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Le vent glacial emplissait mes poumons et c'était dans ces instants que je me sentais réellement en vie. La neige couvrait ma vision d'un mirage blanc et chacun de mes pas étaient une torture pour tous mes muscles. Ma progression était lente mais ma voie était tracée. Ces montagnes et Steelix m'avaient sauvé et c'était à mon tour de les protéger.
Mon enfance était de velours, ma mère était aimante, douce et calme et mon père tout aussi aimant mais plus à sa manière. Il était officier de la garde d'Adamantia et nous a très vite inculqué à mes petits frères et à moi,  le sens de l'honneur et les valeurs propres à l'armée tel que la loyauté ou le respect de la hiérarchie. Ma famille était simple et pour ne pas me compliquer la vie, j'ai naturellement suivi les traces de mon père en m'engageant dans l'armée. À cette époque, l'archipel était bien plus isolationniste qu'aujourd'hui et peu d'étrangers pouvaient pénétrer notre territoire.
Mes classes se déroulèrent elles aussi sans difficulté car j'avais hérité du physique musculeux de mon père et on m'envoya vite sur le terrain. Des missions de reconnaissance, de sauvetage et de sécurisation de zone sauvage ; mais un soir , lors d'une nuit enneigée on me rappela à la base pour m'annoncer le décès de mon père dans l'exercice de ses fonctions. Ce fut mon premier malheur. Étant l'ainé, on m'accorda une permission pour m'occuper de ma mère devenue veuve et de mes petits frères mais au fond, bien que faisant bonne figure, j'avais du mal à me montrer fort. J'étais rongé par le remords de ne pas avoir pu être là pour le protéger. On me rappela vite sur le terrain. Je n'avais nullement envie d'être là mais j'étais plein de hargne. Je n'étais qu'un jeune adulte innocent et la vie me l'apprit vite.

A 20 ans, je fis la connaissance d'une jeune femme magnifique, qui me donna un enfant qu'elle ne voulut pas assumer. C'est à ce moment là que je devins un véritable adulte. Mon fils était l'être que j'aimais le plus au monde. C'était difficile mais il était temps d'être réellement fort.

Peu de temps après sa naissance, on me rappela alors, encore une fois pendant une nuit enneigée, pour m'annoncer le décès de ma mère. Elle avait sombré dans une profonde dépression suite à la mort de mon père et en succomba. Mon frère cadet m'en voulu énormément car encore une fois je n'étais pas présent et comment lui en vouloir, il avait raison. Mais il fallait que je m'occupe de mon fils avant tout.

Une fois ma dernière solde reçue, je décidais de quitter l'armée pour parfaire l'éducation de mon fils. L'héritage conséquent de mon père et l'argent que j'avais mis de côté me permis de lui apporter une belle vie. Cependant, je lui inculquais les même valeurs que mon père m'avait jadis inculqué avant lui. Il avait cependant plus soif d'aventure que moi, c'est pour cela que je l'emmenais fréquemment dans les montagnes. C'est alors que le jour tragique arriva.

Alors que nous campions dans les plaines et que le soleil se levait, je ne vis plus mon fils à mon réveil à mes côtés. Pris de panique, je me mis à le chercher mais une tempête de neige, signe de la fatalité pour moi, se leva. Je ne voyais plus rien, c'est alors que j'aperçu une immense ombre devant moi. C'était un Polagriffe avec une cicatrice à l'oeil gauche, le rouge aux lèvres. A ses pieds, gisait mon fils, mourant. Je poussais alors un hurlement de rage qui fit fuir le Pokémon.
Je me précipitais vers le corps de mon fils mais c'était trop tard. Il était sans vie et je ne pus rien faire pour le sauver.
Pendant des jours, mon esprit était léthargique. Nul ne pouvait me parler ni même me remonter le moral. Je venais de subir la pire affliction qu'un homme pouvait supporter. Je compris alors pourquoi ma mère perdit la vie à tel point que je voulu en faire de même. Mais ma haine était trop grande et je partis en chasse. Pendant des jours, je traquais le Pokémon jusqu'à le retrouver dans sa tanière. Je ne pouvais rien face à lui. Je décidais de lui tendre un piège pour l'immobiliser et mettre fin à ses jours. Son supplice fut long et douloureux mais j'éprouvais aucune compassion, ni même aucune satisfaction pour cette vengeance.

