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C’est le regret dans toutes les atomes de son corps que Fleur s'était présenté, avec l’aide peut-être réticente d’Aina-Kea, devant Moira. Elle n’était pas celle qui l’avait exilé d’Adamantia (dit-on vraiment exilé si on ne vient pas de l’endroit? Passons), mais elle était celle qui pouvait l’aider à régler son cas. Et régler ses problèmes, elle l’avait fait – mais pas pour rien. Fleur avait finit par comprendre que les adultes étaient beaucoup comme ça; ils étaient prêts à vous pardonner, pas contre votre regret ou vos excuses, mais contre des actions précises. Qu’est-ce qu’un mioche dans son genre pouvait donc vraiment apporter à Hoarford, concrètement? La populace adamantoise avait été autonome pendant tellement d’années; alors qu’est-ce qu’il pouvait vraiment leur apporter qu’ils n’avaient pas déjà? Mais Fleur n’était pas découragé; certes, il ne savait pas grand-chose sur grand-chose, mais- mais il avait deux bras valides et deux jambes pour le transporter, et des pokémon bien dressés (pour la plupart. On te regarde, Hasard-Deux le Paras de Lentis); alors c’est ce qu’il proposa. Après tout, Fleur devait déjà se racheter (littéralement) auprès de Verpré en travaillant – alors autant travailler pour Hoarford, pas vrai? Et comme il avait des qualifications (si on pouvait vraiment appeler ça ainsi) pour tout ce qui regarde la botanique, on lui avait gracieusement offert de travailler dans les serres adamatoises, ce qui, franchement, était un grand honneur pour le gamin, et il ne comptait pas foirer son retour à Adamantia. Que du bon – il allait travailler dans les serres, se racheter, prouver qu’il n’était pas qu’un petit délinquant à qui on ne pouvait pas faire confiance. Il n'avait pas dit à Adam et à Axiom qu’il était en train de payer sa dette karmique ici -il ne savait tout simplement pas comment ils allaient réagir, et ne voulait pas gâcher ses efforts avec une vague de mal à l’âme pour avoir trahis ses deux amis. Mais c’était comme ça; il voulait coute que coute rétablir la communication avec les deux régions où il avait merdé.

Alors aujourd’hui, il travaillait à la serre. Première journée de boulot, ses pokémon l’aidaient comme ils pouvaient, surtout Colori, son Manternel, et Confetti, sa Prismillon. Faut dire que les autres étaient des larves et qu’en tant que bonnes larves, elles étaient limitées en mouvement… Après, les insectes n’ont peut-être pas la meilleure réputation auprès des cultivateurs (puisqu’ils aiment manger les pousses), mais Fleur était déterminé de prouver que les insectes n’étaient pas que des nuisibles; qu’ils pouvaient aider à la pollinisation et à détecter les maladies, aussi. Enfin; le travail du matin avait surtout consisté à étendre du fumier (parce qu’évidemment, on donnait les tâches les plus ingrates au petit nouveau), mais Fleur était fort et endurant et motivé, et ça lui faisait plaisir de sentir la merde si c’était pour travailler auprès de ses plantes adorées. On y trouvait surtout des plants comestibles (normal, vous direz), genre des légumes et des fruits, et l’atmosphère y était bon vivante…

Jusqu’à son arrivée.

Parce que bien sûr, tout ne pouvait pas tourner rond. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. On aurait dit comme un coup de tonnerre qui venait de fracasser les vitres de la serre; le feu suivis, ce qui était franchement surprenant puisqu’au début le vent froid de l’hiver Adamantois pénétra dans l’endroit, faisant frissonner à mort le gamin qui 1) n’était pas habillé pour résister à l’hiver et qui 2) était de toute manière bien frileux. Prisonnier des flammes comme ses compatriotes, le cœur de Fleur allait vers ces plants, ces semaines de travaille qui partaient en fumée. Et la colère le prit; c’était plus fort que lui, c’était soit la colère ou la peur. Il avait beau suivre son programme de gestion de la colère, la gérer n’était que plus difficile depuis qu’il avait commencé la testostérone. Qu’importe; le voilà qui fait volte-face et, alors que la plupart de ses collègues d’infortune tentent de sortir pour ne pas se laisser encercler par les flammes, Fleur se joint à ceux qui, de l’extérieur, tentaient de calmer les flammes et la créature, cet obscur qui mettait la serre à mal. Du col de t-shirt de Fleur sort une petite tête molle; celle de Gloop, son Sancoki, seul pokémon qu’il possède qui n’est pas vraiment un insecte (même si on pourrait le défendre en disant que c’est une limace, un Sancoki), qui regarde avec tristesse et peur les flammes qui montent haut vers le plafond; mais Fleur a un plan. Parce que voyez, certes, son Sancoki n’était pas un insecte, mais justement. C’était un pokémon de type eau, et comme tout bon pokémon de type eau qui se respecte (pardon Adamas, mais t’as pas d’attaque eau, toi), il possédait son exemple de pistolet à eau et ça, ça allait les aider.

