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Ah – se rendre à cette zone reculée de Kopadia n’était, au fond, vraiment pas si difficile à dos de Wailord de Lentis; là où on pouvait surfer en toute impunité, on s’installait sur son dos et profitait d’un bon rythme de croisière, les vagues vous aspergeant ici et là pour vous rafraichir un peu. Et quand l’eau n’était pas assez profonde pour un pokémon aussi gros que Wailord, il suffisait d’une impulsion et on se retrouvait à la limite des nuages, à observer aves attention le paysage marin qui défile sous nos yeux. Vraiment, on ne connait de meilleure monture, à cela près qu’elle est immense et qu’on doit la al nourrir, cette petite bête de rien! Heureusement, mon salaire est plus que suffisant pour la garder heureuse et en santé, au fond. Je m’assure de sortir Empereur de sa pokéball tous les jours, là où c’est sécuritaire de le faire (pas en ville donc, et surtout pas à Haptos, où ce pokémon est carrément interdit dans l’enceinte de New Pyra), et aujourd’hui, comme nous avons pas mal de temps devant nous, nous retournons au miroir des songes, là où il a évolué. Je me suis dit que ça lui ferait du bien!

Cette fois, toutefois, je me suis assuré·e d’avoir fait le plein de potions et de Total Soin avant de m’y aventurer, parce que la dernière fois, la rencontre avec un Lézargus de Lentis a été assez pénible. Je ne me ferai pas avoir deux fois! Avec Empereur, Grâce, Mister et Mizzie, je suis bien entouré·e et j’ai l’impression que le risque est minimal… oh, bien sûr, Lentis sait très bien s’assurer qu’on sache qu’on est en sécurité nulle part. Mais que voulez-vous, je suis une personne chanceuse. Jusqu’ici, tout est bien allé pour moi (heureusement, en même temps), et on peut dire que ça me pousse à croire qu’avec des pokémons forts, on ne risque rien. Mais Lentis est plus que des pokémons sauvages, au fond. C’est aussi les obscurs et les tempêtes…

Nous reconnaissons le miroir des songes assez rapidement lorsque nous volons au-dessus; comme son nom le suggère, son eau est tellement parfaitement stable que l’eau réfléchit très bien la lumière, et ça donne un effet métallique à l’eau vu de haut. Je tapote donc Empereur pour lui faire signe de descendre, histoire qu’il puisse être dans l’eau et que le reste de nous puissions être au sec (très relatif) sur les roches qui dépassent ici et là de l’eau. Comme toujours, je porte mes chaussures d’eau pour éviter de m’ouvrir la plante du pied sur un morceau de coquillage. « La journée est belle » dis-je, ajustant mon chapeau de paille sur ma tête pour que le vent ne l’emporte pas; « tentons d’en profiter » ici, nul touriste pour nous arrêter… ce qui me ferait sûrement profiter du meilleur bronzage en ville en retirant mon maillot (pardon vos yeux chates de lecteurs), mais comme ça reste un endroit dangereux, je ne pousse pas l’éhonté jusque-là.

Mais ça m’est venu à l’esprit, et je trouvais ça important de vous le partager.

Bien évidemment, Lentis gagne toujours. Mais cette victoire, on ne peut pas savoir avant l’heure si elle frappera dans cinq minutes ou dans trente ans. C’est là le plus terrible, non? Moi, je compte profite de tout ce que je peux. Du soleil, de la brise, de l’eau chaude, rien ne m’arrête. Pas même la peur qui pourtant nait dans mon ventre et chercher à s’échapper de partout. Je suis lentois·e de naissance, mais surtout haptais·e, et nous, les haptais, nous sommes bons pour voler, piller, dominer. On ne demande pas permission et on ne s’excuse pas, on prend ce qu’on peut, et en cela je ne suis pas différent·e des autres.

Mais bien vite un bruit attire mon attention; un pokémon qui sort de l’eau, que je me dis d’abord sans trop m’en inquiéter, mais comme le soleil tout entier disparait derrière l’énorme pokémon, je n’ai pas le choix de lever les yeux vers les cieux. Si ça tombe sur moi, je deviendrai une crêpe bien mince. Pas question; Empereur aura vite fait de me protéger, que je ma dis, mais c’est étonnement le plus petit de mes pokémons, Mister, mon Pomdramour, qui intervient en premier. Il se charge des restes d’énergies solaires des alentours et puis il lance un bon gros Éco-Sphère vers le Wailmer loin dans les cieux – de quoi, on l’espère, le faire dévier de sa trajectoire, ou en tout cas me permettre de me retirer de son compas.

