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Fu, le Scolocendre de Fleur, n’était peut-être pas un champion de vitesse, mais comme monture, il était, comment dire, sans relâche. Il avançait comme un serpent qui ondulait, et disons que Fleur, lui, avait comme tâche de rester en équilibre (et de rester en vie, accessoirement); c’était plus facile à dire qu’à faire, clairement, et même des années de skateboard n’étaient pas suffisantes pour lui permettre de rester en place. Disons que depuis qu’il se déplaçait à dos de Scolocendre, Fleur avait acquis des muscles à des endroits où il n’avait pas imaginé y avoir des muscles, dans les jambes, mais surtout au niveau du ventre et des abdominaux. Il finissait chaque séance complètement lessivé, comme s’il avait lui-même couru un marathon alors que, non, c’était Fu qui avait fait tout le travail.

Heureusement, aujourd’hui, ils n’avaient pas besoin de faire une très longue route pour arriver là où ils voulaient arriver. Anthos avait ce chic d’avoir un téléporteur qui menait plutôt loin dans la prairie des moulins, une zone où vivaient majoritairement des pokémons assez dociles (selon la toute relativité du fait qu’ils sont des pokémons sauvages lentois) et, en général, qui le laissaient tranquille avec son équipe de bras cassés super puissants. Entre le téléporteur et le début de la zone de la chute de la percée, il n’y avait en tout et pour tout qu’à peu près cinquante kilomètres. Trois fois rien pour l’équipe qui avait fait le chemin jusqu’aux montagnes haptaises, toute chose considérée.

« On va s’arrêter là » disait Fleur; il avait fait des recherches sur le net à propos de ce lieu, et avait appris qu’on pouvait savoir qu’on y entrait quand tous les sons usuels de la nature se taisaient. Le silence; c’était un lot qui se répétait dans plusieurs de ces zones étranges et habituellement reculées de Lentis, mais celle d’Anthos semblait presque perdue tant elle était proche de Verpré. Qu’importe; le voilà qui débarque de son Scolocendre qui a ralenti puis arrêté sa course, les jambes légèrement flageolantes alors qu’il se réhabitue à un plancher « stable ». Il ne voyait pas encore de chute, pour cela il faudra s’enfoncer plus profondément dans la zone, sans doute.

Et à voir ce paysage idyllique, on oublierait volontiers que la mort vous guette à chaque pas…

Fleur ne l’avait pas vu, vert qu’il était contre le vert de l’herbe autour d’eux, qui semblait s’étendre à l’infini, sinon qu’il était tacheté des couleurs des fleurs sauvages qui y poussaient. Elles étaient arrangées en des zones moins compactes que dans la prairie des moulins, poussaient, il semblait, là où le voulaient. C’était un magnifique chaos, au fond, et c’est sûrement ce pourquoi Fleur n’était pas du tout concentré sur l’huile qui imprégnant l’herbe et le sol à certains endroits. C’est qu’un Motorizard sauvage (qui d’autre) était en train de prendre l’endroit pour se piste de course personnelle.

Il va sans dire qu’étant un pokémon de course tout à fait rapide, le Motorizard a de suite repéré sa « compétition », si on peut l’appeler ainsi Fu, le Scolocendre de Fleur. Certes, il aimait courser, mais jamais il ne serait aussi rapide que le Motorizard, ça c’est certain! En tout cas c’est sûrement ce qui a fait que le Motorizard, curieux, a décidé de faire un arc dans l’herbe pour venir à leur rencontre, et quelle ne fût pas sa surprise de voir que le Scolocendre arrivait non seulement avec tout un groupe de pokémon, mais, ne plus, et de manière plus choquante, un humain!

C’est sans surprise qu’il a donc ensuite sorti, tout bonnement, ses crocs pour attaquer celui des pokémons de Fleur qui était le plus près, soit son Astronelle, le souffre-douleur par excellence des pokémons sauvages Lentois. Membre pris dans la gueule du Motorizard, Caèdre n’avait pas grand choix pour se sortir de là, et c’est Labori, au fond, son meilleur ami qui aimait le transportait partout quand il n’était encore qu’un cocon, qui intervint de la manière qui lui convenait le mieux : avec un gros coup de tonnerre!

