Voyager pour oublier, voyager pour effacer les pensées envahissantes imposées dans un esprit troublé. Axiom avait toujours eu ce désir de s’envoler vers d’autres contrées, peut-être parfois pour oublier sa propre existence. Dans d’autres endroits, quand la mémoire était trop occupée à enregistrer de nouveaux souvenirs, il ne restait qu’une douce délivrance. Les téléporteurs, locomotion nouvelle et pourtant, rapidement acceptée comme symbole de l’avenir. Ils rendaient ces déplacements inévitablement plus supportables, lorsqu’on oubliait les étincelles de peur des premiers instants.
Et pourtant, à l’aube de cette journée pluvieuse, Axiom était enfermée dans un lieu qu’elle n’avait que trop fréquentée. Régulières visites dans ce café local, impressions doucereuses restant sur la conscience; Axiom déplorait cette présence imposée par le besoin d’une rentrée [d’argent]. Il fallait posséder entre les mains quelques billets pour pouvoir survivre dans cette société, malgré les désirs précis d’un esprit volage, d’envies peut-être parfois déplorables. Elle ne pouvait se défaire de l’emprise du système en place, alors qu’elle tenait entre les mains les commandes des [clients]. Crises silencieuses d’irrépressibles rêves de grandeurs, mais quelle place pour une menteuse dans un monde trop souvent sans cœur ?

Soupirs qui se meurent sur ses lèvres, alors qu’elle déposait sans trop d’entrain le café fumant commandé quelques instants auparavant. Point de trêve dans l’essaim bourdonnant dans son cerveau, ne laissant qu’une confusion régnée alors qu’elle tentait de se concentrer sur le boulot. Mission ardue alors qu’il n’y avait rien de plus que les reflux de la soirée de la veille dans ses veines. Substances diverses pour noyer une peine qui n’avait jamais eu de raison d’être; jamais eu de justification.
S’isoler une petite dizaine de secondes dans l’espoir de faire taire l’orage qui gronde, tempête naissante d’incertitudes incessantes. Front posé contre le carrelage glacial de la salle de bain, Axiom avait fermé les paupières en soufflant, en vain. À ses tempes, la musique hurlait toujours alors qu’elle s’était éteinte bien avant la lueur du jour. Impérial besoin de se glisser de nouveau sous les couvertures d’un lit douillet, mais responsabilités auxquelles elle ne pouvait se soustraire, dure réalité qu’on lui imposait. Il ne lui restait qu’à faire taire le cœur qui se débattait contre sa cage thoracique, dans un rythme effréné qu’elle ne pouvait contrôler.

La lumière fut agressante lorsqu’elle ouvrit de nouveau les paupières, lui donnant cette violente envie de s’enterrer six pieds sous terre alors que l’obligation de retourner distribuer les boissons se faisait imposante. D’un geste aussi las que désabusé, elle avait poussé la porte avant de s’engouffrer de nouveau dans la salle à manger – sourire hypocrite bien présent. Elle avait attrapé négligemment le plateau, avait déposé les tasses en essayant de reconstruire les morceaux d’un masque effrité. Puis, elle s’était imposée délicatement vers la table qui venait d’accueillir une cliente. Axiom gardait en tête que la qualité du service était importante, forçant ce sourire à prendre davantage de place, à briller, à étinceler. « Bonjour, que puis-je vous servir ? »

Défi 4 - Faire un post où chaque phrase rime ; 495 mots

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

L’amusement des autres t’ennuie. En ce début de printemps, le tourisme commence doucement à faire pointer le nez de ses meilleurs jours. Kopadia et le monde dans ses rues exacerbent un peu plus ta lassitude au fil du temps, toi qui n’aspire qu’à être un peu moins confrontée au bonheur constant des autres.

Tu les envies, eux qui arrivent encore à omettre quelques heures que tout va mal. Tu aimerais en faire de même, ou a défaut, oublier que pour les autres tout va bien. Mais les rues engorgées, les enfants rayonnants, les commerces souriant avec leur porte ouverte te ramène sans cesse à l’évidence : il vont mieux que toi.

Je vais bien, te mens-tu à toi même. Tu n’es honnête ni envers les autres, ni envers toi, et tu le sais mais tu continues de nier l’évidence devenue comme une seconde peau. Tu t’accroches à tes heures passées sur les plages de Kopadia, à tes taquineries pour l’univers et la faune sauvage, à tes provocations pour un Dieu silencieux dont tu n’es que la marionnette avec laquelle il n’a pas encore finit de jouer.

Ça ne t’aide pas à oublier ce qui pèse dans ta poitrine. Mais les battements de ton coeur face au danger te rappellent que les choses pourrait être pire. Elles peuvent toujours l’être, et tu as besoin de t’en rappeler. Comme une bouffée d’oxygène dans ton monde noyé de tes idées grisâtres.

Un regard par la fenêtre, et le soleil te dissuade d’aller t’enfoncer dans les terres sauvages de Lentis. Mais le bruit dehors, comme une perceuse insistante, te rappelle que tu n’as pas envie d’être ici. Tu t’habilles, fourres dans ton sac le bouquin emprunté à la bibliothèque et tes Pokéball, puis l’enfiles en bandoulière. Le Bulbizarre, jusqu’ici endormi au pied de ton lit, t’observe quitter la pièce et t’emboîte le pas sans hésitation. Tandis que tu mets tes chaussures, ta mère t’aperçoit. Elle ouvre la bouche, probablement pour te confier une course, ou simplement connaître ta destination, mais la porte est déjà fermée avant qu’elle ne prononce le moindre mot.

Si la saison veut que les gens viennent à Kopadia, toi tu la fuis. En un clignement d’oeil, la technologie efface les kilomètres. À Verpré, le ciel est moins commode. Ça ne te déplaît pas. Tu navigues un moment, les écouteurs dans les oreilles, sous la pluie fine avant de jeter ton dévolu sur une vitrine devant laquelle flotte une douce odeur sucrée.

