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Ta main dans la sienne alors que vous avanciez en riant -comme si se tenir la main était normal et comme s’il n’avait pas l’impression que son corps tout entier prenait en feu quand il te touchait, même d’un mouvement aussi simple. Il s’était convaincu que c’était normal parce que Liang le faisait, et qu’il n’y avait rien, n’y aurait jamais rien entre eux; parce que Liang était votre ami commun, alors tout naturellement vous aviez commencés aussi. Est-ce que c’était toi l'avait fait·e en premier? Ou lui? Il ne s’en souvenait pas, à vrai dire, et ce n’était peut-être pas si important. Vous aviez quittés le QG des ranger sur l’heure de la pause diner, pendant que personne d’autre ne vous portait attention; vous, les deux superflus, toi l’éternelle plus jeune du groupe, trop jeune pour apporter avec soi hors de New Pyra alors qu’on sait que le mal rôde tout autant dans la ville qu’à l’extérieur, et lui, l’éternel petit nouveau parce que c’était l’étranger, celui qu’on engageait quand on avait des tâches ingrates à faire faire à quelque et que personne ne voulait se donner le mal de le faire. AU milieu des adultes qui travaillaient vraiment comme ranger, vous ne faisiez pas le poids, c’était évident. Mais comme tout le monde, vous étiez en quête d’un peu de reconnaissance – quête que vous cachiez sous le couvert de vouloir « aider », comme si vous le faisiez de bonté de cœur, comme si vous le faisiez de manière désintéressée. Vous n’en direz rien -et pourtant, au fond de vous, vous devez savoir, non? Fleur le fait -oh, peut-être pas pour la reconnaissance des adultes, au fond. Il le fait pour tes beaux yeux bruns, parce qu’il ferait tout pour un sourire, et ça ça valait plus que sa sécurité. Mais Fleur, oh Fleur n’a jamais été du genre à trop s’inquiéter pour sa sécurité, de toute manière. Il est impulsif à souhait, le gus, peut-être quelque chose que vous partagez, au fond, parce que sinon, pourquoi seriez-vous en train de courir vers les téléporteurs à un midi dans le désert? Comme si vous aviez peur de vous faire attraper, qu’on vous arrête. Mais non; mains dans la main, Fleur avait l’impression que le ciel pourrait vous tomber sur la tête que vous pourriez y survivre en riant. C’était comme ça- l’amour c’est pas un sentiment rationnel, après tout.

Mais courir – vers où, pourquoi? Pour faire simple : vers les téléporteurs qui vont à l’oasis haptais, parce que toi, tu as entendu les ranger ronchonner au sujet d’une perturbation à l’oasis, quelque chose à propos d’un pokémon qui faisait des siennes, c’était pas très clair, mais qu’ils ont vite catégorisé comme « probablement un nouvel obscur » et vous- oh, vous, vous vous êtes dits que c’est votre moment de prouver que vous pouvez faire plus que de juste ranger des papiers et servir le café. Si personne n’était disponible pour aller s’occuper de la chose, alors pourquoi pas vous? Quel mal pouvez-vous donc causer, réalistiquement? (C’est rhétorique. Je sais pertinemment que la réponse c’est « beaucoup ».) Et puis; et puis vous vous êtes dits vite fait que si c’est vraiment un obscur, alors vous prendriez en note son emplacement, son espèce, et que vous rentriez. Probablement que vous le pensez vraiment; que ce n’est qu’un mensonge de circonstance, parce qu’impulsifs que vous êtes, vous avez oubliés que vous être bien trop curieux – trop sûrs de vous, aussi. Pourtant vous avez vu les dégâts que les pokémons peuvent causés, obscurs ou non. Fleur a même perdu un de ses pokémon au virus, c’est pour dit; et pourtant, juste là? Ça lui semblait totalement être un bon plan. Et puis- à vrai dire, tout pour quitter cette salle dans laquelle il était enfermé (de manière non littérale) pour faire autre chose. Oh, il risquait beaucoup, à dire vrai; on pourrait se plaindre à son responsable de dossier à Kopadia, et on pourrait totalement lui retirer le droit de sortir de l’archipel. Normal; on l’avait fait avant, et si on avait retiré son couvre-feu et son exil, c’était seulement à cause de sa bonne conduite et rien d’autre. Oui; tout ça allait mener à des ennuis, beaucoup d’ennuis pour vous deux.

Et pourtant, vous donnez vos cartes de dresseurs pour sortir, on vous note dans les documents, on note aussi vos pokémons. Fleur n’avait même pas apporté toute son équipe avec lui, aujourd’hui, puisque c’était vu d’un mauvais œil à Haptos après ce qui était arrivé avec la manifestation. Et même s’il avait pu prouver qu’il n'avait rien à voir avec l’organisation de la manifestation, mais surtout, de l’attaque sur New Pyra, disons qu’on voyait sa présence là-bas d’un mauvais œil. Parce qu’il travaillait pour eux, d’un côté, et après ce qui était arrivé à Anthos et Adamantia… disons que son passez de petit délinquant ne l’aidait pas trop à se faire des amis. Qu’importe; vous sortiez et c’était bien moins compliqué que d’entrer dans la ville, au fond. Il avait avec lui, bien entendu, son cher Colori, et au fond c’était tout ce dont il avait besoin. Une fois arrivé dans le désert, Fleur pose son sac à dos, plus léger que d’habitude pour ce genre d’excursions comme elle n’avait pas été prévue, sur le sol avant d’en sortir de la crème solaire, de s’en badigeonner et de replacer sa casquette sur sa tête, et puis de te tendre la crème pour que tu en mettes aussi. Pas question que vous brûliez, pour autant que vous soyez sous le zénith – il sort également une bouteille d’eau fraiche et en prend une gorgée avant de te demander : « Tu en as apporté, pas vrai? Sinon on partage, j’en ai rempli deux bouteilles avant de partir. J’ai aussi une paille filtrante » paille qu’il trimballait toujours sur lui, juste au cas. Au moins, à l’Oasis, vous ne risquiez pas de manquer de fluides.