« Gloop, Pistolet à eau » fait simplement le dresseur, passant son bras devant son visage pour se protéger quelque peu de la fumée qui montait. C’est là que Confetti arriva au niveau de l’épaule du blondinet, se mettant à battre doucement des ailes pour chasser la fumée, sans toutefois nourrir le feu -elle l’espérait, en tout cas. Elle était terrifiée; elle n’était après tout qu’une petite créature délicate, elle; elle n’avait jamais même combattu, c’était d’ailleurs surprenant qu’elle ait évoluée. Mais elle était très attachée à son humain; alors s’il restait pour se battre dent et ongle, elle le ferait aussi! Le dernier à les rejoindre fut Colori, qui était lui-même en train d’étendre du fumier un peu plus loin. Il semblait que chaque goutte d’eau produite par Gloop s’évaporait aussitôt; à croire que ses efforts étaient en vain, mais Fleur savait que chaque goutte pouvait compter, alors il continua à l’encourager plutôt que de s’inquiéter de progrès réel. Parce qu’après tout, les secours, les pompiers finiront bientôt par arriver et prendre le relais. C’était cet espoir qui le gardait confiant; et pendant que son Sancoki s’occupait de l’eau, lui pouvait porter son attention vers autre chose.

« C’est excellent, Gloop, continue comme ça! » dit-il entre deux toussotements, ses yeux pleins d’eau à cause de la fumée qui l’avait agressé plus tôt. Il pose une main sur l’épaule de son Manternel, qui était à peine plus petit que lui, vraiment, et Fleur dit; « Confetti, tu peux nous faire un petit trou dans la fumée pour qu’on puisse voir ce qui se passe dehors? Avec Colori, on s’occupe de l’attaque » Et Kombucha s’occupera de nous défendre pensa-t-il en prenant la pokéball à sa ceinture pour le sortir de sa pokéball. Kombucha, son Caratroc, n’était pas des plus rapides; mais il était vaillant, et fidèle, et Fleur savait qu’il se défendrait jusqu’au bout. Voyant la fumée, l’idée lui vint d’éteindre quelques feux; le voilà qui rentre ses nouilles, ses membres délicats, dans sa carapace de roc, et qui se mets à rouler et rouler et rouler pour étouffer le feu. Entre lui et le Sancoki qui éclaboussait sa carapace pour réduire la chaleur à l’intérieur, ils faisaient, somme tout, une plutôt bonne équipe! Et Confetti, elle, s’occupait d’envoyer la fumée dans l’autre direction. Vite fait, on aurait pu croire que Fleur maitrisait, en fait, plutôt bien la situation. Mais ce n’était que le début de tout; rien n’était moins sûr que la précarité de son plan. Parce que dès lors que le Guériaigle allait les voir – ce serait le début de la fin. Mais on pouvait compter sur un brin de surprise, et ça, c’était pas rien.

« Colori, Canon Graine! » hurle-t-il par-dessus le boucan créer par le feu autour d’eux; vous direz, mais Fleur, pourquoi envoyer des putains de graines dans un putain de feu? Bah sachez que Fleur avait entièrement confiance en la puissance de son pokémon, et c’était l’occasion de toute l’occasion, celle de prouver la puissance et le courage des pokémon insecte. Ça, et, euh, un canon graine se fait quand même à une bonne distance, contrairement au reste des attaques que Colori connaissaient, et euh, disons que le Manternel ne savait pas encore marcher dans des flammes sans mourir. Aussi simple que ça. Et même si la serre autour de lui s’effondrait, même s'il y avait du feu et de la fumée et des morceaux de verre qui éclataient autour de lui, Fleur n’allait pas en démordre pour si peu. Et bientôt… oui, bientôt, c’est lui qu’il faudra sauver. Il se revoyait, sur la plage, à Kopadia, en train de se faire attaquer par les Bacabouh et le Tortank, se voyait avec son bras cassé et le sang et la douleur, et il se disait que s’il pouvait survivre à ça, et pouvait survivre à ceci. Ah; mais avant, il n’était pas seul. Il avait Lukas et Noah, et Noah les avaient sauvés. C’est à lui que Fleur pense, en ce moment; comme c’était à lui qu’il pensait à ce jour fatidique où le gamin s’était battu (fuis, surtout) contre ce Mangriff géant. Au fond – au fond c'était ça Lentis, une nature qui vous veut de la merde. Mais Fleur était aussi de Lentis-

Et donc, il survivra.

