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TW : Violence, pensées de meurtre, etc.

 « EIGHT ! »

((Où étais-je avant ?)) je ne sais pas – je n’arrive pas à retracer le fil des événements. Respiration douloureuse. Zamas a eu sa permission de sortie, j’étais peut-être à l’hôpital, tout compte fait. Peut-être, peut-être, je ne sais pas ((je ne sais pas)) et ça m’enrage, la mémoire se perd, j’ai sûrement eu un coup à la tête, là-bas dans cette ruelle ((meera)) elle m’a retrouvé, elle m’a retrouvé, pourquoi elle m’a ramené ? Pourquoi elle est restée ? Je ne suis pas quelqu’un de bien elle ne devrait pas traîner avec moi, mais je ne laisserais jamais cette partie de ma vie lui attirer des ennuis. La douleur, la douleur prend toute la place, elle s’étend, elle bourdonne, chaque pas me provoque des décharges électriques ; Meera avait raison, j’aurais dû aller à l’hôpital, mais non. Je refuse. On a essayé de me faire admettre quand je suis allé visiter Zamas. Refuser, toujours refuser. Je n’ai pas besoin que l’on prenne soin de moi quand je suis la cause de tous mes problèmes.

J’ai crié. Je crois, je ne suis plus certain ; l’euphorie d’il y a deux semaines éteinte, la colère pure l’a remplacé, irritation excessive et rage, rage en trop grande quantité, rage qui prend toute la place, empoisonne mes veines. Fureur. Et là, devant ce spectacle, il n’y a plus qu’une haine complète, noire, assassine. Chaque respiration ajoute de l’huile sur le feu, les flammes immenses, traversent les couches atmosphériques pour atteindre la galaxie – de moi, il ne reste plus que cette colère incandescente colorant ma vision. Ce paysage normalement blanc n’est qu’une variation de teintes de rouge, tout ce qui résonne à mes oreilles, ce sont les battements effrénés de mon cœur ; je pourrais le laisser tuer cette ordure ça ne m’attristerait pas. C’est tout ce que ce prétendu père mérite. Non, il mérite pire. Il mérite la souffrance. Il mérite un sort encore plus horrible que tout ce qu’il a fait endurer à sa fille. Il mérite la douleur, la plus lente, la plus insidieuse, la plus intense. Il ne mérite pas une fin rapide. ((et Eight ne mérite pas un tel fardeau)) contrôle-toi mais les murmures mais le vent qui souffle, bourrasques violentes, orage éclaté, grondements de tonnerre, contrôle toi (achève-le) respirer. La douleur brouille mes sens et mes réflexions.

now the prey becomes the hunter ; il mérite les cauchemars, la peur constante, la boule au ventre, il mérite l’angoisse et l’insomnie, la paranoïa et toujours regarder derrière soi qu’on ne le pourchasse pas. Il mérite tellement pire que ce que Eight serait capable de lui infliger. À quel moment je me suis rapproché ? À quel moment j’ai attrapé Eight par le col pour l’écarter ? Les événements se bousculent et se mélangent, putain j’ai mal à la tête, et Neffy ; son regard croisé, mes yeux qui dévient, je ne peux pas l’affronter, pas maintenant, je ne peux pas soutenir sa vision ; pas quand je sais mes pupilles dilatées, quand je sais que je ne ressemble à rien de ce que je devrais ressembler. Pas quand tout ce qui m’habite, c’est une colère pure et dure qui dicte chaque geste, une rage qui se dégage de chaque pore de ma peau, les muscles tendus, la mâchoire serrée, la douleur vive qui alimente chaque petit fragment de fureur.

« Lâche-le. C’est un ordre, pas une demande. » Ce n’est pas ma voix. Elle est glaciale. Elle tranche les airs, elle brise tout sur son passage, je ne la reconnais pas. Elle est remplie d’une rage froide, qui fige le sang. « Tu vas dégager Neffy. ‘Kay ? Et c’est pas un choix que j’t’offre. Yo. J’t’ai pas dit d’bouger connard. » Le bousculer pour le renvoyer sur le sol, brutalement, brusquement. Un regard vers Zamas, il était là depuis le début ? Putain, je suis perdu. Mes côtes élancent, mes tempes menacent d’éclater, derrière mon crâne aussi, j’espère que je n’ai rouvert aucune blessure. C’est fou ce que ça fait mal, comment je tiens debout moi ? « Zamas, empêche-le d’foutre le camp, on a des trucs à régler lui et moi. »

Se retourner vers Eight, la vision se brouille, un instant le sol vacille, non je dois rester debout et conscient, parce que putain, la joue de Neffy était rouge et il est suffisamment stupide pour venir à Lentis la retrouver et la violenter, mais Neffy n’est plus seule maintenant. Je ne laisserais personne s’en prendre à elle. Pas sans conséquences, pas sans retour. Surtout pas lui. Mais pas devant elle. Non, pas devant elle. Je n’arrive même pas à adoucir le moindre de mes mouvements, ma voix toujours aussi glaciale, violente, son timbre tellement tranchant, brutal, désagréable. ((Je ne voulais pas qu’elle me voit comme ça)) ce n’est pas l’image que je veux lui laisser de moi, je ne veux pas lui rappeler son père. « On parlera plus tard, Eight. » Pour qu’il parte, l’amène loin, la surveille et la soigne. « Putain, mais t’attends quoi pour dégager avec elle ? » Un éclat de colère dirigé vers lui, les poings qui se serrent. Amène-la loin. Loin de moi. Loin de cette vision, de ce cauchemar, avant que je ne déraille vraiment. Avant que tout ne parte en vrilles et qu’elle ne puisse plus me voir autrement que comme le monstre qui se cache en moi.

D'une voix plus basse,
encore plus tendue
« t'inquiète pas, il ne restera pas impuni »