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tw : insultes (homophobie, entre autres), langage grossier

Les bruits sans fin de l'établissement s'étouffèrent lorsqu'il referma la porte, derrière lui – et Neas poussa un soupir de soulagement. L'ambiance des bars était toujours prenante, vivante, emportant touristes comme habitués avec elle en un tourbillon ivre et bruyant ; on avait du mal à en sortir, une fois en plein dedans. Et c'était bien, il n'avait jamais pensé le contraire, c'était même très cool, mais parfois, l'ensemble devenait juste trop – c'était dans ces instants-là que sa tête fumait et que ses batteries sociales hurlaient, le conduisant à fuir en prétextant une pause cigarette pour reposer un instant yeux, oreilles et corps tout en même temps.

Briquet rangé, magot aux lèvres, Neas inspira lentement. Il faisait bon, dehors. Largement moins froid que dans la plupart des îles de Lentis, surtout Anthos et Adamantia, évidemment, mais toujours plus frais qu'à l'intérieur du bar, où la chaleur devenait peu à peu étouffante. Il décolla son t-shirt d'un geste vif, l'agitant pour laisser passer un peu d'air et soulager sa peau définitivement trop brûlante pour la saison. Cigarette tirée, fumée soufflée et les coudes adossés à la rambarde, il inspira lentement – bordel ce qu'une pause faisait du bien, prise au bon moment. Ce balcon-ci était presque vide, en plus ; enfin, il y avait moins de dix personnes dessus, toutes éparpillées.

Evidemment, c'était toujours lorsque l'on passait un bon moment en paix qu'un con ou un groupe de con se décidait à venir tout gâcher.

« C'est quoi ces paillettes sur ta tronche, t'es un mec ou t'as décidé de faire la meuf ?, » le héla une voix. (Picotis désagréables sur la nuque, le poing qui se ferme, des envies de gronder, s'énerver, câbler en hausse exponentielle – ce genre de commentaires stupides qui tiraient sur ses fils avec une facilité déconcertante, déclenchant son énervement plus rapidement que n'importe quoi d'autre.) Neas ouvrit les yeux, toisant le débile qui venait de quitter son groupe de potes pour s'approcher de lui et venir lui casser les couilles.

« Du f-a-r-d à p-a-u-p-i-è-r-e-s, » articula-t-il lentement, la voix délibérément calme et détachée comme s'il parlait à un enfant particulièrement, eh bien, bête. « Mais j'vais partir du principe que tu connais pas le mot. » Une grimace de colère, en face – un bourdonnement, à l'intérieur. « T'es un mec et tu te maquilles ? T'es genre une tapette ou quoi ? » Oh, il n'allait pas durer longtemps – s'il ouvrait à nouveau sa gueule pour se montrer aussi stupidement ignorant, Neas allait vraiment câbler. Ce n'était pas possible d'être aussi débile, putain ; comme si trois couleurs sur les yeux d'un mec random allaient changer quoi que ce soit à sa vie pitoyable, sérieux.

« Yep, » lâcha Neas, écrasant le bout de son mégot sur la boîte en verre la plus proche et se redressant peu à peu sans quitter la merde ambulante des yeux. « Pourquoi, ça te fait flipper qu'un mec colle du feutre sur ses yeux ? T'es si pathétique que ça pour avoir la trouille de deux grammes de maquillage ? » Et ça brûlait, brûlait, brûlait, phalanges serrées, l'attitude provocation mais des envies de cogner en travers de la gorge.

Il détestait ce genre de cons – de façon viscérale, de façon impulsive, avec un réflexe le conduisant à les provoquer, à pousser, tirer jusqu'à ce qu'ils s'énervent, jusqu'à ce qu'ils perdent leurs airs de mépris, qu'ils soient moins fiers, moins satisfaits. Jusqu'à ce qu'ils brûlent de la même rage que lui – jusqu'à en avoir mal (les poings heurtés mais une joie sauvage face à leurs tronches de cons affectées, rougies, bleutées).

Neas était-

En colère.