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Fleur ne pensait pas qu’il aurait l’occasion d’être sous le feu des projecteurs à nouveau, c’est vrai. Après tout le tournoi des champions n’avait-il était qu’une envie coup de tête, pas quelque chose qu’il comptait faire de sa vie, mais quelque chose qui l’intéressait sur le moment. Il avait voulu se donner la permission d’essayer, et avait fini par devenir champion de Kopadia, quand bien même il restait d’avis que Kiya’na aurait mieux porté le titre si elle était restée dans la compétition. Mais ici, c’était différent; au départ il n’avait voulu affronter les autres dresseurs dans la Tour Céleste que pour tester la solidité de son équipe, sans vraiment penser ou chercher à se rendre aux étages supérieurs. Mais mine de rien, ça avait été plus facile (pas facile – juste plus) que ce à quoi il s’était attendu. Oh, bien sûr, dès qu’un pokémon feu, ou volant, ou roche entrait dans la compétition, son équipe morflait grave. Mais en dehors de ça? Ses pokémons étaient forts. Aussi forts qu’il en vantait les mérites, même. Après tout était-il dans une croisade pour convaincre la populace que les pokémons insectes sont puissants… alors pourquoi doutait-il de ses propres convictions?

Et si les dix premiers étages avaient été des combats à l’aveuglette et presque anonymes, ceux des étages suivants étaient bel et bien télévisés. Bon, Fleur se doutait bien qu’on allait tomber sur son combat plus par hasard que par volonté, mais ça restait qu’on pouvait le voir. Il devait le garder en tête, parce qu’ici, contrairement au tournoi des champions, il n’y avait point de gradins et puis de spectateurs en présentiel. Juste lui, son adversaire, et leurs pokémons. En soit, c’était vachement moins de pression; il pourrait se laisser aller au combat sans s’inquiéter des réactions de la foule, quoiqu’évidement leurs encouragements aussi ne se feraient pas entendre. Qu’importe; là il devait plutôt s’empêcher de grelotter comme un gamin sous la pluie, toujours aussi frileux. La pluie ici n’avait rien de la chaleur des pluies kopédiennes, et même s’il portait son petit manteau de cuir, et même s’il n’était là que depuis cinq petites minutes, ses cheveux étaient complètement trempés et ses jeans noirs étaient couverts de boue jusqu’au mollet. Tout ça, simplement en s’étant déplacé au milieu de l’arène.

« Hey! » dit-il en te tendant sa main qu’il avait sorti pour l’occasion de la poche de son manteau de cuir, « Eagle, c’est ça? » il savait, évidemment, simplement parce que c’était ce qu’annonçait son cellulaire quand on l’avait averti de la possibilité de combat qui s’offrait à vous. De ce fait, il ne connaissait pas ton nom de naissance, juste ce que l’application lui avait fournis. Il ne sait rien de tes pokémons, non plus, il n’a pas eu l’occasion de regarder beaucoup de combats à la télé, trop occupé qu’il était d’y participer (en plus de toutes les autres choses qui occupaient sa vie en ce moment, et sans parler des pokémons paradoxes qui occupaient beaucoup de son temps dernièrement). « Semblerait qu’on va se faire chier avec la température aujourd’hui. En tout cas, je suis sûr qu’on va s’amuser! » il cesse de serrer ta main, mais il a un grand sourire sur son visage, jeune homme heureux qu’il est. « T’étais au tournoi des champions, non? » fait-il en réalisant seulement d’où il connaissait ton visage. « Oh, je suis trop content qu’on ait l’occasion de se battre, comme on a pas pu au tournoi » en plus, le mec qui s’occupait des annonces de combat, c’était pas le champion de ton île? Comme si le destin avait voulu vous mener à ce jour.

Quand même, Fleur eut la délicatesse de pas mentionner qu’Oyaris t’a raflé le titre de champion d’Adamantia.

« Allons-y » dit-il après un court instant de réflexion. Après tout, plus vous parlez, plus vous devez endurer la pluie battante et la boue et – franchement, à son avis, ce terrain du tournois était loin d’être le plus beau. Certes, la pluie, c’est intéressant, mais quand on pense qu’il y a (rumeur) des étages avec des cascades qui chient des arc-en-ciel en permanence, se retrouver dans une cours de boue avec 2-3 buissons éparss, c’était loin d’être aussi cool, quoi. Bref, vous laissez à Oyaris la peine d’expliquer les règles du combat pendant que vous vous installez de chaque côté du terrain, et puis vous envoyez votre premier pokémon en avant. Évidemment, à la surprise de personne ayant suivis le tournoi des champions, Fleur envoit son fidèle Astronelle en premier pour poser un mur de protection entre lui et ton pokémon.