Tu passes la porte du café et observe la salle calme. Quelques conversations à voix basse offrent un léger ronronnement bien plus tolérable que les cris des mioches en manque d’attention. Satisfaite, tu t’installes à une table vide, près du fond, et sors ton livre : une copie éditée du journal d’un chercheur s’étant penché sur les mythes et ruines du vieux Kalos. A tes pieds, Chrosis s’installe. Une caresse sous le menton l’envoie roupiller.

Plongée dans ton paragraphe, appartenant au très intéressant chapitre traitant du cas de Cromlac’h, et la musique dans les oreilles, tu n’entends pas la serveuse qui se présente à toi. C’est ton Pokémon qui attire ton attention en te bousculant doucement le pied. Tu décolles les yeux de ta lecture et retires les petits appareils de tes oreilles, permettant à la voix du chanteur Unyssien de s’échapper autour de la table.

« [color=#ca24a8]Pardon ![/color] » T’empresses-tu de lancer, embarrassée. « Bonjour. Je… »

La vérité est que, dans ta quête d’un lieu paisible ou vaquer à tes occupations, tu t’es contentée de t’installer sans réfléchir à ta commande. Ton regard court un instant sur les panneaux affichés au dessus de la caisse. Ta voix se contente d’y piocher ce que tu y trouves.

« Je prendrai un chocolat chaud, et un muffin chocolat praliné, s’il vous plaît. »

Tu tentes un sourire poli, trop maladroit pour être convainquant, et espère ne pas avoir fait perdre son temps à la demoiselle.

(c) TakeItEzy

20/03/2022

These days I'm becoming everything that I hate
w/ Nyna

Partout ailleurs qu’ici, Axiom aurait préféré se trouver. Mais elle était dans le café dans lequel elle travaillait pour pouvoir s’acheter quelques trucs que ses parents lui refusaient. Caprices éternels d’une adolescente refusant de grandir, jugeant que ce monde n’était pas amusant lorsque les responsabilités s’imposaient. S’imaginait éternellement dans l’appartement qu’elle partageait avec sa mère, ne voulant pas faire autrement que d’être toujours « une enfant mal dans sa peau » à qui on ne peut rien reprocher.
Pluvieuse journée s’accordant aux émotions toujours linéaires, et à la fois, violentes, de la serveuse qui observait sa cliente, attendant que celle-ci ne daigne la voir. Sursautant au moment où la musique s’invita, résonnant dans ses oreilles violemment, elle se fit violence pour ne pas réagir vivement, sourire crispé sur les lèvres. La douleur à sa tête s’était amplifiée. « Ce n’est rien… » Garder la face pour préserver son poste; mais elle pensait tout le contraire : elle aurait bien aimé pouvoir incendier cette jeune femme en lui disant de faire bien plus attention, parce que personne ne voulait entendre ses goûts musicaux. Déjà que la luminosité était bien trop intense pour Axiom qui se retenait de soupirer pour ne pas presser la cliente, et ne pas faire disparaître ses chances d’obtenir un pourboire… Quoique, ça ne changerait rien. Elle ne se souciait pas tant de l’argent laissé par les clients.

Elle écouta attentivement la commande en notant sur le calepin pour ne pas oublier. Si les mensonges s’inscrivaient sans le moindre effort dans sa mémoire, tous les autres détails rapidement considérés comme insignifiants n’avaient pas leur place et s’envolaient. « Tout de suite mademoiselle. » ; et se diriger sans plus attendre vers les cuisines pour transmettre la commande, attendant sagement. Le café local avait de bien qu’il était peu fréquenté, apaisant pour une migraine puissante qui lui donnait envie de ne même pas vivre sur la surface de la terre. Axiom n’avait jamais nourri quelques désirs de disparaître, d’être cendres, en dehors des moments où elle désirait fuir les conséquences évidentes des déconnades de la veille. Substances étrangères ne réagissant jamais très bien avec le sang.
Et la voici avec la boisson et le muffin qu’elle n’avait jamais songé goûter, pourtant travailler ici depuis plusieurs mois, engagée une dizaine de jours avant cette majorité qui n’avait strictement rien changé dans son existence. « Et voici pour vous. » Et un rapide coup d’œil à l’horloge pour lui indiquer que c’était son heure de pause; provoquant ce tsunami de soulagement imposant alors qu’elle attrapait le café qu’elle avait commandé elle-même… Puis elle s’était installée sur la première table qu’elle avait vu passer. Il s’avéra que c’était celle de la cliente. Si Axiom baignait dans le respect, ça se saurait; daignait jouer avec les limites de celui-ci jusqu’à déranger, offusquer parfois même – sans pour autant que ça vienne lui donner envie de modifier son comportement.

« Je ne prendrais pas trop de temps, vous en faites pas. » Elle plongea son visage dans ses mains glaciales en fermant les yeux, doigts appuyant légèrement sur les tempes desquelles elle pouvait sentir son cœur se débattre. Elle aurait dû apprendre de ses expériences passées : boire la veille d’une journée de travail ne laissait qu’une journée désagréable se dérouler. Ce qui ne l’avait pourtant pas empêché de fêter dans une boîte de nuit à Kopadia, à prendre ce qui lui était offert sans faire attention. Un jour, sans doute qu’Axiom se retrouverait dans une situation délicate, dont elle ne pourrait blâmer que ses propres actions. « Vous étudiez ? »
Elle se réinventait doucement. Sous les yeux de l’étrangère posés sur son écran, attendant la réponse; la vie d’Axiom se façonnait.

si y'a pas assez de relance hésite pas à me faire signe, luv

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

Une politesse peut-être feinte dans la voix et les yeux, la serveuse accepte ta commande. Tu te demande un bref instant si ta maladresse ne l’a pas irritée. Tu détestes perdre tes moyens, et d’autant plus quand les autres perdent leur temps à cause de toi. Tu aimes être celle dont on se souvient peu, et non celle qu’on retient à cause d’une quelconque mésaventure. N’être qu’un point dans la foule, un visage parmi les autres, une cliente qu’on ne retient pas.

« Merci beaucoup. » Adresses-tu platement à la jeune femme lorsqu’elle revient vers toi.

Cette fois, tu as pris le soin de ne pas replacer tes écouteurs dans tes oreilles, pour être certaine de l’entendre revenir. Tes yeux, en revanche, restent plongés dans ton bouquin, dont tu ne décroche ton attention que pour lui adresser un léger sourire poli.