« On devrait sortir nos pokémon, tu crois pas? » te demande-t-il, se déférant naturellement à toi parce que pour lui t’es une vrai de vrai ranger, même si au fond on t’emmène pas vraiment sur le terrain en ce moment. Pas avec les obscurs qui se trimballent partout. Il te demande parce qu’il hésite; d’un côté, avoir un pokémon sorti, c’est pratique pour réagir vite à l’attaque d’un pokémon sauvage, mais peut-être que justement les pokémons seront plus agressifs si vous aviez votre équipe sortis – parfois en prévoyant le pire, on l’invite, ce genre de chose. « Je suis sûr que Colori appréciera le soleil » ajoute-t-il en souriant; parce qu’il sait que tu aimes bien le Manternel et que le Manternel te le rend bien. Ça faisait tout drôle à Fleur de ne plus l’avoir qui se perche sur son épaule, comme quand vous vous êtes rencontrés – mais maintenant il avait Gloop pour ça. Le Sancoki, d’ailleurs, était en train de se déplacer dans son dos, réveillé par votre petit course dans la ville. Il se déplaçait en laissant son film gluant sur le passage, mais Fleur en avait l’habitude, maintenant, ça ne le chatouillait presque plus, même. « Avec moi, j’ai- » il semble hésiter, tournant les pokéball à sa ceinture pour voir les autocollants qui étaient posées sur le dessus. « Ah, une larve et un cocon. J’ai Labori et Ceven avec moi » dit-il comme s’il s’attendait à ce que tu les connaisses; il s’agissait respectivement de son Coléôdome et de son Larvibule. Mais il t’avait envoyé tellement de phtoos d’eux; bien sûr que tu savais leur nom. « C’est pas si mal, pour la zone en tout cas. Je ne suis jamais venu ici spécifiquement, mais j’ai un peu entendu parler du genre de pokémon qu’on y trouve. Enfin- si on tombe sur un pokémon feu, faudra courir par contre » il rit; fort, un rire un peu forcé pour une raison qui est difficile à comprendre. Mais c’est vrai qu’avec un pokémon insecte et plante, contre un pokémon feu… il ne fera pas… long feu…

…

Il sourit comme un idiot; parce que de poser la question c’était un peu d’y répondre, et puis évidemment que tu avais apporté tout ça, mais de poser ce genre de question ça l’aidait à se replacer les idées et à orienter la discussion et ses pensées vers autre chose que comment il se sentait quand il était avec toi. Un peu plus fou – un peu plus courageux, aussi. Les derniers mois avaient finis de briser ses résolutions, ses tendances rebelles, mais il ne suffisait pas de grand-chose, au fond, pour le faire rêver et le convaincre qu’il était plus que ce qu’on voulait qu’il soit : un bon garçon qui écoute les règles qui ont de toute manière été écrites contre lui et non pas pour lui. « J’avoue que le pokédex risque d’être pratique » dit-il parce que quand même, lui, dès que ça me touchait pas un pokémon insecte, il ne savait rien sur rien au fond. Le plus surprenant, c’était qu’il y en avait bien, de ça, dans le désert- et alors même que cette pensée se forme dans son esprit, il image de Kombucha, son Caratroc, qui roulait dans le désert haptais qui l’a vu naître, et son cœur se serre un peu en l’évoquant, et puis inévitablement il se souvient Jill comme c’est d’elle qu’il en avait hérité et – et il sent sa gorge se serrer. Machiste qu’il est, son premier réflexe est évidemment de cacher ses émotions; mais à ton contact, il apprend tranquillement qu’il a le droit de ressentir des choses et il finit par te dire : « Il aurait aimé être là avec nous, je crois. Kombucha. Depuis sa capture, on est venu dans le désert que trop peu souvent, ça doit lui manquer » surtout que là il était pour ainsi dire « entreposé » en sécurité, pour sa protection à lui comme pour celle de son dresseur et des autres pokémon. Fleur préférait voir ça comme une quarantaine qu’un exil, mais force était de constater que c’était difficilement une quarantaine si on ne pouvait même pas savoir s’il pourra revenir parmi eux un jour…

Et dire que vous alliez à la rencontre d’un pokémon qui était possiblement comme ça. Un pokémon qui pouvait infecter les vôtres; un pokémon que vous ne pourriez pas arrêter. Tout ça parce que vous êtes jeunes et que vous croyez pouvoir tout faire; tout ça pour un peu de reconnaissance et pour qu’on arrête de vous traiter comme des enfants. « Oui, t’as raison » fait-il en laissant Colori sortir de sa pokémon, à la suite de ton Draïeul; tout naturellement il présente la paume de sa main vers ton dragon pour qu’il puisse s’habituer un peu à son odeur, le vent produit par ses narines venant chatouiller la peau de Fleur. Vous êtes mignons comme ça, avec ton pokémon qui utilise ton épaule comme reposoir; et comme s’il avait été invoqué, c’est Gloop qui sort de sous le chandail de Fleur, au niveau du col, pour venir dire bonjour. « Vrai qu’on a Gloop avec nous » qu’il dit; « on devrait pas manquer d’eau, alors » en plus, le corps de la limace était plutôt frais, un réel avantage quand on considérait l’action du soleil au-dessus de vos têtes. « Si t’as trop chaud, tu me le diras, je suis sûr que Gloop se fera un plaisir de te refroidir. Enfin- si tu trouves pas sa bave trop dégoutante » oh; le Sancoki fait pouffer ses joues comme pour indiquer ce qu’il croyait du qualificatif « dégoutant », mais au fond c’était à la préférence de chacun. Fleur, lui, il aimait avoir chaud, alors ça lui faisait plaisir de te le laisser un instant, tout simplement. Certes, il aurait pu demander au principal intéressé en premier, mais il se doutait que le Sancoki n’avait pas réellement de problème avec le fait de passer de bras en bras, tant qu’il pouvait rester à l’ombre. Parce que pour lui, le soleil du désert – très peu! Il s’infiltre d’ailleurs à nouveau sous le tissu du haut de son dresseur, disparaissant rapidement.

