Menu

Alors que nous nous déplaçons dans les profondeurs du miroir des songes, nous éloignant d’une berge solide dans cette étendue d’eau, voilà qu’un chant nous accompagne. Oh; je ne puis dire ce qu'il raconte, ce chant, mais il va sans dire qu’il n’est pas pour moi. Pas pour mes oreilles autant qu’il ne soit pas pour ma personne, c’est un chant que je ne devrais pas avoir la chance d’entendre. Et pourtant me voilà ici, souillant l’équilibre précaire de cet endroit où l’homme ne devrait pas avoir d’assise. Je ne devrais même pas savoir le trouver – et pourtant ce sont des voix par milliers qui se sont levés pour que l’homme viennent le trouver. N’est-ce pas là un message contradictoire? Mais Lentis est ainsi – fougueuse, certes, mystérieuse, aussi.

La surface de l’eau ici est complètement lisse, même au passage de mon Wailord de Lentis, Empereur, et je me pose des questions. C’est sûrement de cela qu’il tire son nom, de cette surface que rien ne viendra troubler. C’est une des raisons pour laquelle nous n’avons pas remarqué cet Ohmassacre, parce que l’eau ne s’est pas troublée à son approche. Ce n’est que lord que la surface se fendit d’un rayon d’acide qui vient directement toucher tout notre petit monde que nous remarquons que nous avions été suivis. L’acide se repend partout par gouttelettes; sur le dos d’Empereur, contre la pomme de Mister, mon Pomdramour, même sur ma peau à moi, quoiqu’en quelques petites gouttelettes. Je suis chanceuxe de ne pas avoir été touché·e de plein fouet, mais ça ne m’empêche pas de pousser un glapissement de douleur.

Et puis tout tourne sans dessus dessous quand Empereur, paniqué à cause de la douleur, décide de faire ce fameux tonneau dans l’eau pour apaiser la brûlure qu’il subissait. C’était aussi bien; Mister et moi avions aussi besoin de « nettoyer » nos brûlures. Bon par contre, je me serais bien passé de boire la tasse ainsi…

Avaler la tasse n’était pas dans mes projets de vie, évidemment, surtout pas dans cette eau mystique et mystérieuse où seuls les pokémons sont invités à se joindre et se baigner. Malheureusement, je suis là et pendant un instant, la distinction entre le fond marin et le ciel était trop difficile à faire; je battais des bras et des jambes dans ma panique, mais sans me diriger dans une direction claire et fixe. J’aurais pu y passer longtemps (enfin, aussi longtemps que j’avais du souffle), si ce n’était pas de maon Oratoria, Grâce, qui vint me repêcher rapidement dans un spectacle gracieux que je n’eut le loisir de regarder.

Ainsi iel vint repêcher ma personne, mais également Mister, mon Pomdramour, et Mizzie, ma Libégon de Lentis, qui se tenait à Mister comme s’il était une bouée de sauvetage. Heureusement la sensation de brûlure avait subsisté, mais le sable dans la peau à vif n’avait absolument rien de plaisant non plus. Accroché·e à maon Oratoria, je prend une bonne gorgée d’air avant de pouvoir constater des dégâts; Empereur, mon Wailord de Lentis, s’était enfoncé dans les profondeurs du miroir des songes, laissant derrière loin toute notre équipe ainsi que notre matériel qui sera au mieux détrempé.

Qu’importe; il nous faudra d’abord penser à sortir de l’eau avant de penser à ramasser nos objets, et puis ensuite nous pourrons mettre de l’onguent sur nos petites brûlures ou, au moins, un pansement propre s’il a besoin d’éviter le contact avec l’air. Mais tout ça c’était, évidemment, si notre plongée dans l’onde délicate de ce lieu n’allait pas avoir comme conséquence d’attirer des plus gros prédateurs, quoiqu’un Ohmassacre, c’est pas tous les jours qu’on en voit.

