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J'aime pas parler de moi. Je n'ai jamais aimé ça. Je crois que le pire, ce sont les rédactions qu'on nous fait faire à l'école pour savoir qui on est, de quoi on rêve, et ce qu'on attend du futur. Franchement, ça me saoule comme pas permis. Par contre, j'aime bien les petits tests à la noix, vous savez là, ceux dans les magazines! J'imagine que c'est mon côté girly qui ressort avec ces conneries là. Vous savez, les questions du style:
Ce soir, tu rencontres la famille de ton crush. Pour les impressionner, tu :
a) t'habilles sur ton 52 pour ne rien laisser au hasard: tenue super classe, chaussures à talons, maquillage qui met tes beaux yeux en valeur et tu prévois la bouteille de vin/la boîte de chocolat/le bouquet de fleurs
b) portes des vêtements sobres et passe-partout pour rester discret.e
c) décides de porter des fringues qui te représentent toi, osef si tu les choques. Après tout, si tu dois entrer dans leur vie, autant qu'ils sachent à quoi s'attendre....

Ouais, clairement, moi, c'est plutôt le C, sans aucun doute. Je suis même prête à aller chercher les vêtements les plus trashs de mon sac juste pour voir ce qu'ils pourront supporter. Enfin... Je n'ai pas rencontré beaucoup de beaux-parents potentiels, pour ne pas dire aucun et déjà mes parents n'ont pas supporté mon look, alors.

Pourtant, petite fille, ma mère me mettait tout ce qu'il y avait de plus mignon et féminin. C'est peut-être pour ça que j'ai développé un tel côté garçon manqué en grandissant. J'avais parfois l'impression d'être une poupée et rien d'autre. Il faut dire, aussi, être la plus jeune d'une famille de 4 enfants et surtout la seule fille! Je crois que Mam se sentait un peu trop en infériorité numérique. Mais au fond, elle aurait peut-être préféré avoir un quatrième garçon, finalement. Elle aurait été moins surprise! Avec mes frères, j'ai fait les 400 coups. Chaparder sur les étals du marché, appris à grimper aux arbres, je suis sortie du village avec eux quand j'avais 7 ans. Vous savez, le petit trou près du gros rocher au sud des palissades! Mince! Je devais pas le dire. Oups! Mon frère va m'étriper! Tant pis. Avec un peu de chance, vous y aurez pas fait attention, et ce sera comme si j'avais rien dit.

Bref... Ca a toujours été mon coin préféré pour me faufiler hors du village, ni vue ni connue. Faut dire, quand on est haute comme trois pommes à genoux, ça aide à être discrète! Quel dommage que ça ait changé à l'adolescence et que je sois devenue une grande perche! Mais ça, c'est pas pour tout de suite.

Tout de suite, c'est ma découverte de la musique, et de la guitare, quand j'avais huit ans. La musique, jusque là, je l'écoutais. Et puis un soir, je sais plus trop bien pourquoi, on était regroupé autour d'un grand feu de camp. Il y avait une fête quelconque, je sais plus laquelle. Et ce type, un voyageur a commencé à jouer de son instrument. Je suis restée à l'écouter pendant des heures. Moi qui ai toujours la bougeotte, je suis restée, assise en tailleurs, les coudes sur mes genoux et le menton posé dans mes paumes, à le regarder, à l'écouter. Autant dire qu'après, j'avais des fermites dans les jambes et dans les bras et que j'ai galéré à me lever. Mais ce qui m'a marqué, surtout, c'est le sourire que le barbus m'a offert. J'avais l'impression de le connaître depuis des années. Il m'a invitée à venir essayer son instrument de musique, et c'est lui qui m'a enseigné mes premiers accords. A la fin, quand il est reparti, il m'a laissé sa guitare en cadeau. Je ne sais pas pourquoi il l'a fait, mais c'est devenu mon bien le plus précieux.

Lorsque mes parents voulaient me punir pour une bêtise ou autre, c'était ma guitare qu'ils me prenaient parce que c'était ce qui marchait le mieux pour me faire rentrer dans le rang. J'avais horreur de ça et, souvent, j'ai fait semblant d'être désolée d'un truc que j'avais mal fait, ou pas fait, juste pour la récupérer plus vite.

M'enfin... Ca n'avait qu'un temps, hein! Et la fillette baroudeuse que j'étais ne pouvait pas rester longtemps très sage!

Après que j'ai sauvé Dolly, car c'est comme ça que j'ai appelé mon ombre, je suis restée longtemps alitée et punie pour me remettre de ma folie. Allongée sur le ventre, je m'occupais comme je pouvais. C'était littéralement insupportable. Dès que j'ai pu marcher, lorsque les blessures ont eu suffisamment cicatrisé pour ne pas se rouvrir au moindre effort, j'ai fait le mur de chez moi, ma Polichombr avec moi. Elle était encore dans mes bras lorsque les secours sont arrivés. Je refusais de la lâcher. Mes parents ont pensé que je l'avais choisie et l'ont capturée pour moi, avant de me donner la pokeball, même s'ils pensaient que je ne la méritais pas.

Avec le recul, je suis incapable de dire s'ils ont eu raison. Ce que je sais, c'est que même si Dolly me prend souvent le chou, à me maudire dès qu'elle le peut, je l'aime bien et je ne verrais plus ma vie sans elle. Mais clairement, si une de mes cordes pète au moment où je dois monter sur une scène ouverte, c'est de sa faute. Si je me retrouve à devoir faire toutes les corvées à la maison (enfin, me retrouvais, puisque je suis partie), c'est aussi la sienne. Si je veux avoir la paix, il faut que je la laisse dans sa pokeball. Clairement, le jour où je me suis fait tatouer, c'est ce que j'ai fait. Je n'avais pas envie de me retrouver avec un tadmorv sur le bras! Et puis quoi encore! Mais je suis persuadée, malgré tout, que c'est sa façon de me dire qu'elle m'aime bien quand même. En tout cas, je veux y croire dur comme fer!

Et maintenant? Maintenant, j'ai bien envie d'aventures. Je suis libre, sans attache. J'ai envie de découvrir Lentis. De braver les interdits. De jouer de la musique partout, de me faire connaître et de sortir un disque. J'ai envie de montrer de quoi je suis capable. J'ai envie de montrer qu'à Harmon'île, si on vit de façon simple, en harmonie avec les pokemon et la nature, on a quand même de l'ambition et qu'on peut faire aussi bien, si ce n'est mieux que les autres qui ont de plus gros moyens!