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Une nouvelle soirée, une nouvelle nuit sans sommeil pour la jeune femme. Arrivant à la fin de son chapitre, elle repose son livre en équilibre sur la pile de bouquins trônant sur son meuble de chambre, avant de jeter un coup d’œil furtif à l'horloge de son téléphone. « 3h48 » lui indique l’écran lumineux. Très tard pour certain. Encore beaucoup trop tôt pour elle. Et malgré sa fatigue, pas le moindre signe d’une quelconque envie de dormir. Elle avait bien essayé de trouver le sommeil un peu au début, mais avait vite dû se rendre à l'évidence. Il s’agira d’une nouvelle nuit blanche.

Balayant sa chambre en désordre du regard, elle essaie de réfléchir à quoi faire. Continuer à lire ? Elle aimerait bien se garder quelques chapitres pour plus tard, histoire de se garder un peu de suspens. Travailler ? Il lui manque des données pour continuer la rédaction de son mémoire. S’occuper de ses plantes ? Elle les a déjà toutes bichonnés autant que possible.

Et puis, alors qu’elle réfléchit à lancer une série, son regard se pose sur son short de sport. Hésite un peu. Il y a plus prudent mais… Cela fait longtemps. Et puis… elle a Zinnia pour la protéger maintenant, non ? D’accord, à d'autres. Mais finalement l’envie de sortir l’emporte sur la prudence, et la voila qui se change, troquant son pyjama pour le short et un débardeur noir.

« Tu veux venir avec moi toi ? »

Zinnia lève une oreille à la proposition, un petit sourire malicieux sur son visage, semblant peser le pour et le contre, puis choisit finalement de se redresser en s’étirant, lui adressant un sourire qui semblerait angélique si elle ne connaissait pas mieux la Chinchidou. Mais quoi qu’elle puisse en dire, la présence de la boule de poils aura quelque chose de rassurant. Hors de question de lui avouer en revanche.

Faisant le moins de bruit que possible, la jeune femme et sa peluche sur patte se faufile en dehors de la chambre en faisant le moins de bruit possible, autant pour ne déranger personne dans son sommeil que pour ne pas être surpris a sortir pour un footing en plein milieux de la nuit, se doutant que personne n’approuverait vraiment. Chloé en profite pour se servir et engloutir une dernière tasse de café pour la route, et la voilà sortie.

Et malgré une certaine nervosité et une légère culpabilité, il faut bien avouer que sortir et courir lui fait du bien. Déjà car elle commençait à en avoir marre des murs de sa chambre, mais aussi car l’exercice l’aide à retrouver un peu d’énergie et à combattre la fatigue. Et qui sait, peut-être même qu’avec un peu de chance cela l’aidera à trouver le sommeil une fois rentré. Peut-être. Cela arrive. Parfois.

Profitant du calme de la nuit, a une heure ou il n’y a personne dehors et ou le bruit de la ville s’est grandement réduit. Elle entend toujours quelques rares voitures parcourir les rues presque désertes, et le bruit des feuilles mortes balayé par le vent et par ses pas. Si elle avait d’ailleurs hésité à prendre des écouteurs et de la musique, elle avait cependant jugé plus sûr de s’en abstenir. Et Chloé poursuit son footing, choisissant le plus possible de passer par des endroits qu’elle connait bien, et les plus sûrs qu’elle puisse connaître… puis elle sent subitement la sensation d’un truc qui lui grimpe le long de la jambe jusque sur l’épaule ! Elle sursaute un bon coup… et jette un regard noir a la Chinchidou, qui a apparemment jugé qu’elle en avait marre de trottiner.

« …tu l’a fait exprès, pas vrai ? »

Zinnia lui offre un de ses regards les plus innocents, ceux qui sont généralement le plus grand signe de culpabilité pour Chloé.

« Tu aurais juste pu me demander tu sais ! »

Cette fois-ci le regard se fait dubitatif. Peut-être a raison.

« D’accord, mais tu aurais au moins pu me prévenir ! Tu m’a fichu une sacrée frous… »

Et alors qu’elle se dispute avec son pokémon… elle réalise subitement qu’elle entend un bruit… de pas ? Droit dans la direction ou elle va ? Il semble qu'il y ait pas mal de monde, mais les bruits s'éloignent alors… bien que plus prudemment, elle poursuit sa course pendant un temps… puis se dit finalement qu’elle aurait mieux fait de faire demi-tour, en apercevant une personne et… de la ou elle est, elle a bien l’impression qu’il est quelque peu amoché.


‘’Ne t’arrête pas Chloé, ne t’arrête pas Chloé, continue ta route et ne fait pas de folie… »


« Euh… monsieur, euh… vous… Vous avez besoin d’aide ? »


‘’Crétine. Évidement qu’il a besoin d’aide. Et pourquoi t’es pas partie ?!’’


Mais c’est plus fort qu’elle. Elle a beau se dire que cela peut-être dangereux, pas ses problèmes, qu’elle ne sait pas qui il est, comment il a fini dans cet état a une heure pareil… elle est juste incapble de faire comme si elle n’avait rien vu. Et si elle reste pour le moment à une distance respectable, elle avance tout de même vers celui qui semble être un jeune homme, une expression légèrement anxieuse sur le visage. Autant pour lui que pour elle d’ailleurs.

