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Tasse de carton à la main, rien ne semble t’arrêter dans les rues de Verpré, à Anthos. Prendre le téléporteur te fait toujours un peu mal au ventre, mais pas assez pour t’empêcher de vouloir boire cette boisson divine que tu tiens entre tes mains : un américano avec soupçon de crème et un sucre brun. C’est ton élixir de vie, la seule façon que tu puisses passer ta journée sans avoir une soudaine envie de siester dans le milieu de la rue. Encore à cette heure, tu ne sais pas pourquoi tu y vas, toi, mal à l’aise à la simple idée de croiser des gens, grand angoissé des foules et des gros évènements. Heureusement, tu as Dichael avec toi, et ton nouveau compagnon de voyage Hadraniel, un Kraknoix attrapé dans le désert brûlant d’Haptos. D’ailleurs, les deux Pokémons viennent tout juste de terminer de manger la crème fouettée que la gentille Barista leur avait préparée à sa demande. Demande qui, d’ailleurs, n’avait pas été facile à formuler sans se sentir dérangeant. Mais plein de gens le faisaient, donc qu’est ce qui t’en empêchait ? La peur d’être dérangeant, la peur d’être un fardeau de plus sur le dos de ces gens qui croisent des clients spéciaux probablement tous les jours et qui sont aussi exigeants que toi.

L’heure était à la rigolade et au plaisir, ça c’est certain. L’odeur du popcorn, de la barbe à papa et de plein de nourriture s'amplifiant à chaque pas de plus que tu faisais vers la colloque scientifique, là où se tenaient plusieurs expositions et stands en tout genre.Beaucoup de gens que tu ne connais pas, beaucoup de chance de te fondre dans la foule sans te faire déranger… beaucoup de chance de t’en sortir vivant, aussi, si on voit le beau côté des choses. Une voix qui ressort des bruits de la foule t'interpelle, et tu relèves doucement les yeux de tes deux Pokémons qui te suivent depuis ton départ du Sawsbucks. Cette femme qui parle semble être bien connue dans le domaine scientifique et demande votre aide, à toi et aux autres. D’habitude… tu aurais dis non en te disant que tu ne pouvais rien offrir, mais… ta curiosité avait été vachement piquée. Parce que tout le monde le sait au travail : lorsque ça pique la curiosité d’Aziel, rien ne peut l’arrêter. Le nombre de fois où tu avais entendu cette phrase peut le confirmer.

Rejoignant le petit groupe, on t’invite donc rapidement à aller capturer des Pokémons dans une zone spécifique de la colloque, un truc que tu ne fais vraiment pas assez souvent pour te sentir à l’aise. T’approchant de la zone en question, surveillé de près par tes deux Pokémons, tu remarques une chevelure que tu avais vu il n’y a pas plus longtemps que quelques heures auparavant. Normalement trop gêné pour parler mais… assez déterminé à demander de l’aide à quelqu’un qui saurait mieux faire que toi, tu t’approches de la jeune fille et la salue d’un faible signe de la main avant de pointer ta tasse presque vide.

« H-Hey, je pense que c’est toi q-qui a fait mon americano a-au Sawsbucks… À moins que je me trompes… s-si c’est le cas, j-je m’en excuse. »

Dis-tu, un faible et faux sourire aux lèvres alors que tu te rends compte que c’est un peu… spécial comme entrée en matière. Bien vite, tes joues s’enflamment à cette réalisation et tu te racles la gorge, décidant de plonger directement dans le prochain sujet.

« Je- enfin, je venais i-ici pour te demander un c-coup de main parce que capturer d-des Pokémon n’est p-pas mon p-point fort… t-tu vois ? »

Pauvre elle, adolescente qui devait désormais composer avec le poid de ton existence…

C’est un premier pas pour bien des gens, ce genre de discussion, mais pour toi, il s’agit plus d’un grand plongeon dans une marre d’insécurités. Est-ce trop intrusif, est-ce bizarre de parler à une adolescente alors qu’on est adulte ? Va-t-on te trouver bizarre, voire ridicule de lancer un sujet aussi banal ? Pire… si ce n’est pas vraiment elle qui te l’a fait, c’est bien gênant comme situation, et tu avais osé lui demander de l’aide sans savoir. D’un point de vue extérieur… tu viens vraiment de faire un rigolo de toi-même, et ça vient te mettre un petit coup de pression. Replaçant frénétiquement une mèche de tes cheveux, le regard d’Hadraniet et Dichael se posent sur toi, analysant chacun de tes gestes. Pas besoin d’intervenir, tu tiens bon.

