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used to be a shooting star

La fête de l'amour est passée. C'est étrange cette façon de le remarquer ; cette attention un peu plus poussée sur cette date que je n'ai jamais ne serait-ce qu'un court instant considéré autrefois. Quelques étincelles trompeuses. C'est le chantier dans ma tête, je brûle; comme toujours. Ne dure pas longtemps ce fébrile instant entre les sommets et les abysses, rapidement chassé par les murmures, le danger et l'adrénaline. Le besoin de toujours s'occuper, ne jamais rester en place ((je ne supporte pas ma propre peau)).

Le brouhaha du bar m'enveloppe à l'instant où j'y mets les pieds et je m'y glisse, m'y abandonne ; retourne aux sources. Aux nuits passées à discuter, questionner, exister, parfois se concluant dans une chambre d'hôtel ou un lit personnel. Mais jamais chez moi. Tiens, est-ce que Meera serait intéressée à visiter ? (pourquoi elle revient régulièrement dans mes pensées ?) Secouer la tête, passer une main dans mes cheveux en les replaçant légèrement et réajuster ma veste sur mes épaules ; je flotte entre les fêtards et coeurs errants en pourchassant une flammèche pour attraper mon attention et mon intérêt.

Ils se ressemblent tous. Les vêtements colorés se mélangent aux teintes plus sombres chatoyantes sous la lumière nous englobant. Odeur de sueur et d'alcool qui se fracassent ensemble , odeur d'humanité et de perte et d'amusement. De positif et de négatif ; de chaque facette de ce qui nous compose, en un amalgame de personnes. Mais nul ne se démarque, ne sort du lot, de la masse informe. Y'a rien qui attise ma curiosité. Leurs histoires, je les ai entendu milles fois.

Mes pas finissent par me mener au comptoir et moi, de m'échouer sur un banc en continunant d'observer les danseurs, les alcoolisés, les perdus, les amusés ; encore et encore essayer d'apercevoir quelqu'un pour m'occuper et me distraire. Pour étouffer les murmures qui remplissent le vide entre les corps et le mobilier, une toile d'araignée qui recouvre l'entièreté de la place. Murmures impossible à comprendre et distinguer, inintelligible, me traquant où que j'aille. Mon oeil vient se poser sur le barman ; après tout, tu viens tout juste de m'interpeller. Bon, évidemment, tu fais ton travail, j'ai été à ta place également (mais peut-être que je ne faisais pas que travailler avec les clients ; m'égarant aisément entre les charmes). "Hmm... de la distraction." s'échappent les paroles avant même que je n'ai le temps de les comprendre ; je n'ai jamais vraiment été maître de ce que je disais, répondais. Le temps d'enregistrer ce que mon cerveau décidait de répliquer, des secondes s'écoulaient depuis mes réponses. Qu'importe.

"T'aurais pas besoin d'aide un peu derrière ? Y'a personne d'intéressant de mon côté." mais toi, peut-être que tu l'es. Peut-être que tu es cette flamme que je cherchais au travers la foule, je ne regardais seulement pas au bon endroit. Mes doigts s'enroulent distraitement autour de mes pendentifs. Liang ; le prénom surgit et m'arrache une vague de douceur. Je ne sais pas trop ce qu'il devient, j'espère qu'il s'en sort.

"Sinon, juste une Redbull. Mais je suis convaincu que tu pourras rendre ma soirée intéressante." Elle est douce, ma voix ; chargée de sous-entendus qu'il peut choisir d'ignorer ou rebondir dessus. À sa guise.

give me forever for a while

Je laisse la surprise s'évaporer — c'est étrangement fréquemment la première réaction que je provoque — sans cesser de jouer avec le pendentif dernier présent de ma mère. Celui qui ne quitte jamais mon cou. Puis, celui de Liang l'a rejoint. Ce sont mes seuls bijoux. Ils sont attachés à ma personne. ((je ne pourrais encaisser de perdre le premier)) elle avait pris l'habitude de m'offrir mon cadeau le matin, à mon réveil, parce que sinon, je ne dormais pas. L'impatience me rongeait. Et comme ça, ça la calmait juste assez pour qu'elle puisse se reposer. Cette habitude représente l'unique raison pour laquelle j'ai encore un souvenir aujourd'hui.

Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Franchement, j'ai clairement mieux à faire. Dans un mois, c'est le Solem et le sérum est terminé. On a réussi. Nous y sommes enfin parvenus. Rien n'indique qu'il sera parfait, sa composition instable laisse présager un paramètre de temporalité. Mais, on a réussi. Il fonctionne. Faudra l'annoncer et attendant, faut peaufiner la présentation du rapport.
Alors pourquoi je suis ici ? J'aurais pu appeler Meera, proposer une sortie ou encore voir les jumeaux. Non. J'ai besoin de nouveauté. De changement. D'oublier qu'au début de février, j'ai envoyé en éclats une amitié qui comptait.

((J'ai besoin d'éphémère parce que le constant n'est qu'illusion)) « Awesome ! » En une fraction de secondes seulement, me voilà debout et puis, je me glisse entre les clients pour te rejoindre, énergie renouvellée. J'attrape mon portefeuille et en sors ma carte d'identité pour te la tendre. Faux papiers. ((Allens)) Rapel continuel de l'enfant que j'ai abandonné sur un terrain vague et qui y est encore à cette heure. Mais si les instances gouvernementales n'y ont vu que du feu, à ces papiers, je n'ai aucune crainte qu'ils te paraîtront réels. « Yes ! Pendant quelques mois, quand je venais d'arriver à Lentis. » Aux côtés de Jill. Couverture. Mais j'ai toujours apprécié l'ambiance. Et c'était vraiment agréable comme expérience. Disons juste qu'arriver à l'heure, ça n'a jamais été mon fort. Et Jill et moi, nous étions deux électrons cherchant à se rapprocher. Ça provoquait aisément des étincelles.

Inscrire les indications dans la mémoire — soucieux de ne pas me chercher plus tard — en m'appuyant contre le comptoir, admirant également la vue à mon tour. Faut pas croire, j'ai très bien remarqué tes yeux s'attardant un peu. Mais ça ne m'offre que le loisir de faire de même. Parce que faut l'admettre, t'es charmant et très agréable à regarder. Avec tes mèches bleues qui encadrent parfaitement ton visage.

Un petit rire — soutenir le regard — et ouvrir ma canette pour en prendre quelques gorgées. « L'endroit, je n'ai pas encore décidé, mais la compagnie, elle... Définitivement. » je ne tarde pas moi-même à m'approcher des clients pour m'enquérir de leurs désirs ; mais crois-moi, je n'ai pas fini de discuter. « Ça fait longtemps que tu travailles ici ? J'aurais dû venir plus tôt. » S'activer tout de même à compléter la commande reçue, pour ne pas te faire perdre ton temps ou te pousser à regretter de m'avoir accepté. Même si bon, un client qui s'offre pour du bénévolat, j'imagine que ça se prend bien. « Tes mèches mettent très bien en valeur tes traits, sache-le. »

swear to god i'm a sinner in a church, burning up in flames

i breathe like an archer
Attraper la bouteille de gin pour préparer un Martini demandé par une cliente, se concentrer sur compléter les commandes que je récupère, mais toujours sans perdre de vue ce qui m’intéresse vraiment : toi. De ces coups d’œil (littéralement) lancés en ta direction alors que je glisse le cocktail vers sa propriétaire, règle l’addition et reviens à ma place initiale. Toi, parce que tu piques ma curiosité. Toi, parce que l’esprit s’évade un peu trop près du gouffre lorsque je suis livré à moi-même, dans le silence de mon appartement ; dans le bruit tamisé des rues des villes ((même dans cette cacophonie ambiante qui nous entoure)). Chercher une accroche, un repère, pour garder les pieds sur terre ; dans cette réalité. Ne pas dormir éveillé. Le contact froid du pendentif en argent sous mon chandail me sert d’ancre.