« Ca va » ? Pendant un bref instant Chloé se demande bien quoi faire d'une telle réponse, mais finalement l’heure tardive et la fatigue lui font rapidement abandonner l’idée d’aborder la situation avec tact.

« Je suis désolé mais… votre réponse et a peut près aussi stupide que ma question. »

Car il est absolument évident qu’il ne va pas « bien », et pas besoin d’être un génie pour voir ça.

« De l’eau ? Désolé, je n’en ai pas sur moi… »

S' il lui arrivait parfois d’embarquer une bouteille avant de partir courir, ce n’était pas le cas aujourd’hui. Elle ne s'attendait pas à sortir très longtemps après tout. Et encore moins à tomber sur une personne à moitié assommée en pleine rue. Pendant un instant elle pense à trouver un magasin ouvert pour lui en prendre une… avant de se rappeler l’heure, et de se faire la réflexion qu’elle ne préfère pas l’abandonner à son sort. Bien qu’il faut bien l’avouer, la situation l’a fait bien flipper.

« Juste un peu de mal à trouver le sommeil. Pour vous aussi il est tard. »

Elle répond machinalement à la remarque avec une petite moue, sans même savoir pourquoi. Probablement par réflexe. Parce que cela l’agace un peu qu’on lui fasse remarquer. Et que la nervosité n’est pas pour l’aider à calmer ses nerfs déjà sensibles. Alors plutôt que de laisser l’anxiété prendre le dessus, elle essaie de se concentrer sur quelque chose de concret, sur ce qu’elle sait faire pour se calmer. Et comme cela consiste à aider la personne en face d’elle, c’est faire d’une pierre deux coups.

Et de fait, l’homme semble tout de même pas mal amoché, et bien qu’elle ne puisse pas dire à quel point sans l’ausculter il paraît assez évident qu’il s’est fait passer à tabac. Donc de potentielle contusion et bleu dans le meilleurs des cas, et os brisé, hémorragie interne et commotion cérébrale dans le pire. En l’occurrence il semble encore conscient et lucide, ce qui est…

Une impression d’auréole ? Ok, elle retire ce qu’elle vient de penser sur la partie lucide. Et la réflexion ne l’aide clairement pas à se concentrer. Elle qui à déja du mal à aborder les relations avec autrui, le jeune homme lui envoie des signaux tellement différents que c’en est hautement perturbant. Il dégage un mélange de douceur, de nonchalance et de… dangerosité. Pour elle, les autres… mais aussi et surtout lui même.

« Monsieur, vous… vous savez ou vous êtes ? Et comment vous vous appelez ? »

Ne préférant pas répondre à l’invitation du jeune homme pour le moment, et préférant largement rester debout que de s'asseoir la voilà qui passe à des questions de secourisme de base. Juste histoire de vérifier s’il n’y a pas quelque chose d’un peu trop secoué la dedans.

« Il serait probablement plus sage d’appeler une ambulance… vous pourriez avoir une blessure grave sans le réaliser… »

Et elle lui jette un regard qui se veut sévère et sérieux, mais qui ne parvient pas à camoufler un mélange d’anxiété et d’hésitation. Car au vu de sa réponse à sa toute première question, il ne semble pas vraiment prendre son état au sérieux… ou alors il en est parfaitement conscient, et s’en fiche. Ce qui serait presque plus grave pour Chloé. Rectification, c’est définitivement plus grave encore pour elle.

Elle a raison ? Evidemment qu’elle a raison ! Rien qu'à le voir elle en a mal elle aussi ! Et elle se demande bien comment il a fait pour finir dans cet état… ou plutôt à combien il s’y sont mis pour le mettre dans cet état.

« Oh, je suis sûr qu’elle est très intéressante… mais pas dénuée de dangers. »

Mais à peine cette phrase a quitté ses lèvres qu’elle le regrette déjà. Que fait-elle là alors ? Elle-même se pose la question. La jeune femme peut cependant comprendre la fascination qu’éprouve certains pour la nuit, apprenant elle aussi a découvrir cette vie nocturne qui lui a été imposé par un coup du sort. Essayant de tirer le maximum possible de ce qu’elle considère encore comme une malédiction.

Les questions le font rire. Chloé n’en prend pas ombrage mais ne se laissent pas gagner par l’hilarité du jeune homme, gardant son expression sérieuse, et hésitant un peu avant de lâcher de façon laconique :

« Chloé. »

Son rire et ses réponses sont tout de même rassurantes, cela signifie que le dénommé Oyaris à encore toute sa tête… plus ou moins. Mais cela n’en rends pas son état, et son comportement vis-à-vis de celui-ci moins inquiétant. Et justement, le voilà qui refuse de la laisser appeler une ambulance. Un refus qui ne surprend malheureusement pas Chloé, mais qui ne la désole pas moins. Et si pendant un instant elle hésite à en contacter une sans lui demander son avis, et peut-être même la police aussi, ce refus répété à deux reprises la fige sur place. L’effraye, alors qu’elle avait peut-être un peu trop relâché sa garde, et son expression trahit cette peur.

