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J’ai trop, trop, trop hâte ! On va aller s’perdre en montagne pour une émission télévisée, j’ai pas trop compris pourquoi mais on s’en fout, c’est pas ça l’important. Alors là, j’suis avec pleins de célébrités (on va pas s’mentir, j’en connais deux ou trois gros max). C’est moi qui va les guider au travers des montagnes d'Adamantia, parce que c'est facile de s'perdre, et pis si t'as une blessure, ça peut vite escalader en une montagne de complications. Bref, j'regarde les personnes en question se préparer pendant que Scooper regarde autours, je sais pas trop s'il devrait m'accompagner. Y'a sûrement de meilleures… options que lui pour cette expédition en montagnes. Genre… Tyler ou même Verd'O. Ouai, j'pense que c'est mieux de le garder dans sa pokéball. Juste pour cette fois-ci.

Alors j'atteins ma sacoche accrochée sur mes hanches - j'me la suis procurée parce que c'est plus facile quand je travaille, mais faudra que je la range quand on va partir) - et je sors les deux en leur expliquant notre mission aujourd'hui.

“Salut vous deux ! Bon, aujourd'hui, faut accompagner la foule là-bas dans les montagnes, d'accord ? Vous m'accompagnez souvent, vous savez comment faire ein ?”

Et tous les deux qui hochent la tête par la suite, bon tant mieux. Je pense qu'on peut partir maintenant ? Ahhhh j'ai trop hâte ! Ça va être trop cool, explorer et grimper de montagne en montagne, c'est genre trop cool comme sensation. Enfin, c'est dans mes habitudes donc je suis habitué, normal, mais peut-être que ceux devant moi non (probablement en fait). Donc j'imagine que je dois les rassurer avant, m'assurer que tout va bien et on sera prêt à partir. Je tapote ma main sur la gouttière proche de moi pour attirer leur attention ici.

“Bonjour ! J'espère que vous allez bien. J'm'appelle Zamas et c'est moi qui va vous guider aujourd'hui. Est-ce que y'en a qui ont peur des hauteurs déjà ? Parce que j'vous préviens, c'est très très haut les montagnes. Bon, si vous avez des questions, posez-les tout de suite. Après, on part.”

Je vois une femme pas trop loin, elle est seule et elle tient sa fourrure collée sur elle, elle a froid ? Ah merde, elle est pas bien barrée ein si c'est déjà le cas. La température descend vite dans les montagnes, surtout la nuit. J'le sais, parce que c'est pas la première nuit que j'ai dû passer là-bas, je les connais par cœur à force. J'pense que je devrais aller la voir quand même, j'veux pas avoir sa mort sur ma conscience si jamais. J'veux être certain qu'elle sait dans quoi elle s'embarque.

“Salut ! Est-ce que t'as ce qu'il faut ? J'ai une couverture en plus si jamais t'as froid.”

Vous voyez, j'peux être gentil aussi. Faut juste pas me chercher, sinon on peut me trouver. Bon, faut pas oublier ce sera pas que de l'escalade non plus. Plus la montagne est haute, plus la vallée est profonde comme on dit. Donc y'aura… de la descente. Mais c'est ça la vie aussi. La vie c'est une montagne russe, mais les étoiles sont si belles à regarder alors ça en vaut la peine. C'est quand on arrive tout en hauteur qu'on peut vraiment bien les voir. Leur lumière est tellement envoûtante. C'est pour ça que j'ai hâte aussi. Donc je vais apporter ma loupe géante pour les observer. Dans quelques minutes à peine, on va partir, direction les montagnes les plus cool de Lentis !