Néanmoins, un soupir de soulagement s'échappe de tes lèvres lorsque la jeune fille te répond affirmativement, niant ainsi toutes tes craintes non fondées. Tu as une bonne mémoire, et tu la sous-estime visiblement beaucoup trop quand tu pourrais lui faire un peu plus confiance. Tu relèves donc les yeux de tes deux Pokémon, hochant la tête à l’entente de ton nom. Tu ne sais pas si le bégaiement est volontaire de la part de la jeune fille, mais l’expression sur son visage ne te le laisse pas croire, et malgré le doute qui te fait désormais gratter le coin de ton coude, tu réponds à cette affirmation.

« Oui, A-Aziel. Enfin… sans le “A” supplémentaire… j’ai j-juste un peu de difficulté de… l-locution ? Non, euh… mmh, é-élocution ? je veux dire… parler  en public. Quel est t-ton nom ? Je ne m’en souviens pas, d-désolé »

Gêné par cette erreur et ce manque de connaissance de vocabulaire, tu déglutis légèrement avant de te racler la gorge. Ta main désormais occupée à frotter tes cheveux, tu tournes le regard de celui de la Barista le temps d’oublier que tu es une personne inconfortable et désobligeante. Un petite boule rose attire alors ton attention et tu fronces les sourcils, n’étant pas sûr pendant un instant s’il s’agissait d’un Pokémon ou d’un restant de barbe à papa qu’on avait lancé par terre. Ton attention est de nouveau attirée vers la personne devant qui tu venais de t’humilier quand celle-ci lança de nouvelles paroles, tu acquiesces en fouillant le sac de Pokéball.

« Oui, c’était b-bon. Mais j’ai oublié de demander léger crème… mais ce n-n’est qu’un détail non pertinent, je l'ai tout de même b-bu en entier avec plaisir et je- eh, mais, pourquoi ces balles sont-elles b-blanches ? »

Dis-tu, sortant une d’elle du sac de toile qu’on t’avait offert quand tu t’étais porté volontaire, les sourcils froncés. Tu te penches à la hauteur de la petite boule de barbe à papa qui bouge, tendant la Pokéball en sa direction, comme si la pauvre créature allait comprendre ce qu’elle devait faire, alors que pour toi, ça semblait très sensé.

«daz>« Je t-trouve que lancer des Pokéball semble… dangereux… ça peut peut-être marcher… »

Gromeles-tu dans ta barbe inexistante, penchant la tête sur le côté en attendant la réaction de la créature probablement confuse. Les deux Pokémon qui te suivent partout, euc aussi, semble douter de ta méthode, et lancent un regard en direction d’Axiom qui voulait en dire long…

Soupir échappé entre tes lèvres précédemment pressées ensemble, tu venais de te faire rassurer. Rares sont les fois où tu arrives à prononcer ton nom de la bonne façon, et même si tu doutais fortement que les gens ne comprenne pas cette tendance que tu as à bégayer, il reste que certains plus malicieux pourraient s’en servir contre toi, comme une arme pour démolir d’un coup de grâce cette confiance fragile que tu possèdes en toi. Ce n’est pas le cas de la dénommée Axiom, son nom te revient maintenant qu’elle t’en parle, et tu en es au final pas trop surpris. Elle est barista, et aucun jusqu’à présent n'avait eu la méchanceté de rire de toi, ou du moins… pas devant toi.

« Dans ma discipline, les a-axiomes sont le p-plus souvent à éviter. Ne rien p-prendre pour acquis, en météorologie, c’est ce qu’on me répétait à l’école. »

Dis-tu, un sourire pendu désormais à tes lèvres. À tes yeux, il n’y a rien de plus satisfaisant que de partager quelques connaissances ici et là sur ta passion. Tu en parles souvent, hors contexte, parce que tu aimes ça mais aussi parce que c’est un des seuls sujets sur lequel tu sais discuter sans te sentir rapidement encombré par des insécurités infondées.  À vrai dire, c’est probablement le seul qui te rend confortable lorsque tu parles aux autres.