Et cette peur qui ne fait que se renforcer en voyant Oyaris se relever. Peur pour elle mais aussi pour lui, et à nouveau elle laisse place à un mélange d’inquiétude et de sévérité sur son visage.

« Stop, pas la peine de vous relever alors que ça vous fait évidemment souffrir ! Vous… Vous proposiez de s'asseoir c’est ça ? Faisons ça, d’accord ? »

Et bien qu’hésitante, la voilà qui se baisse, venant s’installer à côté de la ou le jeune homme était encore étendu il y a quelques instants. Se tenant également prête a l’aider à se rassoir.

Il a connu pire dit-il. Un bref coup d’œil sur son visage suffit à convaincre quiconque de la véracité de ses propos. « Je vois ça… ». Malheureusement pendant ses études elle a eu l’occasion de travailler sur des corps. De jeune gens parfois, qui eux aussi se sont peut-être dit « j’ai connu pire. ».[/b][/color]

… qu’est-ce qu’elle fait là ? Assise, en plein milieu de la nuit, à parler avec un type qui vient probablement de se faire casser la figure ? Et si les responsables revenaient ? Et si cet Oyaris se révélait dangereux ? Elle jette un bref coup d’œil a Zinnia, qui s’est perchée à l’un des lampadaires, et semble regarder cela avec un certain amusement, se demandant si la Chinchidou lui serait d’un quelconque secours en cas d’attaque. La raison lui hurle de partir, de le laisser se débrouiller. Ce ne sont pas ses problèmes, et si il semble aussi sûr que tout ira bien, et bien qu’il se débrouille.

Mais cette raison fait bien peu de poids face au cœur de la jeune femme, qui l’interdit de partir tout de suite, de fuir en laissant seul avec ses blessure, quand bien même il refuse de s’en occuper sérieusement. De l’abandonner à son sort.

Elle prend une grande inspiration, essayant de calmer sa respiration, et le mélange de peur et de colère qui bouillonne en elle. Et il lui vient une idée.

« J’ét…. Je suis étudiante en médecine… Ok, ça vous dit de passer un marché ? J’appelle pas d’ambulance, je discute et réponds à vos question et en échange vous me laissez examiner vos blessures ? Ça vous va ? »

« Certes, mais c’est pas une raison pour la mépriser… »

Chloé bougonne, légèrement agacée par la rhétorique de l’inconnu. Oui, bien sûr que rien n’est absolument sûr, que la vie est parsemée de danger. Cela ne rend pas impossible de rester prudent et de la chérir, de la préserver pour autant.

Au moins elle est rassurée de voir son interlocuteur accepter de se rassoir, l’aidant comme elle le peut dans cette opération. Enfin, rassuré… c’est un bien grand mot. Légèrement moins nerveuse disons ? Au moins elle n’est plus assise face à quelqu’un de debout si quelque chose se passe mal. Mais plus qu’une simple histoire de position, cela la rassure surtout sur les intentions de Oyaris, qui accepte de rester et ne s’entête pas à vouloir partir. De même, sa nervosité baisse d’un nouveau cran quand celui-ci accepte son marché. Ce n’est pas parfait, mais au moins elle pourra faire son maximum pour essayer d’éviter une catastrophe.

Cependant, elle ne peut s’empêcher de tiquer alors qu’il répète une nouvelle fois que « c’est pas grave. ». Pendant un court instant la sévérité et la tristesse se disputent dans son cœur, pour que finalement la sévérité l’emporte et se dessine sur son visage…

« Ça peut être grave ! Comment on peut en être sûr si on ne regarde même pas ?! Peut-être que vous ne voyez rien pour le moment, mais qui sait ce qu’on vous a fait exactement ! Vous tenez réellement à prendre le risque de finir votre vie ici, sur un trottoir ? »

… et aussi rapidement qu’elle est venue, ce bref éclat de voix résonne dans la nuit avant de s’estomper, et cette étincelle de colère est éteint par une vague de tristesse. Elle sent ses yeux devenir humide, doit se retenir pour ne pas laisser les larmes lui monter au yeux alors qu’elle observe le visage marqué de son interlocuteur, preuve des épreuves qu’il a déjà eu à traverser. Si son état actuel n’est « pas grave… » elle préfère ne pas imaginer ce qu’il a déjà eu à endurer.

« Votre état pourrait se détériorer sans que vous en ayez conscience faute de soin… Se serait… si stupide. Un tel gâchis… Vous n’avez personne qui vous pleurerait s'il devait vous arriver quelque chose ? »

Et si il répond pas l’affirmative… Elle préfère ne pas y penser.

Encore sous le coup de ce bref moment d’émotivité, il lui faut un bref instant pour se reprendre, alors que le jeune homme commence à faire usage de sa part du marché pour poser des questions. Elle prend un bref moment pour réajuster ses lunettes et essuyer subrepticement les débuts de larmes, quelques secondes qu’elle utilise pour trouver les réponses à ces questions.

