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Dis-moi que t'es en sécurité.

Putain, merci. Avec un bon ami, on est en retrait dans une ruelle de Verpré. Y'a une enfant sans parents. Reste en sécurité, ok ?

Non.

Y aller te mettra uniquement en danger sans les aider. Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre. Tu ne te le pardonneras jamais si ta présence entraînait des conséquences fatales. Ajouter une variable à une situation aussi précaire, c'est jamais bon.

Et tu penses pouvoir faire quoi ? Prendre une attaque à leur place ? Risquer ta vie au lieu de la leur ? Les poussant donc à risquer davantage la leur ?
Gik', sois raisonnable. Et rationnel. En l'état des choses, quand même les rangers et les agents galèrent, aussi difficile que ce soit à accepte, on ne peut rien faire. Si t'y vas et qu'il se passe quelque chose, c'est tout le reste de ta famille que tu sais chez toi que tu ne pourras plus porter. Alors que pour elle, maintenant même, tu peux faire quelque chose. Être là.

Et donc pousser ta fratrie à se sacrifier en retour parce que franchement, voir leur frère mourir sous leurs yeux, c'est zéro traumatisant. Et abandonner les plus jeunes qui sont définitivement à la maison en plus de condamner tes parents à enterrer leur enfant.

Oui, bien sûr, réparer un tort en en causant plusieurs autres. Totalement.

Il n'y a strictement rien qui ne pourrait justifier ni même expliquer un minimum de volontairement prendre le risque d'obliger tes parents à enterrer un de leurs enfants. Encore moins si ce risque ne t'assure même pas la sécurité du reste de leurs enfants.

Y'a rien, vraiment strictement rien, qui ne peut égaler ou décrire la douleur, le traumatisme et le désespoir d'un parent qui doit préparer les funérailles de son enfant. Si bien que la majorité des couples ne survivent pas à une telle épreuve et se séparent. Si bien que pendant très longtemps, aucun terme n'existait même pour nommer un parent ayant subi une telle perte.

Crois-moi. Je suis mère.
Alors, avant d'agir sous le coup de l'impulsion, de la culpabilité et du sens du devoir, tâche de te souvenir que tes parents sont également ta famille.

Il n'y a aucune raison de s'excuser, ne t'en fais pas. Je sais que tu as peur, j'ai peur aussi. Le parrain de ma petite ne répond pas, son copain non plus. Pour ce que j'en sais, ils sont dans le feu de l'action.

Et je suis persuadée qu'eux aussi se disent que c'est mieux eux qu'un autre membre de la famille. Y'a pas de gagnant, avec ce type de pensées, tu sais.
Prends soin de toi, tiens moi au courant.
Prends soin de ta famille, aussi. En priorité. Tu me donneras des nouvelles quand tu auras le temps. Y'a rien d'urgent.

OK. Gik', respire. Un bon coup.

Retourne chez toi. Reste avec ta famille. Ensemble, ce sera toujours mieux que de rester seul.

Ne te joue pas des films hypothétiques dans la tête. T'en sais rien de la situation.

T'as besoin de m'appeler ?

APPEL ENTRANT