Je n’attends pas avant de bouger, bien évidemment, mais c’est un vent froid qui me surprend, qui me force à plier mes bras contre mon corps et à qui me fait grelotter. Un autre pokémon, sans aucun doute, qui aura profité de l’action du premier pour se faufiler près de nous. Heureusement, Grâce était attentif·ve et remarque le petit Otarlette qui se cache derrière un roche. Al n’attends pas – n’attends que rarement quand il est question de moi, de toute manière. Au vent froid se frotte l’éclat le plus délicat de toutes les magies, un brin d’arc-en-ciel qui vient frapper le pokémon de plein fouet.

Ici, pas de quartier. Ils ne nous en montreraient pas, de toute manière, alors pourquoi se gêner? Ce n'est pas moi qui vait m’épancher sur le fait que je ne devrais pas être ici, que c’est normal qu’ils défendent leur territoire.

Lentis, après tout, est autant à moi qu’à eux.

Vengeance; le Wailmer a mal, happé qu’il est par l’Éco-Sphère de mon petit Pomdramour d’amour, et le voilà désorienté dans sa chute, qui plutôt que de venir nous écraser, vient s’échouer dans l’eau fraiche du Miroir des Songes, m’éclaboussant de la tête aux pieds et me forçant à me cambrer pour ne pas me faire avaler par la vague et atterrir dans l’eau. Heureusement, j'ai des pokémons eau avec moi qui auraient pu venir me récupérer si ça avait été le cas, mais je préfère ne pas tenter le destin si je peux l’éviter! Entre le Wailmer et l’Otarlette, je suis bien servi au fond en terme de comité d’accueil, mais je ne laisse pas cette rencontre et mon détrempage affecter mon humeur. Après tout il fait chaud et l’eau fait du bien; après tout nous avons évités le pire, mais alors que je me tourne pour le récupérer, je me rend compte que mon Pomdramour, lui, s’est bel et bien fait happé par le vague immense produite par l’entrée du Wailmer dans l’eau.

« Mister! » que je l’appel, et de petits cris de détresse me répondent derrière moi. Je me tourne, inquiet·e, mais quand je le vois, je ne peux m’empêcher de rire un peu. « Oh, pauvre chou » dis-je, m’approchant de lui; il avait heureusement été stoppé par un rocher, mais il s’était pris la tête dans une crevasse et maintenant il n’arrivant pas à s’en sortir. Délicatement, je glisse mes doigts fins de chaque côté de son corps et je tire pour l’en retirer, venant le caler confortablement dans mes bras « Tu vois? Tout va bien, tant qu’on reste ensemble, on peut s’occuper les uns des autres »

Le petit dragon, pas plus haut que trois pommes (littéralement), s’exclame avec joie, et même sa petit queue s’agite pour me dire qu’il est heureux. C’est ce que j’aime voir, au fond.

Pomdramour tout collant dans les mains, je ne remarque le pokémon boxeur que lorsque le premier frétille dans mes mains, l’antenne au sommet de sa tête vibrant presque. Est-ce de la crainte, est-ce de l’anticipation, ou est-il simplement excité à l’idée d’un nouveau combat? Le voilà quoi saute d’entre mes mains et c’est ce qui me fait regarder dans la direction de son bond, juste à temps pour apercevoir le Têtarte qui nous fonce dessus. Je ne me fais pas d’idée, ce n’est pas le Pomdramour qu’il tente de plaquer mais bien moi et avouons-le, la perfection de mon corps n’est pas solide et s’il venait à me toucher, je finirais avec des os cassés, c’est sans conteste.

