Menu

Depuis quatre jours que la panique le ronge et le consume tout entier. Le premier jour il était rentré en se disant que ce qu’il avait vécut ne faisait pas de sens, et pourtant à sa ceinture il y avait bien la pokéball du Pelage-Sablé. Il avait bien les marques sur le corps et le froid dans les membres, et il s'était empressé d’aller décrire son expérience sur quelques forums dédiés à l’exploration lentoise. Pas de bol, le fait qu’il soit à peine lettré (dans le sens qu’il fait beaucoup de fautes) fait qu’on ne l’a directement pas pris au sérieux. Ridiculisé, honteux, il s’était renud à Adamantia pour une énième excursion le lendemain même, quand bien même c’était la saint-valentin. L’amour pouvait attendre…

Enfin. L’amour c’était tout; ça fait tourner le monde et ça avait rendu sa vie bien plus facile à vivre. Mais Gaby ne savait pas qu’il en pensait pour al, et al avait probablement des plans avec Kiya’na, de toute manière. Alors il pouvait bien oublier la fête de l’amour pour une année et se diriger dans les montagnes pour se geler le derche une seconde fois. Et là-bas, encore une fois, tout juste après avoir mis les pieds dans ce qu’il ne pouvait qu’identifier comme un château aux fixtures relativement modernes, il avait rencontré un deuxième pokémon qui ne faisait pas de sens.

Enfin; reprenons. Pas un deuxième. Un quatrième. Mais un deuxième en deux jours, un deuxième à Adamantia. La preuve était là; dans les régions éloignés de Lentis vivaient des pokémons qu’on avait vu nulle part ailleurs, qui agissent de manière étrange sur leur environnement. Les voix, les murmures de Lentis comme on aime bien les appeler semblent mener Fleur directement à eux… ou alors il imaginait tout. En tout cas, c’est ce que l’internet et la réserve Kopakier semblaient dire après qu’il ait lancé ses observations vers eux.

Fleur ne pouvait ps y retourner, pas tout de suite. Il avait un travail à faire, même si à mi-temps; il avait une vie à vivre, il n’était pas scientifique et certes pas payé pour faire toutes ces excursions dangereuses. Alors il s’était tourné vers la seule personne qui pourrait peut-être l’écouter; la seule personne qui en tout cas accepterait de le rencontrer. Enfin, accepter, c’est vite fit parce qu’il allait un peu t’imposer sa présence. En débarquant chez toi, dans ta yourte, muni de l’énergie d’un fou furieux. Avec la voix qui trébuche sur les mots et les mots qui fusent, qui coulent, qui courent vers tes oreilles.

Il est sûrement trop tôt pour tout ça, mais bon, voilà; même pas huit heure du matin, un jeune homme que tu reconnais débarque chez toi sans y être invité. Il déballe tout son sac; sa visite à Calléis, à Haptos, puis à Adamantia; le Rampes-Ailes de Vlinder, et les trois autres pokémons encore en sa possession. Mais il va trop vite; c’est trop difficile de s’arrêter sur les mots, et il lui faudra recommencer son explication. Quand même, il finit par se calmer (lire : manquer de souffle), passe sa main dans ses cheveux et il dit; « Pardon, Krysta, j’ai eu une drôle de semaine. Et j’ai bus trop de café. J’arrive pas à dormir, ça me rend dingue… »

Et puis ses yeux s’arrêtent finalement sur ta personne. Sur tes cheveux pas encore brossés, sur ton pyjama, sur la tasse de thé entre tes doigts, et il réalise un peu l’ampleur de sa bourde. « Oh wow je suis arrivé plus vite que je croyais » souffle-t-il, ses joues s’empourprant honteusement. « … est-ce que tu pourrais me faire une tisane, s’il-te-plait? Ça me calmera, je crois » et oui, il s’invite et en plus il demande maintenant qu’on l’abreuve. Vraiment, y’a pas à dire, il a été élevé par des lougarocs!

Mon ami; délicate marque d’affection qui coulait d’entre tes lèvres comme si c’était tout à fait normal, alors que pour lui, à ses oreilles, ça sonne comme de la musique. Déjà d’une part parce que Fleur se souvient de la période où il n'en avait pas, des amis, et que depuis chacun de ceux qu’il se fait lui sont précieux. Et puis ami- ami c’est une marque d’égalité qui le fait se tenir un peu plus droit, un peu plus confiant, le fait se sentir un peu plus adulte. C’est pas grand-chose, mais pour lui c’est comme si on lui offrait l’univers tout entier. Ça vient apaiser ses meurs et chasser son anxiété – parce que tu es son amie, tu prendras le temps de l’écouter et c’est-ce dont il avait besoin depuis quelques jours : juste de quelqu’un qui se pose pour l’écouter.

« Oh, oui, merci » dit-il en venant se poser sur la chaise, quoique d’une drôle de manière; il se pose tout au bout, sans appuyer son dos contre le dossier. Étrange manie, trouvera-t-on, jusqu’à ce qu’on remarque le mouvement de ses vêtements dans son dos, de pattes noires qui s’agrippent et qui bougent alors que le Sovkipou chromatique qui se tenait dans son dos se repositionne plus confortablement, qu’il observe ses environs, et qu’il décide de se glisser sous la chaise, se tenant la tête à l’envers comme s’il n’y avait là aucun problème et qu’il riait de la gravité. Une fois cela fait, Fleur se glisse précautionneusement contre le dossier, acceptant la tasse de thé au miel avec peut-être un peu trop d’empressement. C’est qu’il tremblait tellement il était énervé, le pauvre.

« C’est lequel, Toi’lo? » dit-il d’abord, parce que ça fait un moment depuis la dernière fois que vous vous êtes vus (sa faute, la vie a pris des tournants surprenant dans les derniers mois) et qu’il ne se souvient pas de l’avoir rencontré, au moins de nom. « Ça fait… wow, ça remonte à y’a un moment. Avant le tournoi des champions, même » tourné qu’il avait gagné en quelques sortes, mais ça, c’était pas le focus de la conversation. « Pas longtemps avant le tournoi, j’ai trouvé un pokémon étrange… tu le connais sûrement, puisque je l’ai confié à Vlinder. Elle habite pas très loin, à Calléis » bon c’était pas vraiment comme si c’était nécessaire de préciser, mais de passer par des détails comme ceux-là l’obligeait à prendre son temps et à réfléchir à ce qu’il disait.

