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Tu n'aurais pas pu rester couché. Comment aurais-tu pu, lorsque tu entends la porte claquer, et que ton cœur se met à battre comme jamais auparavant ? Tu as peur. Peur de perdre Lei, peur qu'elle se fasse arrêter, peur que tu ne la revois jamais. Et intérieurement, tu la maudissais. Pourquoi avait-elle dû se lever, aller dehors ? Tu avais peur, mais tu ne pouvais simplement pas la laisser là, sans rien faire. Alors tu étais là, figé devant la porte, à te demander si tu devais sortir ou non. À regarder par la fenêtre et ne voir que le noir environnant, que les ténèbres qui n'attendaient qu'à te dévorer.




Simplement texto envoyé du bout de tes doigts frêles, tu attendais, espérais revoir sa personne traverser la porte en te donnant une de ses fameuses étreintes beaucoup trop fortes. Mais rien n'en fit. La porte resta close et derrière elle, toi, regardant avec anxiété ton téléphone portable. Rien. Rapidement, envoyer un deuxième message. et dans ce message, on pouvait sentir toute la peur qui en émanait. Mais Lei… Lei n'avait sûrement pas remarqué.

Des excuses et - arrête. Et c'est moi qui m'excuse - de ne pas être courageux. La peur au ventre, tu t'assoie par terre devant la porte, tu te maudis. Pourquoi ne pouvais-tu pas être comme Lei ? Pourquoi es-tu autant terrifié ? Tu pourrais y aller, tu tente de te donner du courage, mais il faudrait déjà que tu en ailles.






Tu attends, encore. Passif, rien n'arriverait jamais avec toi, mais ce n'est pas comme si tu n'étais pas habitué. Lei tente de te rassurer, c'est clair, mais tu ne l'es pas. Tu ne peux te résoudre à la laisser dehors ainsi, parce que si tu la perdais, ce serait ta faute. La tienne entièrement. Pour elle, tu te dois d'essayer. Tu te dois d'être courageux. Alors, comme l'épisode chez Ibari, tu soupire et prends une bonne respiration avant de franchir la porte, portable à la main.

Mais tu étais déjà sorti. Tu avais franchi la porte et maintenant, impossible de retourner en arrière. Tu te faufiler, du mieux que tu pouvais entre ces bâtisses. Et, pour une fois, tu remercies la vie d'être si petit. Ça te rassurant un peu d'avoir moins de chance de te faire repérer. Même si le stress était immense au fond, et tu regardais de gauche à droite et derrière toi, t'assurant que personne ne te suivait. Tu n'aurais probablement pas fait tout ce chemin si ce n'était pas de Lei. Lei te poussait à aller plus loin, mais le changement te terrifiait.

Et après quelques minutes qui te semblaient être une éternité, te voilà maintenant à la sortie de la ville. Tu regardes derrière toi, hésite un instant, puis tu franchis la frontière pour aller retrouver Lei. Même si tout ce dont tu avais envie, c'était de retrouver le confort de ton lit. Même si la terreur se voyait dans ton regard et que tu détestais être tout seul ici - et les textos de Lei qui n'étaient pas du tout rassurants.




Tu n'avais pas remarqué ces messages qui ne faisaient aucun sens. Tu essayais de les déchiffrer, mais sans pour autant réussir. Et tu soupir, longuement, envoyant un second message.


Parfois, tu te demandais comment Lei faisait pour vivre ainsi, sans la moindre crainte à propos de ce qui l'entourait. Après tout, le monde était si dangereux, et tu ne la savais que trop bien. Tu étais terrorisé, et pourtant il y avait quelque chose dans l'air qui t'apaise, et qui te fait même sentir bien, l'espace d'un instant. La chaleur, qui te rappelle celle de ton chez toi, le muret de pierres qui te fascine et tu ne peux t'empêcher d'y toucher et de retirer aussitôt ta main. Tu t'assoie tranquillement au sol, enfouissant tes deux mains dans le sable, et attendant maintenant paisiblement les messages de Lei.

Le confort, la tranquillité d'esprit, un semblant de calme… tout ça, c'était parti en fumée lorsque Lei t'avait envoyé ces messages, ayant aussitôt peur pour elle. Un nid de Dunaconda ? Il n'y avait bien qu'elle pour vouloir y retourner avec des cupcakes. Mais c'était dangereux. Beaucoup trop dangereux. Les Dunaconda n'étaient pas des créatures à prendre à la légère. Ils pouvaient se cacher dans le sable, surprendre, le désert était leur élément après tout.

