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Ça n'arrive pas souvent que tu décides de te rendre à Calleis, bien que tu as toujours adoré l'endroit et son côté rustique, la population et sa dirigeante également (et tu te demandes parfois si tu as bien fait d'aller habiter à Ike-Kai). Maintenant, il est trop tard, le choix est fait. Et bien que tu te demandes constamment si tu as pris les bonnes décisions, le changement te fait beaucoup trop peur pour même y penser (tu le détestes au plus haut point). Tu aurais pu même prétendre, mais à quoi bon ? Tu préférais te morfondre dans ton coin plutôt que d'essayer de trouver une situation où tu serais plus confortable - et ça t'avait tout pris pour quitter le foyer d'Ibari. Mais aujourd'hui, tu t'étais dit que tu ferais plaisir à Bochi, parce que c'est ici que tu l'as trouvé. Peut-être pas maintenant, comme la pluie tombe sans cesse et tu ne veux pas que ça atteigne sa flamme, il en a besoin - tu en as besoin. Mais peut-être trouverez-vous un endroit à l'abri où tu pourras le sortir et te sentir moins seul, parce que tu te sens terriblement seul pour l'instant.

Lorsqu'il dort et que tu te sens seul, tu aimes sentir sa fourrure, ça te réconforte. Dans des cas comme celui-ci, tu te contente de sentir sa pokéball en fermant les yeux. Ça n'a clairement pas le même effet puisque que c'est pas du tout la même chose, comparer de la fourrure d'un être vivant à un objet inanimé comme une pokéball, mais l'idée est là. Et tu as de l'imagination, tu t'en sers pour le voir devant toi, son expression bonace alors qu'il te regarde et vient se frotter à toi ; Bochi était vraiment le meilleur, et constamment tu te disais que tu ne le méritais pas. Mais constamment tu pensais ne rien mériter.

Atteignant un endroit abrité de la pluie, tu attrapas ton téléphone portable de ta poche et tu te mis à flâner un peu sur les réseaux sociaux. Tu ne sais pas trop pourquoi tu fais ça, parce qu'à chaque fois ça te rappelle à quel point tu es seul, à quel point tu te sens seul, quand tu vois tout le monde poster des photos avec leurs amis, leur famille et leur compagnon de vie. Tu continue de le faire comme si tu ne pouvais t'en passer, content pour eux mais en même temps si envieux. Habituellement, tu scroll assez vite en bas des nouveaux posts, mais cette fois-ci, il y avait une photo qui avait attiré ton attention. Celle d'un lac, celui de Calleis où tu étais tout près. C'était Umiko qui l'avait posté (tu te rappelais très bien de lui, mais tu n'avais aucune idée s'il se rappelle de toi en retour). Tu décidas d'aller voir tout de même. De ce que tu te rappelais, Umiko était sympa et ne te faisait pas sentir comme de la merde, alors c'était déjà ça. Et peut-être avait-il besoin de compagnie, lui aussi ?

Si seulement tu n'étais pas autant nul pour te repérer, ça n'aurait pas pris autant de temps à retrouver le lac. Il faut dire que le réseau cellulaire n'est pas le meilleur ici, et tes données ne captent pas une fois sur deux. Et si tu te perds ? Tu n'as averti personne que tu es ici. Il y a seulement Bochi, lui sûrement qu'il pourrait t'aider. Mais il fait noir et tu n'aimes pas ça. Tu marches en regardant constamment des deux côtés, comme si tu avais peur qu'on te saute dessus sans que tu t'en rendes compte. Tu n'es pas à l'aise, ici. Et tu crois être capable de vivre ici, au lieu de Kopadia ? Après un bon moment, tu finis par apercevoir une silhouette, et le lac, tu étais enfin arrivé. Tu t'approches doucement pour ne pas faire sursauter Umiko - toi-même étant nerveux, tu ne souhaitais pas faire peur à l'adolescent - et tu l'aborde d'une voix douce mais hésitante.

"Bonjour, euh.. je ne sais pas si tu te rappelles de moi. C'est Baelfire, j'ai fait le crochet de Wailord pour toi à Kopadia ?"

Petite pause.

"Je suis seul ce soir, si tu as besoin de compagnie…"

Même si la compagnie te bénéficie sûrement plus, au final.

