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« Mademoiselle Delaune, veuillez vous concentrez sur la leçon d’aujourd’hui. »

Susurra la voix de son instituteur privé à cette jeune fille, tout juste âgée de seize ans. Une jeune fille âgée de seize ans ayant la sensation d’être enfermée, d’être toujours bloqué, de ne pas pouvoir faire ce qu’elle veut, mais non, ce n’est pas qu’une simple impression, c’est la triste réalité de sa vie. Chaque journée se ressemble, chaque journée était toujours plus difficile les unes que les autres. Se lever à l’aube, laisser la domestique de chambre s’occuper de l'apprêter, avoir pris le petit déjeuner à huit heure pile, être prête pour les cours à neuf heure, dès onze heure être au cours de piano,.. Et ainsi de suite, tout le long de sa journée est chronométré et elle n’a pas le droit de se permettre un seul retard ou un seul écart.

Le bout de la règle en bois vient lourdement s’écraser sur sa table, la faisant sursauter et renversant le flacon écriture d’encre de la plume. Vieux jeu oui, mais pour ses parents, c’est comme ça qu’on apprend à avoir une bonne écriture, l’art de la calligraphie passe par les vrais plumes et non ses stylos modernes. Elle renverse le flacon d’encre, celui-ci tombe sur elle, s’étalant sur sa jolie robe couleur blanche. Les yeux écarquillés, elle prête à peine attention à la voix de son instituteur qui la gronde.

L’horloge au mur sonne à l'heure. Elle doit aller à sa leçon de piano, mais elle ne peut pas rester tâchée d’encre comme ça ! Mais voilà qu’elle prend du retard, voilà qu’elle entend la lourde porte s’ouvrir sur son père. COmme une fille bien élevée, elle se lève précipitamment de sa chaise, renverse la chaise qui vient de tomber dans un éclat fracassant sur le sol. Elle est maladroite et ça, son père ne le tolère pas. Elle se lève, se tient droite avant de se pencher en avant, parce que ce sont les règles de politesse chez les Delaune, on doit toujours saluer respectueusement ceux qui sont au-dessus dans la hiérarchie.

Père, je suis vraiment…

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase.

Une vive douleur traverse tout son corps quand elle sent la poignée acharnée de son père attraper sa chevelure blonde attachée soigneusement en queue de cheval tressée. Il l'attrape, il lui secoue un peu la tête brutalement. Elle a mal, mais elle ne doit pas le dire, elle ne doit pas le montrer, sinon, ce sera pire. C’est toujours pire.

Nymphadora, je t’ai déjà dit combien de fois de faire attention à tes gestes, de faire attention à ce que tu fais ! Une fille Delaune se doit d’être gracieuse, tu crois qu’être maladroite en fait partie ?! Est-ce que tu veux nous faire honte à ta mère et moi ?

Et ce n’est que le début de la tirade. Elle connaît la chanson, elle la connaît par coeur. Il ne cesse de lui répéter qu’elle est la déception, que s’ils avaient pu avoir un autre enfant, ils lui auraient donné plus qu’à elle, qu’ils auraient aimé avoir un fils pour reprendre l’héritage, mais ils ont une fille. Une fille qu’ils trouvent incompétente.

L’horloge sonne encore.

La pression se fait moins forte. Il lui relâche les cheveux, mais lorsque les yeux tombent sur la robe tâchée de l’encre bleu, il perd son sang froid.

A peine a-t-elle le temps de relever la tête, qu’une nouvelle douleur la traverse. Une chaleur qui vient se reprendre dans sa joue. Il vient de la gifler, une fois encore. Elle a l’habitude. Dès qu’elle fait un pas de travers, il n’hésite pas à la “corriger” comme il le dit, que c’est pour son bien. Et que ça l’aide lui à se calmer. Elle qui n’a jamais rien connu d’autre, elle pense que c’est normal. Mais, un père qui gifle sa fille. Qui est prêt à lui arracher les cheveux, qui lui hurle dessus à la moindre occasion, non ça n’a rien de normal.

Mais c’est assez.

Nymphadora n’en peut plus. N’en peut plus de cette pression insupportable de cette famille dite de la noblesse, qui pourtant se garde bien de cacher ses vices une fois les portes refermées.

Elle en a assez de cette pression qu’elle a chaque jour. La pression de porter le nom “Delaune”, d’être obligé de porter le masque d’une princesse parfaite, alors que rien ne va dans cette famille. Son seul destin étant de finir mariée à un homme de bonne famille qu’elle ne connaît pas. Elle le refuse, catégoriquement.

Et vint ce jour. Le jour de ses dix huit ans. Le jour où elle aurait dû épouser celui qu’elle ne connaissait pas. Mais non, c’était ce jour où elle a décidé de tout changer.

Ce jour où elle a tout quitté. La décision a été difficile. Elle a fui. Attendant que la nuit enveloppe la ville pour sortir, courir. Courir encore et encore. Elle se fichait bien de ce qu’il pourrait lui arriver, où est-ce qu’il pourrait aller, elle voulait simplement ne plus jamais avoir à vivre cette vie. Oui, aussi inconscient que ça puisse être, elle voulait changer de vie, d’une façon ou d’une autre.

Elle ne sait pas combien de temps elle a couru, la distance qu’elle a pu mettre, elle sait simplement qu’elle s’est suffisamment éloigné pour se retrouver face au danger. Face à un pokémon, à un pokémon qui lui, n’aura pas de pitié pour elle. Et les choses à partir de cet instant deviennent floues. Elle se souvient tout juste de l’intervention d’une personne.

Rouvrant les yeux, elle ne reconnaissait rien de ce qui l’entourait, elle ne savait pas où elle était. Mais une femme, celle qui l’a sortit de là sans doute qui était à ses côtés, inquiète. Et pourtant, malgré les nombreuses questions, c’était ça, sa porte de sortie.

Un mois.

Un mois s’est écoulé du jour de sa fuite jusqu’à son arrivée à Lentis avec la famille Forger. Un mois depuis le début de son mensonge. Terrorisé à l’idée d’être renvoyé dans sa famille, elle a inventé cette histoire, ce tissu de mensonge sur lequel la jeune femme appuie qu’elle ne se souvient de rien, qu’elle ne sait pas qui elle est, si ce n’est qu’elle s’appelle Neffie. Parce que l’existence de Nymphadora est restée là-bas, à Kalos. Continuant de vivre dans le mensonge, abusant de la confiance de ceux qui veulent l’y aider.

La famille Forger.

Amené sur Lentis, Neffie trouve alors refuge dans le ranch de la dite Shino. Sa vie de princesse étant bien loin de la vie plus simple qui l’attend, des défis qui se lèvent face à elle, mais elle est prête à tout. Prête à tout pour ne pas être démasqué, pour tirer un trait sur le passé qui n’est que douleur et torture, alors que d’autres lui diraient qu’elle avait de la chance.