Colori, lui, pendant ce temps? Il fait une petite courbette bien comique vers toi pour te saluer; il pose son bras devant son visage en levant les yeux vers le ciel, et il s’étire en absorbant les rayons, l’air des plus contents; oh, il fallait faire attention parce que trop d’exposition risquait de brûler sa peau, mais la lumière du soleil, en soit, lui donnait un regain de vie. Fleur t’explique, manifestement surexcité de pouvoir parler de son intérêt plus pointu sur les pokémons insectes : « Tu savais que certains Manternel deviennent plus rapide sous la lumière du soleil? C'est le cas de Colori. Avec lui, on risque bien moins de se faire prendre par surprise, n’est-ce pas? » rire qui tonne, qui se répand dans les dunes de sable vous environnant. Enfin; le pokémon n’avait quand même bien pas des yeux tout le tour de la tête, mais l’idée était là. Avec vos pokémons respectifs à vos côtés, qu’est-ce qui pouvait vous arriver? ((Tout. Tout peut vous arriver)) Il sourit; ses lippes fines s’étirent et donne l’impression qu’elles vont craquer, mais non, c’est élastique tout ça : « C’est bien que tu lui laisses le temps d’apprendre » dit-il simplement; après tout, forcer un pokémon pacifiste à combattre, ça lui semblait bien cruel. Les siens avaient l’habitude, un peu; disons qu’ils étaient bien influencés par les émotions de leur dresseur et ce dernier, depuis les événements de décembre, avait la rage au ventre. Pour les obscurs, les adultes qui se foutaient de l’avenir qu’ils dressaient pour vous, pour les politiques et le manque d’empathie. Est-ce qu’il pourrait mieux faire, lui? Probablement pas, mais c’était comme ça, il en voulait aux plus vieux de ne pas être préparés, de forcer les plus jeunes -comme vous deux- à nettoyer leurs erreurs.

« T’inquiètes » dit-il en chassant les nuages qui s’étaient installés dans ses pensées; « j’oublies parfois aussi. Parfois ça me manque, mais- mais là j’ai plus l’impression qu’on est sur un pied d’égalité, en quelque sorte. Lui et moi, on est plus des bébés, et on est plus les mêmes que quand on s’est rencontrés, mais notre amitié à juste évoluée, tu vois? » dit-il, l’air plutôt fier de sa manière de présenter la chose. « Ça ne fait pas longtemps qu’il est évolué, on finira par s’habituer je crois » enfin, peu longtemps, c’était relatif, parce que ça faisait quelques semaines déjà, depuis la fin du mois d’Octobre. « C’est comme s’il avait senti qu’on aurait besoin de lui » murmure à peine assumé, Fleur parle des divers événements qui suivront; des multiples fois où ça lui a servit d’avoir un pokémon plus fort et plus rapide, au fond. Même en Larveyette, Colori avait toujours été brave, plus brave même que son dresseur, mais depuis sa double évolution, il avait les moyens de sa grandeur, disons-le simplement. « Dire que quand on s’est rencontrés, je disais avoir peur qu’il n’évolue jamais en Manternel. Semblerait que je ne m’inquiétait pour rien, hein? » Il jette un regard autour de vous; constate de la végétation qui poussait ici, plus dense que celle aux abords de New Pyra.

« Attraper des pokémon? Toujours » fait-il en riant, replaçant une mèche de cheveux nouvellement verte derrière son oreille. « Je sais que dans le coin il y a des Venipatte, j’aimerais trop en croiser. Mais bon… là là, ce n’est peut-être pas le moment, si y’a des pokémons enragés dans la région. On verra, qui sait » Il t’imite, se met à avancer dans le sable pour laisser derrière vous les téléporteurs, ses grosses bottes de cuir soulevant du sable à chaque pas. « C’est vrai que j’ai une sacré équipe, mais bon… je n’attrape pas tous mes pokémon pour les entrainer au combat » tente-t-il de se justifier maladroitement, même si au fond tu n’avais pas vraiment fait de commentaire sur le sujet. « Mais t’as raison qu’on commence à être à l’étroit dans mon lit. Heureusement qu’à l’hôtel ils ont des lit King, hein » petit rire un peu plus discret que les autres; parce que ça lui faisait toujours bizarre de parler de l’hôtel comme son chez-lui permanent, au fond, mais c’était un très bon endroit où vivre au fond. Personne pour l’embêter, mais, aussi- personne pour lui souhaiter bon matin ou bonne nuit. Il s’y sentait un peu seul, mais c’était pas un arrangement pire que de vivre dans la rue, loin de là. Et comme il savait à quel point des parents et le reste de la famille ça pouvait être chiant quand vous êtes encore adolescents, il ne fait aucune remarque sur leur absence dans sa vie.

« J’ai entendu, oui » il hésite, par peur d’en dire trop et de se gourrer, et puis il se dit : c’est Gaby, évidemment que si je dois en parler à une seule personne, c’est à al. Oh; bien sûr de t’en parler, c’est d’en parler à une bonne dizaine d’autre personne assurée, mais bon, au fond ce n’était pas si grave. « Disons qu’il y a quelques contrats d’entrepreneurs qui se parlent en ce moment » et ça, il le sait parce qu’il travaille « bénévolement » dans plusieurs de ces entreprises pour payer sa dette à Anthos, et qu’à force les adultes oublient que vous êtes dans la pièce quand ils se parlent. « Mais je sais pas encore où ce sera exactement. Juste, ça se parle pas mal. Je me demande même s’ils vont préparer ça en ville ou même dehors, pour profiter des grands espaces, mais- » haussement d’épaule désabusé; « avec la situation, t’sais, les obscurs et tout, ce serait un peu fou de produire un tournois en dehors des villes, en même temps. Fou, et dangereux. Mais en ville- » il se gratte la nuque, l’air d’avoir du mal à mettre ses idées en place. « Bah si tu regardes à Ike Kai par exemple, on est vraiment entassés les uns sur les autres déjà, alors je vois pas trop où on pourrait installer une arène. Et faire des combats de pokémon en plus centre-ville de New Pyra, c’est mort. De base j’assumais que chaque île aurait son propre tournois en soit, mais peut-être que je me trompe. En tout cas, on risque d’avoir pas mal d’infos contradictoire sur le sujet d’ici à ce que les annonces officielles soient faites. » et puis-