((Proximité soudaine)) — admire ; le regard qui s’attarde sur les traits harmonieux de ton visage, attrape les détails que la luminosité rend si difficile à percevoir lorsque tu t’éloignes. Ce maquillage rehaussant parfaitement cette apparence soignée ((si différente de la mienne)) et les yeux terre ou encore café ((les yeux égarement, et s’ils ne possèdent pas les teintes des arbres des forêts, m’évoquent tout de même les randonnées sans fin, à oublier que le temps existe, à s’égarer, attention rivée sur la terre et ses merveilles)) la terre et sa force, la terre et sa capacité à soutenir l’univers. Terre nouvelle, terre ancienne ; terre ancestrale, terre miracle ; ouais définitivement, y’a pas de raisons que je me prive d’admirer.

Je règle la commande d’un client, parcourant les bancs et la salle pour réaliser le bref instant où tous se réjouissent de leurs boissons, se perdent sur la piste de danse, s’épuisent, s’épuisent et s’oublient ; se noient dans des fonds de bouteille ou s’envolent grâce à d’autres manigances. Les hauts, les bas, les pleurs, les rires. Et pour nous, un moment pour discuter réellement. Appuyant simplement mon coude contre le comptoir pour te faire face, c’est l’esquisse d’un sourire sur mes lèvres. « Ah oui, six ans, ça fait longtemps. » Et je sais que je parais impressionné — je le suis. Même lorsque nous sommes restés à Galar (plusieurs années), nous ne restions jamais très longtemps dans le même quartier. Lentis est mon record malheureusement.

Et ne pas se gêner pour te contempler également ; parce que te regarder est définitivement agréable et tu peux me croire, je t’aurais clairement abordé dans la rue, dans un parc, n’importe où ailleurs qu’ici, également. Tu te démarques. À ta façon, tu brilles. « Eh bien, profite ce soir et qui sait… peut-être que je reviendrais te tenir compagnie. » réplique soufflée quand tu frôles mon épaule avant d’aller rapidement nettoyer quelques verres puis revenir vers toi — choisissant de m’étirer le bras légèrement devant toi pour attraper ma redbull qui traînait. J’aurais pu te contourner, bien entendu, c’était une option qui ne scintillait pas d’intérêt. Après tout, elle ne m’aurait pas permis de m’appuyer brièvement sur toi (comme pour garder l’équilibre).

((Essayer de récupérer la dernière goutte — pourquoi est-ce qu’on dirait qu’une canette garde toujours un minimum de boisson à l’intérieur ? Franchement. Si tu me vends 320ml, je veux 320ml. Pas moins.)) « Ils pourraient faire des plus grands formats de Redbull, t’crois pas ? » Rejoindre un duo de ce qui paraît être des amis pour prendre leur commande (des shots) et les servir ; n'hésitant jamais à me rincer l'oeil (littéralement, l'expression, d'ailleurs, parce que je n'en ai qu'un) en passant près de toi. « T'as un cocktail ou boisson que tu préfères ? » Curiosité et envie de te connaître.

why do all the monsters come out at night ?

Les discussions se confondent toutes autour de nous ; les mots se mélangent, se contractent presque pour ne former aucun sens véritable. Parfois, je ne peux m’empêcher malgré moi de capter au vol quelques mots, des confidences sur le ton du secret, prononcées d’un ton un peu trop fort sous l’ivresse pour qu’elles demeurent silencieuses et n’atteignent les oreilles que du destinataire. Mais je les chasse mentalement ; parce que ce n’est pas pertinent, pas distrayant ― ce qui l’est se trouve pas très loin de moi.  

