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Un vent froid se lève à peine a-t-il posé un pied à l’extérieur, mais il s’en moque, parce qu’aujourd’hui, rien ne compte. Rien ne compte de plus qu’elle. Aujourd'hui, c’est la journée, une des rares journée où il y va. Où il va la voir, là où elle repose pour l’éternité, là où il y a encore un lien, mince, qui pourrait disparaître, mais qui est bien là. Seven n’y est pas retourné depuis longtemps. Il n’y va pas souvent. Il y va seulement quand ça ne va vraiment plus, quand il a besoin d’elle, comme quand elle était réellement là pour lui. Il n’y va pas souvent, parce qu’il a peur, parce qu’il est toujours terrifié de cette réalité. Réalité qu’il n’accepte pas. Réalité qui le torture.

Ses pas sont lourds.
Ses pas y vont à reculons. Mais il doit y aller.
Parce que ça fait déjà si longtemps. Déjà six mois. Et pourtant, il ne va pas mieux. Il ne passe pas cette épreuve, il n’accepte pas qu’elle ne soit plus là. Elle était tout pour Seven, elle était tout son univers. Un univers qui s’est écroulé comme un château de cartes. Pourquoi, pourquoi lui il n’arrive pas à faire son deuil ? D’autres y sont parvenus. Beaucoup ont continué leurs vies après cet incident. Alors pourquoi pas lui ? Il ne comprend pas et il déteste ne pas comprendre.

Après la tristesse, la rage, la haine viennent se mêler à ses pensées. Il les déteste tous. Il les déteste de réussir à avancer alors que lui, il tombe, il est dans un gouffre dont il ne parvient pas à sortir. Il les déteste de vivre leur vie. Déteste Rio qui arrive à faire comme si de rien était. Déteste Eight qui ne subit pas ça. Déteste tout le monde. Mais par-dessus tout, il la déteste elle C’est de sa faute. Oui, sa faute à elle. C’est elle qui a provoqué tout ça. Sans elle, Azalée serait encore là.

Mais non. Il n’y a plus qu’elle. Cette fille. Une personne avec qui il a été ami pendant longtemps, aujourd’hui, elle n’est plus rien. Rien que de penser à son prénom, la colère se fait bouillonnante, elle lui ferait presque mal.

Il ne doit pas y penser. Il ne faut pas y penser. Juste à elle. Juste à Azalée. Sa gorge se comprime douloureusement à mesure que ses jambes le portent proche, trop proche du cimetière. Il se fige à l’entrée de celui-ci. Non, il n’y arrivera pas. Il ne pourra pas être fort, il essaye pourtant. Azalée ne voudrait pas le voir comme ça. Pourtant, il y a cette image d’elle qui le suit partout, comme son ombre, mais elle, elle n’a rien de bénéfique, au contraire, elle le torure encore plus.

Parvenant, difficilement, à faire le reste du trajet, il se retrouve… Non.
Non, non et encore non.

Alors que la tombe est là, tout juste quelques pas qui la sépare d’elle, il y a cette fille. Pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui, pourquoi maintenant ? De nouveau, la tristesse et la douleur sont remplacées par des sentiments encore plus négatifs. De la haine, de la colère. Il serre les poings, se rentrent ses ongles dans la peau, la fusille du regard.

Qu’est-ce que tu viens foutre ici ?

Siffle la voix, menaçante, froide, pleine de mépris contre elle. Non, elle n’a pas le droit d’être ici, pas aujourd’hui !

Pourquoi ?
Pourquoi, elle est là celle-ci ?

Bien que dans le fond le brun connaisse parfaitement la réponse à cette question, après tout, c’est même logique qu’elle soit ici, l’inverse aurait été plus étrange, Seven ne veut pas faire face à cette vérité, il s’en contre fou. Il ne veut pas la voir, il ne veut pas savoir qu’elle existe encore, il ne veut pas savoir qu'elle, elle a eu cette chance de pouvoir encore respirer quand d’autres ont péri, par sa faute à cette même personne.

Dès qu’il la regarde, ce n’est pas Eagle qu’il voit.
C’est le spectre d’Azalée, dans son dos, qui semble murmurer à l’oreille du dresseur un tas de choses qui ne font qu’attiser la haine et la rancœur chez lui. C’est de sa faute à elle, putain. Si elle n’avait pas été là, Azalée serait encore vivante, elle serait encore à ses côtés.

Sa faute à elle ?
Ou à lui ?

Un frisson d’effroi vient de passer sur toute la peau de Seven. Parce qu’il rejette toujours les torts sur la petite sœur d’Azalée, alors qu' intérieurement, il porte toujours une grande partie la sensation d’être responsable de ce qui s’est passé. Et s’il l’avait accompagnée ? Et s’il lui avait dit de ne pas s’en mêler ? Peut-être que tout ça aurait pu être évité. L’impression d'asphyxier remonte dans sa gorge, venant l’étrangler froidement, la douleur ne faisant que grandir chaque jour.

Mais devant elle, hors de question de montrer quoi que ce soit.
Hors de question de montrer qu’il a un quelconque sentiment de culpabilité. Il est plus simple pour lui de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre, de détester de toutes ses forces cette fille et de souffrir dans le plus grand des silences.

Puis Eagle parle.
Donne la raison de sa venue ici.

Il reste silencieux avant que les traits de son visage ne viennent se durcir plus encore en entendant le prénom d’Azalée. Oui, elle parle des fleurs, de ses plantes, mais qu’importe, ça fait bien longtemps que Seven n’est plus raisonnable dès que ça la concerne de toute façon.

Ferme la.

Commence-t-il dans une voix sifflant la colère et le mépris une fois de plus. Relevant ses yeux embrumés à la fois de ses larmes qui trahissent toute l’image de froid qu’il se construit, mais aussi une haine si intense que si c’était possible, elle la tuerait sur place.

T’as aucun droit de prononcer son prénom. Je te rappelle que si elle est morte, c’est de ta faute.

Assomme t-il difficilement à Eagle. Il laisse la rage intérieure le consumer, le venin se répandre dans ses veines. Il a bien d’extérioriser avant de devenir fou et pas de chance pour elle, c’est elle qui est là pour subir les foudres de Seven, foudre qui est plus proche d’un désespoir que d’une véritable rancune pour elle.

Maintenant casse toi d’ici, laisse ceux pour qui Azalée était vraiment importante s’occuper d’être présent. T’as aucun droit d’être ici, de parler d’elle. Dégage.