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Fuck You.

C’est pas la saison des orages et des tempêtes, il me semble, pourtant?

Alors, donc, pourquoi est-ce que y’a la flotte à chaque fois que je me prends une soirée repos? La dernière fois, y’a eu la flotte dès que je me suis posé le cul dans le sable, et tellement de vent qu’on a pas pu reprendre la route vers Ike Kai avant la nuit. Bon; au moins la nuit avait été magnifique, hein, je peux pas me plaindre là. Mais là, justement pour pas être dans ce genre d’ennuis, on a loué une place sur un bateau de plaisance. Pour découvrir les coraux, tout ça, une activité de nuit sans pareille avec la bioluminescence des certaines plantes… des coraux? Je sais pas trop, mais on m’a bien vendu le truc, hein! Mais là, pour bien faire, les étoiles sont cachées derrière les nuages et la pluie nous trempe bord en bord.

« Bon, s’il est pour faire si mauvais » qu’j’dis au capitaine; « autant carrément aller dans l’eau, elle sera plus chaude » ouais, parce que quand même, l’eau de la pluie était froide et désagréable sur la peau, mais l’eau de mer? Justement, on passait près d’un endroit où les rochers étaient parfois submergés, parfois immergés; là, vu la marée, j’en avais à peu près à la taille, mais on m’avait équipé d’un petit masque de plongé et ce truc débile qui est censé te faire respirer même si t’as las tête sous l’eau. Autant dire que c’est une grosse paille pleine de la bave des touristes qui l’on touché avant moi, alors sans façon, merci, je retiendrai mon souffle.

Quand même, j’ai mes pokémons avec moi; Zangoose qui patauge dans l’eau, elle adore ça, et Vivi, mon Corvisquire, qui vole au-dessus de nous, elle est sûrement en train de se chercher une proie à dévorer, elle. Disons qu’elle n’aime pas partager son espace, c’est quelque chose qu’on essaie de travailler avec elle…

Un rugissement. C’est petit, c’est presque anodin, mais pas à Lentis. Comme tu le dis, cher narrateur : c’est un duel qui commence par un avertissement, un avertissement que Zangoose, ma Mangriff, ne prend pas à la légère. Elle qui est pourtant si douce, il faut avouer qu’elle ne se donne que très rarement la permission de ne pas être sur le qui-vive sensoriel, et cette exception, c’est l’eau. Pour elle, l'eau est synonyme de jeu, de paix – mais son lien avec moi en fait une proie de choix, il semble, pour ces pokémons pourtant ridiculement petits comparés à elle. Elle n’en ferait qu’une bouchée, c’est vrai, si le canard était un menu de choix pour elle.

Le rugissement est entendu et il a deux bons résultats : d'un il avertit Zangoose de l’arrivé d’un pokémon agressif, et de deux, il lui donne presque pile poil la location de son ennemi. C’est pratique, vraiment, quand on est aveugle, que de pouvoir se diriger avec le son. Elle n'est pas de nature violente, qu’importe ce que la presse aura pu dire d’elle. Elle n’attaque pas sans raison, et même si elle donne l’impression d’être en colère, avec ses yeux rouges et le positionnement de son corps qui change, la vérité c’Est que moi, je peux bien voir que le rugissement l’a ébranlée. J’espère juste que si elle se lance dans ce combat, qu’elle ne se fera pas mal et qu’elle ne flanchera pas, non plus.