Et oh ― un petit rire qui s’échappe d’entre mes lèvres ; amusé, intéressé définitivement. Le regard qui ne dévie pas, qui soutient sans peine le tien, étincelle curieuse dans la prunelle, être deux à jouer, c’est toujours mieux ((la soirée se terminera bien mieux qu’elle n’a commencé)). « Eh bien… qui sait ce que l’avenir te réserve ? » Autrefois, la réplique aurait été accompagnée d’un clin d’œil taquin, mais … cligner de la paupière n’est pas exactement remarquable, disons. Il a fallu abandonner les clins d’œil avant mon globe oculaire. Recentre-toi ; ne pas se perdre dans les chantiers et les sentiers enneigés. « Peut-être que tu en auras l’occasion… » et toujours, toujours tenir le regard ((peut-être un peu s’y perdre également, dans le sombre de l’iris, de ces recoins inexplorés des abysses, ces mystères à percer, à protéger)).

Distraitement venir fidget avec les deux chaînes en argent portées au cou, dont les charmes se cachent sous le vêtement ((plus sécuritaire, en travaillant, pour éviter quelconque catastrophe ― je doute être en mesure de me gérer, me tempérer, si quoi que ce soit venait abîmer celui donné par ma mère, dernier anniversaire célébré)). Et t’écouter. Enregistrer. Ne pas perdre une seule miette de la réponse ; me permettant d’admirer la vue toujours, toujours et encore. Franchement, pourquoi je m’en priverais ? « Y’a rien de meilleur que les boissons sucrées ! » C’est une raison me poussant à affectionner les boissons énergisantes, parce qu’elles possédaient toujours ce petit goût sucré qui manque au café sauf si on ajoute des kilogrammes de sucre et à ce stade, c’est un peu demander le diabète. Alors j’évite.

Ne pas bouger quand tu te rapproches, attendre la proximité renouvelée, recherchée même ― la vanille envahit mon sens olfactif (douce odeur, agréable odeur ; de celles qui pourraient embaumer mon appartement sans problème ― reste près autant de temps que tu le désires), mon regard accroché au tien. Et c’est presque un sourire sur mes lèvres à tes mots, et c’est à mon tour de réduire la distance entre nous, passer tout juste à côté de toi ; une halte quand nos épaules se frôlent. « Je suis convaincu de pouvoir l’être. » un murmure adressé qu’à toi et puis, « mais pour le moment, client ! » et s’éloigner pour rejoindre la personne qui vient de rejoindre le bar. Prendre sa commande (rhum&coke), servir, récupérer le montant adéquat et un peu de tip.  

« Et du coup, tu es à Kopadia depuis toujours ou tu viens d’ailleurs ? » Essaims de questions sur le bout de la langue, sur les lèvres, dans l’œil ; mais je suis aujourd’hui en mesure de les contenir pour ne pas ensevelir mes interlocuteurs sous une avalanche d’interrogations auxquelles ils ne peuvent répondre qu’à moins du tiers, ne se rappelant inévitablement pas du reste. ((Mais je veux apprendre qui tu es, sous toutes les coutures ; lumière et noirceur))

Ailleurs ― les autres régions que contiennent notre monde. Ailleurs ; pas Lentis. Mais ((ailleurs)) vibre de différentes sonorités dans mes oreilles. Certes, là, maintenant, en cet instant, je te demande effectivement si tu as toujours vécu à Lentis, si tu y es né. Sauf que je viens d’ailleurs sur deux plans sans la moindre ressemblance. D’une autre région, d’une autre réalité ; quand mon esprit bascule sur une autre sphère que celle dans laquelle nous évoluons tous. Quand ma vision se modifie, aperçoit ce que nul autre ne peut remarquer et quand les murmures s’imposent avec encore plus de force, d’intensité ((   « shut up ! no, not you »)) mais aussi, aussi quand le vide m’absorbe et il ne reste de moi qu’une coquille, une enveloppe charnelle. Que la conscience s’effrite, plus rien d’autre qu’un étrange sommeil aux rêves éveillés. ((Les souvenirs vagues et si flous de la voix de Neffy derrière la porte close, à chaque soir, raconter sa journée, préparer un repas et partir ; l’odeur de la nourriture qui envahissait ma chambre, mais s’effaçait si rapidement de ma mémoire)) parfois, je me demande si je n’ai pas imaginé. Si je n’ai pas totalement construit la présence de Meera qui s’est faufilée dans ma chambre ― je crois que je lui ai ouvert ― une nuit, silencieuse nuit.