Étonnamment, ta technique semble avoir fonctionné, parce que le Pokémon dont tu viens d’approcher une Pokéball appuie sur le bouton de la balle. Surpris, tu te demandes s’il, ou elle, ne voyait pas dans ce mécanisme un certain jeu. Ou peut-être une façon de se protéger de ce monde extérieur effrayant. Parce que si toi aussi tu pouvais entrer dans une Pokéball et n'en ressortir que lorsque c 'est nécessaire… tu le ferais.

« Oh, je ne savais p-pas que tu travaillais d-dans un autre café… j’y passerai p-peut-être lors de m-ma journée de rapport, si l-le temps ne me manque pas. »

Les vendredi, jour où tu ne termines jamais au bureau. Le jour de la semaine où tu glissais tes écouteurs sur tes oreilles et que tu t’enfermais dans ton monde de travail, avec un café et parfois une petite pâtisserie. Le jour de la semaine où tu traduis sur papier les résultats découverts la semaine précédente. Que ce soit à Haptos ou Anthos, tu ne manques jamais cette occasion d’aller te caféiner une deuxième fois. Jamais.

« Oh… comme ç-ça ? J’imagine que l’impact est b-beaucoup moins agressif d-de cette façon… c’est logique. »

Dis-tu, analysant les mouvements et en la laissant corriger ta poigne sur la nouvelle balle que tu venais de sortir de ton sac. Ça fait beaucoup de sens, en effet.

« Mmh… assez souvent p-pour que toi et tes collègues vous rappeliez de m-ma commande… j’y viens s-surtout pour travailler au Sawsbucks les vendredi, mais j-je n’ai pas poussé mon exploration p-plus loin encore. Et, j-je n’ai pas le droit d’analyser Anthos encore, au travail. J-je me concentre surtout à Haptos. T-Tu y vas, des fois, à Haptos ? »

Demandes-tu avant que Dichael n’attire ton attention avec sa patte, te pointant du bout du menton un nouveau Pokémon qui arrive non loin. Ce sera la parfaite occasion d’entraîner cette nouvelle technique qu’on venait de te montrer…

Rares sont les fois où les gens cherchent à converser avec toi. Rares sont les fois où les discussions duraient plus longtemps qu’un simple « Bonjour, vous allez bien ? ». Rares sont ces moments, mais à quel point sont-ils précieux ? Tu aimerais dire que tu en retires quelque chose à chaque fois, si ce n’est que des réflexions de comment tu aurais pu être meilleur, comment tu aurais pu faire un peu plus la différence, comment tu aurais pu améliorer la qualité de l’échange… ou encore une certaine appréhension de savoir ce qu’on aurait pu penser de toi pendant l’échange. Tu ne sais pas comment fonctionnent les rencontres, toi, petit engrenage rouillé de cette énorme machine qu’est la société actuelle.

« Oh, et bien… ç-ça peut rapidement devenir du maniement de données, en fait. Prendre pour acquis q-qu’un changement ne doit p-pas être pris au sérieux p-peut parfois empêcher de prévoir des phénomènes qui peuvent être dangereux, p-par exemple. enfin, il s’agit là du p-pire scénario, évidemment, mais ç-ça illustre un peu mieux, je crois. »

S’attendre au pire, c’est ton domaine et s’y préparer est selon toi la meilleure façon d’être prêt à surmonter tout. Peut-être est-ce un réflexe que tu as eu en grandissant, comme c’est souvent le pire qui semblait t’arriver à chaque fois que tu passais le pas de la porte de ta « maison », si tu peux la qualifier ainsi après tout ce que tu y a vécu. Secouant ces mémoires qui surgissent de nul part, tes doigts s’enlacent un peu dans le doux pelage de jais de la Caninos qui s’était approchée en ressentant que tu semblais sombrer dans ces souvenirs. Elle sait tout, parfois même avant toi, c,est terrifiant quand on y pense. Un hochement de tête accueille les mots de la jeune adulescente, montrant ainsi que tu écoutes toujours, que tu portes attention. Sinon, ce serait perçu contre l’impolitesse. Et lui, il n’aimait pas ça l’impolitesse… tes caresses se font un peu plus frénétiques, sans t’en rendre réellement compte.