Il prend une gorgée de tisane bien chaude, et ça l’emplis d’une chaleur réconfortante. « C’est Klimat, je crois, son nom, c’est une espèce qu’on appelle Rampe-Ailes. Ça ressemble à un Pyrux, mais ça reste au sol et ça ne vole pas vraiment même si ça a des ailes. C’est un pokémon rare, mais au-delà de ça, je n’en savais pas vraiment plus à son sujet » haussement d’épaules; il n’en savait pas plus, et au départ, il n’avait pas vraiment cherché à en savoir plus, non plus. Sa faute. « Quand je l’ai rencontré, Klimat, il a mis le feu à la forêt et on a failli tous y passer. Par hasard j’ai réussi à me protéger avec une pokéball et je l’ai capturé » une pause, une hésitation, et il continue : « C’était à Calléis. Et puis à Haptos, j’ai trouvé un… Fort-Ivoire, de son nom, je crois »

Le voilà qui tâte sa ceinture dans un geste presque fiévreux, qui retire une pokéball et qu’il pose sur la table avec un certain poids, un toc se faisant entendre lors du contact. « Ça ressemble à un Donphan, en plus gros » il relâche la pokéball et se met à téter son flanc à nouveau; « et puis après, à Adamantia, y’a même pas trois jours, j’ai capturé un… enfin le professeur Kopakier l’a nommé Pelage-Sablé, j’ai vraiment l’impression qu’il a sorti ça de son cul- » il s’arrête, un peu gêné par sa grossièreté. « … enfin, voilà. Ça ressemble un peu à Magnéton, mais genre les aimants sont très longs et il les utilises comme pattes plutôt que de léviter » et une nouvelle pokéball fait son apparition sur ta table, le geste comme grave. « C’est là que j’me suis rendu compte qu’y’avait quelque chose de bizarre. Alors j’y suis retourné le 14 » dit-il, soupirant; « et là je suis tombé sur lui. Un genre de Cadoizo robotique. Je pourrais pas l’expliquer, mais- mais il a un truc qui va pas, quoi » et je posa la pokéball avec les deux autres : trois pokémons paradoxes, trois pokémons dont l’existence même défi un peu son entendement. Il ne comprend pas ce qui se passe – Fleur n’est pas de ces personnes heureuses et chanceuses à qui il arrive tout simplement de bonnes choses.

Mais force est de constater qu’il est tombé sur… quelque chose. Il a tant de choses à dire, tant de choses à ajouter, mais il prend une petite pause pour boire une nouvelle gorgée de tisane, pour ta laisser aussi la possibilité de comprendre ce qu’il venait de dire et, peut-être, de poser une question ou deux si tu en avais. Mais Fleur ne tenait pas en place, même s’il s’était calmé; ses jambes battaient dans l’air et ses doigts tapaient sur la table en rythme, il replaçait compulsivement ses cheveux derrière ses oreilles. Mouvement constant qui démontrait bien l’état de son pauvre esprit qui carburait à cent milles à l’heure.

Il prend le temps de s’arrêter dans son délire – il prend une inspiration profonde, il passe sa main dans ses cheveux, il lève les yeux vers les ouvertures de ta yourte. Fleur est comme ça – capable de s’émerveiller comme un gosse devant ce genre de chose, surtout quand y’avait des insectes dans le lot. « Comme tu dis » fait-il, ses yeux bougeant d’un bout de toile à un autre; « c’est un grand artiste » et pour être honnête, Fleur ne l’était pas, artiste. Oh, il avait essayé de s’adonner à la photo et au dessin, mais au final, son attention avait trop de mal à rester en focus sur de longue périodes, et pour être un artiste doué, ou même juste compétent, il faut mettre beaucoup d’heures de travail. Mais ce n’était pas important – Fleur n'avait pas besoin d’être artiste dans l’âme pour apprécier la beauté des toiles de ton pokémon, de la lumière qui vient se miroiter dans les gouttes de rosée matinale. Parce que le vrai art devrait pouvoir éliciter en soit quelque chose sans qu’on ait à le disséquer, au fond. Et en ce sens, là maintenant, il faisait ressentir des tas de choses à Fleur. Et le simple fait de l’obliger à s’arrêter pour regarder lui fait voir à quel point son corps ne va pas bien. À quel point il est tendu, à quel point ses yeux sont fatigués, à quel point ses pensées spirales.

La vérité, c’est qu’il vient vers toi pour des conseils, mais est-il vraiment dans le bon état pour avoir cette conversation? Saurat-il écouter? On peut en douter, tout de même. Mais faut bien que quelqu’un se le coltine le temps qu’il se calme, et c’était malheureusement tombé sur toi. « Tu sais » dit-il, un brin de folie dans les yeux alors qu’il se lève pour les regarder de plus près; « Je trouve que c’est cool, l’art éphémère. Mais si jamais ça vous intéresse, à toi et Toi’lo, y’a des moyens de préserver des toiles du genre » et oui; Fleur s’y connait tellement en pokémons insectes qu’il connaissait aussi des trucs comme ça. « J’ai vu quelqu’un sur internet le faire » oui, bon, c’était pas ici qu’il y avait du réseau, alors on pouvait faire une croix sur te montrer la vidéo en question, mais qu’importe.

« Faut mettre de la peinture en spray, puis mettre du spraynet* sur un papier ou alors utiliser du velours, et tu vas derrière la toile et… » il fait un geste vague de la main, récréant dans le vide le mouvement pour capturer délicatement la chose, quoique sans rien entre ses doigts, c’était peut-être dur à imaginer. Il fait un sourire désolé, ensuite, comme pour s’excuser de son enthousiasme. « Mais peut-être que ça brise tout le charme des pièces que de les capturer comme ça » haussement d’épaules; lui n’a pas vraiment de pokémons qui font de toiles de la sorte, sauf peut-être son Manternel qui aime coudre, mais ce n’est pas tout à fait les mêmes méthodes qui sont utilisées.

Et puis tu dis quelque chose – tu parles de la collection de pokémons insectes de Vlinder et il tique, comme s’il était en train de bugger. Dans sa tête ça roule très vite, et peut-être que s’il n’était pas si cafféiné, s'il n’était pas si fatigué, peut-être alors qu’il n’aurait pas relevé la chose. Mais à dire vrai, lui qui décriait partout sa dévotion pour les pokémons insectes, ouais, ça lui faisait quelque chose qu’on parle ainsi de la collection de Vlinder et pas de la sienne. C’était primal, un peu, cette jalousie qu’il n’aimait pas avoir envers les autres, surtout pas Vlinder. Après tout était-il normal; elle était plus vieille, elle était à Calléis comme toi, elle était entomologiste après tout. Lui n’avait pas encore tout à fait 18 ans et, même s’il professait son amour des insectes partout, ça ne faisait pas de lui un expert. Il ne le relèvera pas, non, il a au moins le bon sens de garder de sentiment un peu honteux pour lui, mais c’Est comme une ombre qui passe dans ses yeux et qui change sa posture le temps d’un instant.