Se distraire, on a dit. Je suis venu ici pour chercher une diversion, une évasion même de mes propres réflexions. Ne pas les laisser déferler, m’entraîner loin des rivages et causer naufrage.
Remettre à un groupe de potes assez bruyants les bières demandées et me retourner vers toi, hautement plus intéressant, brillant, beau que les pensées qui tendent à m’emporter. ((Illumine ma nuit))

Incliner très légèrement la tête en écoutant ta réponse ; je m’intéresse toujours aussi sincèrement aux gens qui orbitent près de moi (pas autour, je ne suis pas égocentrique, à croire que l’univers se centre sur ma personne) ― alors oui, connaître d’où tu tires tes origines, c’est une information que j’accepte avec plaisir. « C’est donc de là que tu tires ton magnifique teint. » Qui n’est pas le plus aisé à saisir sous l’éclairage du bar, mais qui se devine suffisamment tout de même. Profitant d’avoir servi le dernier client se trouvant présentement au comptoir, j’entame un peu de vaisselle ; ancré dans mes habitudes, nettoyer au fur et à mesure des activités. Ne pas attendre la fin de sorte à se heurter à une pile si haute qu’elle décourage.

Mais je ne peux m’empêcher de couper l’eau et me retourner, dos contre le lavabo, quand ta pick-up line fuse en haussant très légèrement le sourcil. Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres, mon rire rejoignant le tien, amusé. Définitivement ravi que mon choix se soit posé sur toi ; tu détournes les trains suffisamment pour me permettre de garder pied sur terre. « Ouais, mais malheureusement, ils m’ont un peu banni alors j’pourrais pas te faire visiter l’intérieur. J’peux t’amener aux portes, ceci dit. » Et évidemment que le sous-entendu est volontaire et appuyer par l’étincelle dans mon regard. Comment aurais-je pu laisser l’occasion passer, dis-moi ? « Laisse-toi tenter, j’adorerais voir ça. » Toujours bien installé sur mon visage, ce sourire en coin, cette mimique presque aguicheuse ; mon œil se plonge dans ton regard, le soutenir sans ciller, à mon tour (mais je suis très sérieux sur cette deuxième phrase, alors pas de rire pour la conclure, seulement ce sourire).

Attraper un torchon sec pour commencer à essuyer la vaisselle déjà lavée entre d’autres clients qui était seulement encore trempée. « Je n’attends que de découvrir ce qui s’y cache. » Surprends-moi. J’aurais bien aimé te répondre par un clin d’œil à mon tour, mais si je peux jouer, te renvoyer la balle avec les sous-entendus, ça, c’est simplement physiquement impossible depuis une certaine rencontre mal terminée. « Tu me montreras ? » Question presque rhétorique à ce stade. Je dépose les verres pour les cocktails désormais complètement secs ainsi que ceux pour les shots, dans les armoires correspondantes avant de reposer mon attention sur ta beauté (et j’admets que ton style te va à merveille). « T’es plutôt du genre trop de Pokémon pour compter ou le strict minimum, tiens ? » ((Oui, j’alterne entre piques et jeu puis questions beaucoup plus générales, faudra s’y faire. C’est toujours comme ça. Le prix à payer pour des pensées à un rythme effréné, déraillant trop souvent des rails.))

