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Fleur- Fleur était une petite boule de nervosité. Heureusement, depuis sa discussion avec Krysta, il avait pris le temps de dormir, de cesser la caféine et de se poser un peu pour se préparer à votre discussion. C’est qu’au fond d’avoir une direction, d’avoir une prochaine étape, c’était ce qu’il lui fallait pour arriver à calmer le flot incessant de ses pensées et de ses questionnements. Après tout, il avait une date, et d’ici là il ne servait à rien de se ronger les ongles au sang, ou quelque chose comme ça. Oh, on ne peut pas dire qu’il n’était pas distrait à son emploi à temps partiel comme fleuriste, mais au moins n’avait-il pas ressenti le besoin pressant de se jeter dans les confins de la nature lentoise. C’était dangereux avait-on tenté en vain de le convaincre. Mais c’était mal connaitre Fleur et la valeur qu’il posait sur ça vie, ça. Il ne sert à rien de discuter de ces choses avec quelqu'un qui ne peut s’imaginer un futur.

Mardi, 12 avril. Fleur avait prit une pause dans son ascension fulgurante de la Tour Céleste pour plutôt prendre le portail vers Verpré, non pas sans avoir passé son anxiété dans sa tenue qu’il avait changé quarante-douze fois avant de jeter son dévolu sur un pantalon large noir inséré dans ses fidèle bottes de marche pleines de poussière (il n’avait pas vu leur état avant d’être rendu à quitter son logement), une ceinture contre laquelle se posaient ses pokéballs, une chemise blanche et ample à la dentelle légère (il est dans sa phase ouji, faut pas chercher) ainsi qu’un petit veston, le tout étant raisonnablement propre et bien agencé, ce qui faisait changement des jeans, t-shirts et vestes de cuir habituels.

Arrivé sur place, il hésite. Il a l’impression de faire tâche dans l’environnement d’un laboratoire, mais après avoir passé sa main dans ses cheveux, le voilà qui pénètre dans l’enceinte du bâtiment et qui se heurte (figurativement) à une réceptionniste. « Bonjour » dit-il, se fâchant contre le tremblement de sa voix; « j’ai rendez-vous avec eum… » il fouille dans ses poches, en sort un téléphone qu’il ouvre avant de dire : « Hermès Belinski » et on tapote sur un clavier, on confirme le tout, et puis on lui laisse un badge pour entrer dans la bâtiment et le voilà qu’on envoie à l’intérieur avec quelques directions sommaires pour retrouver tes bureaux.

C’aurait été moins compliqué de te faire venir à la réception, mais bon…

Une fois devant la porte, Fleur hésite. Pas parce qu’il ne veut pas entrer dans la pièce, mais parce qu’il n’est pas trop certain à savoir s'il doit y frapper pour qu’on lui ouvre, ou s’il doit ouvrir la porte lui-même comme il a un badge. À vrai dire, il ne sait pas trop comment on utilise ces trucs-là. Hésitant, il teste le badge, par simple curiosité de voir si la porte allait se déverrouiller. Mais pas content de simplement se déverrouiller, la voilà qui s’ouvre également avant qu’il n’ait eu le temps de la retenir. Alors il se glisse dans la pièce, lissant les plis de sa chemise. « Professeur Belinski? »  demande-t-il, parce qu’après tout, il ne sait pas à quoi t’es supposé ressembler. Et Fleur, quand bien même il a grandit depuis sa prise de testostérone, le voilà qui constate avec un peu d’horreur qu’il est face à une montagne humaine. Deux mètres, ça ne s’ignore pas, pas vrai?

« Je m’appelle Fleur, Fleur de Lys. On a rendez-vous » explique-t-il sommairement – mais as-tu même besoin qu’il te le rappelle?

Fleur tique- il n’a pas l’habitude qu’on le vouvoie, vu son âge et ce qu’il fait dans la vie. Et le souci, c’est qu’était son aîné, il serait tout naturel que Fleur te vouvoie également. Mais Fleur a une petite fibre de rébellion, il a beaucoup de mal avec l’autorité et, pour faire court, il refuse catégoriquement de vouvoyer qui que ce soit. Mais ayant toi-même vouvoyé, il sait que de ne pas le faire, à ce point-ci, c’est qu’en ne l’utilisant pas, ça peut être interprété comme un manque de respect et… à vrai dire tout ça lui semble tellement superficiel, au fond, il peut être poli en tutoyant et impoli en vouvoyant, mais voilà, il avait vraiment besoin que cette rencontre se passe bien. Le voilà donc qui se trouve à devoir réfléchir à des grammaires alternatives qui n’impliqueraient ni de vouvoyer, ni de tutoyer.

