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Les yeux brillant d’une curiosité qui en dilatait ses pupilles, le cœur battant trop fort et la tête pleine d’aventure, Fleur était revenu d’Haptos avec un gout renouvelé pour la découverte. Éreinté d’une journée entière de travail et de deux heures d’un monologue palpitant qu’une femme nommée Oksana lui avait offert, le blond -non, pardon, le vert, les habitues ont la vie dure- s’était laissé tomber dans son lit bien moelleux que quelqu’un d’autre avait fait ce matin. Gros soupir, non pas de désespoir mais bien d’envie, Fleur réfléchit à ce qu’il vient de vivre. Aider à la reconstruction du Mastodonte le mettait à mal, lui rappelait de mauvais souvenirs, lui foutait carrément la trouille. Il le faisait parce que la paie était particulièrement bonne (normal, vu le danger) et que ça le rapprochai de la vraie liberté. Mais Oksana, elle, dans sa passion pour l’archéologie et les vieilles choses comme Fleur les appelaient, avait su renouveler une flamme de passion en lui qui avait du mal à briller depuis quelques semaines. Parce qu’avant tout, Fleur se rappelait de sa passion première, celle qui l’avait poussée (entre autres) à fuguer l’an dernier pour partir à l’aventure : le goût de l’exploration, de la découverte, de la nature. Il sentait le sang coulant dans ses veines comme vibrer en lui alors que l’excitation le prenait; alors qu’un plan se formait dans sa tête.

Oksana; oh, Fleur lui avait dit qu’elle était belle. Il l’avait dit tout naturellement, comme si c’était normal de dire ça à une femme inconnue. Mais; mais s’il avait dit ça, ce n’était certes pas un commentaire sur son apparence. Ça va comme suit; quand vous apprenez à connaitre quelqu’un, et que vous appréciez vraiment leur énergie et leur personnalité, alors ils brillent comme de l’intérieur, d’une beauté qui se manifeste dans tous leurs petits gestes. Alors quand Fleur disait tu es belle, il voulait vraiment dire comme je te trouve intéressante et je pourrais rester ici pendant des heures à t’écouter. Mais est-ce qu’il allait dire les choses clairement, comme ça? Non; s’aurait été de surestimer les capacités sociales du gamin. Mais le voilà qui roule sur son côté et qui pianote sur son téléphone, enfonçant ses écouteurs sur ses oreilles pour aller écouter le programme radio d’un certain Connor O'Dougarty qu’Oksana avait mentionné.

Et puis, pendant la prochaine heure -pendant les prochains jours- Fleur écoute avec attention ce que l’homme à dire sur sa chaine de radio. Théorie du complot, machinations et espoirs, le gamin n’a pas la présence d’esprit de filtrer le vrai du faux, le bon du mauvais; plutôt, il aspire tout ça comme une éponge et se met à y croire aussi facilement qu’on jette un vieux mouchoir. Parce que Connor lui offrait sur un plateau d’argent des réponses faciles aux milles questions qu’il se posait sur Lentis, sur les Luminescents, les Monolithes et pire encore, sur cette Ivanna qu’il avait appris à détester après seulement deux minutes d’apparition au Solem. Ah; c’est pour ça qu’un peu de retenu dans les médias, c’est mieux. Et Fleur, ayant une supervision parentale et adulte très limité, au fond, il n’a personne pour lui dire que les trois quarts de ce qu’il écoute, c’est de la merde. Mais- mais pour le principe, contentons-nous de focusser sur la fraction de choses dites qui est potentiellement vraie.

Un tour, dans le désert Haptais. Juste que là, rien de… trop anormal. Sinon que Fleur se demandait comment on construisait quoi que ce soit dans le désert, parce que le sable est un terrain meuble sur lequel une tour ne devrait pas pouvoir être construite; ah, il ne connait vraiment rien à rien, ce Fleur, mais on lui pardon sa… simplicité d’esprit. Difficile de dire ce qui l’avait convaincu, spécifiquement, à partir; c’est qu’au fond ses raisons étaient multiples. D’un côté plus innocent, le gamin voulait se donner une expérience de vrai exploration, de découverte de Lentis comme jamais il avait pu en faire auparavant. Ses vagabondages en nature sauvage ne pouvaient, après tout, pas se comparer à une réelle expédition dans l’histoire lentoise. Alors peut-être qu’il faisait ça par amour de la découverte. Probablement, aussi, qu’il le faisait pour se donner de la légitimité comme explorateur.

Parce qu’il se souvient de l’an dernier, à Adamantia. Quand il a dit à ce garçon et cette fille qu’il était explorateur et qu’on avait un peu rit de lui.

Et puis- et puis ce qui avait vraiment convaincu Fleur qu’il pouvait, qu’il devait, c’était sans conteste cette grosse dette de plusieurs milliers de dollar qui planait au-dessus de sa tête et qu’il trainait comme un boulet au pied. S’il pouvait vraiment y trouver la fortune et la liberté qu’on promettait, alors- alors peut-être avait-il une chance d’être à nouveau libre. Peut-être qu’après des mois de travaux forcés, il pourrait enfin respirer et être lui et partir à la découverte du monde à son propre rythme. Peut-être que pour une dernière fois, il pourrait être un gamin avait d’arriver à l’âge adulte. Alors c’est la tête pleine de promesses et d’espoir qu’il prend la décision de partir pour Haptos au lieu de travailler, ce jour-là, de prendre son premier jour de « congé » depuis le mois de Juillet. Travailleur acharné, on le lui accorde sans problème- ne reste plus qu’a`espérer qu’il arrive à trouver le petit groupe avant qu’il pénètre dans la tour sans lui…