« Je… faisait un jogging. J’arrivais pas à trouver le sommeil. »

S’entendre qualifié de gentille en revanche lui arrache une petite moue entre gêne et frustration. Ce n’est pas la première fois qu’on l’a qualifie ainsi. Gentille. Bienveillante. Prévenante. Empathique. On l’a souvent désigné de cette façon. Et si cela lui faisait plaisir au début, elle a fini par trouver cela frustrant. Elle ne fait pas ça par pure bonté. Pour être gentille. Elle fait cela parce que cela lui semble normal. Et c’est ce qu’elle aimerait dire a Oyaris… et pourtant elle sait que ce n’est pas le cas. Que ce n’est pas normal pour tout le monde, surtout à New Pyra. Qu'à sa place, beaucoup se serait contenté d’appeler les secours ou la police, aurait fui, ou aurait tout simplement passé son chemin. A vrai dire, si sa petite sœur devait se trouver un jour dans cette position, elle lui dirait d’opter pour les solutions un ou trois. Mais douce comme elle est, Chloé, ne doute pas que sa petite sœur serait probablement tenté de prendre les mêmes risques qu’elle, au grand dam de leurs parents. Et d’ailleurs, en parlant de ses raisons…

« … je… j’ai… juste pas envie de laisser une personne blessée souffrir alors qu’il y a quelque chose que je peux faire. C’est si étrange que ça ? »

Oui. Et elle le sait. Mais elle tient quand même à entendre la réponse de Oyaris. Elle ne sait trop pourquoi… probablement car il y a chez ce garçon quelque chose de singulier, quelque chose qui lui donne l’impression que sa réponse pourrait être intéressante.

Concernant les siennes de réponses, elle décide de commencer à se montrer plus prudente dans ce qu’elle dit, car à tous les qualificatifs utilisés jusque-là pour désigner Oyaris, elle peut ajouter l’adjectif perspicace. Elle n’est malheureusement pas une très bonne menteuse… mais elle va faire avec.

« Je… j’ai… oui, j’étais. J’ai découvert que j’était trop émotive pour poursuivre dans ce domaine. »

Ce qui n’est d’ailleurs pas totalement un mensonge. Plus une demi-vérité.

Et puis le voilà qui tape à nouveau ou ça fait mal. Lui pointant non sans une certaine innocence son hypocrisie, ce qui ne manque pas de la mettre mal à l'aise… et de légèrement l’agacer.

« Je savais que c’était pas raisonnable, mais j’avais juste envie de m’aérer l’esprit. Je pensais pas que… j’ai pas trop réfléchi en fait. »

Ou elle a plutôt réfléchi au risque, et pensait qu’elle serait capable de les éviter. Et la voilà, assise, à parler à un inconnu qui vient de se faire rouer de coups en pleine rue. Mission échoue avec brio.

Cependant elle s’est assigné une autre mission pour ce soir, laquelle est de s’assurer que l’inconnu en question ne se tue pas avec son irresponsabilité, et si dernier a fait un bon usage de sa part du marché en appuyant là où ça fait mal, c’est à son tour d’user de la part du sien, en appuyant elle aussi là ou ça fait mal. Au sens littéral ce coup-ci.

« Je n’en doute pas… bon, vous pouvez soulever votre haut et me montrer votre torse ? »

Une phrase qui sors de but en blanc, alors qu’elle regarde Oyaris droit dans son œil avec le plus grand sérieux.

Des dès. Vraiment ? Chloé doit se retenir très fort de lâcher un juron. Ce n’est pas dans ses habitudes pourtant, mais le jeune homme à l’art de l’irriter. Et de fait…

« … c’est terriblement égoïste comme façon de penser. »

… Elle ne peut finalement pas se retenir de dire le fond de sa pensée en l’entendant répondre « ils survivront ». Ils survivront. Elle a beau ne pas savoir qui sont ces « ils », ne pas savoir leur relation avec Oyaris, cette réponse suffit à la mettre profondément en colère. Une colère froide qui rend sa voix sec et cassante, alors qu’elle se retient d’exploser et de la laisser s’élever comme il y a quelques instants. « Ils survivront. » Quelques choses qui lui suffisent à comprendre que le jeune homme tient à eux. Pour comprendre que cela est probablement réciproque. Pour comprendre qu’il cherche à les écarter de sa vie. Et qu’il fait définitivement bien peu de cas de cette dernière.

« La mort, c’est toujours beaucoup plus facile pour ceux qui partent que pour ceux qui restent. »

Si, par chance, elle n’a jamais vécu personnellement cette épreuve, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle n’y a jamais assisté. Les pleurs de cette famille viennent encore écourter ses rares nuits de sommeil, plusieurs mois après les faits…

« Oui, un gâchis. La vie est quelque chose de précieux. C’est peut-être cliché à dire, mais c’est vrai. »

Elle parle à demi-mots, en serrant les dents. Elle ne devrait même pas devoir à préciser des choses pareil.

