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“NuL récit de devrait débuter par une Tragédie. Nous, Maîtres des mots, dont notre volonté peut plier à même le destin de ceux à qui l’on donne la vie, possédons une puissance à nul-autre pareille. Nous avons le choix, de donner la joie ou la souffrance, à ces avatars que nous créons de nos doigts, que nous faisons respirer à travers nos lignes. Enfants malades ou adultes en perditions, nous sommes friands de dramas, mais n’oublions pas une chose. Malgré ces aventures, ses passés troubles que nous leur avons fait vivre, il est de notre devoir de leur apporter une fin heureuse. Ils le méritent bien.”

“....Mangez-donc ça, auteurs à la noix. C’est bien de faire des personnages qui souffrent, sniff sniiff je suis orphelin, ouh j’ai perdu l’amour de ma vie.. Mais les meilleures histoires, ce sont celles avec un BON GARS qui a vécu sa vie de manière insouciante , et qui LA, vit un truc de malade. Prenez-en de la graine.”

Tout le monde, dans cette petite bibliothèque, te dévisageait avec inquiétude, tantôt avec une pointe d’incompréhension dans le regard. Ceux qui te connaissaient déjà ont vite appris à ne plus t’accorder d'intérêt, toi qui t’extasie devant un livre encore vierge, que tu n’as jamais su réellement remplir. Tu étais bruyant, beaucoup trop bruyant pour le bien de tous, n’arrivant même pas à tenir sur ta chaise.
Pris d’un élan d’inspiration, les livres s’ajoutèrent inlassablement sur la petite table dont tu avais pris possession à la Bibliothèque, manquant d’écraser les quelques pokémons qui se retrouvaient dans ton passage. Sur cette table, on pouvait y voir quelques œuvres, sorties du tréfonds des étagères de la Section B-3 : “Le petit Voleur de Temps” ; “Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire” ; “Neurolearning”.. Tu t’étais fixé un objectif parmi tant d’autres, qui te tenait à cœur. Écrire le meilleur livre de tous les temps. Un livre hors du temps, et pour ceci, tu étais prêt à étudier absolument tous les sujets qui pourraient avoir un impact positif sur ton livre.

Cependant.. Ce jour-ci n’étant pas différent du précédent, ton esprit s’éparpilla bien assez vite, et tu passes les prochaines heures à prendre des notes. A t’instruire, certes, mais sans jamais poser un seul mot sur ton ouvrage. Le soleil s’étend à l’horizon, mais tu n’en verras guère les rayons.
La nuit est déjà là.

A l’inverse de tes personnages, dont la vie est finement écrite et le futur relativement tracé, le tiens à l’inverse, est plutôt confus. Tel un brouillon jeté en cours de route.
C’était une journée banale, sans un moindre bruit qui aurait pu briser le calme plat de la région de Johto. Tu es tombé du jour au lendemain aux alentours de la ville d’Ébènelle. On raconte que tu es apparu tel un mirage; tes vêtements portant des marques de brûlures et de sang, prémisse d’un grave accident qui aurait dû te coûter la vie. L’odeur de fumée avait empli tes poumons qui était alors bien faible, et un simple appel “à l’aide” réussi à s’échapper de tes lèvres, avant que tu ne finisses par t’écrouler devant la maison d’un concitoyen, clairement peu préparé à cette visite impromptue.
Par chance, tu ne semblais souffrir d’aucun maux, mais ta torpeur fut profonde, si bien qu’après plusieurs semaines de tentatives d’éveils, tu finis par sortir de tes songes.. Aucune anomalie physique n’avait été détectée. A l’inverse, ce fut ton état psychologique qui était bien plus préoccupant.

Tu disais t’appeler Alphée. Ta demeure avait pris feu, et quelqu’un en avait eu après ta vie. Dans ce tragique incident, tu avais laissé derrière toi, ta mère et ton fils, âgé d’à peine un an. Tu n’avais aucune idée s'ils étaient encore en vie, et ce sujet te donnait de fortes migraines.. Tout comme tous les autres souvenirs concernant ton arrivée en ces lieux.
La Police avait enquêté, mais il n’y avait rien de réjouissant dans leurs rapports. Rien qui, en tout cas, ne pouvait te rassurer.

