Fae, d’avoir du doigté dans les situations sociales, déjà, encore moins là. « Il n’est pas passé au téléporteur en même temps que moi » et le petit je crois qu’il est resté derrière pour nous protéger qu’elle ne dit pas, qu’elle ne dira pas, parce que ce serait de vous inquiéter sans avoir des preuves de ce qu’elle avances, mais Eylian c’est le parfait étranger qui vous aide à transporter les meubles quand vous déménagez et qui passe demander des nouvelles de Raiteva et qui ne sauverait pas sa peau en premier, tout bonnement.

« Mais ça veut rien dire, Milo » dit-elle avec une once de tact, « parce que les enfants et les malades et les aînés sont passés en premier. Il devait être juste derrière moi » un mensonge; facile à deviner, sa nervosité la trahissant tout autant que le fait qu’elle n’arrivait plus à soutenir le regard du jeune homme. Pourquoi avait-elle menti? Elle ne le savait pas, mais le simple fait qu’il chercher à se rendre vers les téléporteurs donnait raison à son instinct, vu les circonstances. Son cœur se serre et le pire d’elle-même ressort. Pas la douceur caractéristique de Fae, mais plutôt le côté je-sais-tout d’Eka’ana’ana lorsqu’elle adress(ait) ses adelphes. « Tu peux pas, Milo » commence-t-elle; « C’est comme ton amie le dit, tu peux pas y aller. Les téléporteurs sont trop occupés à ramener du monde pour perdre du temps à t’envoyer là-bas pour satisfaire tes envies »

Ouch. Pardon; pardon pardon pardon et pardon, elle s’en veut déjà, mais elle te veut en sécurité. Et puis – force est de constater qu’elle a raison, non? Mais avait-elle vraiment eu besoin de le dire comme ça? On aurait dit qu’elle grondait Kiya’na. Si ça se trouve, Milo allait la détestait tout comme sa sœur le faisait; une petite larme de crocodile coule le long de sa joue, elle ajoute : « Hoarford n’a pas le monopole des dresseurs d’exception » mais, pourquoi elle continue de parler? « Les dresseurs de Calléis sont là pour la défendre, au moins le temps de l’évacuation. C’est un peu présomptueux de ta part de penser qu’elle a besoin de toi » Est-ce que c’était la peur qui le poussait à dire toutes ces choses horribles? Ou simplement que le masque de sa bonne humeur tombait? Elle ne savait pas; il était trois heures du matin et elle voulait simplement que vous ne vous dirigiez pas vers les téléporteurs, manipulant la vérité dans l’espoir que vous ne tentiez pas quelque chose de dangereux, si tant peux qu’on vous y laisserait le temps de se faufiler vers Harmon’île. Sur ses joues, une autre larme coule, mais elle se tient droite, ses bras entourant le manteau de Milo et, par l’occasion, Raiteva qui grouille dans l’écharpe de portage.

« Je ne sais pas où est l’église » glisse-t-elle dans un murmure, « On a besoin de vous » finit-elle par dire. Égoïsme; elle aurait pu demander à n’importe qui d’autre. En tout cas c’était pas en restant planté sur place à grelotter que la situation allait s’améliorer.

Tu t’excuses. Tu t’excuses et le cœur de Fae ne fait qu’en souffrir; elle souffre par sa faute, elle souffre de voir la peine dans tes yeux et la panique dans tes mouvements. On ne peut pas changer, se dit-elle, vaincue. Elle avait beau se réinventer, elle avait beau se donner un nouveau nom, elle avait beau prétendre qu’elle était une nouvelle personne, une meilleure personne, plus empathique et plus douce, au final quand ça comptait vraiment, elle ne faisait que compter sur les même tactiques fourbes qu’elle utilisait, enfant. Ses lippes bougent pour murmurer un « pardon » tout bas, comme t’imitant; aucun son ne sorti de sa gorge, pourtant, et ses plates excuses se perdirent dans le vent. Après- après, elle ne méritait pas qu’on la rassure. Qu’on lui dise que ça irait; non, elle t’avait blessé pour obtenir ce qu'elle voulait et elle méritait, tout simplement, de se morfondre dans ses remords. Tout de même, elle fait quelques contorsions pour ne plus tenir le manteau que vous avez offerts pour son enfant; de l’autre, elle tend son bras vers ton visage et, doucement, elle vient replacer une mèche de tes cheveux pour dégager quelque peut ton fin minois. Elle sourit- le sourire d’une mère qui vient de te prendre la main dans la boite à cookies, mais qui t’aime tellement tout de même. « Merci, Milo » dit-elle; quelle hypocrisie, de prétendre qu’il prenait la bonne décision parce que c’était celle qui l’arrangeait.