Pour combien de temps; c’était là, au fond, toute une question. Pour combien de temps, mais au fond, ça fait pas une minute qu’il a mis les pieds ici. Lentis le sait, exemplifié par les cris du Motorizard qui font écho à ceux des voix, autrement murmures, dans sa tête. Les va-t’en habituels laissent place aux tu paieras, et il le sait, son temps en ces lieux est compté, d'une manière ou d’une autre. Ce n'est pas parce qu’il est facilede se rendre dans cette portion d’Anthos qu’il n’est pas dangereux d’y être.

« Bien vu, ‘Bori » dit-il, et sa voix sonne étouffée, comme provenant d’un endroit lointain, éloigné, alors même que le pokémon s’était approché de lui. Mais ce n’était pas important, de se faire entendre, au fond, l’important c’était de se faire comprendre. Mais savez-vous à quel point il est oppressantde ne pas entendre ce que vous deviez entendre? C’est comme il a été dit; le coup de tonnerre de son Lucanon était devenu piètre flash de lumière, et le vrombissement habituel de ses ailes se faisait très discret.

Fleur ne pouvait pas dire qu’il comprenait ce qui pouvait bien être en train de se passer ici, pas plus que dans ces autres zones mystérieuses de Lentis. Par contre, ce qu’il savait, c’était qu’ici principalement, ce n’était pas nouveau que les explorateurs et aventuriers se rendent sur place.

Mais que c’était nouveau que le son se fasse discret, pour le dire ainsi.

Qu’on n’ait pas découvert un château au milieu des pics de montagne enneigés, c’est une chose, en soi. Mais ici? Il n’y avait pas de raison que ce soit du nouveau. Ce qui élicitait une autre question : pourquoi? Était-ce la faute de ces pokémons mystérieux que Fleur s’aimait à découvrir, ou d’une autre force? Il ne savait pas. Et pour savoir, il allait devant presser le pas et continuer sa route, quand bien même Lentis l’avait averti que son passage en ces lieux ne se fera pas en toute impunité…

C’est vrai ça, depuis combien de temps est-ce qu’il progressait dans la zone, sans interruption? C’était surprenant; puis en général Fleur avait une bonne horloge interne, mais ici, est-ce que ça voulait même dire quelque chose? Disons qu’il avait l’impression que ça faisait une bonne demi-heure qu’il avançait vers la cascade (difficile de se diriger, au fond, quand y’a pas le bruit de l’eau qui coule en fond sonore), peut-être un peu plus, mais dehors, c’est comme tu dis, il fait sûrement nuit. Le temps c’est aléatoire ici, le temps il ne veut rien dire. C’est une des choses qu’il devra étudier, plus tard, mais aujourd’hui il ne fait qu’explorer – ne fait que tenter de rester en vie.

Le prochain pokémon sauvage qu’ils rencontrent (qu’ils voient, plutôt; ils en ont peut-être croisé d’autres, mais, ne les entendant pas, n’ont pas remarqués leur passage), c’est un Posipi. Une petite souris électrique de rien! C’est surprenant, mais après tout, ce n’est pas dit que tous les pokémons ici doivent être de gigantesques monstres ultra puissants. Puis après, Un Posipi, il ne faut pas le sous-estimer, surtout qu’ils arrivent souvent en grand nombre. « Hey, on s’en va » tente-t-il de dire, les mots mêmes étouffés par… enfin, c’est-ce qu’il cherchait, après tout, mais par quelque chose. Il lève les mains en l'air comme ils font dans les films policiers pour indiquer qu’il a rien dans les mains qui pourraient le mettre en danger, et Fleur esquisse quelques pas vers l’arrière dans l’espoir que la fuite soit plus efficace que le combat, quoiqu’il n’ait pas vraiment beaucoup d’espoir de ce niveau.