« En ce moment, je travaille surtout sur le t-terrain pour la collecte et l’analyse d-des données. Je ne peux pas t-trop en parler… mais disons qu’Haptos est une île p-propices à beaucoup de changements météorologiques, et c’est important de r-rester attentif. »

Dis-tu, ne voulant pas créer la panique. Disons qu’être près d’un volcan n’est pas toujours très sécurisant, et c’est pourquoi la surveillance des données des plaques tectoniques est d’une grande importance. Surtout pour toi. Tes yeux se posent sur un flabébé qui passe par là et qui s’attache à une bouteille d’eau. Hésitant, tu regardes la honor ball et la lance dans sa direction, préférant alors répondre à Axiom sur Haptos pour ne pas regarder le résultat.

« Mmh… à part chez moi, la tour et le d-désert brûlant… je ne vais pas vraiment nul part. Mais je sais que beaucoup aiment le M-Mastodonte pour le centre commercial… et j’ai entendu dire aussi q-que certains explore le m-métro abandonné, parfois. Je n’y suis j-jamais allé, même si c’est le plus silencieux des chemins p-pour se déplacer à Haptos, loin des b-bruits de la vie de New Pyra. »

Les bruits, les gens qui parlent fort… se sont deux choses que tu ne peux pas supporter et qui te font bien vite suffoquer. Les yeux pleins d’espoir, ta tête se retourne vers la bouteille d’eau auparavant occupée par le Pokémon. Peut-être avais-tu réussi quelque chose de nouveau, aujourd’hui...

« J’avoue n’y avoir jamais réellement pensé avant… mais bon, mon métier consiste quand même à m’assurer qu’on soit prêt pour le pire, à Haptos comme ailleurs. C’est fou, quand on y pense, à quel point l’archipel en entier est un nid propices à beaucoup de désastres naturels… nous sommes entourés d’eau, d’un volcan et de climats quasiment différents d’une île à l’autre. Ça crée forcément de drôles de systèmes, et nous ne serions jamais à l’abri de surprise, comme un ouragan, ou un tsunami. Mais encore une fois, ce n’est que moi qui illustre ma façon de voir la chose avec des exemples un peu trop poussés. En ce moment, il ne se passe pas grand chose dans le désert, juste quelques secousses qui n'atteignent pas New Pyra, mais l’importance de surveiller est aussi de savoir l’évolution à travers le temps. Si elles se rapprochent de plus en plus, c’est là que ça devient occupant. Somme toute… j’aime beaucoup mon travail, si ce n’était pas déjà assez clair. Ça me permet de découvrir des paysages d’Haptos quand je suis sur le terrain, et plus tard ce sera ailleurs. » Dis-tu en prenant une gorgée d’eau avant de poursuivre.

« Disons que ça m’occupe beaucoup, oui, et j’ai ma propre façon de travailler. Je prends des notes du lundi au vendredi avant midi, et ensuite je produis mon rapport hebdomadaire devant un bon petit américano pour me détendre. J’avoue que… dit comme ça, se détendre devant un café, ça peut paraître un peu ridicule, mais disons que ça reste une journée plus calme que les autres. Tu as dû remarquer que j’écoute souvent ma musique quand je travaille. C’est surtout de là que je tire ma tranquillité, je m’enferme dans mon petit univers pour quelques heures… le temps de travailler sur mes petites choses. Et ça fait du bien… » Tu reprend ta respiration.

« Je n’y vais pas parce que les trucs abandonnés, ça me donne un peu des sueurs froides. On ne sait jamais ce qui s’y cache. Mais peut-être que j’irai un jour, si le courage se joint à moi. J’ai entendu dire que Calléis était un bel endroit aussi mais je suis assez inconfortable d’y aller seul, sans point de repère… j’ai déjà eu assez de difficulté ici que retenter l’expérience me tente plus ou moins. »

« WAF WAF ! »

« Oh, merci Dichael… je vais essayer de l’attraper lui aussi. Et merci pour tes conseils, sinon, je ne sais pas si j’y serais arrivé aussi facilement. Mais pourquoi tient-il une pomme sur sa corne ? Il ne me semble pas que ce soit commun, sans oublier que cette pomme a probablement touché son poison. Tu crois qu’on devrait en faire quoi ? La jeter ou la remettre aux scientifiques pour voir s’ils en retirent une quelconque recherche ? »