Tu ne sais pas trop pourquoi, mais au fond, tu avais peur qu'Umiko ne se souvienne pas de toi. Donc ça te faisait plaisir qu'il ait toujours en sa possession le crochet que tu lui ais fait, et qu'il se souvienne de ton nom aussi. Et tu n'aimais pas le voir triste, mais tu n'avais aucune idée de comment lui remonter le moral - peut-être que ta simple présence suffirait ? Vous étiez si différents tous les deux, toi le négatif des deux et lui, le souriant, le joyeux. Donc ça te paraissait étrange de le voir aujourd'hui dans cet état, comme s'il n'avait pas sa place à être mélancolique - mais tout le monde laissait place à la tristesse près de soi, à l'occasion. Umiko avait tout à fait le droit de se sentir ainsi. Toi, tu n'avais qu'à te montrer présent.

"Mais tu n'es plus seul, maintenant."

Tu ne sais pas trop si c'est plus une affirmation ou une remarque, à savoir que maintenant, il n'était plus seul et donc, ne devait plus se sentir triste ? Même si la vie était bien loin d'être aussi simple bien sûr, tu te réconfortais dans l'idée que peut-être ta présence aurait un impact positif sur quelqu'un, au final.

Et des Wailmer, ici ? L'idée te semblait plutôt farfelue, comme tu avais l'habitude d'en voir à Kopadia, mais pourquoi pas ? Toi, c'était pour Bochi que tu étais là. Pour le ramener un peu à sa terre de naissance.

"Je suis là avec Bochi, mon Toutombe. Je l'ai trouvé ici quand je suis arrivé sur Lentis. Mais là… je ne sais pas trop, avec la pluie est-ce que sa flamme peut s'éteindre ? Je n'ose pas le sortir."

Après, la pluie ne te dérangeait pas particulièrement. Mais tu avais toujours senti les gouttelettes qui tombent par terre, lourdes, le petit ploc rassurant qui couvrait le silence du soir. Par moment, tu te surprends à vouloir devenir une goutte, toi aussi. Parce que la pluie n'est jamais seule, parce que chaque goutte est suivie de près ou de loin par une autre, parce que tu aurais des milliers d'amis si tu étais une goutte. Au fond, peut-être que vous vous ressembliez plus que tu ne le pensais ? Toi, la tempête, le vent, et l'orage, cette pluie qui tombait, frappait, pleurait (parce que tu associais souvent la pluie aux larmes du ciel).

Mais la pluie, c'est aussi associé à un souvenir douloureux, un souvenir de ton père (le peu de souvenirs qui te restaient étaient pour la plupart douloureux) et de votre bateau en pleine mer, et l'orage qui frappe. Aussi petite soit-elle, la pluie mélangé au vent peut causer des ravages - mais dans ton cas, tu la remercie également, même si tu ne voulais pas l'avouer, cela ferait de toi une mauvaise personne. Si tu faisais parti de la pluie, tu n'aurais pas à te soucier de ces standards de société que tu peinais à comprendre, et peut-être te sentirais-tu finalement accepté ?

Tu regardes Umiko en hochant la tête. Sûrement qu'il avait raison, au fond. Et il arrivait à éliminer tes inquiétudes par rapport à Bochi comme elles sont arrivées, à apporter des faits qui te poussaient à croire qu'il ne risquait rien, au fond. Il avait raison, après tout. Bochi était ici lorsque tu l'as trouvé. Et s'il est né ici, à Calléis, il était probablement habitué. Alors des orages, il en avait connu. Probablement que sa flamme ne s'éteindrait pas. Tu ne voulais pas. Il était ta lumière, celle qui te guidait et te réchauffait le soir lorsque tu en avais besoin, tu ne tolèrerais pas qu'il s'éteigne, non.

D'un bref geste de la main, tu attrapas la pokéball de ton Pokémon qui le contenait que très rarement - il était souvent à tes côtés. S'il y avait bien quelque chose que tu aimais d'être seul, c'était la liberté de pouvoir faire ce que tu voulais, sans te faire dire quoi que ce soit derrière. Et tu savais que Raphaël aimait bien le canidé également - tu le soupçonnais secrètement de vouloir un autre toutou pour lui faire des câlins. Tu comprendrais : tu adores toi-même les chiens. Bêtes joyeuses et loyales, les chiens avaient une place spéciale dans ton cœur. Mais il était vrai qu'avec son Caninos, il avait déjà un bon gros toutou - ou du moins, il serait beaucoup plus gros lorsqu'il aurait évolué.

"Tiens, je te présente Bochi. Il est super."

Et le Pokémon se dirige aussitôt vers ton ami, joyeux comme à son habitude. Et du coin de l'œil, tu vois la Vostourno qui est là, sous la pluie, et ça te rendait triste. Elle avait l'air si… perdu. Mais Umiko s'était déjà agenouillé tout près, alors tu portes ton attention sur l'autre créature qui semblait un peu seule : un Germignon. "Regarde, il a l'air seul, lui aussi. Tu crois qu'il se plairait à Kopadia ?"

