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L’audition qu’elle venait de passer était couronnée de succès. Bien sûr, Cheryl lui avait dit qu’elle n’en doutait pas, que Cassiopée était parfaite pour ce rôle et bien sûr, Cassiopée avait douté. Etait elle faite pour ce rôle ? Il demandait du contrôle, de l’élégance, une bonne dose de rage et de mépris - d’orgueil aussi. Oh et de cruauté bien sûr. C’était une première pour l’actrice ; de jouer un personnage aussi vicieux. Elle avait envie de croire qu’elle en avait les capacités, comme le disait Cheryl (Cheryl croyait toujours en iel et iel ne savait jamais comment le prendre) mais elle savait de source sûre que ce ne serait pas facile.

Tout de même, elle se demandait pourquoi c’était elle qui avait été choisie. Qu’avait elle de plus que les autres (qu’avaient ils de moins) ? Peut-être était ce juste pour avoir une actrice populaire auprès des adolescents. Depuis Celestial, certains la considérait comme une étoile montante (et elle aimait être une étoile). Peut être que Glaming Death la propulserait au sommet. Dans ce cas, que ferait elle ? Elle connaissait la célébrité (l’apprivoisait doucement) mais la célébrité discrète. Quelques personnes la reconnaissait et lui demandait une photo, un autographe - et sur les réseaux, elle recevait de nombreux messages et de fan art.

Parfois (souvent), elle avait envie de dire qu’elle ne méritait pas tout ça. Oh elle était heureuse de voir que le personnage de Selena plaisait tant, que des jeunes se retrouvait en cette personne curieuse et aventureuse mais Cassiopée détestait (adorait) recevoir tant d’attention. Elle ne savait pas gérer, elle s’imaginait (savait) que c’était éphémère. Et si ça s’effondrait ? Tout était éphémère et elle avait peur de la fin (comme son histoire avec Cheryl, parce que tout prenait fin, surtout les bons moments).

«Mon amour ? Je sors à la plage, je vais m'entraîner pour mon rôle !
- Quoi ? Attends, Thunder, Cassiopée parle ! On jouera après- Thunder s’il te plait, tu n’es plus un lixy ! »

Alors que Nashira laissait échapper un roucoulement amusement, Cheryl descendit, suivi de son luxray. Ses cheveux étaient lâchés (désordonnés même) et elle portait un tee-shirt simple accompagné d’un pantalon confortable. Cela amusait toujours Cassiopée, de voir la différence entre la Cheryl qui sortait quelque part, toujours maquillée et avec des tenues extravagantes avec la Cheryl des jours à la maison.

«Je disais que j’allais à la plage pour reprendre mon rôle.
- Oooh ok, ça a l’air amusant. Je t’accompagnerai bien mais je suis à la bourre pour mes rapports, je te raconte pas l’horreur. » Elle soupira là ou Thunder vient quémander des caresses.
«Tu veux que je le prenne avec moi ?
-... Volontiers. Il a beau avoir évolué, je le trouve parfois pire que quand il était un lixy. En plus maintenant comme il est grand, il fait tout tomber. Ne me regarde pas comme ça Thunder, tu sais que c’est vrai. »

Cela arracha un rire à Cassiopée. C’était toujours comme ça, Thunder et Cheryl passait leur temps à se chamailler, alors qu’ils s’adoraient dans le fond.  

«A ce soir donc ? Faut qu’on continue notre série d’ailleurs !
- A ce soir.» confirma Cassiopée  avec un sourire.

Elles échangèrent un baiser, puis, le luxray avec elle et son poichigeon sur l’épaule, Cassiopée se dirigea vers la plage - vérifiant une dernière fois qu’elle avait bien le script sur son téléphone.


Elle venait de terminer la relecture de la première scène et devait reconnaitre qu’elle adorait l’introduction qui posait tout de suite le personnage de Meredith. Cela serait un défi, de donner un ton dès le début. Elle devait se montrer charismatique, impactante, mais surtout, maitrisait la manière de parler. Selon l’interprétation de Cassiopée, Meredith devait toujours avoir cette note de venin dans la voix, ce mépris - menace même.