« Effectivement, la salle de sport. Ou les sites de rencontres. »

Elle ne saurait même pas dire si la remarque d’Oyaris est une simple boutade, une tentative de flirt fort peu à propos, ou elle ne sait quoi d’autre, mais elle l’accueil avec toutes la froideur dont elle est capable, et ce n’est pas uniquement car elle se concentre sur la tâche qui l’attends.

Et alors que la colère bouillonne en elle… Le voilà qui relève son haut, révélant encore plus de traces de brûlure. Des très vilaines cicatrices également. Et une fois de plus la colère s’éteint, comme si on avait subitement coupé la flamme qui l’alimente. Elle se sent presque… perdu, désemparé face à la violence dont témoigne sa peau.

Et une fois de plus, ses mots viennent toucher un point sensible. Sa gorge se serre sous le point de l’émotion. Mais non. Elle ne doit pas craquer. Ne craquera pas. Ce rêve devenu cauchemar, elle a pris la décision de l’abandonner. De poursuivre une nouvelle voie sans regarder en arrière. Et elle ne laissera pas sa résolution être ébranlée. Retourner sur un chemin qui ne fera que la blesser, et inquiéter ceux qui l'entourent. Et pourtant, autant qu’elle essaie de la contenir, l’émotion transparaît dans sa voix.

« Peut-être… peut-être pas. C’est du passé de toute façon. J’ai trouvé autre chose. Mais j’y ai suffisamment appris pour aider les inconscients qui ne prennent pas soin de leur santé. »

Elle a l’impression que le jeune homme joue avec les cordes sensibles de ses sentiments. Tirant dessus, jouant avec, alternant tristesse, colère, méfiance, peur et mélancolie. Elle se sent subitement fatigué, et se frotte à nouveau les yeux avant de reporter son attention sur le torse de son « patient. »

« Je vais appuyer légèrement, essayez de me dire quand ça fait mal. »

Et tout en palpant son torse, elle presse légèrement au niveau de ses côtes…  peut-être un peu plus fort que nécessaire. Parce qu’il serait capable de mentir, de cacher sa douleur et de nuire à son examen. Aussi un peu dans l'espoir qu’il prenne la chose au sérieux. Car elle est en colère. Parce qu’elle est fatiguée.

Oui. Oui. Une réponse qui laisse place à un silence tendu. Que peut-elle répondre à ça ? Que peut-elle ajouter ? A quoi bon essayer d’argumenter, d’ajouter quoi que ce soit face à une t’elle réponse ? S’il en est conscient, l’assume, mais n’en a cure ? Alors elle ne dit rien. Laisse planer ce silence. Se concentrant sur son examen. Se contentant de constater la tristesse de ce simple oui.

Mais petit à petit la tension se fait de plus en plus palpable. De plus en plus malaisante. De plus en plus angoissante. La jeune femme sent inconsciemment l’atmosphère changer autour du blessé et se surprend à voir ses mains légèrement trembler alors qu’elle parcourt son torse.

Puis elle sursaute. A un mouvement de recul alors qu’il ouvre la bouche à nouveau, rompant ce silence. Le ton calme, détendu, vaguement narquois et lyrique par moment, laisse place à une voix sèche, cassante, laissant deviner une forte émotion. De la colère. De la tristesse aussi.

Chloé ressent cette colère, cette tristesse. Mais en cet instant précis, ce qui occupe son esprit et ses actions est la peur. Peur de ce changement, peur de l’instabilité qu’elle perçoit maintenant, peur qu’il risque de lui arriver quelque chose. Elle recule, écartant ses mains de sa peau, essaie de parler mais ne parvient qu’à balbutier.

« Je… je suis…. Désolé… »

Elle se sent perdue, ne sait pas quoi faire. Hésite à rester. A insister. Ou partir en courant, en espérant un jour oublier cette soirée et sa lâcheté, tout en sachant qu’elle n’y parviendra pas. Mais au final elle n’a pas à prendre cette décision car ses chevilles tremblantes lui font perdre l’équilibre, basculer en arrière. Se retient juste de basculer en mettant une main derrière elle, mais ne parvient pas à se relever.

Alors… Elle se contente de l’écouter, entre un mélange de fascination et de terreur… et d’un soupçon de culpabilité aussi. Peut-être.

Peut-être… n’a-t-il pas tout à fait tort. Le juger ainsi n’était pas très adroit de sa peur, et elle le sait. Elle ne connaît pas son histoire non plus. Une histoire qu’elle devine très triste, comme en témoigne sa réaction, comme en témoignent les stigmates sur son corps. Et pourtant… et pourtant, bien qu’elle se sente coupable, elle ne peut s’empêcher d’être en désaccord avec lui. La vie est précieuse. Imaginer ainsi laisser les siens derrière via la mort est égoïste. Mais cette fois-ci elle ne parviens pas à s'exprimer. Les mots ne veulent tout simplement pas quitter ses lèvres.