Tu es toujours entrain de t’instruire, en touillant ton chocolat brûlant d’une main distraite, quand elle revient vers toi. Surprise, tu la vois s’asseoir en face de toi. On me l’avait jamais faite, celle-là. Penses-tu en entendant le semblant d’excuse qu’elle lâche à ton encontre.

Elle est la première à prendre la parole, à engager une discussion. Tu n’aurais pas cru qu’elle le fasse, alors que tu ne comprend pas tout à fait sa présence à ta table. Le café est relativement calme, et les sièges vides ne manquent pas. Pourquoi ici ?

« Oui, je suis en licence d’histoire. » Réponds-tu.

Pour la première fois, tu l’observes vraiment. Sa gestuelle, son visage, son regard. Sa façon d’enfouir sa tête dans ses mains, cette lueur dans les yeux comme si le monde était fait de matériaux trop durs pour elle. Tu l’as souvent vu, ce regard là. Kopadia en est plein les matins de week-end. En semaine aussi, d’ailleurs.

« Gueule de bois ? »

Il n’y a aucun jugement dans ta voix. Pas nécessairement de compassion non plus. Mais peut être un brin d’amusement. Tu as connu ça, quelques fois. Ces cours où tu avais encore la tête dans le brouillard du fait de tes déboires de la veille.

« Vous devriez éviter le café, ça fait pas bon ménage. Essayez plutôt de boire de l’eau. » Conseilles-tu en jetant un œil à sa tasse.

Tu n’as pour seul désir que de lui apporter un peu d’aide. Mais tu as aussi la désagréable impression de, peut être, te mêler de ce qui ne te regarde pas. Ne souhaitant pas paraître trop impertinente, tu tentes de retourner calmement à ta lecture, ne sachant si la jeune femme souhaitera entretenir la conversation ou non.

(c) TakeItEzy

20/03/2022

these days i'm becoming everything that i hate
w/ Nyna

Elle était un mirage; celui qui se dessinait dans le désert d’Haptos quand on y traînait depuis trop longtemps, celui qu’on espérait, qui se fondait par les désirs du cœur. Elle était un coup de vent, une apparence, elle n’était rien de plus précis que les nuages trônant dans un ciel un peu trop grisâtre pour être particulièrement invitant. Elle n’avait personne, ne s’avait même pas elle-même; n’avait nulle part. Des montagnes de cendres de rêves enterrés, parce qu’aucune valeur pour les poursuivre – des tentatives désespérées d’être quelqu’un qu’elle n’est pas dans l’espoir vain qu’une coquille lui convienne pour s’installer.

Ses yeux se posèrent sur la jeune femme qu’elle avait importuné d’une impulsion témoignant de son désir de ne jamais être livrée à elle-même. Dans l’absence de présence pour la distraite, elle se plongeait dans des pensées qu’elle ne savait appréhender. Qu’elle ne pouvait apprendre à connaître. Toujours plus simple de s’éviter, de noyer le bruit de son esprit dans la musique, dans la boisson, dans ce qu’on lui offrait sans même poser de questions; exempt des dépendances, addict à se perdre simplement – elle se laissait guider par la malfaisance des uns et des autres. La misère était son unique attachement. « C’est intéressant l’histoire. Il y a beaucoup à apprendre… Sur Lentis, sur les autres endroits aussi.» La connaissance, Axiom la poursuivait; la désirait, mais jamais ne savait se poser suffisamment longtemps pour apprendre. Poudre orangée, liquide si fort, et autres comprimés passés entre adolescents, mémoire défaillante quand les yeux s’ouvraient sur une nouvelle journée.

« Tu as raison. » Axiom n’avait toujours pas touché à la tasse de café fumante qu’elle avait commandé; peu amène à l’idée d’en prendre des gorgées. L’amertume du café avait toujours eu tendance à lui lever le cœur, cherchant dans ses méninges la raison d’une telle commande sans même trouver. « Je n’aime même pas le café. » ; qu’aimait-elle ? Les questions fusaient, elle les chassait silencieusement en fermant les paupières. Trop tôt pour la remise en question, trop tôt pour se chercher encore une fois. Trop tôt pour être quelqu’un. « Qu’est-ce qui t’a motivé à étudier l’histoire ? » ; elle se demandait. Elle admirait. Elle voulait, parfois, se ranger et suivre une vie bien tracée d’une personne un peu sage. Un métier plus méritant, des études poursuivies, mais ce n’était pas sa place dans le monde. Alors elle se contentait d’observer, de demander, de regarder. « Ce n’est pas trop difficile ? »

si y'a pas assez de relance hésite pas à me faire signe, luv

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

Tu ne peux qu’acquiescer. L’histoire a quelque chose de captivant. Mais plus fascinants, ce sont les corrélations avec l’époque actuelle qui t’attirent vers ces sujets. L’histoire d’une guerre est intéressante, mais comprendre ses répercussions sur le monde actuel te passionne.

Quand, comment et pourquoi un édifice a-t-il été construit ? A quoi a-t-il servi par la suite ? A quoi sert-il aujourd’hui ? Pourquoi a-t-il changé de fonction ou est-il tombé en ruine ? Comment un régime politique a-t-il pu muer en un autre ? Qu’est-ce qui a fait, dans l’histoire de la région, que les dirigeants sont en place actuellement ? Qu’est-ce qui a permit à Kopadia de s’ouvrir au reste du monde quand Adamantia s’est renfermée ? Comment était le monde à l’époque des luminescents ? Et qu’est-ce qui a conduit à leur disparition ? Et ce bâtiment abandonné, ces meneurs et ces légendes, que laisseront-ils pour leurs successeurs ?

Plus que les paysages dépeins dans les récits, ce sont les chemins sinuant à travers les années qui te valent cet attrait pour l’histoire, et plus particulièrement celle dont le résultat se situe sous tes yeux : Lentis a tant de choses à raconter.

« Tu as raison. Je n’aime même pas le café. »

Tes yeux s’égarent sur son visage alors que tu te demandes dans quel état d’esprit elle se trouve, derrière les restes de ses excès de la veille. De ton point de vue, elle a vraiment l’air perdue, mais tu n’es pas du genre à demander si les gens vont bien. La réponse n’est jamais honnête.

