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Octa’hani n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire d’intelligent. Il n’était déjà pas, habituellement, le plus réfléchi et le plus sensé des adolescents, mais alors dans un moment pareil… La dernière fois, Mamie Pierrette le conseillait. Il n’était pas vraiment seul. Mais aujourd’hui, sans Umiko pour qui il craignait le pire, sans personne de proche, personne de véritablement connu sinon un ami de Gik’ea, un adulte dont il n'était pas proche lui-même et ne se rappelait même plus le prénom, Octa’hani se sentait seul et perdu. Il n’était pas du genre solitaire, il avait besoin des autres, besoin d’encouragement, de force, d’affection — quand bien même il n’accepterait jamais ce dernier point de lui-même.

Au milieu du chaos et des hurlements, des crissements de tôle froissée et des bris de verre, Octa’hani se sentait seul. Il avait l’impression qu’il ne lui restait que Uira’u, contre lequel il s’était pelotonné et raccroché ; Uira’u et ses autres Pokémon, évidemment.

Il était incapable de détacher son regard du monstre de métal, serré par les pierres de son Onix. Incapable de s’empêcher de regarder la souffrance de son Pokémon qu’il avait envoyé en plein milieu du danger. Son cœur tambourinait à ses tempes, et peut-être même que des larmes coulaient sur ses joues, laissant des sillons dans la poussière, sans qu’il n’en ait conscience. Octa’hani était terrifié, à la fois par ce qui se déroulait devant ses yeux — malgré toutes ses fanfaronnades, toutes ses excursions en terre sauvage comme s’il était le maître du monde, il n’en menait pas large — et par l’idée que l’histoire puisse se répéter. La dernière fois, il avait non seulement vu ses Pokémon tomber, mais aussi le virus se répandre.

Octa’hani était incapable de détacher son regard de l’amas Onix-Métalosse. Crissements de tôle et de roche, son propre poing serré dans l’attente d’un dénouement, incertain. Étreinte terrible et effrayante, tôle contre roche, métal contre minéral — un affrontement à petite échelle, prélude et prémice d’autres plus grands, plus importants, plus terrifiants. Et de son côté de dresseur, l’attente, le souffle retenu, court, par peur de l’issue pourtant inévitable. Par peur du moment, du point de non retour ; épuisement total, étreinte relâchée. La fin. Écrasé pour de bon, brisé ; dans le corps d’Octa’hani des tremblements de panique face à cette idée. Mais c’était inévitable. Le Métalosse fonçait vers un groupe de personnes, d’autres dresseurs, Emperor comme bouclier ou plutôt comme bélier. Il fonça tant et tant qu’il percuta d’autres bâtiments qui s’élevaient autour de la place ; destruction encore, destruction partout.

Un fracas de verre et d’acier détruit qui s’ajoutèrent au chaos ambiant ; Octa’hani fut cette fois forcé de quitter le monstre du regard, dans un réflexe de protection, les bras au-dessus de la tête. Il n’était pas trop près de là où tout avait explosé mais le verre avait volé loin, et le couinement de Uira’u lui indiqua qu’au moins un éclat les avait atteints. Enfin, il eut une idée — temporaire, ridicule. Il appela Iron Poké, plus solide, lui qui possédait une véritable carapace. La main sur l’épaule de Uira’u, il pleurait, effrayé de se retrouver plus seul encore.

« C’pour que tu sois protégé. Ça va aller. »

Et il renvoya son Élecsprint dans sa Pokéball, restant seul avec le Galegon. C’est alors que, le regard relevé pour analyser la situation, il repéra un Wailord de Lentis, plus haut dans le ciel, plus loin ; il ne pouvait avoir aucune certitude qu’il s’agissait de Willow et d’Umiko, sur son dos, cependant il ne connaissait pas grand-monde avec un tel Pokémon, et encore moins qui volaient ainsi sur leur dos. Alors il y crut. Et cela lui redonna du courage.

Il se baissa davantage, accroupi derrière son Galegon qui n’était mine de rien pas bien grand, et de cette manière tenta de se rapprocher quelque peu du chaos — terrifié, mais avec l’espoir de pouvoir rappeler son Onix avant que la catastrophe n’ait lieu et que ses pierres ne tiennent plus le choc de rien. Il ne pouvait pas… Il n’avait pas le droit de le laisser devenir poussière.

Il n’avait pas le droit de fuir, non plus. Il avait affronté pire que ça, n’est-ce pas ? Et quand bien même il se sentait seul, il ne l’était pas. Alors il fallait sauver Emperor et continuer à se battre.