Tu grimaces, tentes d'enlever le sable de tes chaussures. Comment avait-il pu rentrer ? Tu n'avais qu'à peine marché ! Bon, il était vrai que tes souliers n'étaient plus tout à fait neufs non plus, mais tu ne pensais pas à ce point. Et tu cherches. Lei, du regard. Et un endroit où tu pouvais l'attendre. Mais tout ici t'iritait à un point, comment en faire abstraction ? Les petits grains de sable qui ne voulaient toujours pas s'enlever, tes pantalons qui remontaient, et puis pourquoi tout était si semblable, ici ?





Tu te doutes que ça ne vaut sûrement pas la peine de la prévenir. Enfin, tu le fais tout de même, même si tu ne crois pas qu'elle écoute réellement ce que tu dis en ce moment. Et ton cœur se met à battre plus vite lorsque tu ne la vois toujours pas, mais que faisait-elle ? Tu plisses les yeux, regarde au loin, mais il n'y avait rien d'autre que du sable à perte de vue. Et tes yeux, eux, qui n'arrivaient pas à bien voir dans cette étendue de couleur unie, venaient à ressentir une sensation de brûlure au niveau de la rétine - tout autant que le soleil sur ton corps, quelques heures plus tôt.

Tu avais maintenant abandonné tes chaussures - et tes bas - te disant qu'il était préférable de te brûler la plante des pieds dans le sable que de rester avec des grains entre les orteils. Choisir le meilleur du pire. De toute façon, ce n'est pas comme si tu pouvais être confortable ici, non ?

Les étoiles. Parfois, tu les plaignais. Parce que même si elles étaient gigantesques, beaucoup plus que vous, d'ici elles paraissaient toutes petites. Elles étaient grande, mais leur grandeur n'était aperçue que sans cette distance qui vous séparait. Alors, à quoi cela servait-il, d'être grand ? Toi, tu étais petit. Et du point de vue de ces étoiles, tu ne devais paraître qu'encore plus petit, qu'un petit grain de sable dans ce désert. Tu aimerais ça, toi, être une étoile.

Tu ne le seras jamais. Vous êtes si différents, elles et toi. C'est lors de l'obscurité totale qu'elles resplendissent, qu'elles prennent toute leur ampleur. Qu'on peut réellement les apprécier. Elles sont loin d'être douces, fragiles comme toi tu l'étais. Masses compactes de gaz et de force, elles émettaient leur propre rayonnement, étaient leur propre lumière. Tu aimais croire que Lei était une étoile tombée sur terre.

Mais pourtant, il y avait bien des points communs entre vous. Leur noyau - leur cœur, instable, chaud, bouillonnant. Peut-être, peut-être, pourrais-tu être une naine blanche. Résidue de l'évolution, ne produisant plus de chaleur par elle-même, morte et pourtant, toujours présente. Aspirant les autres de sa masse, peut-être pouvais-tu devenir une nébuleuse, toi aussi ? Au moins, ainsi, on apprécierait de te regarder.

You pushed my back against a wall

Et tes yeux qui se perdent sur quelque chose au sol, tu te penches pour regarder. De quoi s'agissait-il ? Un trophée ? Bibelot ? Tu ne voulais pas y toucher. D'un coup il s'agissait de quelque chose de précieux ? Tu irais l'abîmer de tes doigts frêles, parce que tu détruis tout. Tu devrais t'éloigner, mais la curiosité reste, tu ne peux t'empêcher d'envoyer un message à Lei pour savoir de quoi il s'agissait. Téléphone portable en main, tu visais l'objet en ayant activé le mode "nuit". Mais, pour quelconque raison, la photo ne voulait pas s'envoyer. Tant pis.

Il était dur pour toi de rester là, immobile. Le temps avançait, filait, et tu aimerais partir à sa recherche (pourquoi restais-tu là ?) mais tu te disais que ce n'était pas le meilleur des plans. À la grosseur, à l'immensité de ce désert, vous risquez juste de plus vous perdre, de vous manquer, et toi - toi et ton sens de l'orientation - tu ne saurais pas retrouver la sortie sans elle. Et tu te rassurais comme tu pouvais. Tu te disais que de nuit, au moins, les mirages ne viendraient pas prendre place dans ton cerveau. Même si tu étais parti en vitesse, n'avais pas pensé à apporter à boire ou même un vêtement plus chaud. Et tu ne sais pas combien de temps tu pourras rester là.