« Avec plaisir » que je souffle en réponse, sourire au coin des lèvres, amusement dans la voix ; oh, vraiment, avec plaisir. Compte sur moi pour te satisfaire. « Pauvres portes, tant qu’elles sont solides et pas de carton. » Parce qu’il ne faudrait pas les abîmer, pas vrai ? La subtilité qui s’envole au fur et à mesure de nos échanges ; qui n’enlève strictement rien à l’intérêt de la conversation (bien au contraire). La musique continue de jouer, les clients de venir, repartir, donner leurs commandes et il suffit de leur donner. Une Smirnoff, la prendre et se diriger vers le comptoir, l’ouvrir devant les yeux de la jeune femme à qui je demande une preuve d’identité au préalable. Parce que franchement, y’a de quoi croire qu’elle n’est pas majeure. Je lève la carte vers la lumière, la scrute, essaie de vérifier qu’il n’y a pas la moindre indication comme quoi elle pourrait être factice. Parce que je sais, hein. Je sais. Prétendre que l’on est quelqu’un d’autre, right ? Ce n’est pas moi qu’on attrapera avec une fausse preuve. Mais tout va bien. Elle est majeure d’un mois. Je lui tends en la remerciant chaleureusement ((peut-être un peu trop, légèrement plus proche que nécessaire, pour lui faire oublier les soupçons agaçants)) et la voilà qui rougit avant de retourner à son groupe d’amies.

C’est toujours amusant d’observer l’effet que l’on peut avoir sur les autres. Mais elle est bien trop jeune pour moi. Cute, mais vraiment pas intéressé. Mais si ça peut lui permettre de se sentir belle pour une soirée ; malheureusement à cet âge, elles tendent à douter de leur capacité à flamboyer. Alors qu’en y mettant un peu d’effort et de confiance, je sais qu’un jour, elle embrasera des cœurs. Argent récupéré et rire en voyant le supplément, dommage je n’ai pas eu le temps de la remercier pour ça, je dépose l’argent à sa place.

« Donc t’es devenu père involontairement ? » Est-ce que je me moque de toi ? Ouais, totalement. En riant. Parce que ça m’amuse comme situation, se retrouver obligé de prendre soin de boules insupportables et bruyantes ? À vrai dire…. C’est comme ça que j’ai eu Potam. Mais comment je pouvais refuser à Zamas de prendre son cadeau de Noël, hein ? C’est mon frère quand même. Je peux rien lui refuser. Sauf, genre, des trucs qui n’ont vraiment aucun sens et qui lui feraient du mal. Est-ce que je suis curieux ? Peut-être. ((Totalement)) besoin incessant de tout connaître, disséquer l’esprit de ceux qui m’entourent jusqu’à tout avoir observé à la loupe, au microscope. Que rien ne m’échappe.

Se rapprocher de toi, derrière toi, mes mains s’installent une par-dessus l’autre sur ton épaule sur lesquelles j’y dépose mon menton. « T’as pas idée à quel point. » C’est une position que je préserve seulement quelques secondes avant de m’éloigner et attraper une bière pour James en lui faisant signe que je l’ai vu ; écoute, c’est la sixième fois qu’il revient chercher la même bière, j’ai un peu retenu son prénom, son histoire brève. Il est en fin d’année d’études en génie mécanique, la fin de trimestre est complexe et il a juste envie de s’amuser un peu. Il a 20 ou 21 ans, il me sort les deux chiffres à chaque fois et il est pas mal certain qu’il peut avoir toutes les filles qu’il veut (je garde l’œil dessus un peu, faudrait pas il devienne lourd). Lui apporter et l’attention qui se repose sur toi. « Eeh, je commence à m’assoiffer moi » et le ton taquin, et le ton suggesteur également, comprends ma phrase comme ça te chante. « Du coup, ces fameux Pokémon, ils ont des surnoms ? » et le sujet qui change encore.

