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« Est-ce que tu peux me rappeler qui tu es ? »

Un doux sourire qui se dessine sur son visage, prenant la main de la femme installé dans la chaise roulante. Un femme a la longue chevelure blanche qui retombe sur ses épaules d’un air désordonné. Cette ancienne chevelure emmêlée qui était autrefois une crinière blonde aux reflets dorés, cette crinière qu’il partage avec elle. Bien que désormais, sa chevelure est coloré avec du violet et un jaune pétillant. Mais il se souvient de cette femme à la belle chevelure blonde qui coiffé ses propres cheveux blond avant, il y a longtemps tout ça. Il se souvient de lui, assis sur ses genoux alors qu’il avait 5 ou 6 ans, souriant joyeusement quand sa maman passe le peigne en lui chantonnant une petite comptine qu’il adorait.

« Je suis Addison, je suis ton fils maman »

Dit-il de cette douce voix, toujours cette même voix qu’il essaye de faire réconfortante, parce qu’il sait que ce n’est pas facile pour lui, ni pour elle, ni pour personne, cette situation est difficile, mais elle n’est pas la première difficulté qu’ils ont dû relever. Addison a toujours été admiratif de sa maman, de voir qu’elle a toujours tenu le foyer seule, une mère célibataire devant subvenir aux besoins de ses deux enfants. Addison et Adèle. Deux jumeaux, une fille, un garçon se ressemblant comme deux gouttes d'eau et on peut le dire, pas toujours évident. Mais ils s’en sont sortis.

Sa mère avait toujours tout. Elle est celle qui l’a accompagnée dans toutes les étapes de sa vie. Qui l’a soutenu quand à l’école il recevait les moqueries de ses camarades pour son apparence déjà très féminine. Elle est celle qui a toujours tout fait pour lui donner le sourire, qui lui a toujours répété que pour avancer, il vaut mieux sourire que pleurer. C’est elle qui l’a toujours poussé à aller de l’avant, de voir grand et de tout faire pour réaliser ses rêves.

Sans elle, il n’en serait pas là.
Sans elle, il n’aurait pas assumé, sauté le pas pour devenir mannequin.

Elle était là quand à seize ans il a envoyé son premier book, un peu ridicule vu que leurs finances ne leur permettaient pas de faire appel à un vrai photographe, mais il l’a fait, avec son soutien, il a envoyé son premier book à une agence. Et même si cette première agence n’a rien donné, il a continué, il en a envoyé encore et encore, parce qu’il a toujours suivi ses conseils.

Elle était là quand à 19 ans, il a eu le premier retour de l’une de ses agences. Il a eu un sourire si grand, il a hurlé de joie, il n’a jamais été aussi heureux de sa vie. On le prenait pour une fille, pourtant c’est aussi cette petite chose qui lui a permis de se faire remarquer.

« Et où est-ce qu’on est ? »

Le regard du jeune homme faiblit, pour presque disparaître, sa main sur la sienne qui tremble et les yeux qui se baissent. Pourquoi il n’a pas été là ce jour ci ? Lui qui avait toujours été à ses côtés, il a été inutile pour ce jour particulier. Parce qu’il est seulement certain que c’est de sa faute. S’il ne l’avait pas appelé alors qu’il était en train d’attendre sous la pluie, furieux de voir ses cheveux parfaitement coiffés être gâchés par cette pluie. Il se souvient avoir engueulé sa mère, parce qu’elle mettait du temps.

Une heure.
C’est une heure plus tard que son téléphone à sonné, prêt à rugir de nouveau furieux.
Mais ce n’était pas sa mère.
C’était Adèle, paniquée, en pleurs, il ne comprenait rien, pas grand chose du moins. Mais quelques mots seulement lui ont suffi pour laisser son habituel sourire enfantin être remplacé par un visage livide. Un accident. Un accident de la route, grave. Tout son monde était en train de s’effondrer, il ne peut pas, ne veut pas la perdre, parce qu’il a besoin d’elle pour avancer.

Coma de deux ans. Deux ans où les choses ont été compliquées, mais heureusement, il y a Adèle. Heureusement, ils étaient là l’un pour l’autre, là pour se soutenir dans cette situation. Deux ans qui se sont écoulés avant qu’elle ne finisse par revenir. Mais ce n’était pas vraiment elle.

« Tu es dans un centre de soin maman… »

Parce qu’elle a tout oublié.
Parce qu’à son réveil, son cerveau ayant été lourdement impacté par l’accident de voiture, elle n’a plus aucun souvenir, de ce qui l’entoure, d’elle-même, ou de ses enfants. Plus rien.A nouveau, il a eu la sensation de voir tout son monde s’effondrer. L’entendre lui demander souvent qu’il est, c’est difficile. L’entendre lui demander où est-ce qu’elle est, est douloureux. Mais pour rien au monde il ne l’abandonnerait, pour rien au monde il changerait quelque chose, il fera tout ce qu’il faut pour elle, tout en gardant le sourire, comme elle lui a toujours appris.