Puis… elle sent un semblant de calme revenir. La tension est toujours là, la pluie toujours drue, mais l’orage est passé. Et le jeune homme finit de parler sur une phrase cryptique. Laissant Chloé incapable de réfléchir correctement. Elle se sent… fatigué. Fatigué mentalement comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps. Pendant un bref instant elle cherche à se redresser, mais cette fois-ci ce n’est plus la peur qui la paralyse, mais juste la fatigue et l’engourdissement de ses muscles, restés trop longtemps dans une mauvaise position.

Elle hésite un instant. Puis finalement se traîne à côté du jeune homme, s’asseyant à nouveau à côté de lui. Rabattant ses jambes contre sa poitrine, entourant ses genoux de ses bras. Soulève brièvement ses lunettes pour frotter ses yeux fatigués. Elle commence à avoir mal à la tête.

Elle reste silencieuse. Elle ne saurait dire pendant combien de temps. Quelques secondes ? Quelques minutes ? Une heure ? Le temps qu’il faut pour rassembler une partie de ses pensées. Pour rassembler un semblant de courage.

« … Vous… vous avez pas de côtes cassées mais… il y en a probablement deux qui sont fêlées… Et je peux rien dire pour d'autres blessures internes. Et… vu la couleur… et le gonflement… je pense que votre poignet est foulé. Y… y a des attelles en vente en pharmacie au besoin… »

Et elle se tait. Lance un coup d'œil en biais dans sa direction, attendant sa prochaine réaction.

Il ne la frappera pas. En entendant cela, Chloé aimerait être brave. Répondre sur un ton sarcastique que ce n’est pas dans son état qu’il pourrait lui faire le moindre mal. Qu’elle est parfaitement capable de se défendre toute seule, contrairement à lui semblerait-il. Ou encore plus simplement qu’elle n’a pas peur de lui.

Mais la vérité c’est qu’entendre ces mots la rassure un peu. Parce qu’il a l’air étrangement sincère. Et parce qu’en fait, elle a eu peur. Très peur. Que ses jambes, ses mains, sa voix tremblent. Que son cœur bat la chamade, et qu’encore maintenant elle a du mal à vraiment se calmer.

Un merci.

Une nouvelle surprise. Elle ne s’y attendait vraiment pas. Ou ne s’y attendait plus peut-être. Mais… cela lui fait quand même un peu plaisir. Quand bien même elle n’avait pas fait ça pour être remerciée.

Puis une question.

Pendant un instant, elle reste silencieuse. Elle n’a pas envie qu’il entende les tremblements de sa voix. Elle à peur de ne pas parvenir à réprimer les hoquets, les larmes. Parce qu’elle ne sait pas exactement ce qu’elle a envie de dire aussi. Parce qu’elle ne veut pas risquer de trop en révéler. Parce qu’avec son mal de tête grandissant elle à du mal à réfléchir.

Et il lui demande à nouveau.

Nerveusement, elle se mordille l’intérieur de la lèvre. Puis…

« D’ac… d’accord… pourquoi pas… »

Un nouvel instant de silence, alors qu’elle essaie d’organiser ses pensées confuses. D’essayer de donner un sens à son histoire, de le satisfaire sans trop en dire.

« Je… je suis encore étudiante… enfin, en quelque sorte… Je… je passe un doctorat pour être exacte… Je… viens de commencer, donc j’ai pas encore grand-chose à en raconter… »

Un petit mensonge. Ou une vérité quelque peu déformé. Dans d'autres circonstances, elle pourrait sûrement parler des heures durant de son travail. De ses idées. Des livres qu’elle a déjà lus, des pistes qu’elle à, des travaux qui l’ont inspiré. Mais ce ne sont pas des circonstances normales. Ni le lieu, ni l’heure, ni même son interlocuteur.

« Et… et vous ? »

Elle tente de faire la conversation. Lui retourne sa question. Et pourtant, une part d’elle redoute d’entendre sa réponse. Ne sait même pas s’il va lui répondre. Peut-être vaudrait mieux t’il qu’il ne réponde pas en fait ? Qu’il accepte ou non, elle n’insistera pas.

Depuis combien de temps est-elle la ? Elle ne saurait le dire. Elle a l’impression que cela fait une éternité. Essaie de se convaincre que cela ne doit pas faire si longtemps que cela en réalité. N’ose pas bouger, sortir son téléphone pour vérifier. Tu penses à tes parents, ta sœur à la maison. Prie pour qu’il ne se réveille pas, se demande où tu as bien pu passer. N’appelle le fameux téléphone. L’avait-elle remis sur sonnerie ? Est-il encore en silencieux ? Elle ne sait pas, ne sait plus. A du mal à réfléchir.

Il va falloir qu’elle pense à rentrer. Pour ne pas qu’il s’inquiète. Pour faire mine de dormir. Mais pourtant elle n’arrive pas à se lever. Ses jambes sont encore tremblantes. Elle ne sait pas comment l’annoncer à son interlocuteur. Ne sais pas comment elle le prendrait. Elle au fond, elle n’aime pas non plus l’idée de juste le laisser là, de partir en le laissant derrière sans savoir s’il va être capable de rentrer chez lui… ou quelque soit l’endroit où il est censé rentrer. Et elle ne sait pas si le temps lui permet de reprendre des forces, ou si au contraire l'affaiblit de plus en plus.