Mais- mais elle se tait, ensuite. Vous voir parler entre vous; la panique sur vos traits, combien tu sembles tenter de couver Eagle. Et Fae ne comprend pas tout; mais elle devine. Devine qu’Eagle a besoin de support moral; et puis Fae se rappelle. Certes, c’est Harmon’île qui se fait évacuer, mais- mais c’est Hoarford qui s’est fait attaquer en premier. Elle assume – à tort, peut-être, qui sait- que vous avez perdus quelqu’un. D’un obscur ou d’un pokémon; ils n’ont pas besoin d’être nourris de haine à votre égard pour vous faire du mal. Alors elle se tait; tu resteras, Milo, avec eux deux, et Fae se console en se disant qu’elle n’est pas la seule à avoir besoin de toi; que peut-être son discours n’avait pas que des répercussions égoïstes. Alors quand tu lui dis de te dire si quelque chose ne pas, elle se contente d’hocher de la tête pour te dire qu’elle a compris; qu’elle obtempérera. Elle se redresse légèrement; prend une grande inspiration alors qu’elle glisse sa main dans la tienne, pour la serrer doucement. Ce n’était pas pratique, comme elle devait tenir le manteau conter son enfant, mais Fae était capable. L’église ne devait pas être bien loin, puisque vous étiez vers ce qu’elle imaginait être le centre d’Hoarford. Alors elle avance, pas à pas; tente de se rassurer. Le peuple de Calléis est résilient. Nous sommes résilients se dit-elle pour s’inspirer. Pour taire la peur et les incertitudes qui tournent en boucle dans sa tête. Elle était un être rationnel, au fond; l’évacuation se ferait rapidement puisqu’à Harmon’île, ils n’étaient pas nombreux. Tout ira bien, parce qu’Alice est là-bas avec ses pokémons, et qu’elle pourra protéger le campement pour assurer que tout le monde puisse quitter.

Tout ira-

Bien? Non. Quand même pas.

Mais ça passera. Ce n'est qu’un mauvais moment à passer. Elle devait- elle devait se rendre à l’église et appeler sa famille. Alors elle avance, pas à pas. Elle se met à chantonner un peu; difficile de l’entendre à cause du vent, mais c’est pour son bébé, pour lia rassurer. Pour qu’iel ne se souvienne pas de la peur et des bruits et de la panique. Sa mère est là; et tant qu’elle sera là, rien de mal pourra lui arriver (un autre mensonge facile à faire). Vous arrivez devant un grand bâtiment à l’architecture facile à identifier; l’église de Hoarford. Une des églises? Fae n’avait jamais posé les pieds ici, alors elle se savait pas si la ville était assez grande et populeuse pour qu’il y ait plus d’un lieu de prière. Qu’importe; elle entre par la porte à travers de laquelle vous vous engouffrez, et aussitôt on vous conduit vers l’arrière de l’endroit, loin de la porte et du froid mordant de l’hiver typiquement adamantois. Aussitôt dans la sécurité -et chaleur- des lieux, elle retire les manteaux sur ses épaules et autour de son bébé; elle frissonne un peu dans son pyjama, mais c’est simplement une question de différence de température – ça passera. Elle vous les rend; vous remercie. « Milo… Eagle, c’est ça? Merci beaucoup de votre aide. À partir d’ici, je pourrai me débrouiller. Prenez soin de vous »

Oui; facilement comme ça, elle vous renvoi dehors. Elle sait qu’il vous tarde d’aider plus de gens; elle sait qu’elle ne peut pas vous garder auprès d’elle plus longtemps. Alors elle s’installe sur un banc; le cœur au bord des lèvres, tremblant légèrement, et pourtant ses doigts défont avec adresse l’écharpe de portage qui retient son bébé. Elle laisse l’écharpe réchauffer ses genoux, et elle soulève son bébé pour l’asseoir sur elle, tenant ses petites mimines qui s’agrippaient à elle avec force, et puis elle se met à lui parler alors que son enfant gazouille. Sa tâche à partir de maintenant est claire : s’assurer que son enfant soit bien. Au chaud, nourrit -tient, la voilà qui déboutonne son pyjama pour nourrir bébé qui ne proteste pas-, en sécurité. Dès lors que bébé s’accroche à elle, elle fouille les lieux du regard; cherche une âme charitable qui pourrait l’aider. Enfin; pour le moment elle est clouée sur place et ne peut pas bouger (sous risque de fortes protestations de la part de sa progéniture), mais dès lors qu’elle aurait terminée de nourrir son enfant, elle ira demander à quelqu’un si elle pouvait emprunter un téléphone. Parce que ouais – dans la panique elle ne s’en était pas saisie. Faut dire qu’elle n'avait pas de poches; pas de temps pour un sac à dos. Juste son enfant, son écharpe de portage, et ses fidèles bottes de marche. Rien de plus.