Elle allait d’abord travailler sur ça. C’était comme ça qu’elle fonctionnait, elle cherchait le trait, le point qui distinguait le personnage d’un autre. Pour certain c’était la gestuelle, d’autre les expressions, la façon de parler, la posture - eh bien pour Meredith, c’était le venin qu’elle cachait. Du coin de l’oeil, elle s’assura de où se tenait Nashira - la poichigeon profitait des brises pour planer et Thunder - le luxray jouait avec le sable joyeusement. Bien, elle pouvait se lancer.

«10 ans de malheur trou duc.» marmonna elle avec hargne.

Surprise, elle se figea alors que son visage passa d’une expression fermée à une étonnée. Cassiopée ne s’attendait pas à croiser quelqu’un ici, elle qui s’était volontairement isolée. Mais de toute évidence, quelqu’un était venue jusqu’à elle et, avant même qu’elle ne le réalise, elle mettait son masque (prête à mentir, prête à plaire). Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait demandé à cet inconnu de la laisser tranquille. Cass’ ne voulait pas de compagnie, elle voulait apprendre son rôle, le maitriser.

Mais elle ne pouvait pas le dire (même si elle en brûlait d’envie). Alors, elle laissait ses vielles habitutes prendre le dessus tout en les maudissant, elle analysait la personne en face d’elle, un inconnu. Il se montrait aimable, prévenant, s’inquiéter pour Cassiopée (il ne la connaissait pas pourtant). Elle n’y croyait pas vraiment, cette question vibrait d’hypocrisie : il voulait savoir pour se donner bonne question, personne ne se préoccupait vraiment d’elle (qui le ferait ?). Au moins cela donnait le ton de cette danse, cette mascarade (encore une fois, encore et toujours, elle jouait un jeu faux).

«Tout va bien.» indiqua elle en s’inclinant avec élégance pour le remercier. «J’ai dû vous surprendre, n’est ce pas ? Je m’en excuse. Je suis actrice, je donnais la réplique de mon personnage.»

Elle expliquait avec simplicité, élégance, un doux sourire aux lèvres, pour feindre une bienveillance qu’elle n’avait pas (n’avait plus). Oh, elle n’avait rien contre cet homme, mais elle était fatiguée de devoir faire semblant alors qu’elle s’imaginait enfin être elle quelques heures. Quoiqu’elle ne soit plus sûre de la signification d’être elle.

«Cassiopée, Cassiopée Blyght. Et vous êtes ?»

Politesse obligée, base de la courtoisie. Elle connaissait tout ça sur le bout des doigts. Elle voulait demander ce qu’il faisait là, mais gardait ses questions pour elle. Cassiopée ne devait pas se montrer intrusive, plutôt curieuse sans être insistante. D’ailleurs, elle tournait son regard ailleurs, laissant le temps à l’homme de répondre, donner les précisions qu’elle voulait. S’il s’éloignait, elle le saluerait avec politesse, sinon, elle amènerait la discussion. Comme ça, elle passerait pour une bonne personne.

De toute manière ; elle ne sait pas faire autrement.

Ses yeux se portèrent sur le lointain, ses solaires s’arrêtant sur une grenousse qui sautait de pierre en pierre. Elle admira son agilité, se demandant ce que Cheryl aurait su dire sur ce pokémon. Beaucoup de chose, aucun doute, mais pour l’actrice, il s’agissait d’un pokémon eau très habile. Qui évoluait en amphinobi. En revanche, elle connaissait plus de chose sur les couafarels.