Parce que tu détestes que les autres soient tristes, tu ne tolères pas de voir cette émotion chez les autres. Ça te fait mal, presque plus mal que si tu étais triste toi-même. Et le sentiment d'impuissance lorsque tu ne peux rien faire pour aider est horrible. Mais vous pouvez faire quelque chose, Umiko et toi. Vous pouvez ramener ces créatures où elles doivent être : la Vostourno à Haptos, le Germignon à Anthos. Après, peut-être qu'ils ont fui, eux aussi. Peut-être qu'ils n'ont pas envie de retourner chez eux ? Ça, tu ne pourrais que si bien le comprendre.

Ça te fait plaisir de voir quelqu'un apprécier Bochi. Parce que c'est un bon Pokémon, et il mérite cela. Tu aimerais que tout le monde sache à quel point il est adorable, génial, gentil, et tous les adjectifs positifs auxquels tu pouvais penser. Bochi était ton ami, ton meilleur ami. C'était ton compagnon depuis ton arrivée à Lentis, et il avait toujours été là depuis. Il t'avait soutenu dans les moments les plus durs et tu ne pouvais qu'être reconnaissant envers lui. Tu lui montrais comme tu pouvais, lui donnait autant d'attention que possible lorsque tu n'étais pas en train de bosser.

"Oui, Bochi est super cool. C'est lui qui me tenait au chaud lorsque j'étais à la r- recherche d'étoiles la nuit."

Tu avais dit la dernière partie sur le vif, et reprenant de justesse la fin de la phrase. Tu avais honte, honte de ta situation et de ce que tu devais faire pour survivre. Maintenant, tout était fini. Enfin, tu étais à l'abri, et pas en danger, chez quelqu'un qui comptait pour toi et qui prenait soin de toi. C'était bon, c'était spécial, mais c'était surtout nouveau. Pas habitué à ce que l'on prenne soin de toi, tu ne pouvais nier que le changement te rendait quelque peu anxieux. Mais c'était agréable. Au fond, il te suffisait juste de t'habituer pour que les doutes ne cessent d'exister et que tu te demandes si tu as pris la bonne décision, au fond. Une partie de toi en était certaine.

Tu levas les yeux au ciel en penchant légèrement la tête, pensif. Des chiens de type Eau ? Tu ne croyais pas en avoir vu. Il y a beaucoup de Pokémon eau a Kopadia, et pourtant des chiens d'eau n'en faisaient pas parti. Après, peut-être étais-tu simplement ignorant, c'était tout à fait possible. En tout cas, tu ne rejetais pas la possibilité.

"Oh, je ne sais pas les types de tous les chiens. Mais je sais qu'ils ont tous une particularité commune : ils sont de fidèles compagnons. Tu ne peux pas te tromper avec eux."

Tu pourrais parler des chiens des heures durant, mais il valait mieux pour l'adolescent que tu arrêtes à présent avant de l'étourdir -  ou toi-même. C'était aussi possible. Tu t'agenouilles à ton tour pour flatter un peu Bochi, et ça te fait sourire de voir qu'il a l'air aux anges. Après tout, c'était rare qu'il avait l'attention de deux humains, comme Lei et toi vous vous croisiez peu souvent au final, entre le boulot et l'école. Mais ça changerait bien vite. Bien vite, tu auras fini l'école, et tu pourrais te concentrer sur ton travail - et sur Lei. Il fallait juste que tu passes ces foutues math.
Mais il y avait aussi Raph, parfois, qui prenait soin de Bochi. Tu étais content, parce que tu en apprends plus sur cet homme qui avait accepté de vous héberger Lei et toi. Et tu étais aussi désireux de te faire aimer, il fallait dire.

Tu rigolais aux paroles d'Umiko, imaginant un Psystigri qui observait ton ami alors qu'il s'étouffait. Enfin, ce n'était pas spécialement drôle (pas du tout même), parce que tu appréciais beaucoup Umiko et tu ne souhaitais pas qu'il lui arrive quelque chose. Mais c'était juste ton imagination fertile qui travaillait encore une fois (et puis bon, c'était juste imaginer la scène qui t'avait fait rire, mais rien de tout ça n'était drôle si ça se produisait réellement).

"Oui !"

