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if we go down, then we go back together
Tends le pied encore un peu, ça doit être une pointe. Exactement comme ça petit ange. Un sourire tendre sur les lèvres, mélodie autour d’eux ; la douceur dans ses gestes comme toujours. Si douée avec les enfants, mais elle ne se voyait pas mère pour autant ; elle qui eut à mettre de côté rêves et idéaux pour s’occuper de frères et sœurs, pour aider mère et père ; regarder le soleil se lever à l’horizon en se demandant ce que ça donnerait d’enfin pouvoir déployer ses ailes, caresser les nuages et longer cette ligne si belle, où tombaient les rayons chaleureux d’une étoile brûlante, ardente, colorant l’étendue bleue de rose et mauve, d’orange et jaune. Une peinture magnifique qu’elle observait avec affection profonde, mais Caheala’ni n’en pouvait plus d’être spectatrice de sa vie, elle souhaitait devenir actrice de son futur.

Sa main venait se poser sur les bras et les jambes des enfants pour corriger les positions, ses mots embaumaient l’atmosphère pour les encourager et les bercer d’un chant affectueux pour leur laisser entendre qu’ils pouvaient tout faire tant qu’ils y mettaient l’énergie et le désir. Les flatter et les complimenter ; leur indiquer qu’ils étaient parfaits comme ils étaient. Ce qu’elle connaissait le milieu de la danse, la pression des performances et des projecteurs braqués sur soi ; la beauté passait par la minceur telle était l’industrie et plus le corps était léger, mieux il s’élançait dans les airs. La beauté passait par la capacité à dépasser le physique, à réinventer les règles de l’art. Son corps était une sculpture de glace qu’elle continuait d’améliorer.
Aujourd’hui encore, elle évitait les restaurants et aujourd’hui encore, son café portait la robe de la nuit. Son cœur se gonflait d’espoir à s’entourer des plus jeunes, d’espoir de changer cette industrie pour de meilleurs jours. Que le soleil réchauffe la peau glacée des adultes abîmés par les restrictions posées. Et elle souriait. Souriait à l’idée qu’ils puissent éviter ce qu’elle traversa. ((Elle ne changerait rien de son parcours pour autant))

En arrière-plan, dans le paysage de la peinture, ce Couaneton, apaisantes notes de bleu complémentant le paysage qu’était cette salle de danse où apprenaient les enfants à écouter leur corps et la souplesse. Ce Couaneton qui essayait de répliquer les mouvements enseignés aux petits, sautillant, s’envolant presque. Un jour, il deviendra cygne, elle le savait. Elle se tourna vers lui, s’en approcha pour offrir quelques caresses à laquelle il s’abandonna sans aucune hésitation, toujours présent pour les manifestations d’affection ((il s’ennuya de l’artiste, lorsqu’elle était partie)). Et puis, lorsque l’heure de fin sonna, que les enfants furent habillés et que les parents vinrent les chercher, Caheala’ni traîna son regard sur le décor qui l’entourait, cherchait ce qu’elle pouvait bien faire pour occuper sa journée ; tout en connaissant parfaitement ce qu’elle souhaitait.

Ainsi, ses pas la portèrent vers le téléphone présent à l’école et ses doigts composèrent un numéro qu’elle apprit par cœur bien qu’elle n’eût pas de cellulaire pour communiquer comme tous le faisaient aujourd’hui. Un seul message laissé sur la boîte vocale. Bonjour Mora, il y a une nouvelle boutique de thé qui a ouvert en face de l’école de danse, souhaiterais-tu m’y rejoindre dans une dizaine de minutes ? Je t’y attendrais si tu peux venir. Et la voilà qui s’y dirigea, doigts croisés, parce qu’il y avait un moment qu’elle ne vit pas cette jeune femme à la douleur et l’incertitude ayant touché son cœur. Un moment qu’elle espérait pouvoir la recroiser. Assise à la terrasse, observant les légers flocons tomber, témoignant de l’hiver (mais ce n’était pas le véritable hiver, pas celui qu’elle attendait, pas celui qu’il devait se produire). Elle se laissait bercer par la brise du vent et les rires des enfants plus loin, par les discussions l’entourant et les piaillements des Pokémon. Commandant un thé à la menthe, Caheala’ni profitait de la sérénité du paysage, de l’instant, en patientant.

Ses doigts, tendrement, caressaient les feuilles d’automne sur lesquelles se recueillait une citrouille, peinture de mains habiles, de mains agiles, sur la tasse de laquelle fumait l’odeur de la préparation si réconfortante. Ces effluves qui ne pouvaient que lui rappeler les journées enfermées à danser et danser, alors que la pluie tombait, goutte après goutte, résonnait et rappelait que l’été était terminé, que l’hiver approchait. Se perdre dans sa créativité, dans l’invention de ses chorégraphies pour ensuite, ensuite s’élancer dans la météo un peu capricieuse, récupérer la végétation tombant des arbres et les sécher. Les coller sur des feuilles et les accrocher dans un cadre trônant encore dans la salle de repos de l’école. Pour que l’automne perdure éternellement. Il y avait une touche si chaleureuse et réconfortante, rassurante, à cette saison aux couleurs si magnifiques, aux touches si chaudes, si douces. Un optimisme certain, parce que la transition était essentielle, les fleurs devaient faner pour s’épanouir à nouveau aux premières lueurs du printemps.