Serait-il capable de se lever d’ici quelques minutes ? Et si oui, que fera-t-il ? Ou risque t’il de s’écrouler d’ici peu ? Si elle le voit tomber dans les pommes, elle se tient prête à appeler les secours, qu’il le veuille ou non.

Et donc la jeune femme attend. Elle attend de voir comment son état évolue. Elle attend que le tremblement de ses jambes se calme. Tout en imaginant les secondes qui s'écoulent, tel les grains de sable dans un sablier. Son mal de crâne grandissant. Ses yeux se faisant plus secs et douloureux.

Elle répond aux questions de Oyaris. Tente de faire la conversation… Elle ne sait pas à quel point il sera lui-même prêt à révéler sur lui, mais elle ne peut qu’essayer.

« Sur… des traitements médicaux, pour faire court. Pour… pour faire long… je… je pense qu’on pourrait beaucoup apprendre des pokémon plante et poison pour développer de nouveau médicament, de nouveau traitement… »

Mais a ce stade tu n’a encore que l’ébauche de ce projet. Tu n'as même pas encore mis les pieds aux laboratoires de Anthos, ni rencontré ton tuteur.

Puis elle a comme une confirmation de ce qu’elle pensait tout à l'heure. Un frère et une sœur… ne serait-il pas triste s’il lui arrive malheur? Il essaie de les faire vivre… Comment peut-il dire de telles choses, tout en n’éprouvant aucun remord à l'idée de disparaître ? De les laisser derrière. Alors qu’il tient visiblement à eux…

Tu commences à ressentir de la colère. A de la frustration, face à son comportement. Tu as beau savoir que tu n'es probablement pas bien placé pour le juger, mais c’est plus fort que toi. Peu de chose son plus triste à tes yeux qu’un tel mépris pour sa propre vie, peu ne provoque plus ta rage que quelqu’un prêt à abandonner des proches.

Mais tu te retiens. Un peu car tu a appris ta leçon. Un peu par fatigue. Un peu par peur. Te contentant de réagir à ce qu’il ajoute ensuite.

« Vous n’avez jamais eu envie de faire d'études ? Mais, je peux comprendre… Je sais que peu de gens aiment passer leur journée le nez dans des bouquins.. »

Elle est consciente de toujours avoir été une exception à cet aspect. Même parmi les élèves les plus studieux qu’elle avait pu rencontrer, peu éprouvait un réelle plaisir à dévorer un manuel de science de la vie ou de mathématique…

« Il… y a autre chose que vous aimez faire alors ? »

Elle se demande s' il répondra à cette question. Elle espère que oui. Pense que non. Ne sais pas si elle veut vraiment la réponse… mais elle a toujours été curieuse. Et pense que toute vérité, même effrayante, est bonne à savoir. Car cela permet de s’y préparer.

« Je… j’ai pas encore commencer a travailler dessus en fait… mais… mais comme mon sujet et ma candidature a été accepté… aussi bien que ça pourrait se passer pour le moment, haha… »

Un petit rire sans joie, un petit rire nerveux. Elle essaie de chercher quelque chose à dire. Quelque chose pour éviter que le silence ne s’installe. Elle aime généralement le silence. Mais ici ce serait trop inquiétant. Et puis lui vient une idée.

« C’est… c’est un sujet qui vous intéresse ? »

Vous voudriez en reparler quand j’aurais plus de chose à vous dire ? Elle hésite à lui dire pendant un bref instant. Mais n’ose finalement pas. Pas maintenant.

Ses jambes avait arrêté de trembler. Mais désormais elle sentait comme des fourmillement les parcourir. Provoquant une subtile douleur. Signe d’une ankylose. Qu’elle est ici depuis un certain temps aussi. Et qu’elle n’a pratiquement pas bougé depuis qu’elle s’est assise, repliant ses genoux contre elle dans un geste défensif.

« Oh, je… je ne sais pas à quel point c’est une bonne piste mais… c’est… un sujet que j’aime bien et… enfin, j’espère juste que je trouverais des choses intéressantes… »

Encore un petit mensonge, presque inconscient. La vérité c’est que la jeune femme ai bien plus ambitieuse que ça, mais elle-même peine à y mettre les mots. Plus encore alors qu’elle se sent vulnérable. Mais elle espère renforcer les liens entre humain et pokémon. Espère trouver de quoi soulager les souffrances de ceux qui souffrent. Aider les autres. D’une façon moins directe que tu l’aurais souhaité fut un temps. Mais c’est la seule voie qu’il lui reste désormais, la seule qu’elle parvient à envisager.

Une voie qui ne conviendrait pas à tout le monde, elle en convient. Qui ne conviendrait surement pas à Oyaris. Bouger.

Doucement elle déplie ses jambes. Les bouges un peu, pour que la circulation du sang reprenne. Ouvre un peu sa posture défensive.