« Qu’est-ce qui t’a motivé à étudier l’histoire ? Ce n’est pas trop difficile ? »

Tu hausses les épaules, puis prends quelques secondes pour construire ta réponse. Tu connais la raison exacte à l’origine de ta motivation, mais tu sais aussi à quel point il ne serait pas bon de la révéler. Au mieux, on te prendrait pour une folle, au pire on te prendrait au sérieux et on ferait circuler la rumeur à travers la région.

Tu vois déjà journalistes, scientifiques, croyants et curieux se bousculer à la porte d’entrée, et les mails s’enchaîner dans ta boîte de réception pour espérer s’entretenir avec toi. Imaginer les proportions que pourrait prendre ton secret s’il était révélé suffit à faire accélérer les battements de ton coeur. L’angoisse…

« Hum… Un peu, des fois. Y a plein de choses à savoir et il y a des sujets moins intéressants que d’autres. Sinon j’ai commencé à m’y intéresser quand j’étais petite, je sais plus pourquoi. » Mens-tu de façon peu habile.

Gênée d’avoir à parler de toi, tu profites d’avoir finit ta (trop) longue tirade pour ajouter, avant qu’elle n’enchaîne sur une autre question :

« Et vous… »

Tu réalises le décalage entre son discours et le tien. Tout naturellement au fil de la conversation, la jeune femme a commencé à te tutoyer. Ça ne vient pas aussi facilement chez toi, mais tu t’y forces pour t’aligner sur son discours.

« Et toi, tu fais autre chose à côté ? »

Non pas que la réponse t’intéresse en elle même. La vie des personnes qui t’entoure ne t’intéresse que peu. Ils ne sont que des âmes qui gravitent autour de toi, comme tu le fais autour d’eux. Des courants d’air qui entrent dans ta sphère et en ressortent. Son histoire à elle te laissera probablement indifférente. Mais le temps qu’elle passera à la raconter sera du temps pendant lequel tu pourras garder le silence.

(c) TakeItEzy

20/03/2022

these days i'm becoming everything that i hate
w/ Nyna

Les légendes avaient composé leur univers; l’avaient bercé depuis son enfance. Contes racontées avant que le sommeil emporte l’enfant qu’elle avait été autrefois, Axiom portait dans le cœur les douceurs d’un moment plus insouciant. Un instant de paix avant les soucis. Elle ne s’était jamais véritablement intéressée davantage à ces légendes; contes pour enfants à ses yeux, histoire qui se perdait au profit de l’irréel. Pas plus qu’elle ne connaissait vraiment l’histoire de cette île, de Lentis, et toutes les régions. Mais était-ce réellement important ? Sa culture laissait souvent à désirer, pourtant ça ne l'empêchait pas de prétendre le contraire. Et puis, Axiom aimait apprendre alors si elle pouvait obtenir des informations des histoires inventées, pourquoi pas ? Tout le monde était gagnant. Ou plutôt, il n'y avait qu'elle. Mais ce n'était pas grave. Elle ne cherchait pas à ce que tout le monde ressorte victorieux de sa présence, de sa vie.

Elle écoutait ce que la cliente avait à dire, tête légèrement inclinée, intéressée définitivement par ce qui était raconté. Axiom avait posé un regard sur la tasse de café avec un léger haussement des épaules, n'en buvant absolument aucune gorgée. Le café ne faisait pas partie de ce qu'elle appréciait et c'était sans doute un des seuls trucs qu'elle savait sur elle. Pourtant, lorsqu'on l'invitait à boire un café, elle composait un visage neutre pour ne pas montrer la grimace interne. Incapable de s'affirmer, imposer. Incapable de démontrer une once de personnalité. Elle n'apprendrait sans doute jamais; ne pensait même pas capable de se trouver. Enfoncée depuis toujours dans les mensonges venant si naturellement, ce besoin d'être importante, ce besoin d'être mieux, d'être belle, d'être connue.

J'imagine qu'un jour, tu te souviendras de pourquoi tu as commencé à t'y intéresser ! ; elle avait cette chance - si on veut - que son cerveau réfléchisse rapidement, qu'elle ne laisse aucun instant de réflexion entre les vies réfléchies et l'instant où elle les raconte. Elle était ainsi davantage crédible, plus facile à croire. Il était ainsi plus aisé de se dire que la vérité se trouvait dans les mots sortant de sa bouche; même si parfois, ils étaient complexes à croire. Elle était convaincante, surtout convaincue. Les personnalités qu'elle se créaient devenaient elle. Elle était ce qu'elle racontait. Oui ! J'étudie les légendes. J'aimerais retrouver les légendaires, mais pas que Xerneas, ceux des légendes. Arceus, les Oiseaux Mythiques... et peut-être même les Zarbi, parce qu'ils sont reliés. Et peut-être qu'en les comprenant et les trouver, on peut retrouver nos Gardiens ? ; elle n'y croyait pas. Tout au fond d'elle. Pour Axiom, c'étaient des contes pour enfants. Pour Axiom, ça ne venait que de l'imaginaire. Même si elle se disait que tout partait d'une part de vérité, elle ne pouvait s'empêcher d'aller par le principe qu'elle devait le voir pour le croire.

Mais ça ne l'empêchait pas de prétendre, de s'animer comme si c'était son but dans la vie, comme si c'était davantage que des histoires racontées au bord du lit quand elle était encore enfant. Quand elle était encore bordée par ses parents. Quand elle était autre chose qu'une adolescente paumée cherchant une raison d'être. Elle était perdue ; mais elle ne laisserait jamais personne le savoir. Notre histoire est liée aux légendes. J'imagine que vous en parlez, dans tes cours ? On a ça en commun ! Elle souriait doucement. La sincérité qui affluait dans sa voix était fausse et pourtant, bien présente.