La madame accepte la couverture et me remercie, elle a l’air confiante c’est bien. Ça va en prendre, de la confiance. Et tout le monde semble être prêt à partir alors on y va ! Oh j’ai trop trop hâte ! J’ai vraiment une grosse passion pour les montagnes et tout ce qui les concerne, et j’ai hâte de faire découvrir cette passion à tous ceux qui vont me suivre aujourd’hui. Si on est chanceux, on pourra observer de belles étoiles le soir, ça tombe bien parce que je traîne toujours ma loupe géante quand j’me balade. Ce serait un peu dur de transporter mon télescope… Pas que j’aurais pas envie, pas que j’le ferais pas, en temps normal oui. Genre avec Oya ou Milo, ou même Lei, Umiko ou Octa s’ils veulent bien me suivre là-haut. Je demanderais pas à Vlinder, j’aurais trop peur qu’elle se blesse. Mais j’serais pas capable de refuser si elle me demandait. Mais là, j’peux pas vraiment demander au groupe de tenir mon télescope si c’est trop lourd après un moment, ça paraîtrait mal. J’dois les guider, après tout. C’est pas grave, un jour j’y retournerai et je l’apporterai, mon télescope. Il vient de Oya en plus. Ça veut dire que c’est le meilleur télescope qui soit, et j’veux rien entendre.

“En route ! Pensez-y tout de suite si vous avez la chair de poule, parce qu’on fait pas demi-tour mi-chemin j’vous dis !”

Non non, hors de question de faire demi-tour. Jamais je ferai demi-tour. Faut assumer. Tout le monde ici sait dans quoi il s’embarque, j’ai prévenu, et moi aussi je sais. Je connais ces montagnes comme le fond de ma poche !
…
Oh tiens, qui aurait pensé que j’ai tout ça dans ma poche ?

“Tyler, Verd’O, z’êtes prêts ?”

Les deux hochent la tête, ils vont me suivre tout le long du trajet. Tyler a des griffes pour bien s’aggriper et mon Carabaffe lui, il est méga fort ! Même qu’il faisait parti de la police avant ! Oui oui ! Je prends quand même des précautions, je passe une corde autour de leur corps, puis ensuite de l’attache autour de ma taille. Le début de voyage se passe bien. Tout le monde a l’air d’avoir bien prévu leurs rations de bouffe et d’eau, c’est bien. Parce que là-haut, ce sera pas forcément évident. Fin euh j’imagine que la neige c’est de l’eau ? Mais bon. On sait jamais ceux qui sont passés par-là, la neige est peut-être pas vraiment propre.

“Bon, on prend une pause. Quinze minutes, après on repart.”

Quinze, pas une de plus. Même que j’me met un chrono comme ça on sait, on partira pas trop tard. J’ai un planning à respecter pour leur émission de télévison, bon je m’en fous mais c’est surtout que ça me donne une excuse d’avoir un horaire serré. Pendant que le petit groupe se repose un peu, moi j’décide d’explorer un peu les environs. Tiens, y’a une grotte à gauche, un peu cachée par les glaçons et la neige. Pourquoi pas aller voir ? À l’intérieur, on dirait une grotte bien normale, mais… tiens, y’a un truc par terre, presque entièrement enseveli par la neige. Je tasse la neige de mes mains et OMG j’y crois pas ! C’est le modèle de grappin dernier cri qui s’trouve là, dans la neige ! Qui aurait laissé ça là, franchement ? Ah bah il est con, parce que moi j’le laisserai pas là, j’le prends direct. Ça me sera utile pour mes futures expéditions. J’le met vite fait dans mon sac, le gros sourire aux lèvres, avant de me rediriger vers le groupe.
“Bon, on y retourne ! Oubliez rien dans la neige ein !”

Pas comme ce con qui a oublié son grappin. C’est fou, on dirait que c’est presque trop facile. Fin, oui, il fait froid, mais y’a rien du tout d’autre qui vient nous barrer la route. D’habitude, y’a des petits trucs un peu partout, même proche des téléporteurs, ils s’croient plus forts que tout et ils viennent s’frotter à moi, j’rigole quand ça arrive. Ils savent pas j’suis qui ! Mais là, y’a rien. On dirait presque que y’a personne qui vit ici. Oh, la vue est vraiment belle d’ici. Quand on regarde à droite, y’a un ravin et en bas de tout, un immense lac gelé, sûrement plus gros que notre appart au complet, et -

“Quoi, putain ?!”