Quand exactement est-ce qu’il s’est rendu compte qu’il était vraiment dans la merde? Pas quand le feu commença, pas quand le toit s’effondra, pas quand la température monta. Non; il était resté confiant. Il gardait un œil sur le combat, il pouvait voir ce qui arrivait. Le Canon graine fit mouche; et pas que, parce que Fleur eut l’occasion de voir, à travers les flammes, que d’autres avaient pris le relai et attaquaient également la créature. Tant mieux; il ne croyait pas pouvoir s’en sortir tout seul contre cette chose infernale. Sauf qu’entre deux gros toussotements, le voilà qui a la tête qui tourne, sa gorge le brûle, ses yeux piquent… et là, il voit. Sa grossière erreur : celle de croire qu’il pouvait rester à l’intérieur de la serre pour aider. Mais non; le feu ne faisait que brûler avec plus de rage, et il pouvait sentir que son Sancoki fatiguait, lui aussi et- et le Guériaigle s’était positionner pour bloquer la sortie de la serre.

Merde

Que faire? Fleur se sentait comme un Togekiss pas de tête; impossible d’aller de l’avant, impossible d’aller de l’arrière. Mais il devait se calmer. Ses pokémons comptaient sur lui. Alors il eut une idée. Une idée un peu folle, c’est vrai. Mais entre son Caratroc qui bloquait le feu et son Sancoki qui envoyait de l’eau, il pouvait ajouter un autre outil à son arsenal : son Sovkipou. Oh, ça prendrait beaucoup de persuasion, puisque le pokémon était d’un naturel couard, mais- mais il pouvait envoyer du sable sur le feu et l’éteindre légèrement. Les trois ensembles, ils devraient suffire pour que Fleur, Colori et Confetti puissent se frayer un chemin vers l’entrée de la serre. Et à partir de là… à partir de là, il tâchera de combattre pour faire reculer me monstre. Quelque chose comme ça. Après tout, il n’était pas seul ici : ça irait. Alors sans hésiter, il fait sortir son pauvre Adamas de sa pokéball, et il panique; grimpe le long des jambes de Fleur, va se réfugier dans son dos. Mais son dresseur a d’autre plans pour lui. Il lui aurait parlé doucement, eut-il eut l’occasion de le faire; mais il n’en avait ni le temps, ni la capacité, le bruit des flammes faisant qu’il doive hurler de sa gorge irritée pour même se faire entendre.

« Jet de sable, Adamas » dit-il simplement en tendant la main vers la sortie. Vers des gens. Un pas à la fois; on ne pense pas à ceux qui sont plus enfoncés, ceux qu’on ne peut pas sauver. Et pourtant – et pourtant, c’est tout ce qui tourne ne boucle dans sa tête. Si moi je suis dans cet état, alors qu’arrive-t-il aux autres? Qu’adviendra-t-il de la serre? Les larmes lui montent aux yeux; il les ignore. Ce n'est pas le temps des sentimentalités. Il se fraie un chemin jusqu’à l’entrée de sa serre, sans être capable d’en sortir. Effrayé à l’idée qu’on le happe comme ce Ptera qu’il voit gisant au sol, éclaté. Si ce Ptera n’a pas pu mieux survivre… alors qu’adviendra-t-il, réalistiquement, de ses pauvres pokémon insectes? Le feu derrière eux, un oiseau devant; rien n'est plus effrayant pour eux, il en est sûr. Alors il ne tient qu’à lui d’assurer leur moral, de s’assurer qu’ils ne sombrent pas dans la peur. Et s’ils le font; alors il les rangera dans leur pokéball, et il les saura.