Et puis il ne sait même pas s'il a le droit d’avoir des espoirs sur le sujet, en fait. S’il a le droit de vouloir participer. Il n’en a pas encore parlé avec quiconque, mais s’ouvrir à toi est facile. C’était difficile d’expliquer pourquoi, mais tu ne risquais pas de lui prendre la tête avec les détails. Peut-être même que tu l’encouragerais, alors il te dit du bout des lèvres : « Quant à participer, je- je sais pas. Enfin, non, je sais : j’ai envie. Devenir champion d’arène, c’est un rêve de gamin, un peu. Enfin je suis clairement pas le seul. Juste, depuis- bah mes rêves ont un peu changés et je sais pas où je me tiens sur le sujet. J’aimerais participer – mais est-ce que j’ai même une chance, avec une équipe insecte? Suffit d’une personne avec un pokémon feu et c’est un peu le 3KO, quoi. Et- et depuis que je travaille, on a pas eu masse de temps pour s’entrainer, aussi. Peut-être que de gagner le championnat c’est pas aussi important que de juste y participer, et de se donner le droit de rêver en quelque sorte. »  élabore-t-il; « Mais ça implique de demander le droit de ne pas travailler les jours du tournois, et ça p’t’être qu’on me l‘accordera pas. » surtout après ce qu’on vient faire aujourd’hui se dit-il mentalement, préférant ne pas te dire ça à voix haute. Pour ne pas te décevoir- pour ne pas te donner l’impression que vous devriez rebrousser chemin avant de vous faire prendre. Il était prêt à assumer les conséquences de ses choix, comme toujours, mais il était diablement au courant des répercussions que ça pouvait avoir sur le long terme. « Je crois » souffle-t-il, « que le pire dans tout ça, c’est que je sais franchement pas où je suis rendu dans le remboursement de la télé. Je pourrais être qu’au début, je pourrais avoir presque fini, enfin- fini j’en doute, mais voilà, le temps est long quand on ne sait pas. Et toi- et toi, tu aimerais y participer? » finit-il par te demander, comme gêné de ne pas l’avoir fait avant d’étaler ses états d’âmes.

CW mort d'un pokémon

Faim qui tenaille mon ventre pour produire un son assourdissant qui écho entre les grains de sable comme autant de petites vibrations qu’on distingue mal, mes membres sont ankylosés par la malnutrition que je leur impose depuis trop longtemps. Voyez, j’ai essayé durant un temps -oh, tiens, un autre gargouillis infernal, ils se rapprochent l’un de l’autre- de me nourrir seulement de végétation, parce que moi je ne suis pas un tueur né. Non; j’aime mon prochain, mais la végétation à l’oasis est encore plus rare que les en-cas faciles, et moi, je faiblis à vue d’œil. Mon corps tremble sans que je puisse l’arrêter; ma vision s’embrouille et je peine à bien réfléchir alors que je sens la mort s’accrocher à moi comme une finalité. Je suis trop jeune pour mourir; je suis trop jeune pour me laisser faire sans me débattre, mais comment se débattre quand on en a pas l’énergie? Les sillons que je laisse dans le sable forment des zigzags inefficaces, incapable que je suis de tenir la ligne. Et puis- et puis toi. Mon estomac continue de grogner et j’ai l’impression qu’il fait siffler mes oreilles, et il ne m’en faut pas plus pour foncer, toi, ma parfaite victime.

Crocs premiers, je bondis comme je peux en dehors du sol, quittant le confort sécuritaire du sable mouillé et lourd en faisant jaillir des mottes autour de moi. C’est la moitié de ton corps qui se glisse dans ma bouche alors que je redescends vers toi, fermant autour de ton petit corps l’était puissant que forme ma mâchoire. Je suis faible; affamé, mais tous mes instincts me hurlent de fermer et puis serrer sans m’arrêter; tu cris et te débats, mais ce n’est plus possible pour toi de fuir ma morsure. Parce que mes dents ont percé la rude carapace de ta peau, que j’ai gouté le sang et qu’il enivre mes sens. Mes dents sont faites pour casser le roc, aussi ta carapace, aussi protectrice fut-elle, ne peut pas me résister bien longtemps. Plutôt que de relâcher, le sang qui se glisse sur ma langue me donne la force de fermer et fermer et- c’est vraiment une chose simple à faire, au fond, que d’utiliser son corps tout entier pour faire une morsure. Tout entier; parce que mon corps n’est qu’une extension de mes dents, au fond. Mes muscles se contractent en hurlant de douleur; hurlant parce qu’ils sont faibles et que ça dégage comme une brûlure sous ma peau. Il me suffit de serrer et de serrer jusqu’à ce que je commence à entendre des craquements distinctifs qui annoncent que tu ne pourras bientôt plus te débattre, et que je pourrai cesser de forcer contre ton corps qui se raidit violement. Une morsure, au fond, c’est l’arsenal le plus simple du Griknot.

Et puis; et puis je n’en peux plus et je relâche l’étau qui t’encercle, et ta carcasse tombe au sol. Je ne me formalise pas de ta mort; non, je me lance tel le requin pour m’offrir le repas qui m’avait tellement manqué. C’est comme une délivrance; pas le temps de me délecter de ce repas, je gobe tout en deux temps trois mouvement et je sens enfin la douce chaleur réparatrice d’un ventre vraiment repus; des forces je n’en ai plus aucunes après cet effort monumental, et il me faudra digérer -mais le pire est derrière moi. Alors je creuse quelque peu dans le sable, je m’installe pour dormir -et je fais de doux rêves où je peux manger à ma faim et plus encore.

Sourire qui flotte sur ses lèvres, comme un peu hésitant mais si bienheureux à la fois, Fleur hoche vivement de la tête : « Imbattables » répète-t-il; aussitôt fait, il se châtie mentalement parce que ce n'est pas la réplique la plus intéressante à ta verve, mais c’est ainsi, son cœur était insufflé de bravoure et de la confiance que tu avais raison. Oh; il aurait aimé faire le fanfaron et te dire qu’il était même invaincu, mais; mais il repensait à tous ces pokémons qu'il avait fuis dans sa vie, à ce Tortank qui lui avait cassé le bras, et vite fait, il se dégonfle un peu même si son sourire, lui, est bien ancré sur ses lippes; c’est toi qui le fais sourire comme un niais, c’est plus fort que lui. Il est heureux quand il est avec toi, le sais-tu? C’est facile de te parler, et aussi d’être lui-même, pas parce que tu ne vois pas ses défauts, mais parce que tu sembles les accepter. « J’imagine que, enfin- » fait Fleur, ses prunelles vertes-azures se posant sur le Draïeul « il y a comme un sentiment de sécurité, dans le fait de savoir que son partenaire ne changera pas, dans son essence » mais lui ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait comprendre; faut dire que Fleur avait eu terriblement besoin de stabilité dans sa vie, mais cette dernière n’est arrivée que tout récemment dans sa vie et là encore, Lentis elle était à feu et à sang, on dirait. Comme quoi tout ne pouvait pas bien aller dans vos vies d’adolescents. « Les pokémon insecte, eux, enfin, je veux pas te rabâcher les oreilles encore à ce sujet » parce que le jeune homme parlait sans cesse des pokémon insectes, normal puisqu’ils étaient un de ses passions; « mais la transformation c'est un peu le propre de leur vie. Du coup j’ai jamais vraiment considéré ce que ça ferait, d’avoir un pokémon qui ne changerait pas. C'est p’t’être un peu effrayant au début, genre je me souviens que pour Colori j’avais peur qu’en devenant plus mature il réalise que je suis un mauvais dresseur ou quoi… »