Passa près d’elle la serveuse dont les pas se traînaient, rappelaient les basses qui accompagnaient n’importe quelle musique, avec le thé qu’elle déposait sur la table voisine, respirant la verveine et les fleurs d’oranger. Une odeur délicate et ravissante qui éclairait le sourire de la danseuse. Il y avait également une touche de cannelle si agréable. L’univers dans lequel elle se trouvait, Caheala’ni y verrait toujours la magie et l’art, des rires des enfants composant de merveilleuses mélodies aux piaillements des oiseaux rajoutant les harmonies, des décors environnant et l’énergie de tous les gens, parfaite valse aux pas maladroits, mais pourtant tant motivés. La vie parcourait les veines et les poumons de tous ceux qui l’entouraient et elle s’accrocherait éternellement à l’idée que tout allait toujours s’arranger, que les erreurs existaient pour être corrigées et qu’elle-même pouvait participer au rétablissement du cours naturel des choses.

Son sourire se fit encore plus présent, encore plus éclatant et chaleureux quand Mora la rejoint en déposant un paquet sur la table. Oh, Mora, c’est tellement gentil de ta part, merci beaucoup. Elle n’avait pas besoin de l’ouvrir pour savoir que ça lui plairait, mais bien entendu qu’elle n’allait pas se priver de découvrir la beauté qui lui était offerte. Devant Mora, les nuages grisâtres de l’anxiété s’évaporaient, une brise fraîche lui permettant de respirer, d’alléger encore davantage son humeur qui ravissait par son naturel léger, sans être superficiel ((l’artiste versait dans un optimisme réaliste, dans un réconfort point étouffant, dans une joie mesurée, mais belle et bien sincère, un dynamise qui n’étourdissait pas ; tout, chez elle, prenait des proportions bien cadrées et adoucissantes)). Et si parfois, les coups de pinceaux révélaient des notes d’impatience, ce n’était point l’habitude.

((Oh, Cae’ possédait une parfaite conscience que ses habits bien préparés, que ses robes si discrètes et pourtant, possédant une caractéristique beauté, que sa grandeur surprenante et simplement la fluidité de tous ses mouvements et son énergie naturelle tournaient les têtes vers elle)) oui, l’artiste comprenait amplement qu’elle attirait inévitablement l’attention vers elle sans même essayer ; c’était à l’image de la danse qui l’avait aimanté avant même qu’elle ne prenne ses premiers cours. Mais elle ne s’en formalisait pas et son attention à elle se focalisait entièrement sur une seule personne : cette magnifique scientifique rencontrée sur une piste de glace.

Avec une grande attention, ses longs et fins doigts retira l’emballage aux touches abricot pour en ouvrir la boîte sur laquelle les impressions de soucis étaient si magnifiques, ravissantes. Pour découvrir une splendeur qui la laissa temporairement sans voix. Mora… ça a dû te coûter une fortune. Il y avait, dans une enfance dans la pauvreté, des habitudes qui ne se brisaient pas et quand un objet aux signes de pokédollars bien évidents se présentait à ses yeux, il était complexe de s’en sentir digne et fière. C’était bien souvent l’inverse. Les rares fois où sa confiance s’ébranlait et où elle ressentait ce pincement lui murmurant qu’elle ne le méritait pas. Mais elle refusait de s’y abandonner. Alors, elle prit le bracelet pour en observer les lilas s’entremêlant et l’admirer. C’était une véritable œuvre d’art qui fut inévitablement si longue à créer. Le respect pour l’artiste supplantait les hésitations et une certaine fierté brillait dans ses yeux que ce soit à elle que Mora l’offrait. Il accordera ma tenue pour la prochaine représentation des enfants à merveille. Merci beaucoup. Elle se leva (elle qui semblait presque flotter) pour prendre les mains à Mora et la mettre sur ses pieds afin de la serrer dans ses bras.