Et puis il se dit; si Vlinder était à sa place, qu’est-ce qu’elle ferait? Il ne connaissait pas beaucoup la jeune femme, sinon qu’elle aimait les insectes aussi et qu’elle, elle avait le temps et les capacités de bien s’occuper de Klimat, le Rampe-Ailes, et de Confetti, la Prismillon. Il ne regrettait pas de les lui avoir confiés, ils semblent être bien mieux à Calléis qu’ils aient pu l’être avec lui. Bref. « Tu sais, pour les collections, parfois c’est pas la taille qui en fait l’importance. L’important c’est qu’elle compte pour le collecteur » petit brin de sagesse à deux balles, toi tu n’avais pas exprimé quelconque jalousie, alors on peut dire qu’il projette un peu le petit.

Puis il déballe tout son sac, ce qui lui pèse sur le cœur et l’esprit depuis quelques jours. Il le voit sur tes traits – quelque chose entre la peur, l’incompréhension, peut-être un brin de jugement aussi. De te regarder, ça lui donnait l’impression d’être fou – que ce n’était pas possible. Au fond, il le savait, il l’extrapolait parce que c’était le regard qu’on lui donnait dernièrement quand il essayait de rencontrer des adultes avec qui parler de ces pokémons. L’espace d’un instant, même, il a presque honte – il pense qu’il n’aurait pas dû tout te dire, au fond, mais tes paroles, au moins, le rassurèrent sur le sujet. Tes paroles étaient douces et, si c’était manifestement difficile pour lui de même penser à ne pas poursuivre ces pokémons, de te l’entendre dire, c’était de le mettre en face à une certaine réalité qu’il essayait de ne pas considérer.

« Dangereux? » et la question dans sa voix traine, et il soupire; « C’est Lentis, on est en danger partout. J’crois pas que ce soit réellement pire là-bas qu’au centre-ville, vu les obscurs qui se promènent partout » bon, c’était un peu un illogisme : la différence entre les deux c’est qu’au centre-ville c’est possible de se faire attaquer, alors que dans les zones reculées de Lentis, c’est sûr et certain qu’on va se faire attaquer. Disons que ces deux comparaisons ne sont pas équivalentes, pas du tout. « C’est vrai qu’c’est dangereux » admets-il, mais bien sûr, il y avait un gros mais; « mais c’est tellement de choses de plus. Fascinant, déjà » parfois, le danger en vaux la peine. Bon, après, à savoir si c’était réellement le cas ici… on peut en douter. Il ne fait, qu’au mieux, que de déstabiliser tout un écosystème en déplaçant des prédateurs de la sorte.

Après, la prudence, on peut dire que c’était pas tout à fait de son âge. Il t’entend mais pas vraiment, la faute aux adultes qui lui répétaient sans cesse de ne pas faire si ou ne pas faire ça – à force de se le faire répéter, ça commençait à perdre de son sens, malheureusement. « Des créations expérimentales? » dit-il, fronçant des sourcils. Il n’avait manifestement pas pensé à ce genre de chose – pour lui Lentis est tout simplement étrange et ces pokémons-là étaient des occurrences tout ce qui a de plus… naturelles, dans le sens qu’ils seraient ainsi face à un besoin de leur environnement.

Mais bon, quel genre d’environnement a vraiment besoin d’un Cadoizo robotique, hein.

Est-ce qu’il allait arrêter d’y aller? Non, certainement pas. Le mieux qu’on puisse faire, au fond, c’était sûrement de l’aider à être le plus préparé possible, à mitiger les dégâts. « j’ai essayé de parler au professeur Kopakier, mais son assistante m’a ri au nez » dit-il, reprenant place sur la chaise sous laquelle se reposait son Sovkipou chromatique. « On m’a surtout donné la dénomination de chaque espèce, mais c’est tout. J’sais même pas si on me croyait qu’j’avais réussi à en capturer. Pourtant ils ont bien vus le Rampe-Ailes de Vlinder. Enfin ils croient que ces pokémons existent puisqu’il y a des informations sur le sujet, mais ils croient pas que y’a… qu’y’a un phénomène sous-jacent à leur apparition, quoi » et ça m’énerve. Ces pokémons, ils ont été vus… à Paldea. Ça n’avait franchement rien à voir avec Lentis, alors pourquoi se trouvaient-ils ici, et seulement dans des zones très difficiles d’accès à l’humain? Au fond c’est comme tu dis - « Si c’est vraiment quelqu’un qui fait des expériences sur ces pokémons, je sais pas, pour les faire régresser ou progresser dans leur évolution naturelle… enfin ça sonne tiré par les cheveux, mais- »

Il rit, fort.

« Enfin, ça sonne pas plus fou que ce que je raconte, mais je dis juste, faire des expérimentations secrètes dans un coin aussi reculé de Lentis, disons que ça sonne vraiment improbable, entre les pokémons hyper agressifs de la région et le fait qu’ils sont littéralement à des heures et des heures du téléporteur le plus proche » oui; Fleur, quand il fait balade dans les coins reculés de Lentis, il ne lésine pas sur la marche. Bon, faut dire qu’il a sa « pokémonture » maintenant qui l’aide à aller bien plus vite, mais quand même, c’est pas une partie de plaisir. Et pourtant, il y retournait sans cesse, encore et encore, comme un petit junkie.

Alice. Un nom qu’il reconnait, tout naturellement. Pas juste parce que c’est la dirigeante de Calléis, mais aussi parce que c’est la mère adoptive de Noah. « Son bras droit? J’connais pas son nom, pardon » dit-il, haussant des épaules; « Tu crois qu’il m’écouterait? Qu’il me croira? QU’il a le temps pour ça? » oui parce que bon, les chercheurs, ça a toujours quelque chose à chercher. C’est certainement pas à Anthos qu’on perdrait du temps avec lui, mais à Calléis, le rythme de vie est différent. Si c’était pas qu’il était tôt et que tu étais encore en pyjama, il va sans douter une seconde qu’il aurait bondit de la chaise pour aller le chercher tout de suite, ce bras droit d’Alice. « Je veux bien y aller ensemble, oui » dit-il plus timidement, ses mains triturant le bord de la table sur laquelle est posé sa tasse de thé. Il en prend une nouvelle gorgée – l’apparence d’un plan pour procéder, déjà, ça calmait ses nerfs mis à vif. Puis c’est comme un déclic dans sa tête; il rit maladroitement, passe à nouveau sa main dans ses cheveux, et puis il dit; « J’suis même pas présentable » il y avait une tâche de sauce à spaghetti quelque part sur son chandail, qu’il n’avait pas remarqué avant, ses cheveux étaient gras et défaits (ce qui n’arrivait jamais, d’habitude – il avait dû passer ses mains dedans trop souvent), encore heureux il avait pris la peine de se brosser les dents avant de débarquer chez toi.