Tu es surpris d’avoir réussi à parler autant, surtout que tu ne connais cette jeune fille que de nom et de quelques faits divers. Normalement, tu n’échanges pas autant, tu préfères écouter, prendre le temps d’assimiler, de réfléchir et de penser Cependant, il y a quelque chose chez Axiom qui empêche cette petite voix dubitative de te rappeler que c’est dangereux, que tu ne peux être certain de rien face aux autres. Bref, ce genre de situation t’arrive rarement, et tu es forcé de constater que tu ne sais pas trop comment la gérer. À qui peux-tu faire confiance ? Jusqu’à quel niveau ?  Jusqu’à quand et comment le quantifier ? Tu ne peux pas trop savoir, tu n’arrives pas trop à déterminer. Tu aimerais ne pas y penser, tu aimerais que ce soit facile, que tu ne sors pas en train de calculer, de peser les pour et les contre de chacun des mots, sentiments et réactions qui s’enchaînent. Tu aimerais… tant de choses, en réalité.

Et pourtant, rien de tout ça ne semble possible. tu es pris dans cette roue qui n’est programmée qu’à continuer de tourner, sans s’arrêter.

Cette roue, c’est ton cerveau, Cerveau que l’on a forgé sans te laisser le temps de travailler toi-même dessus, de le développer, de l’apprivoiser. C’est un cerveau que l’on a entraîné à réagir plutôt qu’à penser, que l’on a automatisé au fil des expériences et des traumatismes plutôt que de le laisser se développer lui-même. C’est d’ailleurs cet automatisme qui te fait hocher de la tête en seule guise de réponse à ce que venait de dire Axiom. Tu l’as écouté, mais ne trouvant rien à lui redire pour ses deux phrases,ton cerveau a tout de suite assimilé une réponse facile et efficace. Ton attention est cependant vite reprise par les paroles sur Calléis, une île que tu n’avais pas eu la chance d’explorer encore, et qui t’intéressait toujours un petit peu.

« Ça p-pourrait être sympa, o-oui. Comment c’est l’ambiance l-là bas ? J-Je suis curieux. »

Dis-tu, tes yeux se plongeant sur le grand écran derrière vous alors que le ton montait. Tu n’aimes pas l’hostilité, tu n’aimes pas la violence, et c’est contradictoire avec ton envie de Téobald de triompher financièrement. Plus il fait d’argent, plus tu crois que celle-ci sera utilisée à bon escient pour favoriser et améliorer ton lieu de travail. Naïveté maladive ou espoir illusoire ? Tu ne sais pas trop où tu te situe dans ce train de penser, mais la façon de parler de Téobald t’as toujours exécré. À travers ses mots transpire beaucoup trop l’arrogance et la méchanceté de celui qui t'a créé, causant en toi plusieurs réactions en chaîne qui te rendent inconfortable. Ce pied sur la table, la nonchalance de ce regard, parfait contraste avec la grande figure fine et élégante d’Alice De Fiercastel, dirigeante de Calléis. Tu n’avais pas entendu beaucoup d’anecdotes sur elle, mais si il y a bien une chose que tu as pu remarquer depuis son entrée dans la salle de conférence, c’est qu’une grandeur d’âme immense semble s’échapper d’elle en entier, et de son regard fermement ancré dans la caméra. Comme si elle te fixait… bref.

« Mmh… je n-ne sais pas trop. Tu as raison, je crois. E-en fait, ç-ça me fait un peu peur, je ne v-vais pas te mentir. Oh et… j’ai aussi un Kraknoix avec moi mais i-il est un peu plus réservé… »

Admettre ta défaite, c’est quelque chose que tu n’arrives pas souvent à faire. Tu retournes ton attention envers Axiom alors que tu lances distraitement une nouvelle Pokéball en direction du Pokémon avant de soupirer. Tu as envie de lui dire, et rares sont les moments où le courage ne te quitte pas.

« M-Merci d’avoir pris le temps d-de m’apprendre toutes ces choses aujourd’hui, et- de m-m’avoir parlé. T-Tu te doutes que ce n-n’est pas toujours facile p-pour moi et… ça fait du bien. »

À quel point ? Assez pour te mettre un léger baume sur ton cœur meurtri, mais c’est déjà ça. Pas à pas, une étape à la fois, tu t’ouvriras. Mais… à quel prix ?