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1… 2… 3… 4… Je déchire une feuille de papier d'un de mes calepins installé sur la table de cuisine et j'inscris ces nombres avec mon stylo à billes. Pourquoi ? Parce que j'ai envie de sortir un peu, aujourd'hui. D'Anthos. J'ai envie de sortir et visiter les autres îles, mais je ne sais pas quelle choisir, alors j'ai noté ces chiffres pour représenter chaque île, et je ferai un tirage après pour décider. Un représente Calléis, deux Haptos, Trois Adamantia et quatre, Kopadia. Et puis, je déchire la feuille en quatre, et je mets les bouts dans un pot en vitre. Je vais piger. Je vais piger un papier, et le numéro inscrit m'indiquera l'île sur laquelle j'irai aujourd'hui. Mmmm on brasse, on brasse.. et… Oh ! Le numéro quatre, je répète, le numéro quatre !

Kopadia. Je suis un peu excitée, mais surtout effrayée parce que je n'ai jamais visité Kopadia avant. Mais on dit que c'est une île majoritairement touristique, alors elle ne doit pas être bien dangereuse, non ? Au pire, si vraiment je suis perdue, j'irai demander l'aide d'une agence touristique… hum, j'imagine qu'il y en a une. Bon, peu importe, je verrai bien rendu là. Pour l'instant, je dois déjà m'habiller. Parce que je suis pas certaine que ce soit une bonne idée d'aller visiter nos voisins en petite tenue.

Le voyage se passe très rapidement, gracieuseté des téléporteurs. En un rien de temps, je suis rendue sur cette île, beaucoup plus petite que les autres mais pas n'en est pas moins vivante. Des gens. Beaucoup de gens. J'avoue que… j'avais pas prévu voir autant de gens réunis. Je bloque. Certains parlent à des marchands, d'autres font juste profiter de la belle vue. Et moi, je suis plantée là, à regarder autour de moi. Peut-être que ce n'était pas une bonne idée, finalement. Peut-être que j'aurais dû me fier à ce que je savais déjà, plutôt que d'aller dans l'exploration. Calléis, ou bien encore Haptos, à limite. Je m'apprête à retourner au téléporteur… mais y'a quelque chose qui me retient.

Il y a vraiment beaucoup de gens… je reste là. Je ne sais pas trop pourquoi, j'attends, mais je ne sais pas ce que j'attends. Je regarde la population se diriger vers les différents stands qui sont ouverts (il y en a vraiment beaucoup), certains enfants supplient leurs parents de leur acheter un souvenir, on voit clairement qu'ils ne viennent pas d'ici. Parce que j'imagine que pour les habitants même de Kopadia, ce n'est pas quelque chose de très extraordinaire. Et comme on dit que la ville est surtout alimentée par les touristes… et la plupart sont soit à la plage, soit ici. En même temps, je les comprends. Enfin, la plage, c'est attirant. Je pense que c'est même pour ça que je venais, à la base - en réalité non, je venais surtout pour explorer de nouveaux endroits, mais j'ai quand même apporté mon maillot de bain car c'est une évidence, un peu comme les ruines à Calléis. Peut-être que je devrais y aller, justement. Pas aux ruines, mais à la plage, je veux dire. C'est un bon endroit pour se détendre après tout. L'eau, le son des vagues… mais, par où aller ?

Et les gens se bousculent, on dirait qu'ils sont tous pressés, et moi ça me stresse. J'ai peur de leur foncer dedans et renverser quelque chose sur leurs vêtements - pas que ce soit déjà arrivé, mais oui quand même. Ou sinon juste qu'ils me foncent dedans eux, et après bien souvent je me sens mal car j'ai l'impression d'être dans leurs jambes. Alors je me fais toute petite, mais c'est dur avec ma grandeur. Et pendant que j'étais occupée à regarder partout autour de moi, un petit Dynavolt vient me sentir doucement la jambe. Tiens, il est perdu ? Mais lorsque je relève la tête, c'est un adolescent qui me demande a moi si je suis perdue, et je comprends son doute (et il avait raison aussi, en même temps)

"Je… je cherchais la plage de base, peut-être, mais.. je veux surtout découvrir l'endroit. Tu le connais bien ?"

J'aurais pu assumer qu'il venait d'ici, et donc que oui, il connait bien l'endroit. Mais je ne veux pas assumer. Alors je le regarde avec mon plus beau sourire, je me gratte un peu la tête par réflexe, regardant autour pour voir s'il n'y avait pas des pancartes que j'aurais manqué ? Mais si j'ai un guide à moi toute seule, ce sera bien plus simple de visiter l'île, et je me sentirais bien mieux aussi. Ah, mais je suis bête, je ne me suis pas présentée. J'oublie toujours de me présenter, et après je me trouve bête, enfin je pense. Mais je suis ravie qu'il soit là, parce que je pense que j'aurais fait une crise du cœur si je devais me déplacer toute seule ici.

"Moi c'est Mora au fait, toi c'est ?"

En vacances ? Je ne sais pas vraiment si je peux appeler ça “vacances”. Je n’ai pas vraiment de vacances, car j’ai toujours quelque chose à faire. Je suis toujours très occupée. … Non. Je me garde occupée. Je ne ferai pas comme si je ne pouvais pas prendre des journées de congé de temps en temps. C’est seulement une habitude, je crois. Quelque chose de bien ancré, profondément, parce que toute ma famille (enfin, ma mère et mon père adoptifs) était ainsi. Parce que travailler, c’est important. Après, ce n’est pas grave. Ce n’est pas quelque chose que je dis pour me plaindre. Non, j’aime bien, même. J’aime toujours bouger, toujours avoir quelque chose à faire.

“J’ai seulement pris un peu de temps pour moi… Tiens, c’est joli Octa. C’est plutôt rare comme prénom. Heu, je n’ai jamais entendu cela, plutôt. Mais c’est pas mauvais ! C’est très joli.”

Petit rire nerveux, j’espère que je ne l’ai pas offensé, car ce n’était pas le but. C’est seulement ainsi, j’ai toujours peur que mes paroles soient mal interprétées, j’ai toujours l’impression qu’elles ne véhiculent pas le message que je tente de passer. Alors je me reprends, je galère, je balbutie, mais finalement, j’y arrive. La plupart du temps. “Oh euh… désires-tu m’accompagner ? Si- si tu n’as rien d’autre à faire bien entendu.”

Cela pouvait être plaisant ? Non, non, à quoi pouvais-je bien penser ? Pourquoi un adolescent que je connaissais à peine voudrait bien m’accompagner ? Non, il valait mieux que je parte tout de suite. Déçue de moi-même, déçue de m’être humiliée ainsi, je me penche pour attaper un billet dans ma sacoche, le tendant aussitôt à Octa. “Tiens, merci pour les directions.” Et je m’en vais. Tournant les talons, baissant la tête, je me dirige aussitôt vers la plage, me fiant aux directions qu’il avait données.

C’est un peu drôle, de voir à quel point les rues sont bombées. C’était vraiment une ville qui donnait l’impression de vivre d’elle-même, de ses lumières et de ses attractions, de sa plage et l’eau bleue cristalline qui brillait. Bien différent d’Anthos, mais ça avait son charme, je ne sais pourtant pas si je pourrais vivre ici de façon permanente. Peut-être, un jour, je m’établirai dans une demeure de vacances ? Ça pourrait être intéressant… Après tout, Jane passe son temps à me dire que je dois plus décrocher. C’était peut-être le moment parfait de l’écouter, non ?