Pas étonnant qu’on l’avait pris pour plus fou qu’il ne l’était.

*fixatif à cheveux

Y’a des gens comme ça, ils rendent ta vie meilleure juste en étant dedans. Des gens qui vous font rêver et réfléchir à des choses qui n’auraient jamais traversés votre esprit autrement. Le voilà donc qui considère l’implication des toiles de Mimigal, le corps fatigué mais les yeux vifs dont l’éclat semble s’arrêter à considérer chaque goutte de rosée. « Oh, ça sonne vraiment intéressant, comme recherches.  J’espère qu’on en reparlera » parce que ce n’était pas seulement de la résultante dont il voulait parler, mais des épreuves et tribulations sur le chemin également. Fleur était convaincu que des choses comme la recherche, c’était pas vraiment pour lui, après tout ne se considérait-il pas comme un intellectuel, loin de là. Après tout, il n’avait même jamais mis les pieds dans un lycée pour étudier, et ne comptait pas revenir sur cette décision qui, au final, avait été pour le mieux au niveau de sa santé mentale. Mais, évidemment, ça ne l’empêchait pas de s’intéresser à certains sujets, comme tout ce qui touchait au merveilleux monde des insectes.

« Oui » approuve-t-il ensuite, « quoique je suppose que pour certains, les considérations changent. Moi je concentre mon amour sur les pokémons insectes et je crois que c’est le cas de Vlinder aussi, mais pour certains, ça se limite aussi au fait qu’ils soient mignons ou encore puissants. » puis il rit; « Enfin, pour moi, les insectes sont tout ça à la fois; d’excellents compagnons, et puis mignons et puissants. Suffit de savoir exploiter leur potentiel » enfin, pas qu’il se considérait comme un expert en la matière, bien sûr, mais il ajoute : « C’est pour ça que je suis allé au tournoi des champions, je sais pas si tu as suivis ça à la télévision? » demande-t-il, sa passion faisant éruption comme la lave d’un volcan en fusion : « J’aimerais tellement que plus de gens s’intéressent à eux. En tout cas je suis très content de voir que tu as un Mimigal, ils sont vraiment adorables. Tu savais que- » et puis il s’arrête dans son souffle, piquant un fard; « pardon, tu dois savoir » marmonne-t-il, visiblement embarrassé. Après tout, tu t’y connaissais en pokémon et tu étudiais même les toiles de Mimigal comme moyen de communication, alors tu en savais très certainement plus que lui sur eux. Disons qu’il n’avait pas souvent l’occasion d’en parler, surtout pas avec des gens qui s’y intéressent vraiment, mais il dit, plus calmement : « je trouve ça très cool qu’ils peuvent changer les marquages sur leur dos pour s’exprimer » Bon, c’est sûrement pas aussi précis que leurs toiles, cela dit.

« … Je sais » dit-il dans un soupir, retrouvant sa place à table. Il penche la tête sur le côté, ne sachant pas quoi rajouter. « Je sais juste pas comment te dire que ça m’arrêtera pas. Mais… » il hésite, sur le coup. C’est vrai; quelque chose le pousse à retourner dans ces régions en particulier. Peut-être est-ce le rush qui se produit en lui en explorant des zones intouchées par la présence humaine, peut-être était-ce le fait qu’il y avait là-bas quelque chose plus grand que nature qui se produisait. « Mais si t’as des suggestions de chose que je peux faire pour être plus en sécurité, je t’écoute » finit-il par dire, pensif – au fond il était évident qu’il n’avait pas pensé à tout, naturellement. Comme le fait qu’il utilisait son Scolocendre comme monture, mais que s’il était inconscient et que Fleur se retrouvait sans rappel sur lui, il aurait bien, bien du mal à revenir au téléporteur à des kilomètres de là. « J’pensais aller capturer un Yanma et le faire évoluer en Yanmega » admet-il finalement; «  Il sera pas utile dans toutes les zones et ça comporte son lot de danger aérien, mais j’ai fait mes recherches, et va la taille et la force du truc, il pourrait me porter sans problème » puis, de toute manière, Yanmega était un gentil géant dans le cœur de Fleur. Ses ailes délicates, ses yeux qui se découpent en plusieurs facettes, vraiment, il voulait en rencontrer un, monture ou pas.

« Je crois que mon âge y joue » dit-il simplement, haussant des épaules – et puis Fleur avait quand même une certaine réputation gagnée après ce qu’il avait fait y’a deux ans, à savoir avoir responsable d’un début d’avalancha à Adamantia et du bri d’un téléviseur géant à Anthos. Bon, faut dire que Fleur n’avait pas trop pensé à toutes les avenues possibles, mais ça allait, au fond, parce qu’il avait pensé à toi et que toi, manifestement, tu étais prête à prendre le reste en main. Ta simple présence semblait l’avoir grandement calmé, et ta proactivité quand aux prochaines étapes à franchir avait terminé de chasser le plus gros de son trouble. Puis il appréciait que tu t’étais maintenant intégrée à cette quête qu’il avait, autant en l’aidant, bien sûr, qu’à travers ton utilisation du langage. Nous; simple mot, en soit, mais il lui faisait se sentir d’autant plus soutenu. Et faut dire, au fond, que Fleur n'avait pas tout à fait l’habitude de l’être, même si c’était beaucoup plus fréquent depuis près de deux ans.

« Là? Maintenant? » demande-t-il, surpris – et pourtant il n’hésite pas une seule seconde à se lever à ta suite, comme si un courant électrique l’avait fait se lever d’un bond. Il termina sa tasse de thé d’une dernière grande gorgée et plaça la tasse sur sa petite soucoupe, l’oubliant là comme s’il n’avait jamais connu le concept de faire la vaisselle ou, au minimum, de la ranger. « En tout cas, même si ça apporte pas directement toutes les réponses que je cherche » dit-il; parce qu’après tout, c’était fort peu réaliste de penser de cette manière; « j’espère que ça nous orientera dans la bonne direction » et oui, il prend une page de ton livre et utilise avec joie le nous, maintenant. Par contre, il n’était visiblement pas certain de ce que tu voulais dire par « le préparer » si tu comptais le faire rencontrer le bras droit d’Alice dans la journée.