Oui, s' il aime bouger, probablement ne pourrait-il pas supporter de passer ses journées derrière un écran. A lire articles après articles, relevés d’analyse et encyclopédie. Et pourtant…

« … comment ça ? »

L’humanité. Un sujet si vaste. Qui parait si complexe a la jeune femme, plus complexe qu’aucun elle n’a jamais étudié. Et tout à la fois beaucoup plus joyeux et effrayant que tout le reste. Bien que l’éternel optimiste en elle croit fermement qu’il y a du bon en l’humanité. Bien qu’il soit plus facile d’en voir le mal. Peut-être parce qu’elle a toujours vécu dans un environnement aisé, entouré d’une famille aimante. Elle en est consciente. Et accepte d’être sûrement un peu naïve. Sans pour autant vouloir renoncer à ses convictions.

Quand bien même ses convictions sont ébranlées lors d’une nuit pareille. Et pourtant… Aussi effrayant soit il, Oyaris semble être une bonne personne au fond.

« Ahah… observer comprendre et analyser… d’une certaine façon ce n’est pas si différent de ce que je fais. Juste… que la forme et le sujet sont différents… »

Elle laisse apparaitre un mince sourire. Et bien qu’elle puisse comprendre sa décision, une petite part d’elle ne peut s’empêcher de trouver un peu triste qu’il ait abandonné l’idée d’étude de tel façon… il semble avoir autant la passion et les idées pour faire de belles choses…

« Merci… j’espère aussi… »

Car sinon elle ne saura vraiment plus quoi faire…

«… Lune… »

Elle hésite. Il lui faut un petit instant pour répondre. Mais oui. Lune. Un astre qui l' inspire… Calme. Discrétion. Qui est là, discrète, mais essaie quand même d’apporter un peu de lumière, quitte à réfléchir celle d’autre plus brillante qu’elle.

« Et toi ? Soleil ou Lune ? »

« Similaire ? »

Le terme lui semble incongru. Impossible, tant en quelques instant l’impression que tout les oppose s’est fortement intégré dans son esprit. Tant elle à l’impression qu’il à… vécu et subit bien plus qu’elle n’en à jamais connu. Expérience et souffrance littéralement inscrite dans sa chair… et que la jeune femme perçois à travers ses mots.

Mais… pourtant… à t’il totalement tord ? Elle n’ose pas le contredire. Peut-être comprend-elle une bribe de ce qu'il essaie de dire. Ou tout du moins elle essaie. Tout en essayant de rationaliser la situation. De se souvenir qu’il s’agit là de divagation du jeune homme, conséquence des coups reçus sur sa tête. Qu’il n’y à peut-être tout simplement pas de sens à trouver.

Impression qui se renforce quand il te présente comme un nouvelle astre pour Pyra. Les mots lui arrachent un mince sourire. Un petit arc de lune teinté de tristesse.

« J’ai… j’ai pas forcément envie d’être… d’être un astre… de briller. Briller ça… ça veut dire… être exposé aux yeux de tous… Je… je préfère rester… discrète… »

Non, elle à l’ambition de réussir, de changer les choses, d’aider les gens… mais jamais n’à t’elle eu celle de briller. Elle préfère rester dans l’ombre…

Mais… en conversant avec le jeune homme, en essayant d’apporter des réponses rationnelles à ses questions… Elle commence à avoir l’impression d’avoir mis pied dans un monde étrange. Un monde qu’elle essaie d’expliquer, de rationaliser, de ramener dans sa propre notion de réelle, mais qui finit toujours par lui échapper. Échapper à sa compréhension. Échapper à ses tentatives de l'ancrer dans la réalité.

Elle à tenté de s’accrocher, mais finit complètement perdue. Ne parvenant plus à faire le lien entre les mots du garçon. Ne paravent plus qu'à ses conclusions d’aspirante médecin. Que le garçon à de la fièvre. Peut-être une commotion cérébrale.

Et pourtant… il parvient une fois de plus à l’attirer dans son monde avec ses interrogations.

« Je… je n’ai pas… perdu mes étoiles… je… je crois pas en tout cas… J’ai… j’ai… simplement accepté que… qu’elles ont… changé de place ? »

Que si accomplir ses rêves ne prendra pas la forme qu’elle espérait au départ, cela ne signifie pas qu’ils sont morts pour autant.

Mais finalement… la jeune femme fini par t’échapper quand il te demande de te parler de tes blessures. Elle n'en a pas envie. Plus envie. N’est pas prête à s’exposer ainsi à un inconnu. Elle s’échappe par la pensé, mais aussi par les gestes… se relevant doucement.

Elle jette un regard à l’homme assis au sol. Réfléchit encore une fois à la possibilité d'appeler les secours. Mais n’en fait rien. Il s’est bien fait comprendre à ce sujet.

« Je… je vais… je vais devoir y aller… On… on va s’inquiéter si… si je suis absente trop longtemps… »

Et… Elle commence légèrement à reculer. À se mettre sur le chemin du retour. S’éloignant de l’homme, de la scène au allure de songe… dont elle ne saurait dire s’il s’agissait plus d’un rève ou d’un cauchemar