Mon Pomdramour saute vers lui – et je panique, surtout pour lui. Ce n’est qu’un petit bout de pomme, après tout, pas très lourd non plus, qu’est-ce qu’il allait faire en dehors de se faire projeter au large? Et est-ce que ce saut inopiné allait freiner d’une quelconque manière la progression du Têtarte vers moi? Vous direz que c’est égoïste de penser à ma pomme (ahah) quand mon Pomdramour est le premier en danger, mais voyez-le ainsi; je me demande surtout si ses efforts seront en vain! Ce serait bête pour lui de se lancer si bravement aux devants du danger et que cela n’aide pas du tout notre cas…

Mais c’est sans compter sur l’Éco-Sphère que mon bébé préparait, subterfuge important; la force avec laquelle il s’élance fait augmenter sa vitesse et en retour fait augmenter la puissance de l’Éco-Sphère alors qu’il se prépare pour l’impact. Je ne saurais trop vous dire comment cela fonctionne, après tout je ne suis pas lea plus callé·e en ce qui touche aux forces gravitationnelles qui gèrent notre monde, mais je sais ceci; alors qu’il s’élance vers le Têtarte, il commence à absorber l’énergie du soleil et des plantes marines, concentrant les forces plantesques en une petite boule de lumière verte très concentrée qu’on ne remarqua tout d’abord pas vraiment tellement elle était feinte.

Lorsque son corps entra en collision avec le corps du Têtarte, dans la seconde avant que mon Pomdramour ne soit renvoyé en arrière, il libéra son Éco-Sphère – cette dernière produisit une détonation impressionnante, sa puissance naturelle se voyant décuplée par le force du plaquage du Têtarte qui, lui aussi, se retrouva poussé vers l’arrière dans un éclat de lumière verte qui nous aveugla tous un moment. La force de l’impacte fut telle qu’elle produisit un vent qui termina même de sécher mes cheveux, c’est vous dire - et avant même de retrouver notre vision, c’est le bruit distinctif de l’eau qui se fait fendre d’un corps qu’on entend, la puissance de l’attaque ayant fait reculer les deux pokémons jusqu’à la limite de l’eau et plus loin encore. Si je n’avais pas perdu mon Pomdramour lors de l’attaque du Wailmer, là, c’était certain, on allait le retrouver dans l’eau à cause de sa propre attaque…

La violence de l’éclat lumineux subsiste, et avec lui deux réalisations : celle que le Têtarte est vaincu (pour le moment) et celle que mon Pomdramour est hors de vue. Vu* qu’il n’est pas bien lourd, au moins, il flotte sur l’eau, mais ses cris s’élèvent bientôt dans les airs alors que l’eau pourtant sans vagues l’emporte loin de la berge rocheuse sur laquelle nous avons décidés d’avancer en arrivant dans la zone mystérieuse. Rieuse, c’est Mizzie, ma toute petite Libégon de Lentis, qui va chercher dans les flots le pauvre dragon-plante qui fait exactement la même taille qu’elle. Elle ne le fait pas attendre, au moins, quitte à rire un peu de la situation; elle vient le mener vers nous et je l’attrape au vol, quand bien même il est tout collant – l’eau, à elle seule, est suffisante pour nettoyer toute surface collante. Lentement, je l’élève dans les airs pour m’assurer qu’il n’est pas blessé. Je peux voir qu’il y a une grosse surface de contact au niveau de la pomme, mais je sais que les Pomdramour et les lignées évolutives du Verpom en général produisent un mucus qui vient renforcir le fruit dans lequel ils viennent se loger.

Généreusement, je viens caresser la petite tête de mon pokémon, qui produit des bruits mignons et fiers, pas mécontent d’avoir à nouveau protégé notre petit groupe de joyeux lurons de l’attaque d’un pokémon sauvage et dangereux; il va sans dire que je le félicite sans plus attendre, et nous pouvons ainsi reprendre notre route pour nous diriger vers je ne sais trop où. Où d’autre que là où nos pas nous mènent, au fond?  Fondamentalement, cet endroit est fascinant, idyllique et intouché par l’homme, tant pas sa présence que par son action sur la nature.

Turbulence rendue habituelle à ce point-ci de notre exploration / aventure dans cet endroit, nous avançons non pas en se demandant si nous allions être interrompus, mais bon en sachant que nous allions être interrompus. Puérile tentative de Lentis qui tente de nous chuchoter que nous n’y avons pas de place, moi je m’y sens chez moi et en bon·ne colonisateurice, je ne m’arrête pas au pourquoi de l’hostilité de ces pokémons. Mon idée est faite, au fond, et j’ai tellement l’habitude des conflits avec la nature que je la vit avec un haussement d’épaule désintéressé et vague – cela se retournera sans conteste contre moi un jour, mais qu’importe, tant que je peux marcher sur la bande de roche qui dépasse de l’eau, je suis relativement en sécurité.