you love it when i'm bringing you hell

make me feel like i’m human

L'ensemble des stimuli me bercent et m'enivrent. S'y percher, s'y égarer, laisser les pulsations de la musique devenir celles de mon coeur.
Et puis, et puis, ((vivant)) je me sens ((vivant)) dans cette ambiance ; entre les diverses conversations si peu attrayantes, la musique qui se faufile entre chaque corps se rapprochant, s’éloignant. Les rires, les murmures, les échanges et toi. J’avais oublié que ce type d’atmosphère représente une échappatoire, ouvre la route vers les sommets et permet de voler et de tanguer, au-dessus du vide et s’en extirper pour s’amuser, ivresse tant recherchée. Les lumières un peu vives qui pourraient me donner mal à la tête en d’autres circonstances s’infiltrent dans mon sang pour raviver les étincelles présentement ; et je veux danser, danser, danser à tout oublier, tout effacer, tout diluer dans la nuit. Danser et tourner autour de toi, tournoyer et virevolter et me perdre ; viens m’enflammer.
((Soudainement, j’ai un peu trop d’énergie à revendre))

C’est blanc et c’est bleu, davantage que rouge et orange et si j’aime les deux dernières teintes parce que c’est feu, le blanc et le bleu sont éclaircis et ciels dégagés et pas d’orages à l’horizon, viens, tu veux pas aller danser ? ((mais on travaille)) Il te reste combien de temps à ta soirée, dis-moi ? Un rire sincère, amusé, s’échappe quand tu m’annonces les surnoms attribués à tes Pokémons. C’est peut-être un rire un peu trop léger, un peu trop lumineux. « Je préfère ceux que tu leur as donné ! » Parce qu’ils ressemblent beaucoup aux raisonnements qui m’amènent à attribuer les surnoms de mes propres Pokémon. « Dommage, t’as pas les yeux bleus, j’aurais pu trouver quelque chose à dire avec l’Azurite. » mais ça ne m’empêche pas de les contempler, de les détailler, presque essayer d’en apprendre jusqu’à la plus infime nuance, à chaque fois que la distance se réduit suffisamment pour qu’ils soient clairement visibles. Parce qu'ils ne possèdent peut-être pas la bonne teinte pour une comparaison ou une analogie, mais franchement, j'pourrais clairement claquer plusieurs lignes de poésie sans difficulté sur leur couleur.

« J’ai déjà menacé un Furaiglon d’en faire un ragoût. C’est quel Pokémon que t’as menacé de cuire ? » Les fils s’emmêlent, les réflexions s’égarent et se bousculent, cascades torrentielles que je n’essaie pas de gérer parce que je me sens enfin bien ; parce qu’il faut qu’une distraction, c’est tout ce que ça me prenait ((et t’en es franchement une agréable, à parler, mais à mater aussi j’vais pas mentir)). Incendie sous l’épiderme, incendie délicieuse en réponse à ta main sur ma taille, à ta peau sur la mienne. Sourire en explorant visuellement tes lèvres, « Laisse-moi y réfléchir… » que je souffle en réponse.

Ma main se dépose sur la tienne ; celle qui tient la canette ; alors que je gruge encore quelques millimètres qui nous séparent. Pour que les souffles se mélangent à nouveau. Le feu qui m’habite si différent de celui des derniers mois, je souhaite le prolonger. Ne pas le laisser s’éteindre, ce serait triste, non ? Et je ne veux pas de la désolation et des cendres, que des flammes hautes, hautes et brûlantes, ardentes, qui nous encerclent. Qui me consument. « Je dois bien me situer près du huit. Il te reste combien de temps ? » Murmure sur mes lèvres. Je sais attendre quand il le faut, mais mon naturel impatient commence à bien se manifester, à m’harceler. Et sans prévenir, ma main qui reposait sur la tienne pique le breuvage alors que je recule de quelques pas, tout juste assez pour l’ouvrir (avant que tu tentes de la reprendre), mais pas suffisamment pour que s’évapore ton effluve.

