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Tu avais décidé de te rendre à la bibliothèque, aujourd'hui. Tu aimais la bibliothèque. Pouvoir en apprendre plus sur des milliers de sujets, sans avoir à penser à ce que tu devais répondre aux gens, des questions stupides ou insultantes qu'ils te posaient. Sans te sentir rabaissé parce que tu étais dans ton élément, au final. Le calme au fond de ton être, juste un esprit paisible qui ne pensait plus à rien. Les problèmes qui s'envolent aussitôt lorsque tu franchis cette porte et monte les escaliers en saluant la personne à l'accueil. Tu avais encore quelques heures avant que Lei ne revienne à la maison, alors pourquoi pas ?

Tu t'étais dirigé vers la table où tu t'assoies habituellement ; tu aimes les habitudes, et tu te sens toujours un peu mal lorsque quelqu'un a décidé de s'installer là où tu vas toujours. Mais ce n'est pas non plus comme si la place t'étais réservée, alors tu fais avec. Par chance, cette fois-ci, il n'y avait personne.

Une fois ayant déposé ton sac pour garder ta place, tu te dirigeas vers les allées parlant des créatures marines. Tu avais toujours aimé les vivants de mer, surtout venant d'Oliville, c'était à peu près tout ce qu'il y avait dans ton petit village. Avec le port qui faisait le succès, bien entendu. Tu avais toujours admiré Jasmine et ses types acier, les combats qu'elle a vaincu. Tu n'avais aucune idée de ce qui se passait, maintenant, et ça te rendait un peu triste. Si ça n'avait pas été de ton père, tu serais sûrement encore là-bas. Mais encore, rien n'arrive pour rien, n'est-ce pas.

De quelques petits pas, tu retournes d'asseoir avec trois bouquins choisis attentionnément. Et tu tournes la tête vers les ordinateurs placés au centre, remarque un jeune qui faisait… quelque chose. Impossible pour toi de savoir ce qu'il faisait. Tu n'avais jamais été vraiment bon en informatique, surtout que tu n'avais pas les moyens de t'acheter un ordi. Même si tu pouvais emprunter celui de Lei, au final, c'était rien comparé à ce que les gros passionnés faisaient ; et ça te rendait envieux, il fallait le dire. Tu voudrais tout faire, mais le temps manquait. Et tu ne pouvais être bon à tout. Le sport en était la preuve.

Tu le regardas un moment avant de décider de te lever et de le rejoindre silencieusement, venant te placer à ses côtés : tu ne voulais pas lui faire de saut. "Bonjour." Tu ne savais jamais quoi dire lorsque tu abordais quelqu'un. Était-il bizarre de te présenter, ou bizarre de ne pas le faire ? Serait-il mieux de venir par la gauche ou la droite ? Par quoi commencer ? Beaucoup trop de questions auxquelles tu n'avais pas de réponse, alors tu te contentas de dire ce qui te passa par la tête. "Je me demandais, vous faites quoi ? Hum, si ce n'est pas de trop." Tu lui souris légèrement, voulant te montrer le plus amical possible.

Tu le regardes jouer un peu, curieux. Tu aimerais bien savoir le nom du jeu, et également en quoi consistait-il, mais tu ne voulais pas le déranger. Alors tu regardais un peu autour de toi, observais les tables rondes autour dans la salle. Elles avaient toutes 4 chaises, sauf une ? Sûrement quelqu'un qui avait emprunté une chaise pour aller s'asseoir avec ses amis. Toi, tu venais souvent seul, alors tu n'avais pas à te soucier de trouver plus de chaises. De toute façon, le son des pattes en métal sur le sol en tuiles te répugnait au plus haut point.

Mais ce n'était pas ça qui t'empêcha de tirer une des chaises en face de toi pour t'asseoir à côté de l'adolescent (en faisant toujours bien attention). Tu observais son ordinateur qui était bien différent de ceux présents ici. Gros. Carrés. Clairement datant d'avant sa naissance (et probablement la tienne). Tous installés sur ce comptoir qui longeait la rampe jusqu'à l'escalier qui menait en bas. Et tu essayais à chaque fois de lutter contre l'envie de te pencher et d'aller démêler cette boule de fils en dessous - la personne qui avait fait le cable management devrait revérifier son travail. Enfin, c'était assumer qu'il y avait bel et bien une personne désignée pour s'occuper de cela.