Le pokémon produit un curieux petit bruit, comme une interjection alors qu’il se rapproche de son dresseur pour venir effleurer sa main. Bien sûr que non – Fleur n’était pas nécessairement un mauvais dresseur, il tenait à la santé et à la sécurité de ses pokémons même s’il les mettait nécessairement en danger en allant à l’aventure. Fleur sourit; « Je sais, je sais » ronchonne-t-il un peu, mais il était évident qu’il était heureux de l’intervention de son pokémon. « Je crois qu’ils changent, mais au fond, les humains changent aussi. L’amour qu’on a pour eux, ça, ça ne change pas, je crois » dit-il simplement; peut-être qu’il est trop jeune pour penser que l’amour, au fond, ça aussi ça peut changer avec le temps. Mais ça ne fait pas des masses qu’il a des pokémon, lui; il a eu Colori à ses treize ans, et les pokémon suivants, il avait déjà entamé sa seizième année. Donc tout ça pour dire, les pokémons et leurs évolutions, c’était un sujet assez nouveau dans sa vie et au fond il sortait ses informations de son cul, cordialement. « En tout cas, j’ai hâte pour toi. Que tu le découvres, je veux dire » fait-il en revenant sur le sujet de base, l'air un peu gêné parce qu’au fond, il a l’impression qu’il a tout rendu à son propos alors que c’était pas son but, au final. Juste il comprenait tes appréhensions et il espérait simplement être capable de les calmer un tant soit peu.

« Ah, ouais, j’avoue que j’avais pas vu ça comme ça » fait Fleur, se grattant la nuque et replaçant du même geste les lunettes fumées sur son nez. « Dans ma tête chaque île aurait fait genre son propre championnat, quitte à se trouver un endroit où faire la finale par la suite. Mais j’avoue que si tout est fait à un seul endroit, c’est plus simple. Si ça se trouve ils feront ça en même temps que le Solem, avec le rassemblement de nos dirigeants, quoique, franchement, ce serait un peu con vu qu’Ivanna est supposée repointer le bout de son nez à ce moment là. Mais j’imagine qu’un tournois de champion serait une bonne distraction pour que le commun des mortels ne regarde pas trop dans la direction de nos dirigeants » et puis- il soupire, un gros soupire désabusé qui ne seyait pas ses lippes d’adolescent insouciant. « Par contre, New Pyra, t’es sûr? Avec le ban sur le pokémon au centre-ville, ça me semble tellement être un mauvais plan. Après je suppose que le ban sur les pokémons ne devrait pas durer trop longtemps dans le temps, mais ils ont pas trouvés les coupables de l’attaque des Léviator, si? » faut dire que Fleur, il ne suit pas trop l’actualité, mais quand même, vous veniez de passer par les téléporteurs et les règlements étaient placardés partout, en entrant comme ne sortant, alors il aurait remarqué si c’était le cas, non? Une vraie de vrai chasse à l’homme… Fleur n’était pas quelque de très politisé, après; il ne comprenait pas pourquoi on avait cherché à attaquer le Mastodonte, lui ça lui semblait surtout être cruel, mais il ne connaissait rien non plus de la pauvreté de New Pyra et du sentiment d’impuissance qui devait en ressortir.

« Aucune idée de qui tiens les comptes, mais je pourrais contacter la personne qui est chargée de mon dossier » pas question qu’il adresse la parole à Aina-Kea, en tout cas. Il comprenait que lia dirigeant·e était humain·e, mais il savait aussi qu'il était insignifiant dans les préoccupations de ce·tte dernier·e et que jamais il n’obtiendrait les excuses dont son âme blessée avait besoin pour passer à autre chose. Probablement que lia dirigeant·e ne voyait même pas ce qu’al avait fait de mal, au fond; peut-être même que personne ne le voyait sauf lui, au fond. Mais c’était comme ça, même si on avait pas dit son nom et que le coup bas ne s’était pas adressé à lui, Fleur avait toujours dans le fond de la gorge de la colère quand il pensait au fond qu'on ait pu le comparer à Téobald, la pire raclure humaine qu’il connaisse à ce moment-là; il avait depuis évidemment été usurpé de sa position par Ivanna. « Je- » sa voix s’étrange, pas pour des larmes mais par culpabilité, et son visage se dirige vers les étendues de sable derrière vous comme s’il y apercevait quelque chose. « J’ai peur. Qu’au fond j’aie à peine entamé ma dette, tu sais? C’est quelques centaines de milliers de pokédollars, et je peux pas croire qu’on me paie plus que le salaire minimum au fond, et- et si tu y penses comme ça, même en travaillant à temps plein comme je le fais habituellement, ça-  » et puis il lève les doigts comme s’il comptait compter sur sa main, ce qui trahissait probablement ses aptitudes négatives en mathématiques et calcul mental. « le salaire minimum, c’est environ 1200 pokédollars de l’heure, on est d’accord? Et je travaille environ 40h par semaine, ça me ferait- » ouf, ça lui prend un certain temps faire cette multiplication, et ses joues se colorent d’un rouge honteux; « 48 000 pokédollars par semaine. C’est fou parce que ça me semble être tellement d’argent, mais- »

Il prend une inspiration profonde, et puis dit dans un soupire de désespoir :  « J’ai compris que la télévision coutait près de 20 000 000 pokédollars. Je- je crois que comme Adam est aussi responsable de la dette, enfin, même si on lui a pas demandé de travailler pour ça, mais disons que si je dois en repayer que la moitié, que ça fait 10 000 000 pokédollars. À un rythme de 48 000 par semaine, ça me prendrait… » il abandonne et sort son portable pour faire pop la calculatrice. « Un peu plus de deux cents semaines. Quatre ans, Gaby, ça me prendre quatre- » oh; ouais, cette fois-ci il s’était arrêté de marcher dans le sable et sa voix s’était éteinte dans sa gorge. Parce qu’il s’était toujours douté du temps que ça prendrait, réalistiquement, mais qu’il n'avait jamais pris la peine de faire la pleine recherche et que ça le faisait paniquer.