Je décidais de rester et de m'isoler dans la montagne pour prendre un peu de recul, chercher un sens ou plus simplement me perdre dans ces montagnes gelées pour que personne ne me retrouve.
Mon errance dura des mois sans que rien ne se passe, j'avais froid, faim. J'étais seul mais mon instinct de survie était le plus fort. Durant mes classes à l'école militaire j'avais appris à chasser et à me fabriquer des abris mais j'étais las, ma vie était inutile.
C'est alors que la mort me frôla de prêt. Le sol se mit à trembler et je vis sur le sommet de la montagne une avalanche foncer droit sur moi. Enfin, je serais libérée de mes maux et je me souviens de ce sentiment de délectation intense mais le destin en voulut autrement. Au lieu de la délivrance de la mort, je sentis une masse froide sous mes pieds et jaillissant de nul part le plus puissant Steelix que je n'avais jamais vu se mit entre moi et le cataclysme. La neige nous recouvrit mais l'immense pokémon de métal m'entoura de sa chaleur glacée.
C'était le signe que j'avais attendu tout ce temps. Le but de mon existence. Servir et protéger le pokémon totem de l'île, protéger Adamantia comme je n'avais pas su protéger mon fils.
Une fois la tempête passée il me jeta un dernier regard à la fois plein de dédain mais aussi de compassion comme s'il jugeait mon âme et je lui jurais alors, en hurlant à plein poumon de lui être redevable et d'accomplir sa volonté.
Des dizaines d'années passèrent alors et mon hermitage n'avait jamais eu autant de sens qu'aujourd'hui. Depuis la révélation, j'arpentais les montagnes de l'archipel pour me renforcer en aidant le maximum de personnes possible. Les touristes perdus à retrouver leur chemin, ou alors protéger les intrépides des pokémons sauvages. Par moment j'avais des nouvelles de mes frères, j'avais même plusieurs neveux. J'étais heureux enfin il me semblait. La solitude me pesait par moment, surtout que certaines personnes avaient peur de moi, sans doute à cause de mon mode de vie étrange, d'autres me prenaient pour un sauveur mais cela me mettait mal à l'aise. En tout cas, tous me prenaient pour un fou. Je vivais de l'aumône, des remerciements ou de la chasse. C'était à croire que même en pleine nature sauvage la routine et la facilité prenait le pas. Par moment je partais pendant quelque mois à la recherche de Steelix pour lui raconter mes aventures à tel point que maintenant j'étais devenu un véritable expert pour le trouver.
Ma dernière aventure était de loin la plus intéressante. Alors que je pistais une proie, une tempête de neige s'abattit sur moi, je ne savais pas si cela était un coup de la Providence mais pour moi cela annoncerait encore la mort. Il fallait que je me mette à l'abri, encore la routine, et dans une grotte je tombais sur un cadavre. À en croire ses vêtements exotiques, c'était encore un touriste ou plutôt un aventurier d'un autre archipel. Je n'avais pas le choix, il fallait que je lui tienne compagnie le temps que la tempête prenne fin. Mais l'homme tenait dans ses bras son dernier bien, un œuf de pokémon. Je n'avais jamais réfléchi à la chose mais les années passant, il était peut être temps que je m'occupe d'un pokémon, surtout qu'avec ce froid l'œuf n'aurait pas tenu encore longtemps. Mon fils m'avait toujours demandé un compagnon de route et c'était peut-être le signe que j'attendais. Je le pris donc du cadavre pour que l'on se tienne au chaud. La tempête passa et je fus sur d'apercevoir dans le blizzard glacé l'ombre de Steelix. Mon maître m'avait donné la permission. Allez mon nouveau compagnon, n'ai crainte je prendrais soin de toi.