Il n’ose pas se tourner complètement pour rebrousser chemin, de peur que le pokémon ne passe à l’action; le voilà d’ailleurs qui charge ses joues d’électricité et qui la décharge vers lui, mais son Astronelle, Caèdre, se dresse ne protecteur au dernier moment et encaisse l’attaque électrique. « Vite! » cri-t-il à ses pokémons, mais il aura beau s’époumonner, son cri, ici, n’est qu’un murmure porté par un vent inexistant.

La « menace » du Posipi écartée en moins d etemps qu’il n’en fallait pour cligner des yeux, Fleur regagne un peu en confiance; après tout, s,ils sont des intrus ici, en tout cas ils allaient se battre pour leur place en ces lieux. Oh, certes, ce serait mieux de ne pas se rendre dans ce genre d’endroits poings de feu sortis contre tout ce qui bouge, mais c’est de Lentis dont on parle. Fleur n’avait jamais connu d’autre interaction avec elle que l’attaque ou la fuite, et si cette dernière n’avait pas eu le temps de fonctionner, en tout cas Fu avait eu le bon réflexe en chargeant sans attendre sur le pauvre, minuscule rongeur électrique. C’est vrai que vu la différence de taille, on peut se dire que c’est déjà bon que le Posipi ne soit pas devenu, tout bonnement, une crêpe.

Mais bon, ce n’est certes pas le Posipi qui allait sortir de cette interaction avec de la reconnaissance envers eux pour avoir évité le stricte minimum, quoi, et Fleur comprenait. On aurait crû qu’en passant autant de temps à Calléis qu’il le faisait, Fleur aurait dû mieux comprendre la délicate balance de la nature lentoise, du respect qu’il lui doit et des bonnes pratiques à user pour passer dans leur territoire en faisant le moins de problèmes possible.

Mais ces gens-là n’étaient certainement jamais allés dans les zones lointaines et mystérieuses de Lentis. Fleur n'avait jamais été le premier dans quelque domaine de sa vie, alors l’idée d’être un « pionnier » en matière d’exploration de ces zones ne lui passe même pas par l’esprit. En tout cas, maintenant que son regard n’était pas porté vers le Posipi, Fleur pouvait relever les yeux et se rendre compte qu’ils étaient devant la cascade; avaient-ils toujours été devant elle? Il n’aurait pu le dire. Après tout, ne l’aurait-il pas remarqué en avançant dans les hautes herbes? Le terrain est plutôt plat, et la cascade, et bien, comme vous pouvez voir, c’est en hauteur. Il cligne des yeux; un autre des mystères de cet endroit.

« Je me demande ce qu’il y a en haut » dit-il; mais ici, il n’y a personne pour l’entendre penser à voix haute.

Saviez-vous que Nigiri fait genre, trente centimètres? Qu’il est composé de poisson et de riz (la diète moyenne d’une personne vivant à Kopadia, donc)? Comme le regarder, lui pourtant Dragon, avec une once de sérieux? En tout cas une chose est sûr : Fleur ne l’a pas aperçu à cause de sa petitesse, quand bien même il force pour se hisser hors de l’eau et sur la berge.

Pour Fu, par contre, c’est une autre histoire.

Autant dire que c’est une histoire d’amour-

Le Grand Amour d’un pokémon qui a, franchement, la dalle. Faut dire que quand on fait près de trois mètres de haut, il faut manger beaucoup et souvent, qu’importe qu’on soit aussi plat qu’une feuille de papier! Et puis, il servait de monture, lui, alors autant dire qu’il avançait pour deux (ou trois, selon…); ça donne la dalle, ça aussi. Enfin lui le voyait comme ça, parce qu’il avait entendu qu’être enceinte, c’était de manger pour deux, et au fond, entre être enceinte et faire la course, c’est quoi la différence? Dans les deux cas, tu portes quelqu’un! Oui, bon, enfin, tout ça pour dire uq’il a la dalle et juste là, y’a de la bouffe qui se hisse direct vers lui : comment résister?

Ses moustaches frétillent, le seul indice de ce qui se prépare puisqu’il se tient très, très immobile (parait que ça rend invisible). Et puis, d’un coup-

Cromch