Disons que cet effort n’allait pas tenir bien longtemps, mais y'a une question de principe; au minimum doit-il essayer avant de piler sur ses principes.

« Merci, bien content de faire cette rencontre aussi » dit-il, un hochement de tête en guise de salutations parce que tu n’as pas fait signe de vouloir serrer sa main, ce qui, vraiment, ne le dérange pas le moins du monde. Le voilà qui s’assoit, le dos légèrement courbé vers l’avant. Fleur n’est pas bien grand, c’est vrai (enfin, il a quitté le club des 1m50 depuis qu’il prenait religieusement ses injections de testostérone), et face à toi, il a l’air encore plus petit et, du coup, il se sent comme un gamin appelé au bureau du directeur. Ton manque d’émotion dans la voix n’est pas relevé pour le moment – Fleur est trop centré sur sa propre nervosité pour vraiment prendre conscience de ce genre de chose.

Et puis tu dis qu’il s’intéresse aux pokémons et une genre de confusion s’affiche sur son visage, tenace dans sa présence alors qu’il est pris entre l’idée de dire mais qui ne s’intéresse pas aux pokémons (simplement parce que c’est son cas, c’est sûrement ton cas, et c’est le cas de toutes les personnes qu’il fréquente) et entre l’idée tenace que tu n’as pas du tout l'air de savoir pourquoi il est ici, en fait. Est-ce que la scientifique calléisienne avait omis de mentionner ce détail important? Avais-tu oublié? Était-ce simplement ta manière polie de commencer la conversation? Au fond, peu importe, il allait répondre à la question, juste, il s’était un peu pratiqué au niveau de ce qu’il allait dire et présenter, mais là c’était comme s’il était déstabilisé et incapable de former une pensée cohérente.

« Oui, c’est tout à fait ça, je cherche des réponses à certaines questions un peu… pointues » dit-il maladroitement, incertain de si ça le faisait sonner fendant. « Je ne suis pas chercheur pokémon, juste quelqu’un qui est tombé sur un phénomène étrange et qui veut que des gens plus compétents se penchent sur le sujet » oui, c’était ça, au fond, al vérité; Fleur ne s’imaginait ni assez intelligent, ni assez compétent, pour être celui qui résout ces questionnements. Le voilà qui bouge, statuette rigide, pour venir attraper des pokéballs à sa ceinture et les poser sur le bureau entre vous.

« Je suis allé dans des régions éloignées de Lentis, celles-là même où on a répertorié des phénomènes étranges il y a quelques mois » il parlait évidemment du moment où un nombre sans précédent de personnes ont été appelles par Lentis à venir dans des endroits reculés et idylliques. « Je suis allé à Haptos, à Calléis et à Adamantia. Là-bas j’y ai trouvé jusqu’à maintenant quatre pokémons qui défient un peu l’entendement… enfin, pour moi. Je crois que c’est à propos d’eux qu’on m’a référé à vous. » au vu des trois pokéballs déposées entre vous deux, il était évident qu’un de ces pokémons manquait à l’appel. « Pour faire court, j’ai capturé à Calléis un pokémon qui ressemble à un Pyrax sans en être; il est incapable de voler, entre autres. Ces pokémons sont dangereux et très… explosifs, disons. J’ai confié cet insecte à une spécialiste. Son nom est Vlinder Allens » il le dit comme en hésitant, parce qu’au fond, qu’est-ce que tu as à faire du nom d’une personne que tu ne dois sûrement pas connaitre? « Je n’ai pas encore trouvé de foyer pour les trois autres. J’ai capturé à Haptos un pokémon qui ressemble à Donphan, mais beaucoup plus gros avec de grosses défenses. À Adamantia j’en ai capturé deux, un qui ressemble à un Magnéton et un qui ressemble à un Cadoizo. Ils sont dans ces pokéballs, si vous voulez les observer » enfin, évidemment pas ici, parce que y’avait pas la place et que c’était dangereux.

« Enfin, ça, c’est pas la raison pour laquelle je suis ici » avoue-t-il finalement. Même si ces pokémons étaient des découvertes fascinantes, peut-être importantes, il restait que ce n’était pas ce qui avait commencé à troubler Fleur. « Quand j’ai rencontré le troisième pokémon, le Magnéton avec des pattes , il a fait… quelque chose » ouais, c’était pas très descriptif, tout ça, Fleur en avait conscience. Il vient se frotter la nuque avec sa main, son regard fixé sur le bureau et les pokéballs plutôt que sur toi, comme s'il essayait de se souvenir des détails de comment il s’était senti quand la chose était arrivée.