« Ton nom de famille? » dit-il, sa curiosité manifestement piquée. Comme il ne vient pas Calléis ou même du monde scientifique, évidemment il ne savait pas le poids que ton nom portait. Lui, il t’avais juste approchée comme l’adulte qui s’était intéressée à un cours d’herboristerie avec lui à Kopadia, il y a plus d’un an de cela maintenant. Il ne s’était pas plus posé de questions sur toi, et maintenant ça venait lui mordre les doigts en un sens, quoiqu’à ta démarche il pouvait bien voir que ça ne t’importunait pas. « Tu… tu viendras avec moi? » et c’était demandé avec de grands yeux plein d’espoir, entre la requête et la supplication, parce qu’il ne savait pas, au fond, s’il avait le courage d’affronter un autre scientifique qui avait mieux à faire de sa journée que de parler à un adolescent. Il le disait comme si ça ne lui était pas passé par la tête que tu veuilles l’accompagner, comme si tu allais le déposer devant sa yourte et puis te désintéressé de toute la chose.

« Oh, wah » dit-il, vraiment surpris; il avait l’habitude des douches à Calléis, y ayant passé un gros bout de sa quinzième année à parcourir la forêt comme un vagabond (et à toujours revenir avec des blessures qu’il ne prenait que rarement le temps d’expliquer). Mais les douches qu’il prenait généralement à Calléis, c’était dans le bâtiment des douches communes, près du bâtiment qui sert aussi de réfectoire pas très loin de la petite école. Après, il se doutait bien que ta douche n’était certainement pas issue de l’eau courante, et au fond tu n’étais pas la seule à Calléis à préférer avoir ta propre douche, mais il n’avait jusque-là pas pu tester les modèles individuels. Et c’est pour cette raison, et cette raison surtout, qu’il accepta d’utiliser ta douche plutôt que de prendre le téléporter pour retourner à sa chambre d’hôtel, parce que vraiment, vu la proximité de la technologie, il aurait pu être de retour en moins de trente minutes.

Il manque s’étouffer quand tu mentionne les rideaux. En mode : J’ESPÈRE QU’IL Y A DES RIDEAUX parce que bon, Fleur était très, très pudique. Plus même que la plupart des jeunes de son âge, et pas pour rien : si la plupart du temps et des jours il oubliait qu’il était trans, des endroits comme les douches, ça ravivait intensément sa dysphorie de genre et ça lui rappelait plus que jamais des morceaux qui lui « manquaient » en quelque sorte. Pas qu’il était incomplet, juste… que sa différence lui était difficile à oublier. S’il arrivait à utiliser les toilettes publiques sans soucis, l’idée de prendre sa douche sans rideaux c’était un peu la mort pour lui. Il tente de faire comme si de rien était, il tente de ne pas relever, mais le malaise sur son visage est évident et tangible, ne serait-ce que par la pâleur relative que pris son visage avant de s’empourprer à nouveau.

Et puis ça recommence à tourner en rond dans sa tête dès que tu lui offres un haut, quand bien même c’est une chemise droite. C’est des années de transphobie et de dysphorie de genre qui s’entrechoquent, et puis une pointe de machisme aussi. Parce que Fleur ne se donnerait pas le droit de porter des vêtements « de femme ». Ta chemise a beau être neutre, c’est la tienne, et tu es une femme – comme si de porter un de tes vêtements le rendrait moins valide comme homme trans. Il ne sait comment te dire tout ce que ça lui fait, t’expliquer les tourments qui le prennent d’assaut dès que tu lui tends le vêtement. S’il avait été plus courageux, il aurait tendu sa main, quand bien même tremblante, vers la chemise proposée. Ou, alors, s’il tenait vraiment à ne pas la mettre, il aurait pu tout simplement se tenir torse nu, comme les hommes font à la plage. Mais même si son torse est bien plat, Fleur, pudique, n’aime pas l’exposer, comme s’il avait peur qu’on y voie quelque chose de féminin. Oui; il a beau aller mieux au jour le jour, l’inconscient de Fleur se souvient de tout ce qu’il a vécu comme harcèlement.

« C’est une bonne idée » dit-il délicatement, « de mettre d’autres vêtements. En fait, laisse-moi une seconde, je connais quelqu’un de Calléis qui fait ma taille et à qui je pourrais emprunter des vêtements présentables » sa manière détournée de dire merci, mais non merci, sans s’expliquer; il ne pouvait qu’espérer que tu ne le prennes pas mal. La chemise, en plus, il la trouve très jolie, avec son dégradé de vert, mais il préfère éviter, seulement sur la base d’un mauvais principe. Et oui; Fleur n’a pas fini de déconstruire ce que ça veut dire d’être un homme, ou même d’avoir un genre dans la société. Passons.

Il revient en moins de quinze minutes, avec non seulement des vêtements très propres (un pantalon de toile noir ajusté pour la taille de quelqu’un d’autre, une chemise bleue qui s’agençait bien avec la couleur de ses yeux, des chaussettes propres et des souliers qui n’étaient pas salis par la boue et l’herbe et la terre); mais également, non content de simplement se ramener avec les vêtements, il avait passé carrément par la douche, ses cheveux étant encore humides, quoique bien coiffés (bon faut dire qu’avec ses cheveux, c’était plus difficile d’être décoiffé que d’être coiffé). « Ah, pardon, je suis passé par les douches publiques au final, je me suis dit que ça serait moins compliqué » et il sent bon les fleurs, ce qui fait changement de son état quand il est arrivé sans prévenir dans ta yourte.

Ses yeux se posent sur ta table, pour diverses raisons; il y avait sa tasse sale qu’il y avait abandonné, en plus des deux yeux de son Sovkipou qui l’observe comme s’il avait commis un haut acte de trahison en quittant ta yourte sans lui, en plus des trois pokéballs dans pokémons dangereux qu’il avait tout simplement laissées sur ta table. Heureusement, les pokémons semblaient être très peu actifs, ou en tout cas ne pas vouloir quitter leur petite prison. Il se dirige vers la table, mets les pokéballs à sa ceinture, et puis attrape la tasse pour se diriger vers ce qui te sert à nettoyer ta vaisselle. Avec lui, aucune trace de ses vêtements sales, semblerait qu’il les avait laissés avec Jade (la personne, non nommée, à qui il a emprunté les vêtements). Attrapant le linge à essuyer, il te dit : « Du coup… euh je veux pas faire mon pressé ou quoi» (dit-il alors qu’il est carrément en train de vibrer d’excitation), « mais je suppose que le bras droit d’Alice ne nous verra pas dans l’heure » surtout que cette heure, justement, était toujours aussi tôt, n’ayant pas dépassée le huit heure du matin encore. Il ne termine pas sa pensée, occupé qu’il est à essayer de deviner où ranger la tasse.