Ça fait longtemps que tu étudies l'histoire ? Tu veux autre chose ? Cadeau de la maison.

si y'a pas assez de relance hésite pas à me faire signe, luv

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

Ses mots te laissent perplexe. Quand vient le sujet de l’histoire, des gardiens luminescents ou des légendaires, tu es de ceux qui pensent avec méfiance. Un brin parano, tu t’imagines dire un mot de travers, quelque chose qui dévoilerait ton secret. Tu t’imagines toute la malhonnêteté qui pourrait se cacher derrière les mots de ceux qui te dépeignent leurs croyances. Parce que ce sont là des sujets sur lesquels tu ignores à quel point tu as le droit d’être d’accord avec les gens sans trop en dire sur toi-même.

La sincérité de la jeune femme en face de toi ne fait aucun doute. Ou plutôt, tu n’as aucune raison de penser qu’elle te trompe et elle n’en a, a priori, aucun de le faire. Tu sais simplement qu’il y a de grande chance que sa foi envers les légendes de ce monde soit aveugle, sans fondement. Malgré ce que tu penses, ce que tu sais, tu ne peux envisager la totale sincérité de quelqu’un qui ne fait que croire quand bien même vos idées se rejoindraient. Une hypothèse qui n’a pas été vérifiée ne peut pas être considérée comme une vérité.

« Peut être… » Te contentes-tu de répondre, peu convaincue par sa théorie. « On aborde le sujet en cours des fois, mais avec l’approche du mythe et des hypothèses invérifiées. On a pas de preuve concrète de leur existence. »

Une position adoptée par un grand nombre de spécialistes. Débattre de l’existence ou de la non-existence de ces créatures fabuleuses est un terrain vaste et houleux. On relate des évènements de l’histoire qui y font mention sans plus de détails. La guerre de Kalos, notamment, qui aurait pris un tournant dramatique à cause du pouvoir des légendaires exploités par les hommes. C’était il y a près d’un millénaire. On peut pas démêler le vrai du faux pour des récits aussi anciens. Rien que nos gardiens luminescents, leur dernière apparition remonterait à il y a moins d’un siècle, et les gens doutent déjà de leur présence dans la région. Alors de là à croire en l’existence de créatures capables de manipuler le temps, l’espace, le droit de vie ou de mort… Ça serait le bordel si c’était vrai… Politique, écologique et universel.

« C’est ma troisième année. Et toi ? »

Tu réalises que tu as à peine touché à ta commande. Déclinant la proposition de la serveuse, tu mord doucement dans ton muffin. Les pépites de chocolat croquent et fondent dans ta bouche.

« Tu étudies ici, à Anthos ? Le campus est bien ? »

(c) TakeItEzy

20/03/2022

these days i'm becoming everything that i hate
w/ Nyna

Fix you is only pretty when it sung by Coldplay

Tous les désirs n’étaient que cendres. Tous les espoirs se mourraient sur des lèvres asséchées qui ne les prononceraient jamais – comment pourrait-elle un seul instant espérer être autre chose qu’elle-même ?
Pourtant, jamais ça ne l’empêchait d’inventer, de prétendre, de prendre des poussières pour en faire des petits châteaux de sable aussi instables qu’incertains. Que maladroits et imparfaits. Qu’importe, n’est-ce pas ? Qu’importe. Devant cette jeune femme dont elle ne connaissait que le domaine d’études, rien n’avait d’importance. Elle pourrait être PDG d’entreprise mondialement reconnu que ça ne serait rien de plus qu’une information dans un océan, une petite goutte d’eau inutile.
Un point de plus dans une peinture complète, terminée, un ajout dérisoire que personne ne remarquera jamais. Axiom n’était rien que ça.

They’ll kiss me, manic dream pixie

On s’accroche juste à des besoins. À des désirs. On a tous besoin d’une certaine protection, même sans preuves. Nos Gardiens, même s’ils s’avèreraient n’être que contes à dormir debout, sont là pour nous offrir ce sentiment qu’on pourchasse. Les mots s’évaporent. Axiom n’était pas toujours mensonges, parfois réalité. Quelques fragments d’une identité noyée ressortant dans des conversations, ici et là. Tous cherchaient une raison de frôler cette terre, consciemment ou non, une indication que tout n’était pas vain. Alors les légendes, les luminescents, les légendaires et fabuleux, offraient une porte de sortie, une sécurité, une protection.
Des contes pour enfants, ils en devenaient but dans la vie. Ou guide, conseiller, petite fée sur l’épaule pour aider à ne pas dériver. Mais elle n’avait que le vide faisant écho à ses rares prières muettes.

don’t wanna love me ‘cause it feels to risky

Ma première année ! Tu dois finir bientôt du coup, non ? La curiosité toujours présente, elle n’était pas douée pour faire tenir une conversation, ça ne l’empêchait pas de s’y essayer. Exactement, Anthos. Elle y avait déjà mis les pieds, au campus d’Anthos, pour aller rejoindre Kevin qui était avec ses amis et refusait qu’elle passe une seconde de trop hors de son champ de vision. Qui sait, elle aurait pu se volatiliser et ne jamais retourner auprès de lui.

C’était ce qu’il semblait penser. Mais ça lui avait permis d’avoir conscience de la façon dont le campus était fait, de cette entrée principale se découlant en quelques autres entrées. C’était majoritairement un campus pour les scientifiques, elle fuyait tout ce qui avait attrait à ce domaine. Il est grand, mais pas trop non plus. C’est un peu à l’image d’Anthos, les étudiants ne s’entraident pas trop… Ils préfèrent se concentrer sur leurs propres travaux, et si t’as été absent, tant pis pour toi, t’auras pas les notes de quelqu’un d’autre. Les échos attrapés ici et là pour les retenir, pour en former quelques notes d’une histoire qui ne serait jamais la sienne. Et toi, tu étudies où ? Je suis sûre que ce doit déjà être plus convivial qu’Anthos. Que veux-tu faire quand tu termines tes études ?

hear doorbell but they’re never mine

si y'a pas assez de relance hésite pas à me faire signe, luv

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

Les paroles de la jeune femme ne sont pas dénuées de sens. Elle ne le sait pas, mais elle t’a percé à jour. L’apparition du Froussardine luminescent t’a sauvé la vie, et tu la garde par espoir de le revoir. Tes études, tes passions, ton quotidien entier s’articule autour de cette créature légendaire que tu as peut être hallucinée. C’est un besoin ancré en toi, car sans ça il ne te reste plus rien.