« Hey! » cri-t-il, faisant de larges mouvements de mains pour que les dresseurs de l’autre côté du seuil de la serre puissent l’entendre. « Il reste des gens, ici » il ne savait même pas si on pouvait l’entendre, à vrai dire, mais ça valait la peine d’essayer. « Essayez de l’attirer plus loin » et puis il se penche pour cajoler son Adamas d’amour, qui s’est bien battu. Et allez savoir; quelque chose s’alluma dans l’esprit du pokémon. Jet de sable = câlins. Câlins = bien. Bien = refaire. Et puis là; sans même hésiter, le voilà qui se faufile entre vous, et crache une belle motte de sable et de cailloux et de verre dans la direction du Guériaigle.

Fantastique se dit Fleur, exaspéré. Son pokémon a voulu bien faire -et s’était probablement mis une cible sur le dos dans le processus. Mais passons; il fallait déjà libérer l’accès à la serre. Pendant ce temps-là, Fleur tente de diriger le reste des pokémon pour que l’entrée de la greenhouse reste accessible, au cas où certains personnes soient en chemin vers eux.

Parce que l’espoir fait vivre

C’est ma faute se dit le jeune homme, alors même qu’il n’aurait pas pu deviner que le Guériaigle allait s’attaquer à celle qui, héroïquement, s’était proposée pour distraire l’oiseau géant et lui permettre de fuir le fourneau que représentait la greenhouse. Il ne se fait pas prier; dès lors que l’obscur se détourne pour happer la jeune femme, Fleur pousse ses pokémon, bon gré mal gré, vers la sortie, toussant, crachant, les yeux pleins de larmes à cause de la fumée. Il aurait un mal de gorge prenant pour les prochains jours, et des maux de tête bien prononcés, mais pour le moment, il n’avait pas le temps de penser à ça : c’était sans conséquence. Après tout, il était en un morceau, il était sorti de là, ce qui était franchement plus que ce qu’il pouvait dire pour le reste des gens avec qui il travaillait pas dix minutes plus tôt dans un calme serein. Alors qu’il se dégage du bâtiment, alors que le Guériaigle te soulève et que son cerveau lui hurle de faire quelque chose pour t’aider en retour, une vision d’horreur s’offre à lui, malgré le flou de sa vision embrumée par la fumée.

Une main.

Une main contre un panneau de verre qu’elle est trop faible pour abattre. Une personne qui subit le pire des flammes et qui abandonne¹. Et sa rage n’en devient que plus grande; Fleur voudrait s’abattre sur tout le verre de la serre; l’éclater, laisser la fumée s’en sauver et, avec un peu d’espoir, sauver au moins une personne. Sauf que- sauf que Fleur n’était pas le plus futé, et un tas de questions auxquelles il ne pouvait pas répondre jaillisse dans son esprit : et si en détruisant le verre, en fait, il ne faisait que précipiter le feu, non seulement à la greenhouse, mais également au reste d’Hoarford? Et si- et si en éclatant le verre, l’air ne faisait que nourrir plus encore le brasier? Parce que les choses étaient mal en point, mais- mais ça pourrait être bien pire, et l’idée qu’il puisse aggraver la situation le rend nauséeux. Ses yeux passent de la verrière à toi, l’objet de son admiration qui se fait soulever comme une vulgaire poupée de chiffon. Il a envie de hurler, mais les larmes qui coulent sur ses joues ne sont que l’expression déterminée de sa hargne envers la créature.

Parce qu’il a vu ce qu’il a fait au Ptéra. Qu’il ne doute pas qu’il serait capable de te faire la même chose. Le distraire; le faire te lâcher… oui, mais non. Parce que s’il est haut, et que tu tombes, on est pas plus avancés. Mourir déchiquetée, ou mourir fracassée contre le sol, Kiya’na? Lequel préfèreras-tu? Mais le jeune homme se rappelle de tout ce que tu as fait pour lui, un simple étranger, l’enfant qu’on était pas vraiment, pour son pokémon aussi. Adamas doit avoir compris ce qui se passait, et lui aussi, il se souvient de tout ce que tu as fait pour les réunir. Lui aussi, il veut t’aider. Mais comment? Lui, il fait ce qu’il peut faire de mieux : il laisse le sable de les éclats de verre sous ses pattes se transformer en jet d’une puissance incertaine, qui vise les yeux de l’Obscur pour obstruer sa vision. Est-ce que les particules de sable et de neige et de verre sont en train de former un nuage de particules dans l’air sous leur cible?

Malheureusement, oui. Pardon, tou·te·s.