Alors que Thunder acceptait joyeusement le jeu, ravi à cette idée, Cassiopée le regarda, grimaçant en voyant son pelage poisseux. Plutôt maigrichon, il lui semblait en mauvaise état. De tous les pokémons sauvages qu’elle avait croisé, celui-ci ne paraissait pas très débrouillard - et cela fit de la peine à la dresseuse. Il ne semblait pas méchant, tout l’inverse, mais la vie ne devait pas lui sourire. Devrait-elle le ramener ? Cheryl dirait que oui et quelque part, Cassiopée tendait toujours à sa main à ceux qui étaient délaissés (elle l’était aussi). Aussi, conclut-elle mentalement qu’elle le laissait jouer avec les pokémons avant de lui proposer de venir au chaud, à l’abri.

Adressant un sourire affable à Baelfire pour le remercier, Cassiopée prit bonne note de son nom. Unique, Cassiopée devinait alors que Baelfire se démarquait grâce à celui-ci : en interview, un présentateur jovial y aurait vu l’occasion de souligner le kaléidoscope de sens qu’il dégageait,  assez doux et pourtant si vibrant, flamboyant, il en restait des plus harmonieux. Elle le trouvait plutôt joli et ne manqua pas de le commenter à voix haute.

«C’est un très beau nom.»

Pour une fois, elle pensait ce qu’elle disait. Ses propos ne se voulaient jamais faux, mais, fatalement, finissaient par le devenir. Parce que pour dire la vérité, il fallait assumer la possibilité de blesser la personne en face. Quoique, la lady devinait que le compliment glisserait sur le jeune homme ; celui-ci avait déjà oublié Cassiopée, concentré sur le Couafarel. Il aimait les chiens, cela sonnait comme une évidence.

«Oui.» approuva t-elle, avant de porter sa main à son visage pour prendre une mine pensive. «Et si nous cherchions une douche publique ? Il doit y en avoir une à proximité.»

Après tout, Kopadia était réputée pour être touristique, pour plaire grâce à ses plages, ses étendues de sable blanc et son eau turquoise. Un coin de paradis qui attirait tous les curieux, tous ceux en recherche d’un temps de pause. En conséquence, les plages étaient bien équipées. Ce qui, dans cette situation se révélait des plus utiles. En attendant, Cassiopée souligna que ce Baelfire se montrait prévoyant : tantôt avec elle, maintenant avec le couafarel. Etait il sincèrement altruiste ? Les personnes comme ça se faisaient rares.

Au moins lui ne parsemait pas ses propos de piques, de mépris, de mots griffants et déchirants.

Le cri du zapétrel, lui, en revanche, n’était que source de colère et de défi. Surprise, Cassiopée se tourna vers les deux pokémons. D’un côté il y avait ce curieux oiseau qui ne supportait pas la présence de Nashira, de l’autre un noeunoeuf vindicatif. Si Thunder prenait en charge la situation, venant libérant le couafarel avant de rugir sur le pokémon plante pour lui ordonner de déguerpir sur le champ, ta poichigeon aussi se décidait à se dépatouiller d’elle même.

S’inclinant avec respect envers son adversaire, elle accepta le défi sans hésitation… Et sa première attaque fut de piquer vers ton sac pour jeter une pokéball droit sur l’autre oiseau.  

«Nashira…» souffla Cassiopée, interdite. Elle retint un soupir, courtoise en toute situation et se redressa. «Je suppose que Cheryl sera heureuse d’avoir un nouveau pokémon électrique à la maison, si tu as réussis ton coup. »

Ravie, l’oiseau laissa échapper un petit gloussement. Quoi, n'avait- elle pas gagné le combat comme ça ? Elle n’était pas une combattante pur jus et préférait se reposer sur son intelligence plutôt que sa force. Cela dit, elle savait aussi montrer de quel bois elle se chauffait ! Aussi vint elle en soutien du félin et des deux canins, envoyant une puissante bourrasque au noeunoeuf pour faire comprendre la leçon. Qu’il aille embêter d’autres pokémons !