Songeuse, tu tâches de rester concentrée sur la conversation portant sur les études. Encore et toujours les études. Tu n’aimes pas ces conversations, visant à ce que chacun dresse sa carte d’identité. C’est toujours un reboot de la fois précédente.

Et pourtant, tu te prêtes au jeu encore une fois. Parce qu’il paraît que les interactions sociales fonctionnent comme ça. Et tu n’as pas suffisamment d’aisance avec les gens, ou tout simplement de cran, pour sortir des sentiers battus.

Tu écoutes la serveuse te dresser le portrait du campus d’Anthos. Celui-ci aurait peut être mieux convenu à ce que tu es : une jeune femme insensible aux absences et besoins de ses camarades, suffisamment débrouillarde pour ne pas avoir à réclamer les cours les trop nombreuses fois où elle les sèche, et avec le besoin de solitude pour travailler.

« Je suis à Ike Kai. C’est… pas le meilleur endroit. C’est petit, et bruyant. Trop convivial. » Dis tu, reprenant ses mots.

Rien d’étonnant, au cœur d’une ville qui ne se tait jamais. Mais cela t’épargne le voyage entre les îles. De toute façon, même à Anthos, je suis pas sûr d’y aller plus souvent.

« Je sais pas trop ce que je fais après. Je vais sans doute tenter le master, l’année prochaine. Je sais pas lequel... »

L’année scolaire est déjà fortement entamée, pour ne pas dire qu’elle touche à sa fin. Et tes ambitions demeurent muettes. Et l’urgence de prendre une décision ne s’en fait que sentir un peu plus jour après jour.

Tu lâches un soupire à l’idée des candidatures qui t’attendent dans les semaines à suivre, et tente de réprimer ta démotivation pointant le bout de son nez rien qu’à y penser.

« Comment ça va, ta tête ? Tu veux essayer d’aller prendre l’air ? »

(c) TakeItEzy

20/03/2022

these days i'm becoming everything that i hate
w/ Nyna

Froncer légèrement les sourcils pour tenter de mieux comprendre celle qui lui faisait face. Axiom essayait toujours de se faire bonne oreille, bons conseils, mais quand elle ne connaissait rien de ceux qui se trouvaient en sa compagnie, ce n’était pas toujours évident. Toujours se plonger dans les discussions sans but, sans queue ni tête, sans vraiment aucun autre intérêt que de se perdre soi ― parce qu’elle haïssait le small talk plus que tout, mais s’y plongeait à chaque occasion pour oublier qu’elle n’était rien que sa propre création. Mais qu’elle ne savait que détruire.

Alors quelle beauté pouvait ressortir de mains créées pour le chaos ?

Oh ? J’aime beaucoup l’ambiance de Kopadia… S’y retrouver constamment pour noyer sa détresse au fond de verres que sa douceur lui apportait, que ses paupières papillonnantes lui offraient, que les désirs d’autres hommes poussaient à apporter. Mais ils n’obtenaient rien d’elle parce qu’elle était promise à des bras préférant l’étouffer que la caresser, choisissant de l’éteindre plutôt que la faire briller. Promise à des yeux s’attardant sur toutes, sauf elle.

Elle avait perdu le compte des années dans une relation qui n’allait nulle part, peut-être deux, peut-être trois. D’une relation ne laissant que des couleurs foncées sur sa peau, que des larmes dans ses yeux, d’une idylle arrachée violemment lorsque les premiers mois s’étaient écoulés, après qu’elle ait troqué les rencontres éphémères dans les bars toujours côtoyés pour une fausse stabilité.
Elle le savait mauvais, elle le savait peu fréquentable, avait fermé les yeux sur les red flag parce que la misère offerte semblait si attirante, si justifiable, le piège s’était refermée sur elle sans qu’elle ne le remarque. Sans qu’elle n’ait le temps de s’échapper. Sa lueur s’était éteinte. Cette lueur vacillante qu’elle possédait auparavant, si tamisée, n’existait plus.

Tu ne peux pas prendre le temps d’y penser ? Genre… te prendre une année où tu fais juste travailler pour mettre de l’argent de côté le temps de savoir ce que tu veux faire ? C’était une idée… elle l’avait souvent entendu en conseil, alors peut-être que ça pourrait lui être utile ? Soupir sur ses lèvres et elle haussa les épaules en lui faisant signe d’attendre à la table. Rapidement, elle se dirigea vers son supérieur pour lui annoncer qu’elle ne se sentait vraiment pas bien, et qu’elle demandait le reste de sa journée en congé maladie. Sans trop attendre, elle revient à la table avec la facture de la cliente. Oui, je pense que j’en ai de besoin, du coup… Tu peux payer et on sort ? Si la phrase semblait tournée comme un ordre, la douceur de sa voix n’indiquait qu’une demande, qu’une supplique peut-être, alors qu’elle essayait de trouver un échappatoire aux pensées qui tournaient toujours en boucle dans un esprit un peu trop épuisé pour les affronter.

Elle lui fit signe, une fois qu’elle était prête, de la suivre à l’extérieur. L’air frais était doux, apaisant, parfaitement agréable sur sa peau réchauffée. Quels sont les sujets que tu abordes, en général ? Axiom était une social butterfly, à sa façon, mais elle ne savait pourtant absolument pas comment entretenir des conversations… essayait toujours de nager à contre courant contre une tendance introvertie, parce qu’être seule avec soi-même était toujours pire que tout. Je ne suis pas douée pour la conversation… murmure presque honteux, aveu presque arraché.

si y'a pas assez de relance hésite pas à me faire signe, luv

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

Le tic tac de l’épée de damoclès au dessus de ta tête ne cesse jamais. Le temps suit sa course, pressurisant chacun des instants que tu t’offres, brisant tes moments d’égarement, te rappelant sans cesse que le temps pour prendre une décision est compté.

Tout serait si simple si le monde pouvait te laisser en paix. Les choses seraient si faciles, si on ne les forçait pas à changer. Mais ni l’Homme, ni la société à son image, ne sont disposés à se contenter de ce qui est. Il en faut toujours plus, plus fort, plus grand. Stagner n’est pas permis.