Fleur regarde son papillon d’amour, sa Confetti toute délicate, Prismillon qu’elle est. Et il se demande : est-ce qu’elle pourrait t’attraper quand tu tomberas? La réponse est évidente pour tout le monde, mais Fleur espère. Il sait que les ailes de son pokémon ne sont pas puissantes -déjà qu’elle manque d’entrainement, la pauvre petite chose, hein. Il pense flancher; mais son regard se pose sur la drôle de scène que représente la tête blanche et ce qu’il imagine être un pote à lui, qui sont en train de faire des exercices de respiration. Et puis Fleur se souvient des exercices qu’il doit utiliser pour son anxiété, pour sa colère; il se centre sur ce qu’il peut faire, sur ce qu’il y a autour de vous qui pourrait l’aider qui n’est pas qu’un hypothétique. Certes, sa petite Prismillon à elle seule ne peut pas amortir ta chute, mais- mais peut-être qu’elle n’a pas besoin d’être la seule. Après tout, vous êtes là-dedans, ensemble.

Puis il se souvient. De ce Furaiglon un peu téméraire et pas très obéissant qui te suit, parfois. C’est quoi son nom, déjà? « Falcon! » Hurle-t-il au-dessus du tumulte, espérant que même depuis sa pokéball, ou depuis là où il était, il puisse l’entendre. « Confetti! » insiste-t-il, mais la papillon s’est déjà approchée de lui. Chaque parole prononcée est comme autant de petites aiguilles qui perforent la parois délicate de sa gorge -mais l’adrénaline fait bien les choses, et il ressent la douleur comme si elle était en train d’arriver à quelqu’un d’autre. Il lui dit; « Quand, et si le Guériaigle la lâche, je compte sur vous deux pour la rattraper et décélérer sa chute comme vous pouvez. Compris? » La pokémon hoche vivement de la tête et s’envole, faisant des cercles autour du Guériaigle tout en se gardant, elle l’espérait, hors de portée d’un coup de bec qui pourrait déchirer ses petites ailes fragiles. Mais Fleur croyait en sa force; délicat ne veut pas dire faible. La preuve, elle était là à ses côtés depuis le début de l’attaque. Elle n’avait pas fuit.

Et puis; et puis il regarde autour de lui, retombe sur cette personne qui se prend la tête, paniqué. Et son pokémon; un Spiritomb, petit nuage de drôles de couleurs qui était un peu hypnotisant à regarder. Fleur se dit : il est trop paniqué pour utiliser son pokémon, mais rien n’empêche Fleur de se servir de son pokémon pour ses plans, non? Le voilà qui s’approche de vous deux à grands pas; qui ne s’arrête même pas mais qui dit : « Pardon, mec, je te l’emprunte » c’était trop vague pour vraiment valoir quoi que ce soit, mais comprenez, il est pressé. Après tout, il ne sait pas combien de temps Kiya’na a. Si ça se trouve, il est déjà trop tard. Mais il doit aller jusqu’au bout pour elle. Pas qu’il ne ferait pas de son mieux pour vous- mais c’était pas pareil, c’était Kiya’na qui était en danger. C’était sûrement la personne qu’il connaissait qui avait le plus grand cœur. Et s'il lui arrivait quelque chose -probablement qu’un bout de lui serrait blessé en même temps.

Alors sans crier gare, le voilà qui se penche vers le Spiritomb; il lui pointe le Guériaigle et la zone sous lui, pas de paroles, mais il illustre de toute manière très bien ses propos de quelques gestes brefs. Alors il soulève le pokémon par sa… roche? Et espère le trainer sous la zone d’impact projetée; sauf que bien vite ses doigts qui s’étaient agrippés sur la pierre glissèrent, le forçant à se retrouver le cul directement au sol, dans la neige boueuse. Il cligne des yeux, confus : c’est qu’il ne s’attendait pas à ce que la pierre pèse 1895624² fois son propre poids, mais qu’importe, l’adrénaline le fait se cambrer; il plante ses pieds dans le sol et, par la force de sa rage, trainant le roc maladroitement en serrant des dents. C’était pas rapide… pas du tout rapide. Si ça se trouve, il faisait ça pour rien, et tu tomberas avant qu’il ait pu le positionner en dessous, mais- mais que pouvait-t-il faire de plus? La testostérone lui donnait plus de forces, certes, mais 108kg de roc, c’est pas rien à transporter!


¹Si on peut appeler la mort subite un abandon…
²Légère exagération ici…