Comme quoi, Fleur n’allait pas refaire le monde aujourd’hui.

Fleur en était convaincu, ça allait être un bon combat, c’est pour ça qu’il se lance sans même vérifier quel est ton pokémon!

Ça s’était passé vite – vous vous étiez parlés, et tout de suite, il avait aimé ta vibe. T’étais à peu près aussi relax et chill que lui, en tout cas au moins en apparence, et ça, c’était pas rien. Après tout, il avait rencontré des dresseurs qui étaient anxieux ou même hostiles face à lui. Faut dire que lui-même, ça lui avait pris beaucoup de temps pour se convaincre qu’au fond, il avait le droit de perdre. En fait, pire : s'il y avait bien un endroit au monde où il n’y avait pas de conséquences à perdre, c’était ici. Pas là-bas, dans la nature lentoise, parce que de perdre là-bas c’était synonyme de mort. Peut-être qu’après avoir affronté tant de dangers là-bas, il était normal que Fleur soit si détendu ici.

Peut-être qu’il avait trop confiance en son équipe, aussi.

Position prise, pokémon envoyé dans la plus claire des habitudes, c’était normal à ce point-ci qu’on reconnaisse son Astronelle. Même que sûrement ça lui enlèverait des points dans l’opinion publique, de toujours l’envoyer, mais heureusement, les étages précédents n'avaient pas été télévisés, alors il pouvait bien se le permettre pour ce combat. La vérité c’est que Fleur était incertain de la puissance réelle de son équipe, incertain à savoir s'il pouvait les envoyer sans murs. Là, aujourd’hui, c’était là que la réelle difficulté commençant (n’allez pas dire ça aux combats qu’il a gagné dans les étages précédents, il ne risquait pas de se faire des amis), et c’est pour ça qu’il ressentait autant le besoin d’avoir cette béquille. Il se disait toujours qu’au prochain combat, il allait combattre sans envoyer son Astronelle en premier…

Sa première erreur, ça avait été d’ériger un mur de protection quand il aurait fallut mettre un mur lumière. Mais Fleur ne s’y connait pas très bien en pokémons, dès que ça ne touche plus des insectes, il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il avait vu ton pokémon (qu’il trouve très mignon au passage) et puis il ne s’était pas posé de question, il avait simplement mis le mur et puis basta. Il ne remarqua même son erreur que lorsque la Ball’Ombre passa directement outre le mur, lui qui s’attendait à ce que l’attaque soit ralentie! Et à voir la réaction de Caèdre, il était évident que ça lui avait fait mal, en plus, le pauvre. « Ça va, mon grand? » demande-t-il d’abord à son pokémon, qui ne lui répond qu’en faisait briller les points sur son dos (sa tête?). Fleur a l’habitude, surtout quand Caèdre est concentré et en mode combat, c’est ainsi qu’il trouve plus simple de communiquer.

Heureusement, Caèdre est résistant. Il en a vu d’autres, des attaques puissantes lancées à son égard. Surtout, il allait tenir le temps de mettre un mur lumière, de quoi ralentir la progression des attaques de ton pokémon. En plus, Fleur, là, il était convaincu que c’était un pokémon eau ton truc, parce que ça ressemble à un Corayon et qu’il en a vu à Kopadia. Mais ça, évidemment, c’est une erreur à faire pour plus tard, comme on dit! « Caèdre, pose un Mur Lumière! » lui dit-il, mais à vrai dire son pokémon avait tellement l’habitude, hein, qu’il avait commencé à le mettre sans plus attendre.

Fleur en était convaincu, ça allait être un bon combat, c’est pour ça qu’il ne s’en veut pas trop de son erreur!