Elle était confiante, la danseuse, elle n’hésitait pas, ne craignait pas le regard des autres, les événements sociaux composaient son quotidien, elle trouvait sa place sous les projecteurs. Et il y avait une chaleur qui prenait sa place en elle, alors qu’elle entourait de ses bras la jeune femme et respirait son odeur, s’en imprégnait pour ne pas l’oublier. J’ai également un présent pour toi, mais il n’est pas exactement terminé, alors je te l’offrirais une autre fois. Accroché à ses lèvres, son sourire rayonnait, ses prunelles étincelaient. Reprendre sa place et enfiler le bracelet fièrement. Que veux-tu tester comme thé, dis-moi ? Je pense que je vais demander leur thé à la papaye et au cantaloup après. en lui tendant la carte sur laquelle se trouvait un dessin de coucher de soleil.

i know it's warm and safe being locked away ;
but would you meet me out in the rain ?

give me forever for a while — les oiseaux berçaient, de leurs chants, complétaient la toile sur laquelle elles se trouvaient, alors que le doux regard de l’artiste effleurait celui troublé et pourtant, joyeux, de la scientifique. ((Le soleil brillait, cette journée-là ; c’était un champ de fleur, un coucher de soleil, c’était une brise d’automne, la parfaite symphonie pour s’élancer et danser, danser à se perdre et s’oublier, danser sans réfléchir aux prochains pas ; Mora était l’inspiration des prochaines respirations)) à tout artiste, sa muse. Peut-être Caheala’ni l’avait-elle enfin trouvé ? Charmeuse va ! Son rire résonna dans les airs, cristallin, s’harmoniant parfaitement avec la douceur de l’instant, se mariant adéquatement avec les notes apportées par le vent, par les paroles, par la scène qui se déroulait sur cette petite terrasse.

C’était un instant arraché aux plus beaux films, un moment mélodieux et nostalgique à laquelle s’accrochait la mélancolie de réminiscences presque oubliées. Son rire était le même qui accompagnait les batailles de sable et les courses, les caches-caches et son rire était le même qui répondait aux mauvaises blagues, qui encourageait. Déployer ses ailes et s’envoler, mais pouvait-elle véritablement prendre la chance de manquer les événements cruciaux, ceux qui comptaient vraiment, des enfants qu’elle avait éduqué main dans la main avec sa mère ? Il y avait un cœur qui se serrait, des doutes qui planaient et le soleil qui rayonnait. Parce qu’elle ne pouvait pas laisser l’angoisse emporte la joie.
((La danse était l’espoir, la promesse de nouveaux horizons ; l’art était l’expression la plus profonde des émotions que l’on ne prononçait pas autrement)) Wa’modai l’attendait, à l’éclat si beau de l’eau, là où se heurtaient les rayons du soleil et l’océan, les pieds enfoncés dans le sable chaud et les souvenirs à la tête. Arrêter le temps ((elle souhaitait toujours en être capable))

Caheala’ni représentait le bleu et l’orange, les nuances profondes de mauve et l’espoir au milieu de la mélancolie ; mais pouvait-on être artiste sans être marqué par la nostalgie puissante de temps jamais esquissés ? Sans doute était-ce le prix à payer pour la créativité, pour l’imagination et la possibilité de s’exprimer au travers l’art. Un jour, elle espérait pouvoir ouvrir la porte de son univers à la scientifique devant elle, cette femme qui ne devait sans doute pas saisir l’importance de la danse, qui ne pouvait pas saisir l’importance de cette discipline pour Cae’, mais celle-ci ne lui demanderait jamais. Parce que la danse, ce n’était pas une passion, ce n’était pas une carrière, un objectif de vie, non ; c’était son battement de cœur, c’était les cœurs brisés et les étoiles, les orages et les arc-en-ciel, les émotions vibrantes et celles plus discrètes.

Mais il fallait danser, chanter, composer ; il fallait se plonger cœur et âme dans l’art pour saisir une fraction de ce que ça représentait pour elle ; la danse et sa famille étaient le centre de son existence, le soleil autour duquel elle tournait en orbite. Bien entendu que tu pourras. Sourire étincelant (de ce sourire n’atteignait jamais les yeux) pour ensuite héler la serveuse afin de passer les commandes (à emporter) et le myocarde qui s’emballa légèrement, alors que les étoiles brillèrent un peu dans ses prunelles. Une douceur qui réchauffait. Entrelacer ses doigts aux siens, compléter la sculpture qui n’attendait que la dernière touche. Oh, Mora… toi aussi. Tu m’as manqué. Pas autant que sa famille, mais ce vide ne se comparait pas ; ne lui viendrait jamais à l’esprit de les mettre sur la même échelle. Ce n’était pas pareil, ce n’était pas le même manque, pas la même absence. Pas les mêmes responsabilités. J’irais où tu iras.

Au sommet des montagnes les plus éloignées d’Adamantia, dans les plus profonds récifs des eaux de Kopadia, dans les régions les plus mystérieuses des contrées dont les noms n’effleuraient même pas encore les lèvres ; suffisait de demander et elle suivrait. Son regard se posa sur le bracelet reflétant chaque petite parcelle de lumière, les projetant, myriades de teintes presque pastelles, autour d’elles. Sur sa peau.
Il y avait une symphonie que chaque coeur chantait et la sienne fut incomplète jusqu'à la rencontrer.
((Caheala'ni croyait aux âmes soeurs))

how much do you wanna risk ?