Trop de choses se passent en même temps pour que je les suivent toutes, et ainsi je resterai pour le moment non conscient des tentatives aqueuses du Mustéflott, et maon Oratoria s’occupa bien vite de lui montrer que tant qu’iel serait à mes côtés, on ne me touchera pas si facilement : voyant que j’arrivais à respirer et à battre des jambes et des bras, iel me laissa un moment pour aller mettre à terme son plan; d’une part, protéger le gras de ma délicate jambe, et de l’autre, de produire un éclat qui vint l’aveugler de ses mille feux, l’onde, le soleil qui la perçait se mêlant à ce jeux de lumière pour venir le confondre et le blesser – ne restait qu’à espérer que ce serait suffisant  pour le dissuader de revenir à la charge.

Et puis Mister, mon Pomdramour d’amour, lui, se protège comme il peut, évitant de justesse des rochers qui avaient maladroitement été envoyés vers moi et qui, leur cours changé par l’onde qui les a vu naitre, s’étaient retrouvés à plutôt le toucher lui. Heureusement, il semblait persister, ce qui était aussi bien comme Mizzie était toujours accrochés après lui, ses ailes trop humides pour qu’elle reprenne son vol.

Et moi, pendant tout ce chaos?

Moi, j’ai les cheveux dans les yeux, du sel de mer dans les narines, moi je me bats pour juste exister et rester en vie.

Heureusement, avec tout ça, je peux entendre le chant d’Empereur qui remonte vers nous…

Tout juste j’ai retiré mes cheveux de devant mon visage, de la boue vient m’assommer directement sur le côté de la tête (il y aura, plus tard, une ecchymose à traiter) et m’aveugler à nouveau, des étoiles étincelant temporairement à ma vue. Je ne peux que me contenter de nager – de chercher des yeux une terre fermer à rejoindre pendant que mes pokémons combattent. Heureusement, Empereur retourna bien vite de sa « balade » vers les profondeurs, la blessure due à l’acide s’était sûrement apaisée. Je me prépare pour l’impacte alors qu’il me soulève doucement, me permettant de faire autre chose que de patauger en disgrâce, et permettant à Grâce de rejoindre pleinement le combat, quoique là iel s’occupait surtout à retirer de la boue de ses yeux et son visage, mais il ne vint jamais; c’est qu’Empereur m’avait laissé aux bonnes grâces de Grace (ahah), et que lui s’était plutôt retourné dans sa colère contre les pokémons nous entourant.

« Empereur! » que je tente de l’appeler dans le but de le prévenir, mais non; dans son élan il sort de l’eau, causant comme un raz-de-marée d’éclaboussures sur nous, sans toutefois troubler l’onde marine, et puis le voilà qui fait un arc dans le ciel et qui projette une lame d’air dans la direction de l’Amonita, alors que moi, je suis accroché·e à maon Oratoria dans l’espoir de juste survivre à cette rencontre…

Survivre, n’est-ce pas un beau mot rempli d’espoir? Peut-être que pour certains il sonne différemment, mais c’est le cas pour moi. Survivre c’est voir un autre jour et profiter de la famille, des rires du quotidien, même quand les temps sont durs. En ce moment, il me faut bien un brin d’espoir, parce que les murmures des voix Lentoises (pour peu qu’on sache qu’elles le sont vraiment, au final) me somment de partir de cet endroit. Et si l’envie me vient de les écouter, je ne suis pas actuellement dans une position pour le faire, échoué·e dans l’eau que je suis. Au moins, j’ai retrouvé la sécurité en me calant contre Grâce, maon Oratoria, mais cela l’empêche, elle, de participer au combat, et ça, ça pourrait rendre tout ça bien compliqué.