Ce sont ses griffes, longues et dangereuses, qui fendent l’air pour venir frapper le pauvre Coiffeton qui l’a pris en cible. Et pourtant, je vois bien qu’elle a retenue son coup – que ce ne sera pas suffisant pour faire fuir le canard aquatique. Alors moi, je fais la seule chose logique : j’appelle Vivi à l’aide. « Squire! » que je cri vers les cieux; « Ramène toi! » oui bon, c’est pas la manière la plus fleurie de lui demander de l’aide, mais je sais qu’au minimum, Vivi défendra son territoire, et que Zangoose fait parti de sa cohorte. Si j’ai pu lui apprendre qu’une chose, alors au moins ce sera celle-là. C’était surtout parce que j’avais pas envie qu’elles se prennent le chou…

Touché à bout portant, on aurait crû que l’oisillon serait plus préoccupé par la douleur de l’assaut que par le fait qu’on l’ait touché tout court, mais non; j’ai des yeux, je vois bien qu’il souffre, mais il s’égosille à dire qu’on l’a décoiffé, à la place. Moi, j’comprendrai jamais vraiment cette fascination qu’ils sont pour leur propre image, ces pokémons, même si leur houppette gélatineuse est bien drôle à regarder. Je le vois se préparer à filer un gros coup bien sale à ma Zangoose, et c’est plus fort que moi; alors même que je me propulse pour faire un vol-planné derrière la protection d’un rocher, j’appelle ma Mangriff à moi : « Zangoose, fait attention! » parce qu’il va sans dire que le courroux de ce pokémon n'est pas à prendre à la légère.

Mais Zangoose, je le sais, elle est rapide. Dès lors que je l’appelle, ça l’informe que le danger est loin d’être passé et, rapide comme pas possible, plus rapide que bien d’autres de son espèce, la voilà dont les griffes fendent l’air dans l’espoir de faire tomber le pokémon avant que sa colère n’éclate en une gerbe d’eau agressive et douloureuse. Zangoose, elle est comme tout le monde, elle n’a pas envie d’avoir mal. Puis bon, c’est sa faute, à l’autre, pour l’avoir provoquée alors qu’on ne faisait que se promener, en tout cas c’est ce que je me dis. Je ferme à demi les yeux, ma tête rentrant dans mes épaules alors que j’attends l’inévitable : que Zangoose fasse mouche… ou qu’elle se fasse frapper d’un coup à bout portant. Dans tous les cas, l’un d’entre eux ne s’en sortira pas indemne.

Le coup de griffe tombe et le canard sauvage, plus décoiffé que jamais, pousse un quack de douleur avant de prendre la fuite dans les eaux sombres de la mer. Ça n’aura pas été glorieux, ça n’aura pas été sans danger, mais une chose est certaine, Zangoose avait tenue bon. Ses yeux rouges brillent dans la nuit, et je me demande si elle va bien. Parce qu’il y a une différence entre survivre à une rencontre avec un pokémon sauvage et se tenir debout après, et être bien dans ses émotions. Je m’approche doucement, en m’assurant de faire du bruit pour qu’elle m’entendre, amis avec une certaine délicatesse pour que sa rage ne se retourne pas contre moi. J’ai pas peur d’elle – ce serait de mal la connaitre, mal la comprendre -, mais je ne peux pas prendre de chances.

« Assied-toi » que je lui dis, et elle obtempère. Elle a clairement besoin de temps pour travailler les émotions qu'elle ressent et, assise, ses épaules se voutent complètement. Moi je passe derrière elle pour lui gratouiller la tête, derrière les oreilles et dans le cou. Juste pour qu’elle n’associe pas la rencontre avec des pokémons sauvages comme quelque chose de frustrant, d’épeurant. À dire vrai je ne sais pas si ça l’aide, mais moi, ça m’occupe les mains et l’esprit assez longtemps pour qu’elle puisse s'occuper de vivre ses émotions.

Oh, purée-

C’est quoi ce bordel?

Question complètement rhétorique, je sais pertinemment que c’est un Ortide qui passe pas loin. Je le reconnais, à l’odeur, parce qu’on en a croisé un à notre précédente sortie, ce qui me confirme qu’ils sont natifs de la région même si c’est de l’eau à perte de vue ici. Moi, j’ai de l’eau jusqu’à la taille environ, alors je suppose que lui a trouvé un chemin où les rochers sont plus élevés, et j’espère surtout qu’il va se barrer bientôt, parce qu’à vrai dire je suis au bout de ma life, là, et je peux voir que Zangoose a du mal aussi, nez fin qu’elle est. Encore heureux, il n’a pas l’air de s’approcher… juste, son odeur nous colle à la peau et elle risque de continuer à le fait pour un moment.