Mais, elle voulait te parler. Elle voulait t'appeler. Oui. Tu n'allais pas refuser d'entendre sa voix, c'était tout ce que tu voulais entendre depuis que tu es passé la porte. Et sa voix, elle te réchauffait de l'intérieur et t'apaisait, te réconfortait. Elle allait bien. C'était ce qui comptait, au final, non ? Ce n'était pas grand chose, mais tu ressentais tout de même cette proximité avec elle dont tu avais besoin.

"Penses-tu être près ? Essaie de retourner sur tes pas. Je vais rester là. Je vais garder la lampe de poche de mon téléphone allumée pour te guider."

Probablement qu'on pouvait te méprendre pour un phare, là pour faire signe aux bateaux dans les tempêtes, pour qu'ils retrouvent leur chemin. Si seulement tu leur ressemblais un peu plus. Tu n'avais rien en commun. Tu fis quelque pas, puis tu stoppas aussitôt, tomba de nouveau sur un objet qui n'avait rien à faire là (selon toi). Mais, celui-là, tu l'as pris dans tes mains et l'étudias. De toute façon, ce n'était pas non plus comme si tu avais grand chose à faire, en ce moment.

Tu te demandais ce qu'autant de choses faisaient dans le sol de ce désert. Était-ce des choses oubliées par leur précédent propriétaire, ou alors des objets volés par des Pokémons ? Tu n'avais aucune idée. Ce que tu savais, c'était que ça brillait et ça t'attirait.

Tu commençais vraiment à te sentir seul, la maintenant. Lei avait raccroché et tu avais repris ton rôle de phare que tu prenais à cœur. Mais tu étais quand même seul, et ça te poussait à paniquer, à imaginer le pire de ce qui pouvait se produire. Tu aimerais être à côté de Lei, en ce moment. Comme si tu avais vraiment le courage de faire quelque chose. Tu pouvais tenter de te convaincre autant que tu veux, ça ne changeait pas celui que tu étais au fond de toi-même.

Et les moments seuls ainsi te poussaient à te remettre en question, à réfléchir à des idées que tu repoussais. Ibari, ton père, ta mère, tes sœurs… et cette image que tu avais ternis du bon petit garçon. Tu étais la tempête, mais la tempête avait besoin de son vent, de sa pluie pour faire des dégâts. Sans eux, tu n'étais que contenu, toi qui semblait si sage mais ils ne savaient rien. Tu redoutais ce fameux moment où tu exploseras devant Lei, parce que ça allait arriver. Et rendu là, tu ne pourras pas l'épargner.

Tu fixas ce bijou que tu avais récupéré dans le sable, te demandant ce que c'était d'être un objet inanimé. Eux, au moins, ils n'avaient pas de problème. Mais ils n'avaient aussi pas de vie, rien qui les rendait eux - mais tu avais perdu ce côté depuis longtemps, le cachait, et dans cette réflexion tu ne voyais que monstre.

Après, on dit que nous sommes notre pire juge, et tu n'y échappe pas. Ce bijou, lui aussi, il peut être sali, terni. Mais lorsqu'on prend soin de lui, lorsqu'on lui donne de l'amour, de l'attention et les soins adéquats, c'est seulement à ce moment là qu'il peut réellement briller, malgré le temps et les entailles partout sur le corps.

C'est long, attendre. Et tu te rends compte que c'est encore plus long lorsque tu portes ton attention que sur ça, quand tu regardes ta montre sur ton poignet aux deux minutes en espérant que plus s'en soit passées. Plus le temps passe, plus tu stresse. Au moins, tu as toujours un moyen de communiquer avec Lei, de savoir qu'elle va bien. N'est-ce pas ça, l'important, au final ? Et tu as bien conscience que tu ne serais jamais sorti par toi-même si ce n'était pas pour elle, tout autant que tu aurais tout fait pour Ibari, auparavant.
Parfois, il t'arrivait de penser à elle. Souvent. De penser à ce que vous auriez pu être, et ce que vous étiez, au fond. Des meilleurs amis, mais vous étiez nocifs l'un pour l'autre. Parasite se nourrissant du bonheur de l'autre et apportant la tristesse, le seul moment où vous étiez vraiment heureux, c'était lorsque vous habitiez encore à Johto.

Elle t'avait beaucoup aidé avec tes problèmes. Mais il fallait se rendre à l'évidence, que vos personnalités étaient beaucoup trop incompatibles, et vivre ensemble vous avait forcé à vous rapprocher encore plus. Et c'est lorsqu'on passe vraiment tout notre temps avec quelqu'un qu'on se rend compte de tous ses défauts. Ibari a dû s'épuiser à compter les tiens.

