Menu

Sovan est né à Verpré. Son enfance était relativement tranquille : il a grandi aimé, chouchouté, choyé. Un enfant unique qui a bien profité de son statut. Un petit peu capricieux, mais sa mère a fait en sorte de bien l'éduquer. Ce n'était pas son père qui allait s'occuper de son éducation pour la simple et bonne raison qu'il était rarement à la maison. Sovan se souvient surtout des disputes quand son paternel rentrait tard le soir, des réprimandes de sa mère qui lui disait de passer plus de temps avec eux. Il ne devait pas se laisser consumer par son travail. Papa faisait des efforts plusieurs jours, puis repartait de nouveau. Jusqu'au jour où maman n'en pouvait plus et à décidé de partir. Sovan avait 10 ans et il a mal vécu cette séparation.

Il se sentait coupable. Est-ce qu'il aurait pu faire quelque chose pour éviter ça ? Son comportement changea au fil des mois. Plus distant avec sa mère, il lui en voulait d'être partie. Une année après leur séparation, maman se remit en couple avec un autre homme. Sovan décida de lui mener la vie dure. C'était un pré ado avec un sacré caractère, qui n'hésitait pas à tenir tête à son beau-père qu'il exécrait. Jamais il ne remplacerait son père.
Le pire dans tout ça ? Il devint grand frère du jour au lendemain. Il aimait encore moins ce morveux qui le collait H24. Qui lui avait permis de prendre ses affaires trop petites ? De jouer à SA console ?

Le jeune garçon enchaînait bêtises sur bêtises à l'école et sa mère était souvent convoquée pour parler de son mauvais comportement. Il fallait lui trouver une activité pour le canaliser, le faire sortir de cet environnement qui ne lui plaisait pas. Sovan a intégré les jeunes pompiers à 12 ans. Il y a appris la rigueur, le travail, la persévérance.

- Sovaaaan, attends moi !

Mais il y a une chose qui ne change pas. Sovan ne pouvait toujours pas supporter son avorton de demi-frère. Quand il entendait sa voix, il grimaçait. Quand il voyait sa bouille de petit enfant parfait, il ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel.
Alors quand sa mère et son beau-père le lui collaient dans les pattes pour la journée, Sovan était au bout de sa vie.

Il n'était pas baby-sitter. Il avait des choses à faire, des copains à rejoindre et des bêtises à commettre. Sovan ne comprenait pas pourquoi Elliot le suivait tout le temps. Pourtant il lui en faisait baver aussi. Interdiction de rentrer dans sa chambre, de prendre ses affaires, de manger ses bonbons. Il n'y avait pas un seul jour où Sovan le laissait respirer et pourtant il était toujours là, à le suivre comme un Ponchiot.

- Fait demi tour morveux, rentre à la maison.

Mais ça n'empêchait pas son demi-frère de continuer. Sovan se mis à marcher plus vite, mais l'avorton faisait des efforts pour ne pas se faire semer. Sovan pestait avant d'enjamber une barrière. Il quittait la ville et se dirigeait vers les plaines sauvages.

- Sovaaaan ! Qu'est-ce que tu fais, on n'a pas le droit d'y aller !
- Je fais ce que je veux, si t'as les chocottes, t'as qu'à rentrer à la maison.

Le jeune adolescent pensait pouvoir s'en débarrasser ainsi, mais Elliot franchit à son tour la barrière, moins confiant que son grand frère. Mais si lui le faisait, il pouvait bien le faire aussi. Sovan leva les yeux au ciel en le voyant arriver maladroitement à ses côtés.
Quelques minutes de marche plus tard, Sovan retrouva des amis à lui dans le parc naturel. Un bon moyen d'observer des Pokémons et surtout… de les aider !

- Vous avez ramené tout ce que j'avais dit ?

Les deux amis de Sovan hochèrent la tête. Des fruits, des baies, des pansements. De quoi appâter et soigner.

- Quand on est venu hier, il avait l'air trop mal en point cet Evoli, il faut absolument qu'on regarde sa patte de plus près. Niko' tu t'occupes de poser l'appât pour l'attirer, avec Sam on va essayer de repérer sa piste.