Et sans attendre, tu sortis Doresu de sa pokéball, il vint aussitôt se poser sur tes épaules. Doresu aimait y rester, en réalité il restait très peu dedans sa pokéball s'il y avait accès. Tu aimais ça, alors tu ne plaignais pas. Ça te faisait plaisir d'avoir de la compagnie. Non, même plus que ça, tu en avais besoin. C'est un peu particulier, et tu ne te serais pas attendu à avoir quelconque forme d'attention de la part d'un insecte, mais Doresu était différent.

"J'te présente Doresu, mon Larveyette. Il est sympa aussi, il se pose sur mes épaules comme ça."

Et tu penches la tête sur le côté lorsqu'il te parle de sa région natale : Hoenn. Tu n'étais jamais allé là-bas, mais tu avais attendu pleins de choses différentes à ce propos. Il y avait toujours eu cette partie de toi qui aimerait voyager, mais tu n'avais pas l'âge autrefois ni même l'argent. Et les voyages coûtaient cher. Après, certains diraient que tu vivais dans un endroit paradisiaque, un archipel (mais c'est seulement parce qu'ils ne connaissent pas les dangers de Lentis).

Toi aussi, tu aimais bien donner à tes Pokémons des noms venant de cette langue. C'était un peu une façon de te raccrocher à ton passé malgré tout - en avais-tu vraiment besoin ?- mais aussi de te faire de bons souvenirs d'un endroit qui n'avait rien de bon à tes yeux. Sauf le phare. "Oh, je viens de Johto. Je suis arrivé ici à mes quatorze ans. On était tout près sans le savoir, c'est drôle."

Et peut-être qu'un jour, tu retournais à Johto pour visiter un peu, te créer de nouveaux souvenirs. Tu te demandais si Umiko, lui, avait envie de revisiter Hoenn (ou peut-être qu'il y allait déjà de temps en temps). Après tout, tu ne le connaissais pas beaucoup même si tu l'appréciais. Et maintenant, c'était à son tour de montrer ses Pokémons. Enfin, s'il les traînait avec lui bien sûr. "J'aimerais bien voir tes Pokémons aussi. Enfin, seulement si ta Psystigri ne tente pas de m'étouffer."

Tu regardais Umiko avait des yeux admiratifs, un peu comme s'il avait fait le tour du monde alors qu'en fait, il avait seulement visité trois régions. Enfin, ce dont tu étais au courant. Peut-être qu'il en avait visité plus, mais tu trouvais rude de demander. S'il voulait en parler, il en parlerait bien. Mais même cela, pour toi, c'était assez pour te rendre admiratif. Envieux. Mais dans un sens où tu aurais aimé visité Hoenn, pour ta part. Et aussi, tu étais un peu déçu de ne pas avoir rencontré Umiko lors de son voyage à Johto il y a quelques années. Tu aurais bien eu besoin d'un ami de plus à ce moment.

Et puis… il avait un Wailord ? Wailord était un Pokémon tellement gigantesque, tu étais surpris à chaque fois que tu apprenais que quelqu'un en avait un. Il est vrai que ça te semblait être un Pokémon assez dur à s'occuper. Il faut avoir accès à la mer proche, sûrement. Les autres Pokémons ont tous l'air très gentils, même si tu as une petite préférence pour la Prinplup. Enfin, tu aimerais bien voir son Wailord également, mais comme vous étiez à Calléis et qu'il était à Kopadia, ce sera pour une autre fois.

"Tes Pokémons sont tous supers. Et j'approuve, les Statitik sont vraiment géniaux. Ah au fait, sais-tu pourquoi il y a des Wailmer dans ce lac ?"

Question t'intriguant réellement, tu te disais que s'il était venu jusqu'ici, c'était probablement parce qu'il était au courant ? Au moins un minimum. Toi, tu passais juste par-là parce qu'une présence te faisait du bien. Après tout, les hommes étaient faits pour vivre en colonie, même si certains se débrouillaient mieux seuls que d'autres.

En regardant le lac, tu étais pris d'une sensation étrange. Il était vrai qu'il portait bien son nom. Tu ne connaissais pas bien l'endroit, mais ses forêts te rappelaient les nombreuses forêts de Johto (et Kopadia, bien entendu, te rappelait Oliville). Peut-être était-ce pour cela que tu t'étais tant attaché à Lentis lorsque vous étiez arrivés avec Ibari - malgré le changement et le défi que cela t'apportait, apprendre à t'occuper de toi tout seul (même si tu étais déjà à peu près habitué, n'est-ce pas ?) Et les dangers de Lentis n'étaient pas vraiment plus effrayants que ces démons qui résidaient en toi ainsi que ceux qui te faisaient des frayeurs le soir, rien que tu ne pouvais vaincre - mais attends de tomber face à face avec la mort aux yeux de sang.