C’est vrai : mon visage est mon gagne-pain, et je dois le protéger à tout prix. Remarque, le reste de mon corps aussi, que ce soit ma magnifique chevelure, mes membres fins ou ma jolie petite tête. Oui, c’est vrai, je tiens le Pomdramour dans mes mains, mais il ne suffit de pas grand-chose pour que ce dernier s’élance vers toi, petit Flotajou, toi qui fait des acrobaties dignes de Jackie Chan. Je n’ai pas le temps de m’émerveiller de ta prestation, qui au fond mériterait des applaudissements, c’est vrai.

À la place de quoi, je me retrouve avec les bras tout collants et un pokémon qui fait un saut vers toi. Une autre collision à éviter, cette fois-ci, à cause de ta proximité, je me penche et m’accroupis en petit bonhomme, les mains sur le dessus de ma tête alors que j’attends le bruit de la détonation de l’éco-sphère : à force, ça devient vite habituel. L’éclat vert est visible durant un court laps de temps, et puis je sens quelque chose tomber directement sur ma poire.

Ce n’est nul autre que la pomme de mon Pomdramour (oui, on aime les qualificatifs de fruits ici) – après tout s’il peut sauter, il ne peut toutefois pas voler, pas comme Mizzie, ma Libégon de Lentis. « Mister! » que je m’exclame, tendant les bras pour l’attraper; « Est-ce que ça va? » oui parce qu’à force, il se faisait mal le petit! Est-ce qu’il avait besoin que j’utilises une potion sur lui? J’en avais bien sûr emporté avec moi, mais elles sont pour le moment sur le dos d’Empereur, mon Wailord de Lentis qui vole au-dessus de nous. Il faudra que je l’appelle, espérons que nous ne nous feront pas attaquer pendant que nous l’attendons!

Je suis tout·e collant·e, mais ce n’est pas grave; un peu d’eau et je serai instantanément libéré·e de ce fardeau. Bon, par contre? L’eau du miroir des songes me parait trop pure, trop sacrée, pour être utilisée pour la baignade ou même des ablutions. Comme quoi, j’ai beau enfreindre sur le territoire de Lentis, il y a quelque chose en ce monde que je ne veux pas, ne peux pas m’approprier. « Grâce, tu m’aides un peu? » lui demandais-je en désignant mes membres collants. Il ne lui faut pas longtemps pour produire un magnifique jet d’eau, œuvre d’art aux délicates perles aqueuses, pour m’aider dans ma toilette furtive – le jet d’eau n’est ni trop fort, ni trop faible, une vraie déclaration sur la maitrise qu’il possède.

« Mizzie, tu peux garder un coup d’œil sur Mister? » lui demandais-je gentiment, sachant très bien que si elle pouvait être collé à son ami dragon h24, elle le ferait sans hésiter. Heureusement, Mister le lui rendait bien, parce que sinon ça aurait été l’enfer sur terre. « Peut-être devrions-nous nous détacher du bord de l’eau » c’était certes plus sage, mais aussi, bien moins amusant. Pas le côté « se faire attaquer par tout ce qui respire », ça, ça n’a rien de drôle, mais plutôt, plus nous nous éloignons, moins nous pouvons profiter de l’eau-miroir de l’endroit. Oh; je me doute de ce qu’il m’en couterait d’y apercevoir ma douce réflexion, tel Narcisse devant son reflet. Et si j’ai de fortes dispositions, en tout suis-je des plus faibles face à ma réflexion, que je pourrais observer longtemps, à la recherche de perfection et d’imperfections tout à la fois…

Dites-moi; comment se tenir loin de l’eau quand c’est là que tout ce qu’il y a de mystique dans cet endroit se passe? Après les arrosages multiples par les pokémons sauvages et maon propre Oratoria, me voilà à sentir les rayons du soleil me réchauffer rapidement, même pour moi qui suis habitué·e à la chaleur du soleil kopédien. Me voilà à lever les yeux vers le ciel, main en visière au-dessus de ma tête pour me protéger de tout contact direct avec le soleil, à me demander si c’est un front chaud qui est en train de passer. Pas de nuages au-dessus de nous; non, la seule ombre dans le ciel comme immobile, c’est la silhouette d’Empereur, mon Wailord de Lentis, qui est en train de voleter au-dessus de nous.