Mais Empereur est revenu, sortant de l’eau avec la prestance du monarque qu’il est, et a attaqué l’Amonita au passage. Empereur est fort, je le sais, mais pas assez pour vraiment faire fuir l’Amonita, quand bien même ce dernier commence à trembler de peur sous la force et la théâtralité de l’assaut. Un dernier coup devrait avoir raison de ses dernières réticences, pas vrai? Heureusement pour tout le monde (enfin surtout pour moi), je n’ai pas eu besoin de l’appeler pour qu’il continue; semblerait qu’il soit vraiment en colère que l’ami de l’autre lui ai causé une brûlure, et Empereur se laisse aller, cette fois-ci faisant jaillir un jet d’eau bouillonant dans la direction de l’Amonita alors que maon Oratoria, ellui, se charge de récupérer nos amis les petits pokémons (Libégon de Lentis et Pomdramour) et de nos sortir de la zone d’attaque, ce qui est déjà pas mal…

« Empereur! » me voit se fait un peu plus ferme, mais la colère du Wailord de Lentis s’est calmée et le voilà qui se pose presque délicatement dans le miroir des songes, ou en tout cas c’est l’illusion d’optique qui est crée par l’eau qui semble immuable. Maon Oratoria, Grâce, m’aide à monter sur le dos du Wailord de Lentis, et puis après je l’imparti d’une mission des plus capitales : « Grâce, est-ce que ça t’embêterait de récupérer nos effets personnels qui sont tombés en même temps que nous? » ils n’avaient plus l’air de flotter, et une bonne partie du matériel sera probablement inutilisable, mais ce n’est pas pour autant une raison de laisser les choses trainer dans le fond de l’’eau. En plus de ma présence pour le moins dérangeante pour l’écosystème, s’il fallait en plus que je laisse trainer des déchets dans un lieu si pardait… oh, non, je ne puis même l’imaginer!

Moi, pendant que Grâce cherche, je m’occupe de mes deux « petits », à savoir Mizzie et Mister, mes deux petits dragons de pas 30 centimètres. Faut déjà sécher les ailes de Mizzie afin qu’elle puisse reprendre le vol; oh, j’avais bien emporté des serviettes pour se sécher, hein, mais bon, elles étaient particulièrement détrempées, là! Heureusement, le soleil est à l’appel aujourd’hui et il ne lui faut pas trop de temps pour reprendre son envol.

« Faites bien attention de ne pas vous poser là » dis-je délicatement en pointant une région abimée sur le dos de ce pauvre Empereur, la source de sa rage et sa panique. « Pauvre chou » que je lui dis en le tapotant, ne sachant pas s’il pouvait même la sentir tant il est grand; « est-ce que tu voudrais que Grâce t’arrose? L’eau de mer c’est bien, mais le sel doit te donner l’impression que ta blessure chauffe. C’est comme tu veux, mon grand » lui remettre le contrôle dans ses mains, je crois que c’est important. Pour qu’il sache, au minimum, que pour moi son bien-être est important.

Oui, c’est vrai, je me suis laissé·e distraire par mes petits dragons (après tout, ne sont-ils pas adorables?), mais c’est aussi vrai de dire qu’il ne me fallut pas trop longtemps pour me rendre compte de l’absence de Grâce. Je me lève, les yeux braqués sur l’onde si claire de l’eau, si claire qu’elle reflète le soleil et qu’elle m’aveugle. Oh, de s’y perdre, réflexion en main… je secoue la tête pour chasser ces pensées intrusives. S’il est vrai que j’ai des points communs avec Narcisse, je ne me transformerai pas en fleur ici. Pas aujourd’hui, en tout cas.

« Grâce? » j’appelle mais le son de ma voix ne se rend pas jusqu’à ellui. C’est qu’iel est enfermé·e dans un banc de Froussardine, drôle d’histoire que c’était ça, et si on ne l’attaquait pas,  en tout cas iel savait pertinemment qu’il était nécessaire pour ellui de se retirer de cette situation problématique. Car pendant qu’on l’encerclait, qu’est-ce qui pouvait bien être en train d’arriver à ce pauvre Empereur? Ah; c’est qu’iel est une créature de banc, un peu comme le Froussardine, sauf que son banc à ellui, c’était nous, notre petite bande un peu étrange de bleutés, rassemblés juste à cause de ma lubie un peu troublante d’adopter des pokémons qui rappellent la couleur de mes yeux et de mes cheveux.

Qu’importe; l’Oratoria ne veut pas leur faire mal, mais est tout de même déterminé·e à se retirer de leur enveloppe, aussi iel tire un coup de laser glace « dans l’tas » histoire de voir si ça lui permet de se faufiler hors du banc…