Tu tombes dans la boue et, comme toi, il fait un pas vers l’avant, un pas peut-être un peu plus sûr ou, en tout cas, plus chanceux, parce que lui ne s’est pas vautré dans la boue; main tendue vers toi comme pour te rattraper, mais trop tard, il était de toute manière à l’autre bout de l’arène, mais le geste était purement humain. À défaut de pouvoir te rattraper ou même de pouvoir t’aider à te relever, le voilà qui te hèle depuis sa position, sa voix rendue difficile à entendre à cause de la pluie : « Hey, tout va bien, tu t’es pas fait mal? » mais comme tu te relèves, semblerait que ce ne soit rien de bien sérieux. Puis si tu t’étais rendue jusqu’ici, c’était sûrement que tu étais solide, non? Bon; Fleur fait une équation entre les dresseurs et leurs pokémons, comme si pour avoir des pokémons puissants, il fallait l’être aussi. Bon, après, à Lentis, les gens en général étaient solides.

Malgré cette petite escapade dans la boue (qui te colle à la peau), tu ne perds pas de temps; aussitôt le nouveau mur de protection levé, tu intime à ton pokémon d’utiliser l’attaque feu follet qui rend Fleur un peu confus. Bon, déjà, les pokémons peuvent amplement apprendre des attaques qui ne sont pas de leur type, mais comme lui pensait que tu avais là possiblement un pokémon eau et roche, le fait qu’il utilise une attaque feu… ou était-ce une attaque spectre? Avec un nom comme feu follet, disons que les deux auraient pu être possibles.

Bon – tout ça pour dire que Caèdre est en feu, ce qui n’est pas génial, déjà les insectes aiment rarement le feu (sauf Scolocendre et Pyrax, bien sûr), et puis Fleur sait que la brûlure continuera à lui faire des dégâts jusqu’à ce qu’il soit soigné, et ça n’allait pas être joli. Son premier réflexe c’est de faire tomber son sac à dos au sol pour en tirer un total-soin, sauf qu’en fait, il avait été décidé pour leur combat qu’il n'y aurait pas d’objets utilisés et, ainsi, son sac à dos avait été laissé en dehors de la zone d’arène. Le voilà qui claque de la langue, manifestement dérouté par la situation, surtout qu’il n’aimait pas voir son pokémon souffrir ainsi.

Puis tu l’inspires. Vraiment; c’est ta chute maladroite qui lui vient en tête. Après tout, vous êtes dans une arène où il pleut, une arène pleine de boue, alors il dit à son pokémon : « Caèdre, roule toi dans le boue, vite! » bon, ça n’allait pas être glorieux, ça, et Caèdre brise sa concentration pour lui lancer un regard vite, comme si l’esprit de son pokémon avait quitté son corps tellement ce que Fleur venait de lui dire le heurtait dans son essence même. Mais bon; ça c’était jusqu’à ce qu’il sente la morsure de la brûlure sur son cul, et là, soudainement, il se montra plus réceptif.

Du coup, vous avez comme spectacle Caèdre qui se roule comme il peut dans la boue, la forme de son corps n’étant pas idéale pour ce genre de chose. Quand bien même, lorsqu’il eut fini, il eut du mal à se remettre sur pied tellement la boue le ralentissait. Voilà que Fleur rit; bon, c’était pas la meilleure des idées, mais si ça pouvait aider pour le moment, hein… bon, valait sûrement mieux rappeler Caèdre à sa pokéball, au moins pour le moment. « Très bien, Caèdre! » dit Fleur alors que le faisceau lumineux de la pokéball frappe son pokémon, suivis de celui de son Lucanon, Labori, qu’il envoyait à l’avant.

Oui, parce que Fleur pensait toujours que ton pokémon tait de type eau et roche. Et contre un type eau, on envoie, bien sûr, un type électrique. C’était pas si con… si on oubliait toutes les vérités établies sur les Corayon de Galar. « ‘Bori, montre leur ce que tu sais faire de mieux! Tonnerre! » et le Lucanon s’active (peu habitué qu’il est d’être le plus rapide); ses ailes vrombissent dans l’air et la pluie vient former des gouttelettes sur ses ailes toujours en mouvement, mais ce dont il faut se méfier, c’est de l’électricité qui se formait au bout de ses mandibules, là où une boule d’électricité statique se préparait à être projeter vers ton petit Corayon de Galar.