Personnes ou institutions, personne ne comprend qu’il y a des individus qui ne sont pas toujours prêts à franchir le cap. Que se conformer à leurs exigeances n’est pas qu’un pas après l’autre vers l’avant. Tu as tes marques, ta routine, tes réflexes, ton quotidien, et tu n’es prête à remettre en question rien de tout ça. Pourquoi peines-tu tant à prendre ton avenir en main ? Pourquoi est-ce si difficile de t’imaginer en avoir un ?

Tic tac, tic tac.

Les jours défilent, les minutes s’égrainent, les secondes disparaissent. Le temps s’envole et ne revient pas. Il t’échappe autant qu’il te rattrape. Ça te tue d’y penser, ça te butte de l’ignorer.

« Tu ne peux pas prendre le temps d’y penser ? Genre… te prendre une année où tu fais juste travailler pour mettre de l’argent de côté le temps de savoir ce que tu veux faire ? »

Prendre le temps… Si tu le décidais, tu n’en manquerais pas. Ou le perdre. Parce que tu as un objectif, et que t’en détourner alimenterait cette honte d’être toi.

« Je sais pas… Peut être… »

C’est stupide de se prendre autant la tête pour ça… Oui, mais au fond, qu’est-ce qui ne l’est pas ?

La jeune femme s’absente un moment, tu en profites pour consommer les produits commandés. Tu tentes de replonger dans ta musique, dans ta lecture, mais le problème désormais sur la table te tracasse et t’empêche de t’y consacrer pleinement.

La serveuse finit par revenir, t’inviter à payer, puis à sortir. Tu engloutis les dernières gouttes de ta boisson, t’exécutes, et la suit à l’extérieur.

« Quels sont les sujets que tu abordes, en général ? »
« Euh… ça dépend des cours. Les mythes et légendes, comme je te disais, tiennent une certaine place dans le programme. On les découvre, on fait des recherches, on analyse… Sinon y a surtout du plus concret, sur l’histoire de l’art, de Lentis, ou des grands évènements qui ont eu un impact sur le monde. C’est… blindé de dates, de noms et d’études démographiques. Enfin voilà… » Laisses-tu mourir ta voix dans les rues de Verpré, avec la sensation de l’avoir usée trop longtemps.

Tu manques de précisions, car ton assiduité en cours n’est pas ce qu’elle devrait. Tu choisis tes thèmes, vogue au gré de tes intérêts, ne fournit que le travail nécessaire pour mériter ta place dans l’aventure. Mais ni les mouvements de population entre Kanto et Johto, ni l’évolution des conflits géo-politiques à Unys ne t’intéressent vraiment. Le sol que tu foules, lui, ressèlent déjà bien assez de récits et de mystères.

« Je ne suis pas douée pour la conversation… »

Tu ricanes doucement.

« C’est bien, on est deux… Et… toi, comment tu t’es retrouvée à bosser ici ? »

(c) TakeItEzy

20/03/2022

these days i'm becoming everything that i hate
w/ Nyna

Elle n’a pas vraiment de qualités, elle n’est pas celle qu’on regarde des étoiles dans les yeux, qu’on veut tenter d’être. Simplement une petite barista qui faisait du café et offrait des plats à ceux qui les commandaient. Une enfant qui avait déçu à trop de reprises des parents qui ne prenaient plus le temps de vérifier comment elle se portait, isolée, par sa faute, mais pas par choix. Une coquille vide sans la moindre personnalité propre, incapable de savoir où elle voulait aller dans la vie, incapable de savoir ce qu’elle aimait, ce qui la passionnait, faisant quelque chose pour payer ses petites sorties de temps en temps, mais surtout pour ne pas demeurer enfermée entre des murs la rendant parfois claustrophobe. Il devenait ardu d’affronter des regards accusateurs dans des couloirs trop souvent parcourus.

Axiom écoutait attentivement ce que sa cliente lui racontait, alors qu’elle repensait au « peut-être » ayant fait écho à sa suggestion. Parfois, prendre son temps pouvait être nécessaire pour organiser les pensées. Elle-même le savait, bien qu’elle tentait à les noyer au fond de bouteilles pour ne pas chercher à les affronter. C’était trop d’énergie, c’était trop d’efforts, des blessures qu’on lui infligeait encore, et encore, sans égard aux suppliques d’arrêt.

Un pas devant l’autre pour profiter de l’air tempéré de cette région dans laquelle elle avait grandi depuis toujours, elle y était née, sans doute même viendrait-elle à y laisser son dernier souffle. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Axiom rêvait d’autres horizons, de nouvelles découvertes, de poser ses pieds sur des régions loin de Lentis pour en découvrir les mœurs et traditions. Ça a l’air… complexe qu’elle lâcha en observant à la dérobée la jeune femme dont elle ne connaissait même pas le prénom. Ça lui faisait presque tourner la tête, se demandant même comment sa cliente faisait pour poursuivre de telles études.

Tu as appris des trucs qui t’ont marqué ? L’intérêt restait. Elle était curieuse, mais elle voulait surtout lui permettre de se sentir écoutée. Parce que toute sa vie se portait sur s’assurer que ceux autour d’elle soient heureux. Et s’ils n’étaient pas heureux, qu’ils trouvent tout de même en elle ce dont ils avaient de besoin. Cette cliente ne ferait pas exception. Un pas, un autre, une question et un léger haussement des épaules. Parce que sa vie n’avait rien d’intéressant, ce n’était qu’une débâcle, qu’un désordre, un chemin sinueux alors qu’elle tombait et retombait en laissant ses genoux écorchés.