D’après leurs recherches, aucun Macciano n’a habité dans la région.
Durant les derniers mois, aucune maison n’a été déclarée brûlée, ni aucun accident qui n’aurait pu prouver les faits.
Impossible d'identifier à qui appartenaient les traces de sang, découvertes sur le corps de la victime.
Aucune information sur toi non plus, et bien évidemment, personne n’avait jamais entendu parler de toi. Tu n’étais qu’un fantôme.
La Police n’y comprenait rien, et les témoignages ne faisaient qu’accentuer la confusion générale : Tu te disais vivre dans une ville dont le nom était inconnu au bataillon. A une époque différente de celle-ci. Tu étais persuadé d’avoir perturbé le Temps lui-même. Allez savoir comment, mais tu ne voyais pas d’autres explications.

Au prix de nombreux interrogatoires toujours infructueux, tu fus rapidement libéré, et laissé à la merci du destin. Perdu, désœuvré, affamé et légèrement atteint, tu n’avais alors plus qu’une seule idée en tête..

Mince. On avait dit “pas de tragédie, non ?”

Quelques années plus tard, te voilà maintenant dans une nouvelle région, où tu avais alors entamé un nouveau chapitre de ta vie. Là, à farfouiller des livres dans une bibliothèque poussiéreuse, sur un continent portant le doux nom “Lentis”. Un lieu peu hospitalier, mais le berceau de tant de mystères inexplicables, ou l’on dit capable de trouver toutes les réponses..
Ou du moins, c’est ce que les cancans sur le Net racontent. On est jamais trop sûr de ce qu’il se dit là dessus.

Habitant d’Anthos, tu as réussi à te faire une place en tant que Médec-.. Hypnothérapeute. Certains te qualifieraient de charlatans, d’autres, de faiseurs de miracle. Toi, tu croyais fortement en tes capacités, et tu ne t’en cachais pas.
Ce travail te plaisait, et tu t’y retrouvais. Tu écoutais les récits de ces gens perdus, de leurs peurs, de leurs angoisses et inquiétudes. Cela te procure une certaine sérénité, voir, un sentiment de puissance, mais tu n’en faisais rien.

Dans ce nouveau quotidien, tes journées sont bien remplies. Tu travaillais beaucoup, bien trop pour que cela en soit raisonnable. Tu restais reclus dans tes appartements, plongé dans les documents et les récits, les histoires et autres contes historiques. Avec le temps, tu avais appris à te faire une raison, à connaître et à vivre avec ce monde qui était loin de celui que tu connaissais. Tu n’allais pas rentrer chez toi de si-tôt, ni pouvoir avoir une réponse à tes nombreuses questions. Cela te rongeait, tu n’avais rien oublié, et pourtant, on n’avait de cesse que de te diagnostiquer comme “amnésique”. Ou on te traitait d’illuminé, au choix. Mais tu avais toujours réfuté tout ceci. Ta réalité était véridique. Ta vie l’était également.. Tu refusais de penser que ta vie passée était fausse, jusqu’à infirmer l’existence de ton fils.. Dont le nom s’égare, par moment.

Mais ce qui était sûr, c’est que ce monde-ci, n’était pas le tien. Tu voulais rentrer chez toi, bien sûr, mais tu te refusais à bâcler ce “nouveau chapitre” qui t’avait été imposé.

Les livres sont précieux, peu importe la forme qu’ils puissent prendre. Mais cette histoire dans laquelle tu as été emmené, n’est pas la tienne. Et en ce sens, tu ne te sentais pas redevable. Et tu souhaitais le lui faire comprendre, par tous les moyens, que ça allait vriller.
…
…

Un peu expéditif, n’est-ce pas ? Nul récit de serait captivant sans une dose de mystère ou d’incompréhension.

Sachez simplement ceci.

Derrière chaque mystère, se cache une part d’ombre qui n’attend que de vous sauter à la gorge. Notre personnage est loin du Héros des contes pour enfants que l’on entendait si souvent, étant jeune, mais est-il qualifié d’Anti-Héros pour autant ?
Est-ce une mauvaise chose que de se battre pour sa Vérité, d’avancer dans l’histoire en croyant en ses convictions, même si le monde lui tourne le dos ?

Posez-vous les bonnes questions.

Qu’est ce qui fait de nous des Héros, ou des Méchants ? Est-ce de la folie que de croire en quelque chose d’improbable ? Au final, est-il fou de rêver à mieux ?
Et plus important : Comment prouver ce qui est vrai, ou ce qui est faux ?

Si vous arrivez à répondre à ses questions, chers lecteurs.. Alors, vous pourrez découvrir les subtiles nuances qui constituent l’histoire d’Alphée. Et voir la seconde histoire qui se cache derrière celle-ci.
Ou du moins, l’imaginer. Mais ne vous prenez pas trop la tête.