Ses bras semblaient battre le long de son corps; son torse avait cessé de se soulever alors qu’il retenait sa respiration parce que c’était vraiment la seule chose qui l’empêchait de pleurer. Oh; Fleur pleurait souvent, même parfois devant les gens, et il savait qu’il était en sécurité avec toi; t’irais peut-être répéter, mais jamais avec malice. Peut-être même que tu lui proposerait ton épaule pour qu’il se sente plus fort, mais juste- le désert c’était pas le bon endroit pour se rouler au boule au sol et pour pleurer toutes les larmes de son corps. Par contre son corps ne peut pas continuer bien longtemps sans air; alors il respire un grand coup et ses yeux se remplissent de larmes, mais lui il a une casquette sur la tête et de grosses lunettes fumées sur le nez alors on ne peut pas voir; mais sa main, tremblante, vient se poser sur son torse comme pour masser son sternum parce qu’il avait mal et ça, ça lui indiquait les relents d’une attaque de panique. Le truc c’était de faire les exercices de respiration, mais il avait peur; il n’osait pas, mais Colori lui, il vient tapoter gentiment l’épaule de Fleur pour le rassurer. Oh; ses yeux sont portés sur toi, même si tu ne les voit pas; ils te supplient de faire quelque chose, n’importe quoi, pour l'aider à se sortir de cette spirale à laquelle il pensait; quatre ans, et puis pourquoi pas 8? Était-ce bien 20 000 000, la valeur de la télévision, ou n’était-ce pas plutôt 40 000 000, et il avait dans le processus simplement enregistré le montant coupé en deux? Oh; la plupart des adultes peuvent se permettre de travailler avec un meilleur salaire, mais ça ça demandait des études ou une spécialisation qu’il ne pouvait pas s’offrir tant qu’il devait travailler tous les jours de la semaine. Ou- ou peut-être qu’il pourrait étudier de soir et les fins de semaine, il devait y avoir des programmes pour ça, mais Fleur avait seize ans, bientôt dix-sept, et il voulait surtout explorer la vie et passer du temps avec ses amis, et-

Et vous vous étiez poussés de son travail payant pour affronter un obscur et il se sentait stupide, pas parce qu’il risquait de perdre son emplois à mi-temps (même si c’était vrai), mais parce qu'il savait au fond de son être que d’être ici, avec toi, en ce moment, c’était mille fois plus important que de ne pas recevoir les punitions de ses actions. Alors il tend sa main libre à la rechercher de ta mains et de tes doigts, à ta présence parce qu’au fond tu étais tout; il ne savait pas depuis quand il se sentait comme ça, et une partie de lui se demandait même s’il te l’avouerait un jour; mais tu savais déjà pour Adam et Fleur n'avait pas subitement arrêté de l’aimer entre-temps, et il avait peur que tu penses qu’il ne donnait pas d’importance ou de sérieux à des choses comme l’amour et à vos présences dans sa vie. Lui-même n’était pas sûr et certain qu’il vous aimait, au fond; pas de manière romantique, en tout cas, parce qu’on lui avait dit que la romance venait avec d’autres attirances que lui ne ressentait pas. Qu’importe; vos doigts se touchent, mais lui il finit par fondre dans tes bras, tremblant et hoquetant et te serrant alors que toute la douleur de ces réalisations devenaient comme vraies.

« Mmm, oui, pardon, je confonds parfois l’un et l’autre » c’était un privilège, en soit, d’être aussi déconnecté de la réalité qu’il l’était; parce qu'il ne vivait pas à Haptos, lui, parce que ce n’était pas sa vie qui avait été changée à jamais, parce que ce n’étaient pas ses parents qui avaient perdus leur travail. Et comme vous ne parliez pas vraiment de ces choses-là, pas encore en tout cas, il ne s’imaginait même pas vraiment que c’était ton cas; Fleur c’était l’ami d’un jour qui se laissait porter par le vent et qu’on attrapait au détour de l’accalmie, au fond. Il pouvait ressentir ta colère, mais elle lui semblait normale, peut-être pas aussi personnelle qu’elle l’était vraiment. Oh; il aurait tellement voulu être l’ami sur lequel vous pouviez compter, au fond. Celui qui parle longtemps dans la nuit, jusqu’à ce que les larmes se transforment en sommeil. Il aurait aimé être celui à qui on pense en premier le matin, mais il n’était rien de tout ça. Il se sentait juste chanceux d’être votre ami; un peu jaloux de ton lien avec Kiya’na, aussi, qu’il n'avait pas revu depuis la manifestation. Mais à la place d’être là pour toi dans un moment où tu en aurais peut-être eu besoin, voilà, c’est lui qui se brise et qui s’effrite sous le poids des vagues de la vie.

« Adam a pas eu la même punition que moi » fait-il alors que tes bras s’enroulent autour de ses épaules. Il n’était pas fâché; c’était tant mieux pour lui, mais au fond Fleur en été un peu jaloux. Jaloux, parce qu’il ne comprenait rien du mal-être, de l’inutilité qu’Adam pouvait parfois ressentir. Ce n’était pas pour rien qu’il était allé se perdre en forêt pendant trois mois, non; mais Fleur avait si hâte d’y retourner, lui, qu’il ne voyait pas le mal qui pouvait pousser les autres à agir. « J’en suis pas si sûr » dit-il simplement, sa voix se brisant quelque peu en même temps que son cœur. Parce que Aina-Kea le lui avait dit, que son pardon était conditionnel à ce qu’il ne recommence plus. Et il avait recommencé; non, Fleur s’imaginait moins sa punition être punition, et plus être vengeance pour une confiance accordée et bafouer. C’était pour ça qu’il n’osait pas demande où il en était dans le paiement du téléviseur; parce que Fleur ne connaissait de la réelle autorité vengeresse que son père, et qu’il savait très bien où il en était avec ce dernier. Aina-Kea était un·e inconnu·e, après tout; comment pourrait-al avoir quelconque gentillesse envers lui, qui n’avait pas tenu sa parole? Vienicci le lui avait bien dit, qu’un homme ça n’avait qu’une seule parole -et lui, toujours un enfant, il pensait que c’était vrai. Il continuait à travailler sans regarder en arrière parce qu’il ne pouvait pas se pardonner lui-même pour cette colère qui, avec le temps et la thérapie, s’estompait et le laissait vide.