Le choc électrique est considérable, assez puissant pour faire s’élever les poils sur vos bras tant il est chargé, et faisant valdinguer le pauvre  Corayon de Galar comme une vulgaire roche (même pire, puisqu’une roche aurait eu le chic d’offrir une certaine résistance – il était plus près de ces bouts de bois qui se faisaient porter sur les plages par des vagues hautes, tant il était léger); le cœur de Fleur s’arrête un instant alors qu’il se demande dans quel état est le pokémon (cela pourrait virer à la tragédie), mais comme tu ne sembles pas du tout affolée, il se calme alors que tu rappelles le pokémon à sa pokéball.

Tout va bien.

C’est que Fleur a eu des problèmes, dans le dernier moi, avec ses pokémons et leur contrôle sur leur force. Ils étaient motivés, et souvent cela se traduisait en des coups particulièrement puissants, sans retenue, dangereux. Et un combat avait beau être un combat, Fleur ne s’en remettrait pas s’il causait des dommages permanents à tes pokémons. Heureusement, en dehors de leur force digne d’un dragon, les pokémons de Fleur n’étaient pas naturellement agressifs, il n’y avait pas même le spectre de comportements vraiment dérangeants, à vrai dire, enfin, pas aux yeux du jeune homme.

Évidemment, le pokémon se voit remplacé par un autre (c’est bien là le fonctionnement d’un combat, après tout) et laisse place à une Momartik, magnifique et terrifiante créature des confins d’Adamantia. Elle ne perd pas de temps pour démontrer sa puissance, et le pauvre Labori, son Lucanon, se voit vite attaqué en représailles; les gouttes de pluie, pendant un instant, se transforment en grêlons qui viennent percuter le sol ou leur peau avant de fondre. Fleur, qui n'est vraiment pas friand de froid, se retrouve à grelotter, ses cheveux mouillés devenus en un instant complètement gelés. Le souffle fait mal à son pokémon – Fleur ne saurait dire pourquoi, mais les murs de protection de son Astronelle n’avaient pas été efficaces.

Qu’importe, il devait agir vite avant que la Momartik ne continue son assaut. « ‘Bori, bien joué! » dit-il, les mouvements de ses lèvres maladroits parce qu’il se sent engourdis par le froid. Ses doigts sont gourds, mais il arrive à rappeler son Lucanon à sa pokéball – oui, la stratégie entière de Fleur reposait sur sa capacité à échanger de pokémon ici et là. Un simple picot au sol et hop, tout est foutu à l’eau, mais bon, ça, ce serait un problème pour un autre combat. « Gaveloc, c’est à toi! » et voilà que le troisième pokémon de Fleur entre sur le terrain; un Lançargot vraiment pas plus rapide que son Lucanon, hein, mais fortifié d’une armure d’acier qui, il l’espérait, le protégera du souffle glacé de ton pokémon. Bon; son raisonnement pour l’envoyer, c’est surtout que le pokémon vient d’Adamantia, lui aussi. Alors logiquement, il saura résister au froid, pas vrai?

Une logique faillible, mais qui lui servira aujourd’hui.

« Gaveloc! » cri-t-il au dessus du vacarme de la bruit et du bruit de ses grelottements, « Tête de Fer » oui; l’attaque est puissante, mais à quel prix? Il était lent, atrocement lent. Si ça se trouvait, ton Momartik allait le mettre hors-circuit avant même qu’il ne touche. Mais bon, pour l’instant, c’était la meilleure tactique qu’il avait en tête : foncer tête baissée. En attendant, le froid se répandant dans ses membres tel un poison, et vraiment, ce que Fleur n’aurait pas donné pour être à l’abri de la pluie! Mais non; il avait les pieds bien enfoncés dans la boue, son Astronelle en était complètement recouvert également, et son Lançargot n’allait pas devoir bien attendre avant d’en être recouvert lui aussi. En attendant, il se positionne et fonce tête première vers le Momartik, à l’instar des Tauros qui foncent vers… enfin, tout. C’est un peu leur truc.

Et s’il tremblait, ce n’était pas simplement de froid. Pas de peur – rendu ici, il fallait accepter le risque de perdre. Non, il tremblait d’excitation; est-ce que son Gavelox allait faire mouche, ou est-ce que ton Momartik allait KO le reste de son équipe? Il ne doutait pas, après tout, qu’un seul coup supplémentaire aurait suffit pour faire tomber Labori, son Lucanon.