« Oui, bien sûr » dit-il d’un hochement de tête; il allait de soit que le scientifique avait d’autres choses à faire que de vous recevoir, au fond, et qu’il fallait donc faire œuvre de patience, mais ce n’était malheureusement pas la plus grande force de Fleur, surtout pas quand il était si énervé encore par ce qu’il avait vécut il y a quelques jours, et qu’il revivra certainement dans le futur. Au moins, maintenant, il était propre et bien habillé, ses cheveux coiffés et presque secs, et tu eu également le temps de te préparer; il en avait profité pour regarder ton encyclopédie qui parlait d’insectes, dévorant l’information d’un regard qui ne vacillait pas.

Quand c’était question d’insecte, après tout, il n’avait pas de mal à prendre le focus. Même qu’au contraire, il était parfois difficile de l’en décoller! Fébrilité qui ne fait qu’augmenter quand tu l’informes que tu es prête à partir, il ferme le livre avec résolution (mémorisant la page sur laquelle il était rendu, juste au cas où il pourrait le continuer plus tard), comme inspiré par ta propre détermination à donner le meilleur de lui-même. « J’te suis » dit-il avec une certaine joie, content de t’avoir à ses côtés.

Fleur savait que sa yourte n’était pas loin – il savait où la scientifique se trouvait, même s’il n’avait jamais eu à la rencontrer jusqu’à maintenant. Après tout était-il le cancre, le dernier de classe, le gamin qui avait fugué avant ses 16 ans pour ne pas avoir à vivre le lycée. Autant ça avait été ce dont il avait besoin à ce moment-là, autant en ce moment ça allait finir par revenir contre lui. Soyons réalistes : s’il voulait se lancer dans quelconque recherches, il allait falloir qu’il mette à jour ses connaissances pour avoir au moins son diplôme. Bon, après, à savoir s'il en avait vraiment la motivation, ou s’il allait simplement laisser l’information auprès d’un scientifique et le laisser gérer toute la chose… nous verrons.

Ça le fait rire silencieusement, la manière que tu as de demander si vous pouvez entrer alors que tu as déjà mis le pied dans la yourte. Heureusement, l’assistant de la scientifique ne semble pas du tout s’en formaliser (sûrement que les mœurs sont différentes à Harmon’île) et vous fait attendre alors qu’il passe retrouver la scientifique pour voir si elle ne serait pas importunée par votre visite. Elle vous rejoint assez rapidement, et vient le temps pour Fleur d’expliquer la source de son agitation.

Il repart donc dans son explication – et peut-être était-ce le fait qu’il était debout, mais ses bras semblaient encore plus communicatifs qu’avant – parlant des pokémons mystérieux qu’il avait trouvé dans les régions éloignées de Lentis, parlant aussi de ces endroits étranges et, finalement, de sa rencontre avec le Pelage-Sablé et du champ de distorsion étrange qui avait manqué le happer vers un autre temps, quoique ça, Fleur ne le savait pas, pas encore. Son explication dura bien une heure, et comportait bien plus de détails que la brève entrée à la matière qu’il avait offerte, et il répondait ici et là aux questions impromptues que toi ou la scientifique pouvaient avoir.

Essoufflé, le visage un peu rouge, Fleur termine son explication de manière un peu maladroite, et puis il dit : « Je suppose que je n’ai pas de question en particulier à poser quant à ces rencontres, sinon que je veux mieux comprendre ce qui les rend différents des autres pokémons » dit-il, et puis; « mais, euh, je me disais que possiblement ce serait un sujet intéressant pour vous. Enfin, pour la science pokémon en général » oui, voilà, ça résumait mieux ce pour quoi il avait voulu partager tout ceci. Il avait l’impression d’être tombé sur un phénomène encore jamais vu, mais aussi qu’il était trop bête pour le reconnaitre, le comprendre, l’étudier, bref, toutes les belles choses scientifiques que ces derniers aiment.

Il veut juste trouver quelqu’un qui sera prêt à prendre la recherche en main.

Le bras droit d’Alice semble considérer la chose pendant un instant, avant de vous dire qu’au final, sans plus d’explications ou sans aller directement sur les lieux pour vivre le phénomène, elle ne pouvait dire sans équivoque ce sur quoi il avait trébuché, toutefois elle ajoute que le sujet est certainement intéressant, quoiqu’il ne rentre pas dans sa propre spécialisation qui est l’étude des énergies liées aux fleurs luminescentes. Elle vous propose alors de vous mettre en contact avec un autre scientifique du nom d’Hermès Belinski, qui lui s’intéresse plutôt à l’évolution des pokémons à travers les âges.

Certes, le rendez-vous ne sera pas pour aujourd’hui, et Fleur devra prendre son mal en patience, mais il reste tout de même qu’il peut continuer à se préparer pour cette rencontre. « Merci, Krysta » dit-il sur le chemin du retour, « avec toi à mes côtés, j’étais bien moins nerveux » et puis vous arrivez chez toi; « Je crois… je crois que je retournerai dans les zones éloignées d’ici là, pour mieux me préparer. Mais peut-être que je serais mieux de m’y préparer adéquatement. J’ai le travail, aussi, donc mes journées risquent d’être occupées d’ici là. J’essaie d’économiser assez d’argent pour me louer un petit appartement, au lieu de vivre dans l’hôtel où travaille Célestine »

Célestine, c’est le nom de sa mère, quoique de mère elle n’a que le titre, au final. Elle a raté les dix-sept premières années de sa vie, au final, bien qu’elle ait été résolue dans la dernière année d’être une influence positive dans sa vie.