Si fière qu’elle en rayonnait, Nashira ne cachait pas son plaisir d’avoir vaincu et un zapétrel et un noeunoeuf. Elle était tout simplement trop forte ! Et maintenant, le monde entier allait se rendre compte du potentiel dévastateur des poichigeons. Quelle plaisante pensée ! Alors qu’elle gloussait derrière son aile, sa dresseuse lui lança un regard interdit. Elle pensait le poichigeon intelligent, mais avec ce comportement, elle doutait. Cassiopée se tourna vers le luxray. Est ce que l’orgeuil de celui-ci avait détint sur l’oiseau ? Ce serait… Quelque chose.

«Très bien, merci. Et vous ?» demanda la jeune femme, sans même y penser.

En un clin d’oeil, et avant même qu’elle ne le remarque, elle avait reprit ses vieux comportements. Sa voix affable, quoiqu’elle ne souriait pas - la situation ne le permettait pas, son expression soucieuse, tout venait de revenir en une fraction de seconde. Pour l’instant, elle essayait toujours de cerner le jeune homme. Il semblait discret, prévenant - et peut être plus à l’aise avec les pokémons que les humains. Cassiopée devait elle lancer le sujet à propos de son pokémon pour le mettre à l’aise ?

Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait demandé à être laissée seule - mais doux paradoxe qu’elle était, elle cherchait la compagnie tant qu’elle la fuyait. Car la compagnie épuisante, blessante souvent, mais la solitude ne l’est elle pas davantage ?

«Votre pokémon a été attaqué, est ce qu’il est blessé ou tu souhaites une potion ? » s’enquit elle, alors qu’elle venait caresser Thunder qui réclamait un peu d’attention.

Rapidement, elle s’assura que le félin allait bien, ainsi que Nashira, récupérant au passage la pokéball de son nouveau pokémon. Incertaine de ce qu’elle allait en faire, Cassiopée était rassurée de compter sur Cheryl pour l’aider. D’ailleurs, la ranger venait de lui envoyer une message d’une de ses toiles.

Pas encore totalement terminée d’après les dire de l’artiste, elle dépeignait un paysage à l'atmosphère, lourde, pesante et presque menaçante. La peinture donnait l’impression d’être une ode à la colère et peut être le devait elle à ses couleurs, à son rouge, orange (multiples couleurs solaires) flamboyant qui se trouvait tant des les éclairs qui zébraient un ciel pluvieux que les explosions enflammés sur les berges de la forêt. Même l’eau paraissait agitée, intenable, prise de vagues - sans doute le vent, la tempête qui la faisait virevolter. Rien n’était vraiment imobile dans ce tableau : que ce soit les arbres en premier plan qui se plient sous le vent ou les flammes dévastatrices au second. Peut être les arbres et montagnes à l’arrière donnaient l’illusion d’un peu de paix, mais plus Cassiopée les regardait, plus elle les trouvait menaçant plutôt qu’apaisant. Ombres dissimulés, ombres menaçantes, elle se tenait au dos des feux alourdissant le tableau. Le détail que préférait l’actrice restait cependant les larges montagnes. Au début, elle avait pris les lignes orangées pour de la lave, avant de penser au reflet d’un soleil levant… Puis c’était demandé si ce n’était pas juste les éclairs, ces griffes rougeoyantes dans ce tableau intense. Quoique la troisième option semblait la vraie, les deux autres lectures paraissaient tout autant probable et c’était un détail fascinant. Cassiopée ne remarqua seulement qu’à la fin la pluie délicate qui avait été représentée : pointe de tristesse cachée par une fureur de la nature. C’était magnifique et elle avait hâte de voir le tableau en face d’elle.

Mais elle prit garder d’envoyer une message rapide à sa copine, ne souhaitant pas ignorer Baelfire. Au lieu de ça, elle lui adressa un sourire discret pour le remercier de son compliment avant de préciser.

«Allons y. » Un petit coup d’oeil au coufarel. «Ouvrons aussi l’oeil pour une supérette, je pense qu’un peu d’eau lui ferait du bien.»