Alors il t’écoutait, mais d’une oreille distraite; il comprenait les mots mais pas le sens, et surtout il n’était pas capable de croire à ce que tu disais. Parce qu’un travail le paierait moins que ce qu’il pouvait rembourser en ce moment, il le croyait; « qui voudra m’engager, de toute manière? » laisse-t-il glisser entre ses dents malgré lui; parce qu’il savait qu’on lui faisait faire les petits boulots en ce moment parce que c’était un genre de bénévolat et qu’il fallait bien payer sa dette à la société, mais au-delà de ça? Fleur n’avait pas de talent pratique, et très peu de capacité d’apprentissage, il le croyait; « Et la plupart des formations professionnelles demandent au moins d’avoir commencé ou fini le lycée, et moi- moi j’ai à peine fini le collègue » parce qu’il avait fugué à 15 ans, mais ça, te l’avait-il même dit? Dire qu’en septembre dernier, il avait, l’espace d’une minute, considéré retourner aux cours -jusqu’à apprendre que Liang-Xue avait sauté une année et qu’ils ne seraient pas dans les mêmes classes. Disons que le château de carte de son espoir s’était aussitôt effondré. « Ce serait plus simple si j’avais trouvé un métier qui m’intéressait » dit-il en s’écartant légèrement de toi; il se trouvait pathétique de pleurer pour un problème qui n’était à la base que sa propre faute.

On aurait cru qu’en, quoi, huit mos de travaux forcés? Il aurait trouvé quelque chose qu’il aimait. Le plus de fun qu’il s’était fait, c’était sur les chantiers de travail, parce que y’avait toujours quelque chose de physique à faire et que les traveilleureuses étaient toujours gentils, patients aussi. Peut-être parce que beaucoup de ceux qui le supervisaient savaient ce que c’était, de pas trouver leur place sur les bancs d’école; et pourtant Fleur était de ceux qui ne voulaient rien de moins que de vivre leur passion; « C'est ici que je me sens le mieux, de toute manière » dit-il en séchant ses larmes, sous ses grosses lunettes. Son regard était fuyant, mais au fond tu ne pouvais pas le voir de toute manière. Difficile de dire, pour lui en tout cas, si ici c’était à tes côtés ou en nature; un peu des deux, au fond. « Dommage que j’aie pas le profil du bon ranger » dit-il, essayant de mettre un sourire sur ses lèvres même s’il n’avait pas le cœur à rire. Parce que toi, tu étais le soleil dans toute sa gloire, et qu’il ne voulait pas te forcer à te couvrir pour ses états d’âme. C’était comme ça; il avait envie de s’ouvrir à toi, mais il ne voulait pas non plus te causer de soucis. « L’an dernier encore je rêvais de devenir cartographe, mais depuis cet été j’ai pas vraiment pu pratiquer mon dessin. Je voulais faire photographe aussi, mais ça demande un œil artistique que j’ai pas vraiment. Et puis- et puis au début de l’année scolaire je pensais que je ferais un bon Microbrasseur, mais- mis depuis Kombucha est devenu malade et on a dû mettre ça en plan aussi. P’t’être… p’t’être qu’au fond c’est aussi bien que j’aie pas trop le choix. Comme ça au moins je continue d’avancer sans m’attarder au fait que c'est pas possible d’être explorateur. Si j’étais doué à l’école, je deviendrais p’t’être un bon biologiste, mais c’est pas le cas »

Mouvement d’épaule désabusé, et puis il dit à regret : « Pardon, on est pas là pour que je me plaigne » oh; et puis avant que te vienne l’idée de l’encourager, il ajoute : « On aura ce luxe à notre retour, quand on aura trouvé ce qui se passe ici » oui; parce que c’était mieux de remplir vos têtes avec les dangers qui vous attendent ici et pas- et pas à quel point sa vie le désespérait. Peut-être que c’était pour ça, au fond, qu’il tenait tellement à t’aider à accomplir tes rêves; parce que les siens lui semblaient bien fades et improbables en comparaison. Mais s’il pouvait t’aider, rien qu’un peu – alors peut-être qu’il se sentirait un peu moins inutile, un peu moins comme un fardeau. « J’y penserai. À de que t’as dit; promis. Mais là, toute de suite… c’est un peu écrasant, de penser au futur et à ce que j’en attend. » petit sourire qui s’élargie : « Qui sait, p’t’être que je pourrai un jour devenir artiste-explorateur-microbrasseur. Ce serait cool. Si on se fait pas tanner la peau à notre retour, j’y penserai » ah; il se trouvait drôle, comme ces gamins qui disent vouloir devenir ballerines-astronautes, au fond, mais peut-être que c’était pas si bête que ça; peut-être que ce qu’il cherchait se trouver quelque part entre ses lignes. Mais c’est, de toute manière, pas à presque 17 ans, mais pas 18, qu’il allait devenir microbrasseur (même s’il avait déjà fait sa première cuvée d’alcool bien infecte. Il attendant de l’ouvrir avec Adam).

« Tu connais l’endroit? » essaie-il maladroitement; pour changer de sujet, et au fond parce qu’il se sentait mal d’avoir même hijack la conversation avec son train de pensée. « Ce serait cool d’aller en hauteur si on peut, ça nous donnera un meilleur aperçu de l’oasis, je crois » il hésite parce qu’au fond c’est toi l’expert·e et qu’il ne vaut pas dire une bêtise. « Et t’inquiètes pas pour tes parents. Quand on rentrera, ils seront obligés de voir que t’es ta propre personne. J’crois que c’est difficile pour les adultes, ils ne changent pas aussi vite que nous. Moi en tout cas je crois en toi » oh, si, il fait un peu la frime; il le croit, mais pourquoi? Ça il ne pourrait pas le dire, au fond. Il n'avait pas vraiment de preuve que t’étais douée; lui ne t’avais pas vu agir pendant l’attaque des Léviator, mais c’était comme ça, il te vouait une confiance aveugle. « Pour ce que ça vaut » finit-il par dire, l’air un peu timide; au fond, à quel point est-ce que son opinion sur la chose comptait?