Paraîtrait que je suis quelqu’un d’impatient. « Ça désaltère. » Un nouveau sourire amusé sur les lèvres. « Mais j’doute que ce soit suffisant. » Le regard s’attarde sur tes lèvres avant de remonter, message clair.
À vrai dire, c'est une certitude : une Redbull ne me comblera définitivement pas.

i’ve always like to play with fire ― réfléchir ; les neurones toujours actives, qui ne s’arrêtent jamais de fonctionner, elles tournent et tournent et apportent mots et pensées et douleur parfois ; mais pas maintenant. Non, là, maintenant, il n’y a que les étincelles qui restent, le feu qui attend de prendre ((celui dans lequel je veux me perdre, celui dont la chaleur est agréable, pas les flammes qui brûlent en laissant souffrance sur leur passage, non)). Les explosions qui rappellent que je vis et qui me donnent envie de toujours plus.

Se tourner autour et mes paroles qui s’envolent, s’éteignent dans l’atmosphère électrique, j’ai déjà oublié ce que j’ai dit, mais ce n’est pas important. Pas vrai ? Ce n’est pas important. Ce qui est essentiel, c’est ta présence et la mienne et l’adrénaline dans mes cellules, et les sommets sur lesquels je me hisse doucement ; et ce qui est important, c’est ton souffle sur mon oreille (je crois que j’ai manqué un instant ; que ça s’est un peu mélangé à l’énergie qui parcoure mes veines, je dois retracer les derniers instants, y retrouver les mots prononcés). Parce que je veux bien être convaincant, mais ce serait bien que je sache pourquoi, non ? Ça aiderait à l’être.

Petites lumières qui s’allument dans l’esprit quand les souvenirs sont retrouvés ― putain, autant de temps, vraiment ? Ma patience s’use rapidement, tu sais ? Parfois, je me demande qui construit les horaires de travail, parce que vraiment, c’est impossible de passer autant de temps à travailler sans finir par s’emmerder. Bon, d’accord, mes journées de travail au laboratoire aussi s’étirent aisément. Surtout quand ― non, rester dans la lumière. Profiter des flammèches qui m’habitent et m'enivrent, ne pas s’égarer, ne pas provoquer les abysses ; les nuages bien plus agréables et intéressants. Mon attention se repose sur toi pour me distraire ; magnifique distraction, vraiment.

Tourner la tête légèrement, juste assez pour ton souffle auparavant sur mon oreille (étincelles parcourant l’épiderme ; délicieuses étincelles que je veux préserver, continuer d’alimenter) se mélange à nouveau à ma respiration. « Mhm… tu sais, moi, j’ai ma redbull pour patienter. » Le sourire joueur sur les lèvres ; l’impatience qui bouillonne ne m’empêche définitivement pas de m’amuser ― rien ne m’enlèverait ce plaisir de taquiner.

((Mais je ne dois pas oublier que je suis derrière le comptoir aussi pour aider)) et je m’échappe à notre proximité, mes doigts courant sur ta hanche ― prolonger un peu le contact, moins frôlement, plus appuyé ― avant de définitivement le briser pour m’occuper d’un client. Les mots en cascade, la conversation qui s’engage avec et mon œil qui coule en ta direction, presque un défi lancé ; un moi, je peux attendre, mais toi ? ((mais est-ce que je peux vraiment attendre ? pensées enflammées, jeter de l’huile sur le feu pour observer les flammes grandir, grandir)). C’est très long, une heure et demie. J’essayerais peut-être de me montrer convaincant, mais pas tout de suite.

« Mais j’suis curieux de ton idée ! » que je lance entre deux phrases adressées au client à qui je tends sa consommation, encaisse l’argent. C’est calme, certes, mais si je tiens occupé les clients en leur tapant la discussion… je peux tenir un moment tu sais ? Lueur amusée dans ma prunelle. Je ne manque jamais de sujets pour des conversations.