« Oh, mais si, ce l’est » dit-il, sa curiosité piquée des lors que le livre retrouve sa place sous ses yeux. « Bérasca est pas mal plus lent qu’Astronelle, mais il est plus puissant. Par contre les deux peuvent apprendre Mur Lumière et Protection, ce qui les rend idéal comme pokémon de front au combat. Enfin je sais pas si tu fais des combats souvent, toi » qu’il ajoute, se grattant la nuque. « Voulais-tu mon avis sur quelque chose en particulier? J’adore leur moustache en tout cas, faudrait qu’on se fasse un petit concours de moustache informel entre Bérasca et Scolocendre » mais bon, ce concours, il y aurait sûrement des pointages bizarre, genre celui qui peut le mieux utiliser sa moustache comme lasso ou qui peut leur donner la forme la plus surprenante. « En tout cas ça ferait un après-midi plutôt drôle! »

Mais, bien sûr, ses connaissances sur le pokémon ne s’arrêtaient pas à sa moustache; « Ce qui est cool avec Bérasca, sinon, c’est qu’il a une capacité qui lui permet, enfin, je sais pas trop comment, mais il vole l’agilité de son opposant, tu vois? Donc le fait qu’il soit hyper lent, ça peut actuellement jouer en ta faveur » puis il regarde autour de toi, se dévissant le cou pour regarder partout autour de vous pendant que tu te marmonnes à toi-même. « Il est où, ton Bérasca? » parce que si tu le mentionnes, il assume que tu en as un, ou alors un Léboulérou au minimum. Il cligne des yeux, comme enregistrant en retard ce que tu viens de dire, et il dit : « t’sais, ça me sert à rien de faire de la gym et avoir des bras solides si on ne me mets rien dedans » enfin, c’était pas une référence parfaite, mais c’était sa manière de dire qu’il était là pour toi si tu le souhaitais….

Et une manière subtile de vanter ses tours à la gym. Avec la testostérone en plus, il commençait à voir de la définition dans ses muscles en plus du fait qu’il avait grandi. La plupart de ses vêtements ne lui faisaient plus que parce qu’il avait eu tendance à en porter des trop larges par le passé. Difficile de croire qu’il était le même gamin que t’avais rencontré deux ans plus tôt, si ce n’était de la délicatesse des traits de son visage qui perduraient légèrement au-delà de l’enfance. Pour le moment, en tout cas. « Qu’est-ce qui te tracasse? C’est bien la moindre des choses après que je t’aie embarquée dans mes histoires » dit-il en pouffant de rire.

« C’est surprenant, oui » acquiesce-t-il avec un peu trop de force, ses cheveux venant frotter ses épaules sur le coup; « C’est le cas de plusieurs insectes, en fait. Prend Gaveloc, mon Lançargot, il est très lent aussi, et ‘Bori, mon Lucanon, les deux sont plutôt lents. En contrepartie, ils sont plutôt forts tous les deux » au fond, il faut de toutes sortes de pokémons pour faire un monde, hein. « Mais Ninjask, c’est un des pokémons les plus rapides qui soient! J’ai trop hâte d’en capturer un » il s’arrête – en fait, s’il se laissait continuer, il parlerait de ce pokémon pour le prochain quart d’heure. Heureusement, tu le ramènes assez rapidement sur le sujet principal de votre conversation.

« Oui, bien sûr qu’il le pourrait. Bérasca est un tout petit pokémon, il ne prendrait vraiment pas de place » et puis il écoute le reste de ta pensée, en fait, sur le fait que le pokémon était agressif. Le voilà qui fronce des sourcils, comme confus, en t’écoutant parler. « As-tu… as-tu croisé un Bérasca peu commode? Enfin je veux dire, plus malcommode que les pokémons sauvages lentois de base » oui parce que, lui n’était pas du tout au courant du fait que c’était une espèce agressive ou territoriale. « En soit, tant que tu ne touches pas son cocon, il ne devrait pas y avoir de problème. Y’a plein de rumeurs sur ce que son cocon psychique peut contenir, genre que ce serait son véritable corps et la source de sa puissance psychique, mais dans tous les cas, en dehors de ça, une fois domestiqué, il devrait être come tous tes autres pokémons, je vois pas pourquoi ce serait différent avec lui »

Enfin. Y’avait toujours des exceptions, mais ne général le lien entre un humai net un pokémon peut être surprenant; il y aura toujours des individus pour faire mentir les généralités sur les différentes espèces de pokémon, mais en dehors de ça?

« Doué en stratégie…? » répète-t-il, comme confus. C’était pas le genre de compliment qu’on lui donnait en général (pour peu qu’on lui fasse des compliments) « J’sais pas si on peut dire que je suis doué en stratégie. Enfin je sais ce qui se fait ici et là, mais dès qu’il est question du typage de pokémons qui ne sont pas insectes, tu me perds » ouais – c’était dur d’accepter des compliments, et il se sentait toujours obligé de dire oui, mais quand on lui en faisait un. C’était comme ça, et il n’était pas le seul dans ce bateau, certes, mais reste que c’était difficile pour lui à travailler.

« Oh » dit-il, se dressant un peu sur la chaise où il s’était assis pour regarder ton encyclopédie, ses yeux s’illuminant vivement; « Tu sais, Krysta, ça fait un moment qu’on se connais. Moi j’suis venu à pas d’heure pour te parler de mes problèmes, et en plus d’écouter activement, tu m’as trouvé une belle piste de solution. Enfin tout ça pour dire que si tu as besoin de mon aide pour quoi que ce soit, tu ne dois pas hésiter. J’crois qu’on est rendu plus loin que ça dans notre amitié » ouais; ça lui faisait drôle de parler d’amitié avec une adulte; oh, certes, il avait été très proche de Jill, mais elle avait un rôle de grande sœur, c’était- c’était autre chose pour lui.

Pincement au cœur – parce que Jill n’a jamais été retrouvé. Plus d’un an passé sans nouvelles…

« Je t’accompagnes quand tu veux, je suis déjà allé à la clairière des lutins, plusieurs fois même. J’y cherchais un Insécateur que je n’ai finalement toujours pas trouvé, ça pourrait être chouette d’y aller ensemble pour chercher des insectes » et puis; « Mes pokémons ont la force et l’expérience de nous aider, en tout cas, même si toi tu n’as pas beaucoup de pokémons pour t’accompagner. Et puis après tout, il faut bien commencer quelque part quand on explore les différentes régions de Lentis » ouais; au fond, Fleur avait parcourus pas mal de Lentis. Pas assez pour qu’elle soit familière, mais assez pour pouvoir t’aiguiller.