« Vous savez ce que ça fait, quand les pokémons posent un champ? Genre un champ psychique ou un champ herbu. Ça change drastiquement leur environnement et comment ils interagissent avec. Ce qui m’est arrivé était un peu comme ça, sauf que c’était vraiment pas ça en même temps. Je sais pas comment je peux savoir que c’est différent, mais ce l’est. La zone autour du pokémon a commencée à changer, à sa charger de… quelque chose, j’avais l’impression que les couleurs étaient inversés comme dans un filtre photo. Je crois qu’il essayait de… de… » le voilà qui trébuche à nouveau; en fait, c’était surtout mieux de ne pas essayer de deviner, pas devant un chercheur. « Enfin voilà, je crois qu’ils sont liés de près aux phénomènes étranges qui régissent ces zones de Lentis. En tout cas, je le crois assez fermement pour chercher quelqu’un qui voudra bien considérer la chose » et jusqu’ici, il n’avait pas eu grand succès, il faut l’avouer. Il s’arrête finalementde parler, te regardant avec une teinte d’espoir. Est-ce que tu seras celui qui donnera une once de crédibilité à ses paroles? Après tout, tout ça n’était issu que de son ressenti, pas d’une réalité tangible.

Ce que vous me dites me semble assez intéressant et lui, il a du mal à tenir en place. Juste pour la justification du fait qu’il s’intéressait lui-même à la chose, à ce phénomène et ces pokémons, le fait qu’il avait cherché quelqu’un pour le croire et, surtout, ça le rassurait de penser qu’il avait peut-être trouvé la bonne personne. Toi; géant, de marbre face à ses explications, Fleur peinait à comprendre que c’était parce que tu voulais leur donner toute l’attention qu’elles méritaient. Lui, il était un peu ton opposé, en fait : tout feu tout flamme, exubérant, il parlait beaucoup (écoutait peu), se lançait de l’avant sa prendre conscience du moment. Mais allez savoir, ta présence lui faisait l’effet d’un calmant – comme si vos opposés venaient se rencontrer au milieu, comme si une pression s’exerçait sur lui pour le forcer à suivre ton pas plutôt que le rythme effréné des battements de son cœur.

Y'avait aussi le fait qu’il te laissait terminer de parler sans empiéter sur tes mots comme forme de respect basique.

« Je comprends » dit-il d’une voix résolue, léger hochement de tête arrivant en concert. « Je ne m’attendais pas à ce que t’ailles toutes les réponses. Ou, plutôt, si tu les as, ma présence ici n’a peut-être pas de but » admet-il finalement; parce que si lui savait quelque chose, en quoi est-ce que c’était utile en général? Il ne s’estimait ni intelligent ni assez doué pour partager ses idées, alors il devait s’assurer que quelqu’un de compétent (toi) le fasse à sa place. Oh; vous aviez tous deux des opinions différentes sur ce qui allait arriver au terme de cette discussion, c’était évident!

Livre posé devant lui, il retient un hoquet de surprise et pose un doigt sur l’image comme pour mieux la détailler. « C’est exactement lui. Fort-Ivoire » dit-il, lisant à moitié le titre à côté de l’image. « T’as raison, celui-là, et le Pyrax de Vlinder, et aussi le Magnéton à pattes, ils ont carrément l’air de venir du passé. Mais lui- » il tapote la dernière pokéball, celle qui contenait le Hotte-de-Fer; « Lui, il a franchement pas l’air de venir du passé. Il a plus l’air d’une créature robotisée, sauf que je doute qu’on ait cette technologie. Il a utilisé des attaques comme un pokémon, et il est bien rentré dans la pokéball que j’ai lancé… » il ne finit pas sa pensée, son regard retournant sur le livre devant lui. « Est-ce que tu me permets de le feuilleter? Je crois que ce serait bien que je me familiarise avec les divers pokémons répertoriés, pour que je puisse les reconnaitre en les croisant » ah; le voilà qui tombait déjà dans le piègede l’éducation. Sa curiosité naturelle qui prouvait qu’il était capable de plus que ce à quoi il se réduisait.