Soupirant, tu lèves les yeux au ciel. Toujours les mêmes étoiles. Pendant un instant, tu avais vraiment l'impression qu'elles te regardaient. Certes, elles n'ont pas d'yeux, mais c'est le même sentiment. Peut-être qu'au fond, tu n'es pas si seul que tu penses ?

"Vous savez, parfois, j'aimerais être là-haut avec vous." Loin de tout, loin des problèmes, loin de tes peurs et des tes terreurs nocturnes. "Mais je ne crois pas que j'ai ce qu'il faut pour illuminer le ciel." Tu n'étais pas le plus gentil, le plus drôle, ni même le plus doux. Tu étais toutes ces qualités, mais sans la tranquillité d'esprit, elles s'envolaient en un instant, lorsque la colère et la jalousie prenaient place. Tu aurais bien fait sans eux. "Est-ce que vous m'accepteriez, vous ?" Pouvais-tu vraiment te sentir accepté ? Existait-il un endroit où tu ne te sentirais pas de trop ? Loin, là-haut, te comparerais-tu à ces étoiles gigantesques qui brillent des années durant ? Si on peine à te regarder sur Terre, te remarquera-t-on vraiment si tu prends une place dans le ciel ?

Tu avais décidé d'avancer, te rapprocher un peu de ce point d'eau, et t'abreuver par la même occasion. C'était rafraîchissant, et tu restas là un moment, à genoux proche de la source. Tu n'étais plus exactement où tu avais dit, à Lei tout à l'heure, mais tu te disais qu'un oasis serait probablement plus facile qu'un endroit random dans ce désert gigantesque. Tu pris quand même soin de l'avertir, lui envoyant un message rapide.




Tu trouvais intriguant, comment de telles verdures pouvaient se trouver au beau milieu de ce désert. Lui qui était si impitoyable aux non préparés, la nature devait se montrer forte pour survivre dans de telles conditions. Résiliente. Elle avait su s'adapter au changement. Peut-être pourrais-tu prendre exemple ?

Mais dis-moi, toi qui déteste la solitude, n'as-tu pas remarqué le Pokémon qui te suit depuis tout à l'heure ? Petite créature marron aux allures inoffensives, tu ne peux t'empêcher de la trouver mignonne. Et on dirait qu'elle t'aime bien, elle te suit partout où tu vas… Et dans son regard, cette lueur qui te fait penser à celle de Lei. "Salut toi. Tu habites ici ?" En parlant de Lei, tu avais reçu d'autres messages à ce moment même, et une photo d'un Pokémon semblable à celui que tu suivais. Un Axoloto, donc. Tu n'en avais jamais vu, mais il était vrai que tu ne te promenais que très peu dans le désert par toi-même. Se pouvait-il qu'il s'agisse du même que Lei avait vu tout à l'heure ? Les chances étaient minces, et tu préférais ne pas te faire d'idées, même si tu ne rejetais pas la possibilité.

Tu sortis ton téléphone portable, avant d'envoyer une photo du Pokémon à ton amie.





Et peut-être que finalement, le destin faisait bien les choses. Parce que c'était grâce à lui que tu avais réussi à trouver la tête rose que tu aimais tant. À force de suivre le petit Pokémon, tu avais fini par apercevoir la silhouette de ton amie se découper au milieu de la nuit. "Lei !" Tu avais crié, agité les bras pour espérer qu'elle te voit. Le bon côté des choses, c'est que vous étiez tous les deux à peu près de la même grandeur. Et on dirait qu'elle t'a vu, parce qu'elle se dirigea aussitôt vers toi.

"Regarde, il me suit depuis tout à l'heure. Tu crois qu'on devrait le rapporter à la maison ? Je te laisse lui choisir son nom !"

Oh, comme tu ignorais à quel point ton erreur était grave, mon pauvre. Son nom allait détonner de ceux de tes autres Pokémons, ça c'est clair. Mais il y avait bien d'autres choses auxquelles tu pensais en ce moment, avant cela. La retrouvaille de Lei qui te faisait chaud au cœur et te rassurait, tu t'empresses de serrer tes deux bras autour de son corps le plus fort possible. Et la glace qu'elle t'avait promise par la suite, il faut l'avouer, rendait la sortie encore plus appréciable. Peut-être que tu devrais l'écouter plus souvent, et essayer de te dépasser. Peut-être qu'ainsi, tu réussiras à te faire plus d'amis, comme le petit Pokémon que tu avais pris dans tes bras, direction la demeure de Raphaël. Oh, vous en aurez, des choses à discuter.