D'autant plus que les ordinateurs étaient tous assez proches entre eux, parce que l'espace entre les trous désignés à passer les fils n'était pas immense. Enfin, outre cette envie, tu avais amplement de distractions dans la salle pour te changer les idées. Parfois, tu te lançais dans le classement des livres de ceux qui les avaient mal replacés. Tu avais appris les rangées par cœur. À gauche des ordinateurs, il y avait tout ce qui concerne les ouvrages documentaires, sur tous les sujets. À droite, il y avait la section des romans. Et si on veut les bandes dessinées et les mangas, on doit monter encore un étage (mais tu empruntais que très peu ces escaliers).

"Est-ce que ça te dérange si je te regarde ?"

Tu préférais demander, juste pour être sûr. Tu ne savais jamais, et même toi parfois tu avais besoin de temps pour toi. Dans ce cas, tu allais te cacher où les poufs verts qu'ils avaient placés dans les différents coins de la bibliothèque. Caché par les rangées, tu avais plus l'impression d'avoir l'intimité que tu recherchais. Surtout placés en dessous des lumières tamisées, c'était d'autant plus facile de te relaxer dans ton coin. D'ailleurs tu avais considéré t'en procurer des similaires pour ta chambre chez Raph (sûrement que Lei serait d'accord, non ?)

Tu te demandais si l'adolescent venait emprunter des livres, parfois, ou s'il venait juste avec son ordinateur pour jouer. Toi, tu allais souvent au bureau en bas pour enregistrer des livres à ton compte. La bibliothécaire te connaissait même par ton nom, et te saluait lorsque tu arrivais comme la réception se trouvait tout juste passé les portes automatiques. Tu avais même proposé ton aide pour nettoyer son endroit - il était petit donc très vite à nettoyer - passer le balais, classer les livres et changer l'encre de son imprimante, mais elle n'avait pas voulu, supposant que tu étais jeune et que tu avais d'autres choses à faire que d'aider une vieille bibliothécaire. Mais tu préférais faire ça parfois que fixer le plafond qui était si haut… même si le matériel utilisé te faisait penser à un ciel étoilé avec la multitude de petits points qui s'y trouvent, et la céramique qui était noire (saleté ou couleur d'origine, tu l'ignorais).

L’adolescent n’avait pas l’air très certain, alors tu hésitais pendant un moment, t’apprétant à retourner à ta place. Ce n’est pas bien grave, tu te dis, alors que tu commençais à tourner les talons. Mais il te répondit, te stoppant net dans ton élan (sa voix était si douce). Alors tu souris, reprenant la chaise que tu avais tirée, t’asseyant de nouveau sur le siège à ses côtés. Tu n’es pas doué avec les jeux vidéos et tout ce qui concerne l’internet, Baelfire. Tu n’avais pas eu le privilège, la chance de posséder des appareils électroniques à ton arrivée à Kopadia - parce que l’argent manquait et que tu te concentrais surtout à survivre. Alors, même si maintenant, tu habitais chez Raphael avec Lei, tu étais un peu comme un alien face à ces choses, regardant parfois Lei monter ses vidéos ou animer un live stream, sans pour autant comprendre ce qu’il faisait. Pour toi, ça semblait si compliqué. Il t’avait dit qu’un jour, vous devriez faire un live cosplay à deux, les présenter à ses viewvers. Tu avais hoché la tête. Les cosplays… tu n’en portais pas, mais tu aimais bien les coudre. Et si Lei était content en retour, alors tu ne demandais rien de plus.

“Oh, je… pas vraiment. Je suis meilleur pour observer les autres.”

Tu étais toujours bien meilleur pour observer que pour prendre action. Petit, discret, tu passais facilement inaperçu. Silencieux, tu observes l’écran pendant que le jeune joue. Tu regardes un peu ailleurs, croise le regard de son Pokémon qui à son tour, croise le sien. C’est une Teddiursa. Elle est mignonne. Tiens, tu ne savais pas que les Pokémons étaient permis à l’intérieur de la bibliothèque. Mais tu te dis que ce serait bien, de laisser tes Pokémons se dégourdir un peu les pattes. Enfin… le. Bochi était peut-être un peu gros ? Tu te dis qu’il était peut-être mieux de n’appeler que Doresu. De toute façon, tu irais marcher avec ton Toutombe, par la suite.

La pokéball laisse apparaître ton Larveyette (il est si mignon) et sa toute petite bouche munie de ses minuscules crocs blancs. De ses six pattes, il grimpe sur ton bras puis vient se poser sur ta tête. Intrigué par ce qui capte ton attention, il regarde à son tour l’écran, laissant échapper un petit son qu’il fait lorsqu’il sécrète son fil. Tu sursaute légèrement lorsqu’il atteint ton bras - pas énormément, mais assez pour qu’il doive se stabiliser dans tes cheveux qui étaient maintenant en bataille.