« Ce serait chouette que quelqu’un les étudie, oui » dit-il, avant de se dresser un peu plus, comme pour paraitre plus confiant, plus ferme : « Mais je crois que ces pokémons ont aussi le droit de vivre leur vie, enfin, t’sais, en dehors d’un laboratoire. Je compte leur trouver un dresseur qui saura tirer le meilleur d’eux, mais si tu veux les étudier, je peux m’arranger pour mettre tout le monde en contact. Ce serait la moindre des choses » sa manière à lui de dire qu’il ne comptait peut-être pas juste te donner toutes les pokéballs sur la table et puis partir sans regarder en arrière.

« Oui! » dit-il avec un peu trop d’enthousiasme, attrapant les pokéballs pour les ranger à sa ceinture avant de se lever d’un bond. Il avait bien fait de mettre des chaussures confortables, pour le coup! « J’suis » dit-il simplement, et juste comme ça vous quitter le laboratoire et son dédale de corridors blancs pour déboucher à l’arrière de la bâtisse, vers les plaines dont tu parlais; et oui, Fleur avait été tellement excité à l’idée de pouvoir montrer de quoi il s’agissait, de prouver ce qu’il avait dit jusque-là.

« C’est pas embêtant si je sors mon Astronelle en premier? Il pourra poser des murs de protections autant de nous. Parce que j’avoue qu’ils sont rarement contents quand on les sort de leur pokéball pour les premières fois » il parlait d’expérience, c’était bien évident. Et si tu avais entendu parler de Klimat, le Rampe-Ailes de Vlinder, alors tu savais peut-être une chose ou deux sur leur tempérament explosif. « Hey, p’tit gars » dit-il à son pokémon, qui fait vrombir ses ailes pour s’approcher de vous, recevant une caresse brève de son dresseur. « On s’apprête à sortir les pokémons qu’on a capturés ensemble, tu veux bien nous mettre des murs? » et à ce point-ci, il est important de préciser que Fleur a l’habitude des murs depuis si longtemps qu’il ne pouvait se remémorer un instant où il n’en abusait pas. C’était en quelque sorte, la béquille qui le rendait confiant quand venait le temps d’affronter le monde extérieur. Le pokémon, curieux, s’empressa de les poser, et Fleur se retourna bien vite vers toi. « Prêt? » demande-t-il simplement, pokéball en main; « Tu veux peut-être sortir un pokémon, au cas où » propose-t-il, sûrement inutilement.

Décontenancé, Fleur découvre l’ouvrage décrit, t’en déleste sans délibération, désirant définitivement le découvrir, mais le déchiffrer dépassait déjà le jeune, dont le désintérêt dérivant des cours avait déchargé son cerveau désordonné d’informations détestées, mais décidément décisives pour la poursuite définitive de découvertes. Détestant déranger, le voilà, déboussolé, qui démêlera ça plus tard, déposant l’ouvrage délicatement dans son sac, se décollant de la chaise pour détourner son attention, dérouté, dehors. Délogeant Caèdre de sa pokéball, il déglutit et fait de même pour Pelage-Sablé, décrivant un arc pour le délivrer, déclic à l’appuis.

« Faites attention, il- » Fleur n’a pas le temps de terminer sa phrase que le Pelage-Sablé, sorti de sa pokéball pour la première fois depuis sa capture, produit un grincement, sa manière d’hurler, sûrement, à en déchirant vos tympans. Si Fleur a continué sa phrase, il est impossible de dire ce que c’était, amis de toute manière, le sens était clair : tout pouvait arriver. Heureusement, son Astronelle n'avait pas attendu avant de poser des murs de protection tout autour de vous, ce qui réduisait considérablement les dommages que le pokémon pouvait faire.

Le pokémon sauvage, mécontent de sa situation, tenta te produire une zone de distorsion, du même style qui avait affecté Fleur, là-bas dans les cimes Adamantoises, à cela près qu’il semblait que son pouvoir semblait considérablement moins puissants ici; et si on remarqua une genre d’aire où l’herbe apparaissait plus floues, il allait sans dire que rien de plus n’arriva… à son grand mécontentement alors qu’il commence à produire des charges électriques qui font des arcs au travers de son corps. Pas bête, le voilà qui se rend plus… confortable en produisant, plutôt, un champ électrifié, les poils sur vos membres se dressant à cause de l’électricité statique. « oh putain » lâche Fleur avant de s’aplatir au sol pour éviter un éclair, qui passa au-dessus de lui, juste là où il était un instant avant.

Fleur aurait pu dire bien des choses. Clairement, le pokémon avait une dent contre lui, plus que contre toi en tout cas, et dès lors, le pokémon l’avait choisi lui comme première cible. C’était pas con, après tout, puisque c’était lui qui possédait sa pokéball…