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Si vous lui posez la question, Irjan ne vous racontera sûrement pas grand-chose sur lui. Ce n’est pas qu’il n’aime pas parler, c’est même plus difficile de l'arrêter que de lui demander de l’ouvrir, mais il préférera s’intéresser à vous. Parce qu’en soit, il n’y a pas grand-chose à raconter. Si toutefois vous réussissez à le faire parler, il vous dira sûrement quelque chose de cet ordre-là :

Irjan est né au début de l’hiver, sur une île qui n’a jamais froid. Il est de ceux qui grandissent sans connaître les saisons de la vie ; protégé de la morsure du rejet et de l’anadipsie du deuil.

Dans ses plus tendres souvenirs, les jours se ressemblent ; bercés par le rythme de l’école et des querelles avec son grand-frère, Kaian. A la maison, leur mère rentre parfois tard et leur père ne rentre parfois pas du tout, mais comme le reste de la ville, le calme ne retombe que rarement sur la demeure. Trois garçons grandissent entre ces murs, alors l’agitation n’est pas rare. Malgré tout, leurs parents font de leur mieux pour être là, et même si les sorties en famille sont rares, ils font toujours en sorte qu’elles soient mémorables.

Irjan, ne s’en plaint pas ; il compense. En grandissant, il passe le plus clair de son temps à l’extérieur, toujours entouré par une bande de copains, jamais vraiment la même. Il a ce don pour plaire aux gens ; ce naturel qui met à l’aise et cette façon de remarquer quand quelqu’un n’a pas parlé depuis un bon moment. Alors, on se sent presque immédiatement attiré par lui, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il est dur de ne pas le remarquer, et Irjan adore ça.

Il a pour devise de tout essayer au moins une fois ; quitte à demander à ce qu’on l’accompagne en lui tenant la main pour ne pas revenir sur ses mots. C’est d’ailleurs comme ça qu’il s’est fait percer l’oreille. Il est impertinent aussi parfois et s’en rend souvent compte trop tard. On ne lui en veut pas beaucoup, parce qu’il est évident qu’il le fait sans mauvaises intentions, mais lui ne se le pardonne pas vraiment. Dans ces moments-là, quand il se met à penser un peu trop, il va chercher le calme.

Seul dans sa chambre à griffonner sur sa tablette, il a l’impression que le temps s’arrête. Le casque enfoncé sur les oreilles, il essaye d’imiter les scènes dans son esprit ; de retrouver le sentiment que seul le bon choix de couleur ou de matériaux peut créer. Il se demande à quoi ressemblerait la maison d’un personnage, ou bien la ville après une attaque de zombie. Parce que dans une histoire, comme dans la vie, les gens sont imprévisibles, incontrôlables. Pas le décor. Lui, au contraire est figé. Et si on fait l’effort de bien l’observer, il porte toujours les indices de ce qui se cache à l’intérieur d’une personne. Alors Irjan, regarde, beaucoup, puis il dessine. Lorsqu’il est particulièrement fier de son travail, il appelle son petit-frère et lui dévoile sa dernière création. Pour lui, l’avis de Thobias est celui qui compte le plus au monde ; il a ce regard d’enfant qui est capable de trancher le vrai du faux et, surtout, c’est sa plus sévère critique.

Irjan à besoin de ça ; d’un électrochoc. Que quelqu’un le saisisse par les épaules et le jette sur scène sans avoir préparé son texte. Qu’on le surprenne au milieu d’un mensonge et que la parade s’écroule. Parce qu’Irjan se ment beaucoup à lui-même ; lorsqu’il dit qu’il ne se sent pas seul, et qu’il n’a manqué de rien.

Il bombe le torse et dresse le menton, mais il suffirait d’un coup de vent pour faire s’écrouler les fondations de cartes de son estime de lui. Parce que quand les gens ne le regardent pas, il se compare. Parce que ce n’est pas que l’arrogance qui le pousse à vérifier de nouveau son reflet dans le miroir. Et parce que quand il s’inquiète, il se mordille la lèvre.

Il n’y a que dans le silence qu’Irjan se sent lui-même, mais le silence le terrifie. Dans le silence, il est seul, et la solitude est son pire cauchemar. Alors il monte un mur entre lui et les autres. Il sait que si ses relations ne durent pas, c’est par sa faute. Il est incapable de s’attacher, préférant rester en surface là où il sait que rien ne peut lui arriver, là où il sait qu’il peut être aimé.