Fleur- oh, Fleur, il n’est jamais aussi bien qu’il peut l’être ici; avec toi, certes, mais en nature, surtout. Pas qu’il n’apprécie pas ta présence à ses côtés, au contraire, mais les relations humaines n’ont rien de facile pour lui, pas encore; être ici, par contre, à chercher, ça, ça le ramenait aux choses les plus faciles de sa vie. Alors il s’arrête, attendant la réponse à ses questions, mais il met sans fait attention les mains sur ses hanches et il prend une grande inspiration. Le désert haptais ne sent pas comme la mer kopédienne ou la neige adamantoise, mais ça, tu le sais sûrement déjà. Le désert haptais lui rappelle des souvenirs très précis, des souvenirs qu’il garde en son cœur mais dont il ne parle que très peu, parce qu’ils ont aujourd'hui été teintés par ses erreurs. Mais- mais peut-être que là, maintenant, vous êtes en train de créer de nouveaux souvenirs importants. Ils ne pourront jamais effacer l’image de Jill qui lui apprenait comment lire l’alphabet des Zarbi, ou ces nuits passées à apprendre à rouler en moto avec elle dans les dunes; leur premier accident à tous les deux qui était arrivé parce qu’il ne savait pas freiner et qu’il les avait fait tomber dans un dérapage en vitesse. Jill c’était la première personne qui avait vu en lui autre chose que ses erreurs et sa colère; une adulte qui l’aimait comme il était, avec ses défauts et tout, et qui lui permettait de vivre dans la rue mais pas dans la pauvreté. Il s’ennuyait d’elle; pourtant depuis cette été, elle ne répondait plus à ses messages. C’était bien fait; sûrement sa punition pour l’avoir ignoré après ce qui était arrivé à Anthos. Il s’en voulait, parce qu’elle comptait vraiment pour lui, mais qu’il avait peut d’avoir raté sa chance que tout puisse continuer comme avant avec elle. Alors cette inspiration – elle était chargée des bons souvenirs comme des regrets tout à la fois, et pourtant elle l’aidait à se sentir si vivant. Ici vous étiez seuls au monde; loin de vous le poids des attentes des autres, au fond. Peut-être que c’était aussi bien; c’était dangereux, mais Fleur préférait le danger plutôt que le regard des autres. Et pour tes yeux- ah, pour tes yeux, cela vaut bien la peine de ne pas être totalement seul.

Colori laisse un peu d’espace à son dresseur pour lui laisser le temps de vivre ses émotions; parce qu’il savait ce que ça pouvait lui faire de tout garder en dedans, après tout. Pourtant sa démarche reste joyeuse et son ton chantonnant; Il avance à petits pas sautillants dans le désert, laissant ses pattes s’enfoncer dans le sol légèrement trop chaud à son goût; mais en restant en mouvement, il évitait de se brûler. Quand bien même, il s’approche de l’eau pour y faire tromper ses petites pattes, et ce faisait il se donne le temps de tisser avec sa soie des bottillons qu’il s’empresse de mettre une fois ses pieds séchés. Il trouve cela bien mieux; Fleur, lui, sourit en se demandant c’était quand, la dernière fois qu’il avait reprisé des vêtements pour qu’ils soient à sa taille ou pour les réparer. Faut dire que depuis cet été, il n’a pas trop le temps de vadrouiller, ce qui veut dire qu’il n’abime pas trop ses vêtements. On pourrait se dire que c’est un positif- mais à vrai dire cela manquait à Fleur de laisser l’aiguille parler pour lui, pour autant qu’il détestait se piquer avec dans sa maladresse. Armé de ses bottillons, Colori remarque le Kraknoix qui a faim, et ça lui fend évidemment son cœur d’artichaud. Alors il se dirige vers Fleur, lui faisant signe de se baisser un peu vers lui afin que l’adolescent puisse le laisser fouiller dans le sac à dos. Fleur, qui n’a pas vu le pokémon affamé, se demande bien ce qu’il veut faire; c’est quand il prend précautionneusement une boule d’énergie faite de fruits séchés, de noix et de miel que le blond comprend que c'est à manger qu’il chercher. Qu’importe; tant qu’il referme bien el plat, Fleur n’y voit aucun inconvénient, même si quand même il préfèrerait ne pas nourrir l’Oasis au complet. Le Manternel s’avance vers le pokémon et dépose la boule dans le sable, à quelques pas de lui pour ne pas se faire croquer; on voit qu’il a l’habitude des récalcitrants, lui. Il revient vers son dresseur et ami sans plus tarder, mais un coup d’œil furtif vous laisse entrapercevoir le Kraknoix qui renifle, puis avale, la bouchée avant de disparaitre dans le sable.

Colori, c’est plus une princesse de Disney qu’un Manternel, au fond; toujours un peu de danse dans ses pas, de chant dans sa voix (quand il me passait pas son temps à chantonner tout cours). Il aimait tout le monde, et adorait être aimé en retour. Pas étonnant donc qu’il nourrisse les pokémon et les gens qu’il croise qui ont faim; pas étonnant qu’il aille vers ceux qui ont mal pour les soigner. Et donc quand ce Magby se plante le visage dans le sable et qu’il avale une bonne gorgée de sable, il ne perd pas de temps pour l’approcher, malgré la menace de son feu; il lui tend la patte pour l’aider à se relever et l’époussette très rapidement. Aussitôt fait, il dit quelque chose de sa voix chantante, et le pauvre Magby ne peut faire autrement que d’acquiescer de la tête. Il s’approche à grands bonds lestes de Fleur, s’arrêtant à son niveau en tendant les bras vers le haut, à la plus grande surprise de son dresseur qui se penche vers lui pour lui faire un câlin; mais le petit comique attrape Gloop en lui disant quelque chose, probablement pour obtenir son aide avec le Magby. Arrivé à son niveau, voilà que Gloop produit un petit jet d’eau pour que le Magby se rince la bouche sans se faire éclater la tête, quoi. Le trio converse légèrement, Gloop accroché au torse du Manternel, lui collant dessus; ça fait sourire Fleur même s’il est inquiet, parce qu’un jour Colori ira vers un pokémon qui voudra lui faire du mal. Mais bon; il semblait avoir assez de facilité pour différencier les choses, mais Fleur savait que si ces pokémon réagissaient bien à Colori, il en serait bien différent pour lui, un humain. Alors il garde une distance respectueuse, observant ses pokémon pour s’assurer que tout va bien, surtout pour le pauvre Gloop qui aimait bien rester collé contre le blond.