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L’extérieur rimait avec danger. Une multitude de risques parsemés un peu partout, dans les artères de la ville, dans le champ à ses abords ;  des griffes tranchantes qui attendaient dans l’ombre pour fondre sur ses proies. Si même entourée de murs solides et épais elle ne parvenait pas à se sentir complètement à son aise, dès lors que ses pieds frôlaient le dehors, tous ses sens étaient en alerte et la terre se dérobait à ses pieds. C’était viscéral. Abyssal. Une angoisse incontrôlable qui l’envahisse sitôt des obligations justifiaient qu’elle sorte du petit pourcentage de réconfort qu’elle arrachait à la certitude d’être protégée par les fondations des bâtiments. Si bien que Théo la conduisait entre les deux emplacements et parfois, c’était Roman qui venait la chercher. Roman. Comment il allait ? Les pensées en ébullition, mais incapable de ne serait-ce que tenir son téléphone dans ses mains, l’appareil y glissant et s’écrasant sur le sol, éclaté.

C’est Hiraeth, sa Malamandre, qui surgit de la porte laissée entre-ouverte, la rejoignant rapidement en entendant le bruit, se précipitant vers la jeune barista, comme pour s’assurer que personne ne l’avait blessé. Les corps secoués de soubresauts et les larmes qui coulaient. Elle n’arrivait pas à respirer. Quand la détonation avait résonné, quand le monde s’était effondré, quand le temps s’était arrêté ; que le vide s’était creusé sous ses pieds, clients se bousculant pour la sortie ; elle étouffait.  Hiraeth vint s’enrouler autour de son cou et ses épaules pour compresser, pour protéger. De n’importe qui daignant s’approcher d’un peu trop près de la jeune femme se repliant sur elle-même, hoquets désespérés et douleur à chaque inspiration. La pièce tournait autour d’elle alors que l’engourdissement s’étendait dans chaque membre, que ses ongles s’enfonçaient dans sa peau, grattaient jusqu’à dépasser la première couche de l’épiderme. Réflexe.

Si seulement le silence régnait, mais le chaos de l’extérieur résonnait. Elle entendait. Elle entendait les cris éloignés, elle entendait les bourdonnements et elle étouffait ; voulait disparaître ((elle qui ne tenait déjà pas suffisamment à la vie pour se battre afin de la préserver)). Un bruit, beaucoup plus proche, une porte qui s’ouvrit et électrochocs ; ses genoux qui appuyaient encore plus sur sa poitrine comme s’il était possible de se dissimuler encore plus au milieu des boîtes et des commandes pas encore réceptionnées. Et Hydromel qui volait dans la serre improvisée qu’Axiom entretenait pour lui, inconscient de tous les mouvements les entourant.

Les tremblements augmentèrent et elle, elle cherchait encore plus sa respiration. Et une fois masculine qui résonna dans le petit Café ; les secousses encore plus imposantes qui s’éprenaient d’elle, le hoquet à peine retour d’une terreur qui ne s’expliquait pas. L’impression puissante, prenante, qu’elle se retrouvait encore dans le désert ((depuis, les hommes et elle, c’était souvent très compliqué)) et un malaise propre, profond, qui retournait ses entrailles chaque fois qu’elle les croisait ailleurs que derrière le comptoir lui apportant une certaine sécurité illusoire.

Et si Axiom elle-même n’offrit pas de réponse, c’est sa Malamandre qui s’en chargea. Mais c’était davantage un avertissement qu’une annonce de présence. C’était un grognement à la limite du feulement qui provint de sa gorge. Un sifflement mauvais. C’était un reptile qui défendait son territoire.