Les trois amis entrechoquèrent leur paume de main avant de se séparer et de se concentrer à une vitesse fulgurante. Elliot resta sur la touche quelques secondes avant de reprendre sa route et de suivre encore une fois Sovan. Mais quelque chose venait de changer. Il ne lui lançait plus aucun regard, il était bien trop concentré à regarder les nombreuses traces de pattes qui jonchaient le sol pour essayer de retrouver ce fameux Evoli.
D'un geste de la main, Sovan indiqua qu'il avait une piste qui se dirigeait vers un des nombreux moulins de la zone.

Quelques minutes plus tard, les fruits formaient un chemin pour que l'Evoli puisse le suivre. Les trois amis et Elliot attendirent patiemment. Sans un bruit.
Puis, une touffe de poils ébouriffées fit son apparition. L'Evoli était vraiment dans un sale état. Il boitait, du sang séché sur la patte. Le pelage en bataille. Il était méfiant, il suivait la piste tout en regardant autour de lui. Sovan attendait patiemment qu'il soit assez prêt pour le capturer avec un filet artisanal.
Pas encore … toujours pas… maintenant !

D'un geste rapide, le petit piège s'abattit sur l'Evoli. Il paniqua, feula, mais il ne pouvait pas partir.

- Je le tiens les gars, vous voyez quelque chose ?!

Nikolas tentait de calmer l'Evoli et Sam essayait d'analyser la situation.

- Sa patte n'a pas l'air cassée, juste déboitée et les blessures ne sont pas trop profondes, il a dû tomber d'assez haut et se faire mal. Je vais tenter de l'aider.

Ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient ça et ça se voyait. Nikolas rêvait d'être ranger ou garde forestier, il voulait aider les Pokémons, les protéger. Sam voulait les soigner, suivre les traces de ses parents. Travailler dans un centre Pokémon ou même à l'hôpital. Sovan était pareil qu'eux. Derrière son air bagarreur, il avait bon fond. À l'école, il ne tapait jamais le premier, il défendait seulement ceux qui se faisaient embêter. Mais ça, sa mère ne voulait pas l'entendre. Quand il volait sur le marché, ce n'était pas pour lui, mais pour l'offrir aux plus démunis. Mais encore une fois, son beau-père ne le voyait pas de cet œil. Sovan était incompris par ces adultes. Pour eux, il n'était qu'un gamin cherchant les problèmes. Il voulait juste se sentir utile, alors il continuait de faire toutes ces bêtises. Ce qu'il faisait, c'était juste. Et à ses yeux, c'était tout ce qui lui importait.

L'Evoli n'en revenait pas. Sa patte ne lui faisait plus du tout mal. Les saignements s'étaient arrêtés et en plus de ça, il avait mangé pour la journée. Le petit Pokémon remercia ses bourreaux avec des caresses, heureux.

Sovan souriait et c'était assez rare pour le souligner. Elliot lui, l'avait bien remarqué et, même s'il n'avait rien fait, le petit Evoli vint tout de même se frotter à ses jambes. C'était la première fois qu'il en voyait un de si près et son visage s'illuminait.

- Tsss.

Sovan souffla. Il n'avait rien fait pour aider et il était quand même récompensé. Comme d'habitude. Elliot était le chouchou, celui qui ne faisait pas de bêtises, qui ne se faisait jamais gronder et qui avait toujours tout. Cet avorton avait de la chance...

Un bruit lointain se fit entendre. Un bruit qui se rapprochait de plus en plus vite. L'Evoli leva une oreille, puis deux, avant de partir en courant. Il ne fallait pas oublier que les 4 enfants étaient dans une zone sauvage. Autrement dit, certains Pokémons ne voyaient pas d'un bon oeil qu'ils se promènent ici. Des Charpenti arrivaient, bien déterminés à les attaquer.

- On s'arrache !

Les trois adolescents se mirent à courir, très vite, suivi du jeune garçon.

- Ils ont dû entendre les cris de l'Evoli quand on l'a attrapé !
- Ou alors c'est les fruits qui les ont appâtés aussi ?!
- J'ai pas envie de rester pour leur demander !

Pas facile de courir dans le parc naturel. Comme son nom l'indique, il était naturellement fourni d'herbes hautes, de petits buissons et d'autres éléments pouvant facilement ralentir une fuite.

- On passe par là !

Nikolas pointa un chemin qui montait dans les hauteurs, un moulin s'était effondré plusieurs années de cela et barrait la route. Il suffisait de l'escalader pour se débarrasser des Charpenti. Sans difficulté, les trois amis commencèrent à escalader les débris. Ils avaient l'habitude de se promener dans les coins. Mais Elliot non. Le petit garçon n'avait que 8 ans et grimper quelque chose d'aussi haut quand on n'avait pas l'habitude… il glissa plusieurs fois.