Avec un peu de chance, les gouttelettes de pluie auront le chic de nettoyer l’air et de faire partir l’odeur nauséabonde assez vite.

Ou p’t’être qu,en fait, l’odeur se mêle à la pluie pour former quelque chose d’acide qui brûle les yeux et la peau et-

Plouf.

Juste, plouf.

Assez pensé aux tenants et aboutissants de la chose, je plonge dans l’eau (en faisant attention, parce qu’encore une fois, ce n’est pas très profond ici) dans l’espoir que mes yeux arrêtent de pleurer et que mon nez arrête de se remplir de more pour me protéger de l’assaut olfactif que fauce le pokémon. J’suis sûr que ce sont de choc types, les Ortides, amis vraiment, juste à cause de leur odeur, je peux pas les blairer. C’est un peu comme les mecs qui mettent pas de déodorant avant d’aller dans le metro, I mean, certes, c’est pas leur faute s'il fait chaud, c’est pas leur faute s’ils ont pas d’auto et nous non plus, mais purée, personne veut être à côté de toi, quoi.

Il est p’t’être maitre de la foudre le p’tit con, je m’en fiche : c’est une saleté de rat qui met tout le monde autour de lui en danger (bon dans al nature lentoise, c’est genre, quasi un prérequis, non?), et pour le plaisir de quoi? Bon, j’avoue; j'aime le bruit de la pluie sur les toits et les fenêtres, j’aime observer les éclairs depuis le sécurité et le confort d’une maison. Même s je suis plutôt enfant du soleil et du beau temps, je sais reconnaitre la valeur émotionnelle d’un bel orage un soir d’été. Sauf que là, vite fait, je suis pas en sécurité, et je suis franchement pas confortable. Encore, moi, ça va, je suis petite, mais Zangoose, elle fait presque trois mètres de haut (c’est quand même seulement 10% de la taille des cocotiers, donc ça va, je suppose, mais…)

Puis je sais. Y’a des trucs que tu peux faire quand t’es dans un orage pour te protéger. Enfin, sauf quand t’as les deux biens et la moitié du corps dans l’eau. Pour le moment, ça va, y’a qu’un seul Pikachu, mais je sais comment ça commence : y’a un rongeur, il appelle l’orage, et puis tous ses congénères se rameutent. Certes, j’aurais pu demander à Zangoose de le faire fuir, mais à dire vrai je ne suis pas à l’aise de le pousser à se montrer agressive et puis après tout, depuis quand je demande l’aide des autres, moi?

Alors, avec la confiance qu’on peut avoir seulement quand on sait qu’on va faire un truc vraiment stupide, je m’approche derrière le Pikachu, bien rapidement, je le choppe et puis-

« YEET! » dis-je en le lançant de toutes mes forces hors de l’eau.

C’est, clairement, pas mon moment le plus fier, hein.

Mais quand même, ça fait le travail. Enfin, jusqu’à ce qu’il revienne de sur son putain de rocher – mais moi je ne compte plus être là quand ce sera le cas. « Vite » que je dis à Zangoose, nageant pour mettre le plus de distance possible en le(s) Pikachu et nous. Comme ça, quand ils appelleront leur grand éclair, bah je serai pas disponible pour me faire faucher. Quand même, le vent s’est levé et la pluie nous fouette, c’est vraiment pas génial. Espérons que la surprise du Pikachu soit assez grande pour qu’il fasse de différents, meilleurs choix de vie. En attendant, moi je remonte dans notre petit bateau et je pose ma Mangriff dans sa Pokéball.