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Ils n’avaient pas un moment de répit.

Pas un moment de répit, alors que les deux rangers se faisaient constamment interrompre, n’avaient pas le temps de placer plus que deux phrases sans se faire arrêter. Pas un moment de répit, alors que les Pokémons sauvages arrivent aussi vite qu’ils partent, un ou deux coups, mais ils ne se laisseront pas faire.
Après tout, ce n’était pas que cette journée qui était mouvementée. Pour Raphaël, il considérait même qu’il n’avait pas eu de réel temps pour se poser depuis l’arrivée des obscurs. Depuis ce temps, incapable de fermer totalement les deux yeux la nuit, la conscience toujours sur le qui-vive. Les sens en alerte et prêt à intervenir au moindre moment (mais c’était le risque du métier). Ce risque, il l’avait accepté. Là ne voulait pourtant pas dire qu’il rêvait parfois de ce fameux moment où il n’aurait plus aucune crainte en allant se coucher le soir.

Pas un moment de répit, peut-être même depuis qu’elle était partie, qu’elle avait emporté avec elle son cœur et un semblant de paix d’esprit. Désespérement, tenter d’éviter les erreurs du passé, tenter de protéger les personnes qui comptent pour lui à chaque seconde de chaque minute de chaque heure de sa vie, même si cela voulait dire de se dépasser jusqu’à ne plus apercevoir sa limite (avoir dépassé la ligne depuis un moment déjà). Toujours, travailler de plus en plus fort, non par orgueil mais pas nécessité. Ils avaient été choisis par l'association pour combattre ce virus. Ils avaient un devoir envers la population de Lentis. Et ce devoir, il ne s'arrêterait que lorsque la menace serait totalement effacée. D'ici là, l'homme ne pouvait se permettre de prendre trop de temps pour se reposer. Comment le pourrait-il ?

Et ils se faisaient attaquer de nouveau, le Malosse au loin laissant entendre son grondement et le Magicarpe, pauvre petite créature qui était en panique hors de l'eau, heurta Kærulaus dans un moment d'inattention. Cela va mal se finir se dit-il le ranger, et pour cause. Ouvrant la bouche, mais n'ayant pas le temps de dire quoi que ce soit, le Nidorino fonça vers le poisson la corne droit devant. L'impact fut tel que le Pokémon se vit envoyer loin, rebondir quelques fois pour arriver tout près de l'étang. “Vite, il faut l'aider. Occupe toi du Malosse, je vais aller le soigner.”

Il ne pouvait le laisser tout seul, surtout avec cet impact qui l'avait sûrement bien affaibli. Et pourtant, l'homme ne pouvait pas en vouloir à son Pokémon. Il n'avait agi que par légitime défense, pensant se faire attaquer. Après tout, certains compagnons prenant plus que temps que d'autres à s'habituer au travail de ranger, Raphaël n'avait pas de doute qu'il finirait par devenir un excellent partenaire. Il avait déjà tellement avancé. Il fallait seulement continuer sur cette lancée, ne pas laisser tomber ses efforts.

Vite, ne pas se laisser distraire par les pensées envahissantes, se concentrer sur le Pokémon en besoin de soins. Il se dépêche, court vers le Magicarpe et s'accroupit aussitôt - chaque seconde compte. Sortir de son sac une antidote pour éliminer le plus vite le poison et - les secondes sont comptées - lui offrir quelque chose pour se refaire des forces. Et après, ils repartiront. Parce qu’il ne pouvait pas se le permettre. Il n'aurait pas un seul moment de répit.