Autour d’elle, elle pouvait entendre au loin quelques éclats de rire, des discussions, la vie d’Anthos. Personne ne se retournait pour les observer. Ici, ça avait toujours été chacun pour soi, alors pourquoi laissait-elle son être tout entier être le réceptacle des désirs des autres ? Je n’ai aucune étude poussée et je venais toujours ici me prendre du thé… alors j’ai proposé de leur offrir un coup de main et j’ai été engagé. Face aux études de la jeune femme, Axiom se sentait misérable, presque pas à sa place. Elle avait laissé son regard se fixer sur le sol. Comment t’as fait pour savoir ce que tu voulais faire jusqu’ici ? Peut-être que cette cliente aurait des pistes qu’Axiom pourrait utiliser. Des idées qui pourraient l’aider à trouver quoi faire dans cette existence. Axiom ne pouvait pas passer toute sa vie à faire des cafés.

si y'a pas assez de relance hésite pas à me faire signe, luv

(c) TakeItEzy

20/03/2022

THESE DAYS I'M BECOMING EVERYTHING THAT I HATE

Feat. Axiom Whitelock

La complexité de tes études réside beaucoup dans ton manque d'assiduité. Tu n'aimes pas les cours. Le cul vissé sur une chaise, au milieu d'inconnus dont tu n'as rien à faire, à boire les paroles de profs s'écoutant parler. Ça ne t'intéresse pas.

Tu préfères encore faire des recherches par toi-même, selon des sujets ou angles d'approche qui te correspondent mieux. Tant que tes notes suivent, et que tu obtiens ton diplôme en fin de parcours, c'est là tout ce qui t'importe.

« Des trucs qui m'ont marqué ?... Hum… Le nombre de choses qu'on ignore. C'est dingue toute l'histoire qui se perd avec le temps, parce que les récits se déforment ou s'oublient. On a des indices, parfois des théories… Et encore, quand le plus crédible n'est pas qu'un simple conte pour enfants… Puis les études approfondies sont rares, ou très peu fructueuses. Dans la grande majorité des cas, on ne connaît bien que l'histoire récente. »

A ta grande déception. On connaît l'histoire de ce roi à Kalos, dont les crimes auraient mené à la découverte de la Méga-évolution, il y a mille ans. Mais on sait très peu de choses sur ce qu'il s'est passé depuis. On connaît la fable de ces princes Unyssiens ayant déchiré leur pays dans la guerre, mais toute la véracité des événements est éclipsée par les enjolivures du mythe. A Lentis, même le siècle dernier est encore flou.

La jeune femme qui t'accompagne te donne le sentiment de ne pas savoir où est sa place. Un travail saisi à la volée et une question, presque une demande de conseil, sur la façon dont tu as déterminé ton avenir. Comment dire que c'est lui qui m'a choisi ? Comment répondre sans s'engager dans une voie qui susciterait d'avantage de questions ?

« Euh… j'ai… un peu choisi par défaut. Je m'intéresse à l'histoire de Lentis, donc j'ai fais histoire. Y a pas de… secret ou de méthode. En fait… je bosse déjà suffisamment de mon côté sur les sujets qui m'intéressent. Ça aurait sans doute été plus judicieux de… faire autre chose. Pour élargir mes connaissances… Et toi, t’as pas des pistes ? »

Il est difficile de trouver sa voie. Particulièrement quand on croit encore que les portes se ferment derrière nous quand on les franchit.

(c) TakeItEzy

20/03/2022

these days i'm becoming everything that i hate
w/ Nyna

Comment tu fais, pour vivre ? — de ces mots inavoués, jamais prononcés ; qui, pourtant, parvenaient à embaumer l’atmosphère de leur lourdeur, de leur profondeur, de ces émotions absentes, trop présentes, tourbillon étourdissant. De ces aveux jamais admis, préservés tout près du cœur dans l’espoir que ne pas les laisser s’étendre dans les airs viendraient les infirmer, les rendre désuets, faux. ((Mais toujours présents))

Les questions parsemaient ses prunelles éreintées de nuits passées à l’extérieur, dans les bars et de bouteilles échangées, de pilules données, prises sans la moindre hésitation ; tout pour oublier. Tout pour anesthésier. Ne plus penser, ne plus être ; caméléon parfait réussissant à ne jamais se démarquer, ne jamais se faire remarquer. Parce qu’exister demandait bien trop d’efforts quand rien ne résidait comme construction. Prêter attention aux paroles prononcées par cette cliente à qui Axiom avait choisi de démarrer une conversation ((aléatoirement)) tout pour distraire, pour ne pas être seule. Mais elle l’était. Irrévocablement seule, solitude empoignant ses poignets, les liant, peau à vif. Parce que même dans la foule la plus dense, Axiom n’était rien ni personne, que le reflet d’existences n’étant point siennes, de caractères et souvenirs arrachés à d’autres lignes de vie.

Ils n’étaient que poussière et grains de sables dans les histoires des manuels — ces récits qui s’ignorent, se transforment et se déforment ; ces récits qui se réécrivent au gré des envies des historiens. Ils n’étaient que tache invisible dans les grandes lignes d’un univers qui les dépassait, petite goutte dans l’immensité de l’océan. ((Mais elle voulait être quelqu’un, quelque chose)) qu’on ait une raison de se souvenir d’elle ((de penser à elle quand les fondations tremblaient, cherchaient à s’effondrer)) être quelqu’un ((qui méritait que l’on craigne de perdre))

Un instant, tenter de suivre le courant, de s’approprier les caractéristiques de cette cliente pour les prétendre sienne — un instant, s’abandonner encore une fois aux griffes des habitudes, aux tendances, aux nuages sombres acculés dans son ciel ; il n’en fut rien. Non, Axiom inspira, referma ses bras autour d’elle dans une vaine tentative de réconfort, avant de se lancer dans l’abîme. Non… aucune. Aucune piste. Elle errait dans le néant le plus sombre, des ombres épaisses qui contraient chacun de ses mouvements, ralentissait son avancé, désorientait tous les sens. Si bien qu’elle ne savait même plus d’où elle venait, où elle allait. Je n’ai jamais vraiment… été quelqu’un. Tremblements qui parcouraient sa peau, malgré la veste portée ; de celle vêtue uniquement pour dissimuler les galaxies s’étendant sur son épiderme.

Élargir les connaissances, ce n’est pas toujours nécessaire. Quand le sujet te passionne, n’est-ce pas mieux de s’y plonger entièrement plutôt que de dériver ailleurs ? Le regard qui se promenait autour d’elles, alors qu’elle essayait de saisir ; saisir les routes qui s’offraient à elle. Aucune porte ne se fermait derrière elle parce qu’aucune porte ne s’ouvrait de prime abord.

(c) TakeItEzy

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