Quand il ose y penser, il se demande pourquoi il est ainsi. Pourquoi cette vie qui lui donne tout ce qu’il veut, l’effraye autant. Mais puisqu’il n’est toujours qu’à un coup de fil d’une sortie, il appelle un ami et lui propose d’essayer quelque chose pour la première fois.






Famille, Amitié / Amour et Irjan:
-Mère douce, mais ferme (désinfecte vos plaies sans scrupule aucun.) bien plus présente pour le petit dernier que pour les deux ainés
-Frère arrogant et commanditaire, mais protecteur et à l’écoute (même s’il est difficile de lui faire entendre une autre opinion que la sienne)
-Parents qui ont toujours dû faire passer leur travail avant leurs fils
-Oncle qui tient un restaurant, Irjan y travaille l’été pour se faire de l’argent, chaleureux et énergique, il a perdu sa femme tôt et n’a jamais pu avoir d’enfant alors que c’était son rêve. Vit dans le même quartier.
-Grand-mère sénile qui vit en maison de retraite, vont la voir au moins une fois par mois.
-Première relation amoureuse avec Élise (amie d’enfance)
-Crush pendant deux ans sur son capitaine d’équipe de foot
-Les décors de la pièce de théâtre qu’il a fabriqués sont remarqués par un professeur d’université et ont contribué à son admission

Père d’Irjan:
Ce choix de carrière en plus d’être assez tardif, déplaît à son père : pas assez stable, et encore moins assez sérieux. Tandis que l’ainé protège la population, comment expliquer d’Irjan veuille s’amuser à créer des décors de film : il suffit de regarder par la fenêtre pour se rendre compte que le monde offre déjà un spectacle suffisamment merveilleux. Ce n’est pas tant que le père d’Irjan n’aime pas l’art, mais plutôt que son regard a tellement parcouru le monde et vu sa beauté comme ses atrocités que plus rien ne semble avoir de valeur que le concret. Il n’a pas toujours été comme ça, cet homme courageux et droit, prêt à tout pour aider les autres, mais plus les années passent plus son métier de ranger semble lui peser sur les épaules. Pourtant, c’est cette opinion butée qui l’empêche de remarquer avec quelle passion son fils s’engage pour la première fois dans ses études. Il ne voit pas tous les projets qu’Irjan a déjà menés rien que pour pouvoir entrer dans cette école. Et il ne connaît encore moins l’existence de sa chaîne Youtube qu’il tient depuis quatre ans. Pourtant, c’est sans hésiter que ses parents payent pour ses études et laissent leur fils s’essayer à la vie. Peut-être espèrent-ils qu’il revienne vers eux en leur disant qu’il s’était trompé, pour l’instant en tout cas, il ne pourrait pas aimer plus ce qu’il fait.

Oncle Bernard:
A ses dix ans, leur oncle aménage à quelques rues de chez eux et soudain, les après-midi d’Irjan prennent la saveur des plats qu’ils cuisinent ensemble ; Irjan en commis de cuisine et Thobias, deux ans, en goûteur profesionnel. Lorsqu’il ne joue pas dehors avec sa bande de copains, ou celle de Kaian (aucun autre petit frère n’y est pourtant autorisé !), Irjan se souvient être perché sur leur table de salon à observer les plans du futur restaurant de son oncle. Ils l’accompagnent dans les rayons de peintures et l’aident à choisir la bonne couleur pour les murs ou les assises de chaises. Cela prend plusieurs mois, beaucoup de paperasses que le cerveau d’un enfant ne peut pas comprendre, mais après un ultime ronchonnement au téléphone, le restaurant peut enfin ouvrir ses portes. Irjan se rappelle encore de l’air de triomphe qui avait adorné le visage de son oncle, lorsqu’il avait vu la file de gens attendant devant les portes du Bernard’s. Lui, avait surtout remarqué les couleurs à l’intérieur de la salle de service, comment les lumières se reflétaient sur les verres en flûtes, et le sentiment que s’il avait dû dessiner cette scène, il aurait oublié la pile de menus sur le comptoir. Il se souvient s’être précipité sur un carnet en rentrant à la maison et essayer de tracer chaque petit détail sur la feuille vierge.

Élise :
Figure très importante dans sa vie : Élise, son ex petite amie. Cette force de la nature est la personne qui lui a permis à apprendre à voir plus loin que le bout de son nez. Ils ont été ensemble pendant toute la durée du lycée. Leur relation, très belle et très pure, a été marquée par le divorce des parents d’Élise. Ils ont fini par rompre parce qu’ils se sont aperçus que ce qu’il y avait entre eux était plus de l’amitié qu’autre chose.