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Cela faisait longtemps, trop longtemps, que tu devais retourner de l’autre côté de la montagne. Trop longtemps que les voix t’avaient appelé aux abords d’Hoarford pour te montrer cette fleur qui se mourrait - et t’avaient ensuite invité à aller au-delà du visible, de l’autre côté du versant. Répondre à tes questions, t’inviter vers une aventure, peut-être - ou était-ce ta propre personne, trop désespérée par la vie, qui s’inventait une histoire particulière ?
Tu ne sais pas. Peut-être n’étaient-ce que tes désillusions, que ton désir d’avoir une utilité dans ce monde - et de ne plus être un poids pour ceux qui t’entourent. Peut-être était-ce seulement ta conviction d’enfin pouvoir aider les autres - et rien de plus. Peut-être avais-tu trop souffert, et tu avais décidé de te créer une histoire, une histoire à toi, pour oublier tout ça - et enfin vivre l’aventure dont tu avais tant rêvé.
Peut-être. Qui sait. Mais si les voix étaient peut-être le fruit de ton imagination - la fleur, elle, était bien réelle. Et Skylar l’avait vu.e, al aussi. Tu avais encore des preuves, preuves que tu n’étais pas fou, preuves qu’il y avait bien quelque chose de réel, derrière tout ça - n’est-ce pas ?
Peut-être. Ou peut-être que tes pas t’avaient simplement hasardeusement mené à la fleur - un coup de chance (ou de malchance, puisque tu veux maintenant en savoir plus ?).
Peu importe, en un sens. La finalité était que tu avais été appelé, et que tu répondais enfin à l’appel.

Tu t’étais déjà rendu au sommet de la montagne, une fois, suivant d’autres voix qui t’avaient appelé - sans la moindre préparation, cependant. Tu avais failli y laisser la vie, et avait toujours eu peur d’y retourner (même si l’appel des voix résonnaient dans ton cœur, pulsaient dans ton sang à chaque battement) - et le moment n’était pas le bon.
Mais plus les jours avançaient, et plus tu le sentais - c’était le moment. Alors, tu t’étais préparé, mieux cette fois. Tu avais convaincu ton père de te laisser y aller.
C’était important. Trop important. Tu avais l’impression que tu y découvrirais toutes les réponses que tu cherchais. Et au final, même s’il aurait voulu, ton père ne pouvait pas t’empêcher d’y aller - tu étais adulte, après tout - même si ton esprit était toujours enfantin.

Tu n’y allais pas seul, aussi, cette fois - Zamas, ton ami, t’accompagnait - parce qu’il avait promis de t’emmener au sommet de la montagne, un jour. Enfin, il avait récemment été blessé par un Pokémon, alors tu avais essayé de l’en empêcher, de le convaincre à rester - mais ses arguments avaient fini par te faire craquer. Parce que Zamas avait utilisé des mots qui te touchaient - auxquels tu pouvais t’identifier, même. Parce qu’il voulait prouver qu’il était fort - et toi, tu le savais que Zamas était fort, qu’il n’avait pas besoin de le montrer en se mettant en danger ainsi. Mais Zamas en avait besoin, lui - alors tu l’avais serré dans tes bras, et tu avais accepté. Pour qu’il comprenne qu’il était fort.
(Et si tu attirais le danger, cependant, tu n’hésiterais pas à t’interposer - car Zamas est fort, oui, mais ta malchance est cruelle, et tu ne la laisseras pas faire de mal à tes amis.)

Enfin bon - tu étais maintenant fin prêt, et les voix t’appelaient plus que jamais. Tu avais peur, certes - peur de ce que tu allais découvrir, peur de ce que tu allais affronter. Mais tu n’étais pas seul, tu avais Zamas - qui allait te protéger de toi-même (et que tu protègerais en retour, promesse silencieuse faite à Oyaris), et tu avais Hope, qui connaissait les lieux, et tous tes Pokémon pour t’accompagner.
Tu allais réussir - vous alliez réussir. Vous étiez préparés.

Vous étiez en route, et tu te tournes vers ton ami, un peu essoufflé.

« T’es sûr que tu regrettes pas d’être venu, hein ? »

Il était trop tard pour faire demi-tour, de toute façon. Enfin, vous aviez la montagne à redescendre. Mais ton regard parcourt les alentours, souvenirs qui se réveillent - pourtant, vous étiez encore loin de cette forteresse qui avait tenté de t’emprisonner, seulement au sommet de la montagne.

« Tu penses qu’on va découvrir quoi ? »

Tu n'avais qu'une hâte (et peur) - y retourner.