Y’a un mec qui vient m’déranger en m’tirant la manche de manteau, il voit pas que j’suis occupé ? J’me retire, frustré, avant d’entendre des gens qui commencent à s’exclamer, crier, et son doigt il pointe vers…. merde. Un gros truc. Un très très gros trucs. “Attendez, partez pas ! Restez calme !” Trop tard, le groupe est déjà presque tout parti en courant, il reste la madame avec ma couverture et le caméraman à côté de moi… et ce gros truc on dirait qu’il veut ma mort. Mais j’mourrai pas ici, moi ! “Tyler, Verd’o, à v-”
Mais avant que j'aie le temps de leur ordonner d’attaquer, on me crie dessus de pas attaquer et de m’enfuir, par réflexe je recule un peu et j’me barre les pieds dans une roche derrière moi. Ah bah merci ein.

Tout va mal. Tout va mal tout va mal tout va mal putain ! Je sais pas quoi faire je sais pas quoi faire je sais pas quoi faire. Mon cerveau s’est gelé, j’crois. Et j’regarde autour, j’vois ceux qui fuient, courent, tentent d’échapper à la menace qu’est juste devant moi.
(Mais c’est pas la seule chose)

À ma droite, c’est une plaque de glace qui s’effondre, le temps a l’air de s’arrêter pendant que j’vois le sol se dérober sous les pieds du pauvre mec qui n’a rien demandé. J’ai juste le temps d’voir son regard, terrifié, apeuré, il n’a pas l’air prêt à ce qui va lui arriver. Et puis, quelques secondes plus tard, un long cri qui semble s’éterniser, et puis boom, plus rien. Oof. J’espère bien qu’il avait un parachute sur lui, car il n’y avait aucune façon de résister à cette chute.

À côté de moi, la voix de la madame à la chevelure trop stylée (comment elle fait pour tenir, surtout dans de telles circonstances, ça me surprend) me ramène sur terre, sur l’instant présent, sur le Momoche en face de moi et la fumée qui s’échappe de ses naseaux (on dirait presque qu’il bouillonne de l’intérieur). Mais faut pas faire de mouvements brusques, faut pas bouger, un rien pourrait éveiller la colère du Pokémon.
(elle était déjà réveillée depuis un moment).

Ptain, c’est quoi ces tremblements qui m’empêchent de réagir ? Une partie de moi a envie de dire que c’est Micheline. Elle est creepy, Micheline. On dit que quand elle arrive, elle n’est jamais vraiment attendue, elle arrive comme en plein milieu d’une raclette de famille et nous fixe avec son regard de sang, et qu’elle est tellement terrifiante qu’on arrive plus à rien faire. Micheline, c’est le genre qu’on accueille très rarement à bras ouverts de toute façon, sauf si on est vraiment pas bien dans sa tête. J’ai entendu dire que le pire chez elle, c’est sa canne. Un coup bien placé derrière la tête, et plus rien. Que du noir. Mais si elle veut, par contre, elle sait appuyer là où ça fait mal. Je crois que je l’ai croisée quelques fois, Micheline, mais je préfère défier les gens que de leur faire peur, alors je lui fais face et je reste debout, j’attends qu’elle arrive, qu’elle fonce sur moi. À chaque fois, elle a fait demi-tour. Elle est creepy, Micheline, et elle traîne souvent autour des hôpitaux. J’crois que c’est le malheur et la malchance des autres qui l’attirent, qu’elle aime bien se marrer en face de ceux qui sont pris dans leur lit, sans trop savoir s’ils vont s’en sortir.
Il y en a plusieurs qui tentent de comprendre Micheline, de savoir pourquoi elle est ainsi, mais pas moi. J’crois pas qu’ça vaut la peine de s’casser la tête avec ça. De toute façon, j’comprends pas les gens, j’vois pas pourquoi avec elle ce serait différent.

Tiens, en parlant de tête, je remarque la pierre à mes côtés. C’est un peu étrange, la forme et la texture ressemble drôlement à celle d’un crâne. Peut-être que Micheline taille ces pierres dans ses temps libres.

Cours !

J’ai pas le temps de m’attarder plus sur la pierre chelou qu’on me crie de courir, de me tirer du chemin. Il charge. La vitesse de la bête est telle que j’ai à peine le temps de me tirer du chemin, rejoindre la compétitrice qui se tenait proche de moi. J'y ai échappé belle. Mais… oh non. Derrière nous, les malheurs s’accumulent, s’empilent. C’est un bruit que j’reconnais trop bien, qui résonne jusqu’à la calotte, les montagnes qui semblent s’défaire, petit à petit. Une avalanche.