- Sovaaaan, je suis coincé, aide moi !

L'adolescent regarda en contrebas. Elliot était beaucoup trop petit pour monter tout seul et les trois Charpenti arrivaient rapidement.

- Fait chier.

Sovan dévala les gravats pour se retrouver tout en bas en souleva Elliot par la taille. Nikolas se pencha en avant pour attraper sa main et essayer de remonter le petit garçon. La tâche était périlleuse. Sovan était sur la pointe des pieds, sur une pierre qui risquait à tout moment de dégringoler à son tour. Elliot tendait sa main, les yeux plein de larmes.

- Je l'ai !

Nikolas souleva le gamin d'une seule main et Sam l'aida à le remonter jusqu'en haut des gravats. Il était sauvé.

C'était au tour de Sovan de remonter. Il posa sa main sur une pierre en hauteur, leva sa première jambe… malheureusement les Charpenti étaient arrivés. L'un utilisa sa poutre pour taper dans la pierre où Sovan tenait en équilibre. Le garçon était pris au piège par trois Charpenti. Il était habile mais pas assez rapide pour grimper et ne pas se faire attaquer en même temps.

Sovan leva les bras pour paraître intimidant, alors que les gamins en haut criait pour essayer de les faire fuir. Puis une pierre vint s'écraser sur la tête d'un Charpenti. Elliot faisait la moue, les bras chargés de projectiles.

- Touchez pas à mon grand frère !

Une autre pierre dégringola, suivi d'une autre, un peu plus grosse. Les Charpenti firent quelques pas en arrière, puis s'en allèrent définitivement quand les 4 garçons se mirent à les caillasser. Sovan rejoignit ses amis rapidement. Ils étaient maintenant hors de danger.

- Wow cette flippe, ils avaient l'air véner' les Charpenti !
- Tu vas bien Sovan ?! J'ai eu super peur et-
- C'est bon, j'ai rien. Tout va bien. Lâche moi la grappe Elliot.

Sovan épousseta ses vêtements puis détourna le regard. Il était temps de rentrer. Après une dure journée, ils avaient tous besoin de se reposer.
Le soir même, Sovan passa plus d'une demi heure à se faire remonter les bretelles. Pourquoi tu es tout sale ? Pourquoi Elliot est dans le même état que toi ? Qui lui a fait ce bleu au front ? Quand est ce que tu arrêteras d'être si imprudent ? A force, il n'écoutait même plus ce que son beau-père lui disait. A quoi bon, il voulait juste aller dormir après une telle journée. En se dirigeant vers sa chambre, il s'arrêta devant la porte d'Elliot qui était ouverte.

- Merci pour tout à l'heure, morveux.

Il reprit alors sa route, sans laisser une chance à Elliot de lui répondre.
Depuis ce jour, Sovan acceptait de mieux en mieux la compagnie de son demi-frère. Il avait toujours interdiction de rentrer dans sa chambre, mais il le tolérait à ses côtés quand il se baladait dehors.


- Bienvenue parmi nous monsieur Andersen.

Sovan serra la main de son supérieur, heureux d'avoir été retenu pour ce job. Sovan, agent immobilier ? Eh oui. En voilà un autre moyen d'aider les autres. Quoi de mieux que les aider à trouver leur petit nid douillet ! Un job à mi-temps, compatible avec son autre travail. Pas besoin de faire de longue étude (ça tombe bien, Sovan n'aimait toujours pas ça), de plus, ce job lui offrait la possibilité d'enfin vivre tout seul. Loin de son horrible beau-père. Charlotte était contente. Elle avait aidé Sovan a ranger soigneusement toutes ses affaires dans des cartons. Il n'avait pas beaucoup de choses à amener dans son nouveau chez lui, mais le strict minimum allait lui suffire pour commencer.

- Tu vas me manquer Sovan !
- Toi aussi Elliot, toi aussi. Tu pourras toujours venir me voir après l'école, si je ne bosse pas. Et puis, je reste à Verpré, c'est pas comme si j'allais me perdre au fin fond d'Adamantia !
- Tu vas me manquer aussi Charlotte !

La Kangourex pris l'adolescent dans ses bras pour le réconforter. Ce n'était pas la fin, mais le début d'une toute nouvelle histoire !