Bon, avec tout ça, moi, ce que ça m’indique, c’est surtout que je dois rappliquer ma crème solaire. Avec mon teint de lait délicat, un coup de soleil serait non seulement horriblement douloureux, mais une perte de revenu puisque mon travail dépend entièrement de mon apparence physique. C’est cruel comme milieu, c’est vrai, mais je ne pourrais m’imaginer faire meilleur travail! Alors que je m’assied sur un rocher pour fouiller dans mon petit sac avec les essentiels, voilà qu’un éclat attire mon œil, là-bas dans l’eau. C’est un pokémon, tout petit, même, qui est installé sur un rocher à mon instar, et qui se nourrit des rayons du soleil. Est-il peut-être le petit coquin qui a invoqué le zénith qui subit au-dessus de notre tête?

Bon, la bonne nouvelle avec ça, c’était que le soleil finirait éventuellement par se calmer. Mais moi je suis arrêté dans mon mouvement, comme si j’avais peur qu’un de plus suffirait par déconcentrer le pokémon, qui, au passage, est magnifique. Il ne me faut pas plus de temps pour l’identifier comme un Tournegrin qu’il ne m’en faut pour déterminer que c’est un chromatique; un Tournegrin de ce coloris, jamais de ma vie je n’en ai vu. Oh; certes, la tentation est forte, j’ai bien envie de le capturer, mais- mais dans la tranquillité du moment, je ne saurais l’enlever à son environnement.

Puis soyons honnêtes, il est trop loin pour que je puisse le toucher avec un lancé de pokéball. Alors à défaut de quoi, je m’installe, sourire aux lèvres, pour le regarder faire sa photosynthèse – sans me douter même instant qu’en fait, il se gorge de rayons chauds pour mieux nous attaquer, mes pokémons et moi! Oh, mais ça viendra bien assez vite… s’il arrive à traverser la distance et l’eau qui nous sépare auparavant, bien sûr.

Il part; quelle tragédie, au fond, de ne plus pouvoir observer cet être au chatoiement magnifique, mais ce souvenir éphémère vient égayer ma journée et ma disposition (pas que je fus mécontent·e de base, bien évidemment), alléger un peu le fardeau de mon quotidien. Je m’étire de contentement, tel un·e Léopardus satisfait·e après un bon larcin, et me voilà qui pose mes doigts aux ongles parfaitement manucurés entre mes lèvres, et puis je produis un sifflement strident. Après tout, de quelle autre manière est-ce que je pourrais notifier à mon Wailord de Lentis que j’aimerais qu’il se rapproche? Installé·e sur ma petite chaise-rocher, j’attends patiemment que le pokémon colossal face son petit chemin vers l’eau, s’y trempant avec délicatesse pour ne pas nous submerger d’un coup, quoique le niveau d’eau changea assez considérablement pour venir chatouiller mes orteils dans mes chaussures d’eau.

« Tu as fait une bonne balade, Empereur? » que je lui demande, venant caresser le haut de sa tête, près de son petit œil tout mignon. « J’avais besoin de mon sac pour soigner Mister » que j’explique, mais Empereur n’a pas le mine de quelqu’un qui est importuné par son retour vers nous. Après tout, s'il aime arpenter le ciel, il aime tout autant se baigner, restant après tout une créature aquatique. Je grimpe sur son dos (c'est difficile parce qu’il est glissant) et je me dirige vers nos choses qui sont restées bien en place (heureusement qu’il ne lui est pas venu l’idée de faire un tonneau!), fouillant à l’intérieur pour en sortir un spray de potion, faisant signe à mon Pomdramour de s’approcher.

« Vient » lui dis-je, « ça te fera grand bien » quelques applications de produit plus tard, j’ajoute; « fait attention de bien le laisser sécher avant d’aller dans l’eau, sinon ça n’aura servi à rien » au fond je ne pense pas qu’il compte y retourner pour tout de suite, ayant fait « saucette » déjà plusieurs fois depuis notre arrivée ici. « Empereur, ça t’embêterais de nous faire un petit tour du réservoir? » parce que je n’oserais pas y mettre les pieds, mais que j’estime qu’Empereur, d’une certaine mesure, est moindrement en sécurité comme il est né de cet endroit, en quelques sortes.

Il me répond par un grondement long et sourd, et puis ses nageoires s’activent pour nous faire bouger tranquillement loin de la petite berge rocheuse sur laquelle nous évoluions. Peut-être que comme ça, nous seront plus tranquilles.

Ou peut-être que ce sera pire, en fait. Qui sait!