« En plus, il faut faire certaines préparations pour la clairière des lutins, si tu y es jamais allée. La température là-bas peut être surprenante, c’est mieux de transporter tout ce dont t’as besoin, sinon tu seras obligée de rebrousser chemin aussitôt arrivée. Je me suis déjà pris une tempête de neige en pleine gueule » il rit; rien de sarcastique, juste un rire de quelqu’un qui se rappelle de ses soucis avec un regard plus distant, qui peut y trouver l’humour et l’ironie maintenant que le danger est passé. « Ça m’fera plaisir de t’aider » insiste-t-il, pour être sûr que tu n’hésites pas; « donnes-moi une date et on s’arrange ça »

Il s’étire; c’est comme si d’un coup sa fatigue des derniers jours était venu s’abattre sur lui et, même s’il a la patte qui se fait aller alors qu’il est assis, un gros bâillement vient le secouer pour aérer son cerveau. « Purée, le manque de sommeil me fait pas » dit-il dans un gémissement tout à fait performatif et théâtral; « Même en exploration, je rate rarement mes heures de sommeil » c’était vrai; même dans son vagabondage, même durant sa fugue, même s’il se couche tard, Fleur se couche toujours pour dormir, au moins un peu. C’est un lève-tôt (comme tu as pu constater ce matin), au fond, et souvent un couche-tard, amis c’est aussi un adepte de la sieste dans les moments où il en a besoin. Faut dire que son rythme de vie un peu vagabond, Fleur peut utiliser son temps comme il veut. « Oh, comme on parle de sommeil – si je me trompe pas, les Léboulérou sont des créatures diurnes. Ça tombe bien, dans la clairière des lutins il y a des Yanma et je voulais trop en adopter un, je les aime beaucoup » un autre petit rire qui le secoue, plus doucement; « bon déjà c’est un insecte, t’as compris, je les aime beaucoup en général. Mais je pensais qu’il ferait une bonne addition à mon équipe »

« Oui, Ninjask est vraiment surprenant! J’ai hâte d’en rencontrer un, mais si ça se trouve, j’ai déjà été proche d’un d’entre eux, sans le remarquer tellement il volait vite » cette idée lui plaisait – plus, ne tout cas, que la certitude de ne pas en avoir rencontré encore. « Si je ne me trompe pas, on en trouve dans le désert haptais. Pour un insecte, c’est plutôt rare et surpenant, en fait, mais ils vivent sous terre, là où c’est vrai. Enfin, pas les Ninjask qui vivent sous terre, amis bien les Ningale, leur sous-évolution. Ils sont plutôt durs à reconnaitre à cause de ça, et il ne montent à la surface que très rarement » à le voir parler comme ça, avec des étoiles dans les yeux, c’était presque à se demander pourquoi il ne tournait pas sa passion des insectes en carrière, comme Vlinder par exemple qui est étymologiste. Mais Fleur n'avait certes pas la scolarité pour ce genre d’études, ni l’estime de soi nécessaire pour croire qu’il pouvait se faire une place dans le domaine. À défaut de quoi, partager sa passion avec toi était tout aussi bien à ses yeux.

« Oui, il n’est pas grand comme un Manternel par exemple. C’est tout aussi bien, t’imagines combien ce serait chiant pour lui de faire tourner son cocon et de se déplacer dans la jungle! » l’idée le faisait rire, au fond, mais c’était pas impossible qu’y’ait un Bérasca alpha quelque part qui avait beaucoup, beaucoup de mal à se déplacer. Puis il hoche négativement de la tête, sa main s’agitant également devant lui comme pour balayer tes remerciements (c’est difficile, pour lui, d’accepter les compliments, même aussi simple que de dire que sa proposition est gentille); « C’est normal, entre amis » qu’il dit, trop heureux de répéter tes propres mots, ceux-là mêmes qui le faisaient se sentir si adulte et respecté. Après tout, il avait bientôt dix-huit ans, il fallait bien qu’il s’habitue à cette idée.

« J’ai hâte aussi » dit-il, grand sourire sur ses lèvres alors que son corps bouge comme s’il avait du mal à rester sur place. Son indexe marquait la place dans l’encyclopédie que tu lui avais prêté où il était en train de lire, milieu de phrase en suspens au profit de votre conversation qui, de toute manière, était bien plus stimulante pour son cerveau. S’asseoir et lire des trucs, ça n’avait jamais été facile, pour lui. La vérité, c’est qu’il était plutôt du genre à regarder des vidéos sur le net qui parlaient des pokémons insectes, genre de programme découvertes qui étaient préparés comme des documentaires. Ça, c’était déjà plus facile, et plus stimulant que de rester en classe. La vérité c’est que si les cours c’était de se promener en nature et d’avoir des conversations sérieuses sur l’environnement des pokémons, alors pour lui, ce serait facile d’apprendre, de retenir des trucs. Malheureusement, la scolarité lentoise n’était pas tout à fait prête à préparer leur cursus de cette manière.

« Oui, il faut. Si tu veux je te texterai la liste de préparation que je me suis faite! Déjà il faut un manteau d’hiver et des lunettes de protection contre le sable. On sait jamais quand on peut tomber sur une tempête de neige ou de sable, malheureusement. Perso, j’ai jamais eu de chance en y allant, mais bon, si t’es là, peut-être que ce sera différent! On dit que ce sont des Celebi sauvages qui contrôlent la température… oh pardon » se coupe-t-il lui-même en s’excusant, « tu sais déjà tout ça, t’es de Calléis après tout » ouais; c’était comme si tu lui parlais de la marée à Ike Kai, au fond. Même si tu n’étais jamais allée à la clairière, tu avais clairement en tout cas entendue parler des légendes à son sujet. « J’espère que tu pourras m’en apprendre plus au sujet des mythes qui parlent de la clairière des lutins » dit-il, plus calmement cette fois. Son regard vert-azure coule doucement vers les toiles de maitre Toi’lo, les observant avec une sorte de sérénité contemplative.

« Oh! » Fait-il en se redressant d’un coup sur la chaise à l’annonce de repas; « Oh, merci, je vais t’avouer que je me souviens pas avoir pris de petit-déjeuner, alors c’Est vraiment apprécié » il se lève, toutefois, retroussant les manches de son chemisier emprunté avant de mettre ses poings sur ses hanches; « mais si ça te dérange pas trop, j’aimerais t’aider. Je suis habitué, je vis seul depuis trois ans, et depuis un an et demi, j’ai ma propre cuisine. Enfin » se reprend-t-il, « j’ai une plaque de cuisson à convection » pas de four dans l’hôtel où il vit, en tout cas pas dans les suites. Drôle d’endroit où vivre quand on a dix-sept ans, c’est vrai, mais ça avait été un vrai refuge pour lui.

« Je peux laver et couper les légumes, si tu veux, assumant que tu comptais en préparer. Comme ça je reste à la table et je suis pas dans tes jambes pour le reste de ce que tu veux préparer! » oui; logique infaillible, simplement pour que tu n’insistes pas pour tout faire toute seule. Il savait que tu en étais très bien capable, c’est certain, mais il trouvait que la nourriture était encore meilleure quand on avait travaillé avec quelqu’un pour la faire.